Les Expatriés - Tome II
304 pages
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Les Expatriés - Tome II , livre ebook

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Description

J’ai quitté définitivement l’Algérie au mois de novembre 1962. Jusqu’au 4 juillet 1962, j’ai exercé mes fonctions d’inspecteur à la Direction Centrale des PTT, rebaptisée, dès le lendemain, Ministère Algérien, des PTT (voir Les Expatriés, tome I, Le Casino de la Corniche). Après avoir rejoint ma famille, j’ai repris mes occupations professionnelles. Celles-ci m’ont conduit à visiter la France au gré de mes mutations et de mes promotions. Cela nous a permis, à mon épouse, à mes enfants ainsi qu’à moi-même, de découvrir que les pieds-noirs, dont l’arrivée en masse n’avait pas été prévue par le général De Gaulle, ont été accueillis de manières très différentes par les populations des régions que nous avons été appelés à visiter.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 avril 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414052141
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-05212-7

© Edilivre, 2017
Prologue
Si, non seulement le Casino de la Corniche, mais aussi le plateau et la plage de la Réserve, la crique et le rocher Vidal ainsi que les îlots de Pointe Pescade ont été, pour Pascal et moi, pour mes cousines et mes cousins, et pour tous les membres de notre joyeuse bande de copines et de copains, le théâtre idéal sur la scène duquel se sont égrenées les heures de notre adolescence, le 9, chemin des Enfants à la Mer, avec le petit port de pêche du Grau d’Agde, la plage de Saint-Vincent, le lieu-dit les Roches, voire le fort Brescou, ont été, pour mes enfants, leurs cousins et leurs copains, un lieu de rencontre idéal qui leur a permis de conserver les solides liens qui unissaient notre famille à la « grande bleue ».
C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de donner pour titre au tome II des « EXPATRIES » :
« LE CHEMIN DES ENFANTS A LA MER ».
Les derniers chapitres du « CASINO DE LA CORNICHE » relatent certains événements historiques qui se sont déroulés au cours des mois qui ont précédé et suivi l’indépendance de l’Algérie. Il ne me reste plus maintenant qu’à exposer les difficultés auxquelles les membres de ma famille ont été confrontés lors de leur installation dans un pays tellement différent de celui, que la volonté d’un seul homme, les avait obligés à abandonner.
A commencer par celles auxquelles, Gisèle, Marc, bientôt Philippe, et moi, avons du faire face. Pour ce qui concernait mon frère, Sylvette, Pascal fils, Jean et Pierre, qui était né entre temps, la situation avait déjà évolué. Pascal avait été muté à la centrale de Vaires sur Marne, en Seine et Marne, à une dizaine de kilomètres de Croissy Beaubourg. C’était une bonne chose pour nous tous.
Mais, n’ayant pas pu oublier l’expatriation le 5 juin 1962, (1) jour anniversaire de ses 25 ans, de Gisèle, (enceinte de Philippe), et de Marc, j’ai voulu, quarante quatre ans plus tard, rendre hommage aux Français qui, tels ceux de la « Chanson pour l’Auvergnat » de Georges Brassens, lui ont montré quelque compassion. Ce fameux 5 juin 1962, ils ont, en effet, offert à Gisèle le plus beau cadeau d’anniversaire qu’elle pouvait espérer. J’ai intitulé ce texte
Elle est à toi…
Elle est à toi, cette chanson
Toi le grand Charles, qui sans façon
Ne voulait pas qu’un musulman
Puisse intégrer le Parlement.
Toi qui n’as pas voulu que les
Deux églises de Colombey
Ne soient transformées en mosquées :
Tu t’es foutu le doigt dans l’nez
Ce n’était rien que du racisme
De l’orgueil et de l’ostracisme
Mais malgré tout tu as été
Suivi par le peuple français.
Toi le grand Charles, quand tu mourras
Que pour ton repos éternel
Tu sois conduit à travers ciel
Aux côtés d’Allah.
Elle est à toi cette chanson
Toi le chauffeur qui sans façon
M’a chargée dans ton taxi quand
Les autr’s me disaient : « fous le camp ! »
Toi qui fis une promenade
De Marseille jusques à Agde
Pour un prix vraiment dérisoire
Sans me traiter de sale « pieds-noirs ».
Ce n’était rien qu’un petit geste
Qui a effacé tout le reste,
Les insult’et les trahisons
Subies sans aucune raison.
Toi le chauffeur, mon inconnu,
Si je ne t’ai jamais revu
Saches que jamais, non jamais,
Je ne t’oublierai.
Elle est à toi cette chanson
Toi la postière qui sans façon
Fut réveillée en pleine nuit
Pour partager tous mes ennuis.
Toi qui parcourus Saint-Vincent
Et le Grau d’Agde dans tous les sens
Afin de trouver mes parents
Qui se faisaient du mauvais sang.
Ce n’était rien que quelques heures
De ton sommeil tant mérité
Que tu m’offris sans rechigner
En écoutant tous mes malheurs.
Toi, la postière désolée
De n’avoir pas pu retrouver
Les lieux où m’attendait un lit :
Soit toujours bénie !
Elle est à toi, cette chanson,
Toi, le voisin, qui sans façon
Dès ton réveil fut informé
De ce qui m’était arrivé.
Toi qui sans m’avoir jamais vue
Savais que j’étais attendue
Par mes parents plutôt inquiets
De ne pas me voir arriver.
Ayant su que j’étais au chaud,
Au lit dans l’hôtel « Le Rancho »,
Tu t’en allas à tire d’ailes
Leur dire la bonne nouvelle.
Toi, dont le geste généreux
Rendit mes parents bien heureux
Reçois, où que tu sois en France,
Ma reconnaissance !
Elle est à toi, cette chanson,
Toi, le héros qui sans façon
Rejeta tous les Algériens
Entre les mains des assassins.
Toi qui espérais fermement
Que les nouveaux indépendants
Resteraient tous bien sagement
A Bône, à Alger ou Oran.
Mais tu n’avais pas su prévoir
Qu’afin de fuir la pénurie
Le peuple algérien en folie
Viendrait en masse pour te revoir.
Toi, le devin qui t’es planté,
Tu dois voir Allah rigoler :
Les Algériens n’ont pas fini
De venir ici !
A Gisèle.
Achevé à Florensac, le 18 novembre 2006.
(1) « Les Expatriés », Tome I, « Le Casino de la Corniche », pages 417 et suivantes.
Section I La Région parisienne
01 Installation de la famille
A la nuit tombante, je pris la route que j’avais parcourue quelques mois auparavant en conduisant la 403 de mon frère depuis Sète jusqu’à Montereau. Mais, j’eus tôt fait de m’apercevoir que le confort d’une 4 CV n’avait rien de comparable avec celui d’une 403. Le trajet de Sète à Lyon, via Montpellier, Nîmes, Remoulins, Pont-Saint-Esprit, Valence et Vienne n’a laissé aucun souvenir particulier dans ma mémoire. Le froid aidant, et le « chauffage » de mon carrosse étant ce qu’il était, c’est-à-dire plutôt défaillant, la conduite devînt de plus en plus difficile.
Celui qui n’a pas connu la montée de la « côte de la Rochepot », en novembre, de nuit et au cul d’une demi-douzaine de camions n’a aucune idée de ce que peut être une conduite harassante. Après moult haltes pipi, pauses-repos et poses-café, je pénétrai dans Paris, au petit jour et retrouvai avec enthousiasme ma petite famille chez Mémère.
L’heureux coup de gomme passé sur ma fiche PG (Personnel Gestion), m’autorisa à bénéficier d’un congé d’affaire jusqu’au 26 décembre 1962. J’étais donc certain de passer Noël en famille. De surcroît, il fut donc convenu que mon beau père demanderait à son frère Maurice de lui prêter la 403 commerciale qui nous permettrait de ramener mes affaires depuis Agde jusqu’à Croissy. L’affaire fut conclue et la date du vendredi 30 novembre fut retenue. Maurice n’aurait pas besoin de sa tire. Gérard bénéficierait de son week-end et moi, j’étais en vacance. Avant tout, il nous fallu établir un plan de bataille.
Vendredi, en fin d’après midi, mes beaux parents nous rejoindraient chez nous, à Croissy-Beaubourg, dans la 403 de Maurice. Vers dix huit heures, après nous être sustentés avec les délicieuses victuailles que belle-maman aura mijoté avenue d’Italie, Gérard et moi prendrons le départ pour la grande aventure. Prévision de la durée du trajet : environ onze heures. Arrivée à Agde escomptée : le samedi vers 5 heures du matin. La prise de quelques heures de repos nous mènerait à 11 heures. Repas de midi, démontage du cadre, chargement de la 403, achat de quelques provisions de bouche pour le voyage et enfin léger repas du soir au restaurant, et nous voici rendus à 20 heures pour le départ. En comptant à nouveau onze heures de trajet, arrivée prévue dimanche matin 7 heures. Repos jusque vers midi. Repas et l’après midi, installation de tout le fourbi au deuxième étage. Fin de « l’opération emménagement » telle qu’elle a été programmée.
Mais, j’ai vite compris que mon beau-père fonctionnait au pif et que ses décisions pouvaient évoluer rapidement en fonction de son « ressenti ». Après qu’il eût accompagné Belle-maman à Croissy, dans la voiture de Maurice, nous avons pris tous deux la route comme prévu, vers 18 heures. Nous roulons environ 5 heures, et compte tenu de la distance considérable parcourue, nous décidons de nous accorder une halte casse croûte prolongée d’une pause dodo d’une petite demi-heure. La vitesse est réduite afin de nous permettre de dégoter une aire de repos sauvage, car sur le trajet, il n’y a pas d’autoroute ni de parking. Le coin idéalement tranquille est trouvé. Le casse croûte est avalé, les dossiers des banquettes avant sont rabattus. Nous nous allongeons. Un bref coup d’œil à ma tocante m’apprend qu’il est 23 heures. Nous fermons nos yeux…
Soudain, la 403 est prise de secousses et de tremblements intempestifs. Gérard ouvre la portière et se lève en jurant outrancièrement des « Nom de D… de nom de D… de… » . Il jaillit du véhicule en sautillant sur une jambe et en tentant de se masser l’autre. Devant mon étonnement quelque peu inquiet, il me dit avoir des crampes dans une jambe. Puis, sa danse se transforme en une marche d’abord claudicante pour se terminer par une promenade récupératrice. Il en profite pour m’expliquer que sa journée de travail, (il est toujours chauffeur-livreur chez le marchand de meubles Loncle, place d’Italie), a consisté, comme la plupart des autres journées, en livraisons de meubles relativement lourds, dans des appartements situés en étages, et qui plus est, dans des immeubles non pourvus d’ascenseurs. Les efforts fournis dans la journée se transforment le soir en une fatigue des muscles qui aboutit à l’apparition de crampes. Je jette un coup d’œil à ma montre et constate que nous avons fait un somme de quatre minutes et demie. Après une dernière petite marche réparatrice autour de la voiture, Gérard décide de reprendre la route. Ce que nous faisons aussitôt.
La descente vers la Méditerranée se poursuit et, comme il n’est pas question de s’arrêter, ne serait-ce qu’une minute pour soulager nos vessies, nous arrivons à Agde et pénétrons dans le jardin du 9, chemin des Enfants à la mer, vers 5 heures trente. Il fait nuit noire et il ne

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