Les Lionnes de Tanger
146 pages
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Les Lionnes de Tanger , livre ebook

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Description

Avril 2010 à Tanger, Sarah China et son petit ami s’apprêtent à passer le contrôle de la douane dans le port marocain pour rentrer en France après un séjour dans le pays. Lors du contrôle les douaniers découvrent de la drogue cachée dans les affaires du couple. Sarah et son petit ami sont arrêtés. Contre toute attente Sarah s’accuse elle-même d’avoir planifié tout ceci. Elle est donc immédiatement incarcérée dans la grande prison de Tanger : Satfilage.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414085880
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-08586-6

© Edilivre, 2017
Ce roman raconte l’histoire vraie d’une jeune fille européenne.
Par mesure de discrétion et pour le respect de la vie privée des personnes concernées, les prénoms, les noms et les lieux cités sont volontairement modifiés. Toute ressemblance avec des noms et prénoms ne serait que pure et fortuite coïncidence.
Exergue

Je suis le premier à me plaindre de la longueur de la journée.
mais au final tout le monde passera par la même ligne d’arrivée.
Je ne suis pas le dernier à me dire que la vie est trop courte.
car on ne se rend pas compte de la valeur que chaque souffle nous coûte.
La vie n’est pas une simple course contre la montre qui se mesure par le nombre d’accidents évités, c’est juste une course d’endurance dont la qualité se mesure par le nombre de virages bien négociés.
Yaniss la-Tchoutchouka
1
Tanger, Tanja en amazigh, Tingis en gréco-romain… La cinquième ville du Royaume du Maroc avec près de 800 000 habitants, juste après la ville de Marrakech. Située au nord du Maroc dans le Rif occidental, elle est surnommée « la ville des étrangers » en raison de ses anciennes colonisations aussi bien phéniciennes, que romaines, arabes, portugaises, anglaises, françaises, espagnoles et j’en passe. Il est clair que cette ville porte bien son nom à mon goût car ici même les personnes d’origine marocaine ne sont pas réellement chez elles…
Je suis au port de Tanger-Ville, ce port qui donne sur le détroit de Gibraltar. Derrière moi, quelques jours de vacances à Meknès qui s’achèvent et devant moi quatorze kilomètres de mer Méditerranée pour retrouver l’Europe et atteindre notre objectif : le port d’Algésiras.
Je suis dans la file d’attente au volant de ma voiture avec Amine pour passer la douane et embarquer dans le bateau pour l’Espagne, dans tout juste quelques heures. Il est environ midi, nous sommes le 29 avril 2010. C’est long, très long, les douaniers prennent tout leur temps pour fouiller chaque parcelle des véhicules qui quittent le continent africain. L’immense file de voitures diminue petit à petit. A ce moment là, il n’y a plus que deux véhicules devant nous. Amine est silencieux. Je cherche son regard mais ne le croise pas. Il semble ailleurs. Loin. Il trafique mon auto-radio en écoutant pour au moins la quinzième fois d’affilée la même musique : El Miloudi de Cheb Adil. J’ai chaud, la chaleur ambiante est pesante, il n’y a vraiment pas d’air. En réalité, j’étouffe entre toutes les odeurs d’épices et de provisions que nous ramenons à la mère de Amine restée à Nîmes. Le ras el hanout, le curcuma et le cumin se mélangent avec la menthe fraîche cueillie ce matin à l’heure du fajr. Les djellabas neuves et les taies de coussins pliées sont posées dans les plats en bois d’olivier que je ramène pour cuisiner. Notre glacière avec le déjeuner préparé par la tante de Amine qui cale l’huile d’olive contre les quelques sacs de semoule que l’on ramène également. Mise à part ça, je suis assez contente de moi, pour une fois je ne ramène que des choses utiles pour moi et mon bien-être. Il n’y a pas de sac à main ou de vêtement contrefait, ni de paire de babouches pointues pour mon grand frères qui les collectionne. Je me suis trouvée de l’huile d’argan de très bonne qualité chez un revendeur local car il est fortement déconseillé de s’en procurer sur le souk. J’ai aussi du savon beldi, le fameux savon noir que l’on trouve au hammam et qui, combiné avec un gant de crin, hydrate la peau. Sans oublier un pot de ghassoul pour me faire de jolis masques d’argile. Je peux le dire je suis vraiment fière de moi sur ce coup-là. Mes copines vont être jalouses, c’est sûr.
Le temps semble s’être arrêté, Amine allume une cigarette en observant les douaniers. Ils tapent et fouillent chaque recoin de la carrosserie de la voiture juste devant nous désormais. Je suis pressée, stressée mais sans plus. Ça va. J’ai juste hâte de rentrer à la maison, pour une fois que j’ai une annonce à faire à la famille. Me voyant pensive, Amine pose sa main sur la mienne. Là, je sens mes jambes se crisper, il me murmure à l’oreille :
– Ne t’inquiète pas, j’assumerai tout.
Puis il se tait. En souriant il regarde les douaniers opérer et me dit :
– Regarde-moi ces cagettes ! C’est trop des caves, ils ne savent même pas fouiller.
Les douaniers ont fini avec le véhicule, c’est notre tour à présent. Je m’arrête devant le bureau de douane. Un douanier contrôle nos identités, pendant que son collègue commence à taper sur ma carrosserie afin d’inspecter la voiture : capot, ailes, portières… Il ouvre toutes les portières. Il examine sous les banquettes. Tout y passe. Il pose chaque sac, chaque provision au sol devant mon véhicule : mes plats en olivier, le zit zitoune… Il soulève la glacière, la pèse comme un marchand au milieu du souk pèserait un kilo d’oranges à bout de bras. Puis il la pose par terre. Il voit un sachet de semoule entre-ouvert. L’action me dégoûte, il plonge son index tout sale dans la semoule fine en regardant Amine et porte son doigt à sa bouche comme s’il était en train de goûter de la cocaïne pure avant de l’acheter.
Le premier douanier nous rend nos papiers tandis que le second entame une dernière chorégraphie autour du véhicule en tapant sur la carrosserie en se re-dirigeant vers le coffre. Il prend directement la glacière un peu comme on porterait une derbouka et se met à tapoter sur les parois. Cela raisonne, tandis que lui s’imagine en Orchestre National de Barbès avec son bendir et ses qraqeb, sortes de castagnettes marocaines. Je n’ai même pas eu le temps de penser à mon taboulé renversé à l’intérieur de la derbouka-glacière que le cache principal en plastique se détache. Il laisse tomber par terre le contenu soigneusement dissimulé dans les parois : cinq plaquettes de shit ! Bim, bam, boom, le bruit raisonne encore sur le sol comme si Sheitan venait de s’inviter en tapant à ma porte…
2
Durant mes premières années de collège, je me souviens avoir toujours été une assez bonne élève en cours d’arts plastiques. Dans les autres matières, j’avais un niveau assez moyen. En fait, je me laissais vivre, comme mes parents disaient. J’aimais dessiner, j’aimais bien le graphisme, d’où mon intérêt pour la calligraphie arabe. Mais, malgré mes bonnes notes et pour je ne sais quelle raison j’étais assez turbulente durant ce cours en particulier. J’avoue que cela m’a causé quelques avertissements verbaux comme écrits de la part du professeur d’arts plastiques.
Un jour, pour me punir, ou me faire grandir, je ne connais toujours pas le but, le professeur d’arts plastiques m’a imposé un exercice noté. Un genre de test je suppose. Le deal était le suivant : une heure pour faire mon devoir de dessin avec un sujet bien précis à respecter à la lettre bien entendu. Si je réussissais le devoir alors j’étais complètement blanchie malgré mon comportement. Mais si je ne réussissais pas cet exercice, j’obtenais une punition, voire même une exclusion de cours temporaire. Voici l’exercice en question. Le professeur m’avait isolée dans un coin de la classe sur un grand bureau. Il m’a demandé de m’asseoir au centre de ce même bureau en posant une feuille blanche de dessin devant moi, inclinée à la verticale. Le professeur a posé une boîte de crayons de couleurs à coté de moi, mais aussi des feutres, des pinceaux, une plume, de l’encre et de la peinture en m’énonçant le sujet à haute voix :
– Je te laisse une heure entière pour me dessiner ce que peut représenter pour toi le vrai bonheur, sachant que la feuille ici représente la vie.
Il n’y a que des professeurs de dessins, enfin pardon, d’arts plastiques pour trouver des sujets pareils… Je m’en souviens comme si c’était hier et je me suis lancée tête baissée. Oui j’ai foncé. Déterminée. J’ai couché la feuille blanche horizontalement. J’ai mis du rouge, du bleu, du jaune. J’ai utilisé les crayons de couleurs mais aussi la plume comme pour raconter une vraie histoire. Une jolie fable. J’étais sérieuse. J’étais concentrée. Les courbes étaient précises, le trait était bien droit. C’était réellement du travail bien réfléchi, bien pensé. Rien n’était fait au hasard sur ma feuille. Du violet, du orange du vert, je m’appliquais. Je réfléchissais énormément. Oui, j’étais vraiment captivée. Au bout de quelques minutes, enfin mon dessin prenait forme. Une dernière couche de peinture pour donner le ton. J’ai ensuite posé mes instruments. Voilà, soixante minutes ! Le professeur s’est approché, l’exercice étant maintenant terminé.
Le professeur s’est ensuite penché sur mon dessin, je le regardais. Il avait les bras croisés et il portait sa main à son menton comme lors d’une longue réflexion. Il examinait chaque trait et chaque point de mon dessin avec grande attention. Moi, je continuais à l’observer en silence. Enfin, au bout de quelques longues minutes, il a soupiré en jetant un regard en l’air puis s’est adressé à moi dépité :
– C’est donc ça ta définition de la vie ? Des barbouillages, des dégradés noirs et blancs, de la calligraphie dérivée d’un graffiti multicolore à même le bureau, qui encadrent une feuille complètement vide, complètement blanche, posée horizontalement au milieu de ton bureau. Tu as donc une vision bien triste de l’avenir mon enfant… Et maintenant que tu t’es bien moquée de moi, il ne te reste plus qu’à nettoyer tous les bureaux de la salle de classe rapidement.
Du coup, j’ai été punie et exclue du cours pendant quelques jours si je me souviens bien. Je ne sais même plus. Suis-je insolente ? Oui ! Mais en tout cas c’est bien plus tard, des années plus tard même, que j’ai compris et analysé ce dess

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