Les Joies du Recruteur
120 pages
Français

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Les Joies du Recruteur , livre ebook

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Description

Une immersion dans les coulisses du monde du recrutement dans lequel je baigne, sans me noyer, depuis presque 10 ans. Je peux dire que ce livre est un peu mon curriculum vitae inspiré de faits réels. Alors, je vous invite à le lire attentivement et à prendre mon profil du bon côté !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 février 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414178995
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-17897-1

© Edilivre, 2018
Exergue

« Le succès c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme. »
Winston Churchill
Introduction
Le livre d’Albert Camus avait commencé par ma mère est morte. Le mien commencera par le marché est mort. Nous sommes en 2009 et l’horloge de mon avenir professionnel a des allures d’une œuvre de Dalí. Il n’y a plus grand chose à se mettre sous la dent. Tout le monde s’est servi et il ne reste que les invendus, ces opportunités qui exigent un diplôme de grandes écoles avec une rémunération qui se rapproche davantage de celle d’un stagiaire que de celle d’un cadre confirmé. Il faut écrire une ligne sur le C. V. mais la mienne est en pointillé. Mon curriculum vitae signe alors mon arrêt de mort.
Puis j’ai ouvert la porte en laissant passer le début d’un rayon de soleil dans un job de commerciale en centre d’appel. Mon crédit bancaire est plus prêt que moi. Il allait vider les caisses de mes économies récoltées au cours de mes jobs d’été. À ce moment-là, j’étais un peu l’Alexis Tsipras de ma dette. Je suis passée alors du piédestal au pied dans le cul. Il fallait convaincre des prospects de prendre un abonnement téléphonique. Convaincre sans être convaincue. Il y en a qui y arrivent. Moi je n’ai jamais été douée à cet exercice. Je n’étais pas spécialement faite pour ce job alimentaire qui nourrissait uniquement mes rêves d’un avenir meilleur. Je suis devenue cet élément en bout de chaîne d’un système bien huilé. Ce cerveau éteint qui s’allumait à chaque sonnerie, ce cerveau anesthésié de cette chirurgie de l’ego. Je subissais chaque jour ce claquage d’oreilles, ces dernières étaient jusqu’alors bien plus habituées aux discours valorisants et élitistes qu’aux abonnés mécontents. Sur le trône de la sérénité, lors des pauses chronométrées, je comptais inlassablement les jours, les mois et les années passés en classes préparatoires et en école de commerce. Ce temps passé à dépenser, à « dé-penser », à imaginer que l’on est la meilleure car on maîtrise du bout des doigts les lois binomiales, la philosophie de Socrate, la filière inversée de Galbraith. Bref ce temps de cerveau disponible à construire un diplôme pour se détruire à l’emploi. Une période obscure qui s’est illuminée bien heureusement aujourd’hui.
Alors je mets des mots sur une histoire qui est la mienne. Un passé pas si simple, un amour inconditionnel pour l’apprentissage, un présent à l’impératif du bonheur pour construire un futur plus que parfait.
Chapitre 1 Cinquante nuances de jobs
Cela peut faire sourire mais j’ai pratiquement eu cinquante nuances de jobs. Il est vrai que c’est beaucoup pour une personne, vu la conjoncture. Cinquante nuances de jobs que l’on pourrait imaginer évoluer dans un décor de jeu vidéo avec plusieurs personnages, plusieurs scénarios. J’utilise volontairement le mot jeu car le monde du travail est un jeu à deux, parfois à plusieurs, avec des règles définies dans un contrat plus ou moins de soumission. Le mot est peut-être fort mais lorsque l’on met le premier pied sur le marché du travail, il faut savoir tenir debout et surtout savoir courir très vite en évitant les faux départs.
Menottée à mon diplôme et attachée à l’espoir de trouver le job rêvé, je pensais être à l’abri de la crise. Puis la réalité m’a fouettée en pleine face. J’ai fini par construire une carrière, qui sur le papier, ne se rangeait dans aucune case : « Vous avez fait marketing, master en management de projets, puis des stages en marketing/communication, un début en tant que commerciale et vous voulez faire consultante en recrutement ? » Effectivement c’était le bordel. Je ne pouvais pas leur en tenir rigueur car moi aussi je ne comprenais pas grand-chose à mon parcours. Il fallait lire entre les lignes. Mes expériences respiraient la bougeotte. Face aux recruteurs en entretien j’avais comme une folle envie de sortir de mes gonds et de résumer ma motivation en une phrase : « Tester c’est adopter, alors testez-moi ! ». J’ai dû faire sortir l’impresario qui vit en moi pour convertir ces mots figés sur papier en notes artistiques, mélodie de mon histoire. Ces cinquante nuances de jobs c’était une succession d’infidélités. Je quittais l’un pour signer avec l’autre. J’étais devenue une pro dans l’organisation des pots de départ et la rédaction de lettres de démission. Les débuts de prise de poste étaient excitants : nouvelle équipe, nouvelle ambiance, nouveau challenge, mais à chaque fois l’ennui, ou la routine, me gangrenaient et me faisaient partir pour de nouvelles aventures.
Dans ce joyeux bordel, il y avait tout de même un fil conducteur, une trame de fond, une photographie de ma sensibilité, qui me ressemblait plutôt bien. Ce fil conducteur c’était la communication sous toutes ses formes : la communication publicitaire, la communication entre les services, le marketing, le conseil client, et l’accompagnement des candidats. J’aimais me mouvoir dans de petites structures avec des services accessibles qui se côtoyaient au quotidien. J’aimais le mélange des genres, des personnalités. J’ai toujours rejeté le diktat de la fonction, du statut, de l’épaisseur de la moquette sous le bureau.
Mon parcours avait les stigmates de la crise, des petits sauts de puce et quelques jobs bidon. Mais finalement ces sauts de puce m’ont permis de rebondir. Aux yeux de nombreux recruteurs, cela pouvait traduire une forme d’instabilité, d’insatisfaction perpétuelle, de frustration. Peu importe le jargon psychologique associé à mon bout de papier, à cette carte de visite low cost , je n’étais dans aucune catégorie. Dans tous les jobs que j’avais choisis, comme base de travail, la matière la plus instable et imprévisible : l’humain. Cet objet d’étude avait cinquante nuances de facettes, cinquante nuances de désirs et de projections. En prenant du recul sur mon histoire, sans trop perdre de vue d’où je venais, j’ai compris à quel point mon parcours était le miroir de mon métier. Il était intimement lié à cette chose si instable qu’est l’être humain.
Mon parcours était aussi le miroir d’un vide, celui de l’apprentissage à l’école de ce que l’on veut vraiment faire, au plus profond de soi-même. On apprend à avaler comme vérité absolue des conseils de personnes, non issues du monde professionnel, et à consommer de façon systématique des parcours professionnels standardisés tels des menus A, B ou C affichés dans une carte de restaurant japonais. Avec comme leitmotiv récurrent voire gênant : l’argent. Face à chaque job, on pouvait y associer un package de rémunérations sorties du chapeau, des grilles qui nous emprisonnent dans l’illusion et le mensonge. Alors on se cherche beaucoup. On tâte le terrain. On se trompe et on se demande tardivement quel est finalement le moteur du bonheur au travail. Lors de mon parcours en école de commerce, je réalisais mon premier investissement, celui qui m’ouvrirait les portes de ma future carrière : mon diplôme. C’était le message de la plaquette de présentation. Puis, j’ai appris à me coucher sur cet investissement coûteux. La berceuse de la crise m’aidait à relativiser, à dormir en gardant les yeux grands ouverts. Je voyais sans voir loin. J’avais le regard figé sur l’instant présent. Je me consolais en me disant que dans ce joyeux marasme économique j’avais tout de même un niveau d’employabilité plus élevé qu’un grand nombre de personnes non diplômées. Nous n’étions pas tous logés à la même enseigne. Pour ces personnes non qualifiées, il leur manquait l’argument du diplôme. Cependant l’avantage qu’ils avaient c’est qu’ils n’avaient pas d’études à rembourser, donc pas de diplôme à rentabiliser en exigeant un salaire élevé. Comme de nombreux jeunes diplômés, j’ai été bercée par des discours rassurants et prometteurs. Au fur et à mesure de ma scolarité, je découvrais la supercherie de ce système à fabriquer des papiers qui valent de l’or. J’étais une source de revenus pour eux, mais pas pour moi-même. Face à ce bout de papier dévalué, je savais que ça allait être difficile. Nous étions la promotion sacrifiée dans un contexte de génération sacrifiée.
Lors des repas de famille, il était agréable de dire que j’étais diplômée d’une grande école de commerce. Entre deux bouchées de pain, j’avais l’ego regonflé à bloc. Il y a un sentiment de reconnaissance sociale. J’avais attendu cinq ans. Je me sentais fière. Je partais vraiment de loin. Tous mes frères et sœur avaient choisi la filière scientifique. J’avais une fois de plus choisi un chemin différent. Je me sentais moins exclue de ce paysage familial intellectuel et élitiste. J’avais ma place autour de cette table familiale. En façade, j’avais ce Graal de l’élitisme, mais dans les coulisses, c’était le chaos.
Le réseau des anciens de mon école était en panne. Il n’y avait malheureusement pas de service après-vente pour tous ceux qui ne trouvaient pas d’emploi. Il n’y avait pas de garantie « satisfait ou remboursé », ni de hotline pour donner des conseils en recherches d’emploi (c’est normal, cela ne s’était jamais vu…). Il n’y avait plus personne au bout du fil, pas un conseiller d’orientation pour m’aider à définir des modèles de carrières adaptés à mon profil : start-up, grands groupes, des métiers plus manuels, statut de salarié, statut de créateur d’entreprise. Je devais me rendre à l’évidence. Ce n’était pas le nom ou le prix du diplôme qui en faisait sa valeur mais plutôt les compétences qu’il certifiait au regard des besoins des entreprises. Les entreprises ne recrutaient pas, et encore moins des profils marketing.
J’ai donc appris à détourner les circuits de sélections classiques,

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