Lettre à l Absente
254 pages
Français

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Lettre à l'Absente , livre ebook

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Description

L'« Absente » à laquelle s'adresse cette lettre est la mère de la narratrice, qui meurt alors que la petite fille n'a que six ans. Elle deviendra l'interlocutrice privilégiée de l'enfant qui lui « parle » et lui raconte l'histoire de sa vie.

Existence peu banale, en l'occurrence, puisqu'elle mène le lecteur à travers le monde au fil des divers lieux où a séjourné l'auteur : Congo, Katanga, Paris, Espagne, Tunisie, Hongrie, Argentine...
L'auteur retrace les nombreux rebondissements de sa vie sentimentale sans « tricher » sur ses espoirs ou ses erreurs. Cette transparence rend le récit touchant, et le lecteur en devient impatient de suivre les tribulations ultérieures de l'auteur dans ses aventures tragiques, émouvantes ou drôles, mais avec, en fil rouge, un amour hors du commun.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 novembre 2015
Nombre de lectures 2
EAN13 9782332831149
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-83112-5

© Edilivre, 2018
Dédicace


A mes enfants avec tout mon amour
Prologue
Ma mère est morte le 6 mai 1943, emportée par une septicémie qu’il était encore impossible de soigner à cette époque car la pénicilline, aux mains des Anglais, n’était pas disponible dans les pays occupés. J’avais six ans. Je ne me souviens que très vaguement d’elle. Les traits de son visage se sont estompés dans ma mémoire et ont été remplacés par les photos que mon frère m’a montrées. Tous ceux qui l’ont connue m’ont vanté ses mérites de générosité, d’amour pour tous, de courage et de douceur. Mon frère, de neuf ans mon aîné, a encore aujourd’hui les yeux qui brillent quand il parle de notre mère.
Toute ma vie a été la suite ou la conséquence de cette disparition prématurée ; ce fut une véritable fuite en avant permanente à la recherche de cet amour perdu trop tôt. C’est pourquoi j’ai décidé de lui raconter ma vie comme si, par l’effet d’une baguette magique, elle était subitement devant moi ; écoute, maman, c’est l’histoire de ta fille.
Mon enfance
Quand ma grand-mère m’a conduite à ton chevet à la clinique de la rue des Cendres à Bruxelles, je me suis écriée : « comme tu es devenue vilaine ! » C’est vrai qu’aux yeux de la petite fille que j’étais, tes grands yeux enfuis dans ton visage émacié, tiré par la maladie m’avaient effrayée ; Je comprends que tu aies dit à grand-mère de ne plus m’amener, que tu voulais que je garde un beau souvenir de toi. Hélas j’étais bien jeune et de souvenir, je n’en ai que peu. Je te revois faire du pain : avec quelle fougue tu le pétrissais : et vlan et vlan ! Cela faisait un grand bruit chaque fois que tu lançais la boule de pâte sur la table et moi, à genoux sur une chaise au bord de cette table j’avais la sensation de contribuer à la confection du pain. Tu me conduisais deux fois par jour à l’école dans mon petit siège en osier sur le porte-bagage de ton vélo. J’avais le nez sur le bas de ton dos et c’est d’un regard médusé que j’observais le mouvement de tes fesses quand tu pédalais.
Et puis, un certain jour de mai ’43, ma tante m’a dit que tu étais partie pour un long voyage… J’étais très fâchée contre toi : pourquoi m’avais-tu abandonnée ? Si tu devais partir pourquoi ne pas m’avoir emmenée ? Les grandes personnes en général et Papa et Grand-mère en particulier étaient très gentils avec moi ; ils ne cessaient de dire « pauvre petite » et je trouvais qu’ils avaient bien raison : on ne s’en va pas en voyage sans sa petite fille.
Je me souviens avoir même pleuré un peu mais je fus vite consolée car toutes mes pensées étaient occupées par ma communion privée qui aurait lieu deux semaines plus tard vêtue de la jolie robe en organdi blanc que tu avais confectionnée avec amour pour moi. Je ne comprenais pas pourquoi tout le monde pleurait à l’église. Ce devait sans doute être à cause de la guerre.
Ton frère et son épouse vivaient à l’époque avec tes parents dans une maison de commerce à Vilvorde, un commerce de vannerie auquel s’ajoutaient des « transatlantiques » et des fauteuils pliants. C’était une grande maison, toute en hauteur comme la plupart des maisons citadines de l’époque. On entrait par le magasin qui occupait la quasi totalité du rez-de-chaussée et, quand il faisait beau, mon grand-père mettait « sur le trottoir » les fauteuils en osier, les « transatlantiques » – ces fauteuils pliants en bois verni et toile rayée – et autres objets encombrants en vannerie. J’aimais l’odeur qui me saisissait chaque fois que j’entrais dans le magasin. Cela sentait bon le bois frais verni et l’osier. Et de l’osier, il y en avait partout : c’étaient les mannes à linge, les paniers de tous genres, les fauteuils, les jolies boîtes à couture dont l’intérieur était garni d’une soie rouge ou bleue. L’envers du couvercle était matelassé à la manière des canapés Chesterfield pour pouvoir y piquer épingles et aiguilles et le corps du coffret comportait toute une série de petits compartiments, tous tendus de cette même soie. J’adorais ces boites. J’ai gardé pendant des années celle que l’on m’avait donnée et mes enfants étaient déjà grands que je l’utilisais toujours avec le même bonheur. Il y avait aussi des malles en osier qui faisaient rêver à de lointains voyages en émettant un craquement long et langoureux quand on les ouvrait. Pour moi ce magasin était comme la caverne d’Ali baba.
Au second étage c’était la réserve où mon grand-père m’amenait quelquefois. Il y avait là des objets en osier du sol au plafond qui allaient du plus petit panier à pain aux grandes malles de voyage. Mon grand-père, avec qui j’avais développé une merveilleuse complicité, me permettait de tout toucher tout en m’expliquant tout l’amour du travail bien fait qu’il avait fallu aux artisans pour confectionner ces petites merveilles. Je revois ces paniers pour chiens et chats, tous imbriqués les uns dans les autres, du plus petit au plus grand. Certains me paraissaient énormes et je me demandais quel genre de chien pouvait bien avoir besoin d’un panier aussi spacieux. C’étaient pour moi des moments de pur bonheur et, encore aujourd’hui, je ne vois pas un produit de vannerie sans avoir une pensée émue pour ces joies simples.
J’allais à l’école chez les Ursulines à Vilvorde, je travaillais bien, on me félicitait. Quand je rentrais de l’école, ta maman et ton frère m’aidaient à faire mes devoirs sur la grande table de « la pièce ». C’’est comme çà qu’on appelait cette pièce qui était tout à la fois cuisine, salle à manger, et salon. Mon oncle avait l’habitude de me tenir la main pour m’apprendre à « former bien mes lettres ». Je redoutais cela. En effet, il était à cette époque en charge de l’entretien des rotatives d’un grand journal et utilisait un savon spécial pour enlever les taches d’encre or ce savon laissait sur ses mains une odeur âcre à me soulever le cœur. A l’époque, je ne connaissais pas l’origine de cette odeur et je n’osais pas dire que ses mains sentaient mauvais. J’avais donc tellement peur qu’il en vienne à tenir ma main que je mettais tous mes efforts à écrire de manière régulière comme il le demandait. A quoi cela tient tout de même ! Quant à mon grand-père qui n’avait pas été à l’école, c’est moi qui avais l’honneur de lui apprendre à écrire. Je revois son sourire dans sa grosse moustache quand il me montrait comment emballer un hareng fumé dans du papier kraft pour le faire cuire tout doucement dans le four de la grosse cuisinière qui ronflait au milieu de « la pièce ». C’était une drôle d’époque. Toutes les grandes personnes avaient toujours l’air très préoccupé et je me souviens que chaque fois que je demandais quelque chose on me répondait avec des regrets dans la voix :
– Ce n’est pas possible maintenant. Tu l’auras quand la guerre sera finie.
Et puis il y avait les avions. Ah ces avions ! Ils passaient bas en faisant beaucoup de bruit. Pierrot, mon frère, m’avait bien dit qu’il y avait des hommes dedans mais je ne le croyais pas. C’était encore un de ces bobards qu’on raconte aux petites filles. Pourtant un jour il me semble bien que j’ai vu une tête à l’intérieur ;
Dis, maman, tu crois que c’est vrai qu’il y a des hommes dans ces drôles de machines ?
Un peu plus tard, il y eut la période des V1 et des V2. C’était encore plus mystérieux pour moi que les avions. On m’avait dit que tant qu’on entend le moteur ce n’est pas dangereux mais que si le moteur s’arrête, cela prédit sa chute imminente ! Le lundi de Pâques 1944, j’en ai vu plusieurs passer dans le ciel. Toute la famille était collée à la fenêtre et… les moteurs se sont arrêtés. Nous entendîmes ensuite un énorme fracas dans le lointain : c’était les usines Renault de Haren qui avaient été visées et atteintes. Mes grands-parents et mon oncle ne parlèrent plus que de cela pendant plusieurs jours et moi, je passais des heures le nez contre le carreau pour voir si un de ces horribles engins n’apparaissait pas. J’étais partagée entre la peur de tous ces événements qui semblaient effrayer les grandes personnes et le bonheur simple de vivre tellement entourée d’affection et de chaleur.
J’étais un peu triste que Papa ne vienne pas plus souvent mais, ils étaient tous tellement gentils que je peux dire aujourd’hui que ce fut, depuis ton départ, la plus belle partie de mon enfance. Mon frère Pierrot s’activait à planter tous les jours sur la carte des petits drapeaux qui indiquaient le front et l’avancée des alliés. Je ne savais pas ce que cela voulait dire mais il semble que c’était important car tout le monde observait et commentait les mouvements des petits drapeaux avec beaucoup d’intérêt.
Et puis un jour, tout fut différent : on n’a pas descendu les vilains stores bleu foncé que je n’aimais pas, on a mis des drapeaux aux fenêtres, remplacé la lampe de ma chambre par une 100 watts créant ainsi une ambiance de fête !. J’ai toujours adoré la lumière et depuis que je vivais chez eux je n’avais connu qu’une constante pénombre qui mettait un voile de mélancolie sur les murs déjà sombres de ma chambre. J’ai demandé pourquoi tous ces changements et on m’a répondu :
– La guerre est finie !
Moi, je ne voyais pas beaucoup de changement mais l’ambiance à la maison explosait de gaîté. Mon oncle, si sévère d’habitude, chantait à tue-tête, Pierrot me prenait par la main pour me faire tournoyer, même le grand-père riait dans sa moustache et ma grand-mère est revenue de la cave avec une bouteille de vin qu’elle avait gardée, disait-elle pour cette occasion !
C’était comme si Saint Nicolas était passé pour les grandes personnes ! Puisque tout le monde était si heureux je l’étais, moi aussi, mêm

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