Livret de famille
378 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Livret de famille , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
378 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Chronique sociale, sportive, culturelle, sentimentale relatant sur un ton intimiste les principaux événements de mon existence. Exil, légion étrangère, guerre d’Algérie, mai 68, pêche, chasse, drames familiaux, intrigues féminines tels sont les thèmes phares abordés dans cette saga familiale intensément dramatique. Après une errance d’un demi-siècle, après des aventures extrêmes vécues sur tous les continents, je suis revenu en Uruguay, pays de mon adolescence. Retour qui s’accompagne de la description des principaux aspects de cette singulière république. Un éloge de l’art de vivre en pays austral. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 décembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414009589
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-00956-5

© Edilivre, 2017
Avant-propos
Chronique sociale, sportive, culturelle, sentimentale relatant sur un ton intimiste les principaux événements de mon existence. Exil, légion étrangère, guerre d’Algérie, mai 68, pêche, chasse, drames familiaux, intrigues féminines tels sont les thèmes phares abordés dans cette saga familiale intensément dramatiques. Après une errance d’un demi-siècle, après des aventures extrêmes vécues sur tous les continents, je suis revenu en Uruguay, pays de mon adolescence. Retour qui s’accompagne de la description des principaux aspects de cette singulière république. Un éloge de l’art de vivre en pays austral.
Exergue

« Chaque oubli creuse un trou pour un volcan futur »
Nicolas Raïewsky
Livret de famille
 
Jeudi 19 mai 1938. Hormis quelques faits divers, les journaux ne signalent rien d’intéressant, ce matin-là, à Paris. À l’étranger, les bruits de bottes polonaises à la frontière tchécoslovaque, la poursuite de la guerre des Nippons en Chine du nord, et un bref communiqué sur l’assaut victorieux des nationalistes espagnols dans le massif de Teruel, ne sont pas vraiment de nature à troubler la vie d’un jeune couple installé de fraîche date avenue de Versailles, à Paris : leur esprit est occupé par une double naissance à venir. L’accouchement s’annonce laborieux, le premier des jumeaux refuse de naître. Derrière, un petit diable trépigne et réclame avec fureur le droit à la vie. Il faut employer les forceps, déboîter l’épaule du récalcitrant pour livrer passage au second, tandis que le père, malade d’anxiété, s’écroule sans connaissance aux pieds de l’accoucheur. Mais comme dans les belles histoires tout finit par s’arranger et les parents, ainsi que les deux bébés qui pèsent plus de trois kilos chacun, s’endorment, ce soir là, dans la sérénité retrouvée. Ainsi suis-je né, en dépit de la mauvaise volonté de mon frère, par une belle journée de printemps, sous le signe du Taureau…
Mon père s’appelait Serge et ma mère, Olga. Tandis que mon frère recevait le prénom de son grand-père paternel Michel, on me prénomma Alexandre, comme mon grand-père maternel. Petit-fils de l’écrivain Léon Tolstoï, mon père avait sept ans en 1919 quand, sous la menace des bolcheviques, sa famille dut précipitamment plier bagage et quitter la Russie. Elle choisit la France, terre d’accueil par tradition. Comme tous les aristocrates de cette époque, mon grand-père n’était pas préparé à exercer un métier et dut employer ses talents naturels pour subvenir aux besoins de sa famille : c’était un compositeur de romances et un excellent joueur de guitare. Après s’être installé à Clamart, dans la banlieue parisienne, siège de la colonie russe au lendemain de la première Guerre mondiale, il envoya le jeune Serge dans un pensionnat en Auvergne à Chavagnac-Lafayette en compagnie de jeunes émigrés de son origine. À la fin de sa scolarité, ce dernier revint à Paris afin d’y effectuer des études de médecine, s’employant à de menus travaux pour gagner son argent de poche. Ainsi donc, le descendant d’un des plus grands écrivains de l’humanité et aussi de l’un des plus publiés – ses œuvres ont été éditées à près d’un milliard d’exemplaires – fut-il contraint de vivre dans une précarité relative. Léon Tolstoï qui avait toujours prêché qu’il fallait gagner son pain à la sueur de son front, avait tout bonnement déshérité sa famille et légué ses droits d’auteur à l’humanité.
En 1917, quand la révolution éclata, nombreux furent ceux qui tentèrent de se sauver à l’Ouest. Le rouble avait perdu toute sa valeur (une baguette de pain valait un million), seuls les bijoux et l’or constituaient une monnaie d’échange. Dans ces moments-là, on ramasse ce que l’on peut, en se disant que l’essentiel est de sauver sa vie. Le tsar et toute sa famille venaient d’être massacrés à Iekaterinbourg et les « Rouges » avaient vaincu l’Armée blanche. Les bolcheviques, sous la direction de Lénine, avaient pris le pouvoir et instauré la terreur. Seuls les aristocrates, les bourgeois et les militaires, disposant de quelques moyens, furent en mesure de s’échapper. De noblesse terrienne, les comtes Tolstoï possédaient une immense fortune : hors du pays, ils n’avaient rien. Dans le sauve-qui-peut général, tous ne purent ou ne voulurent pas s’enfuir. Une minorité demeura sur place, y compris la propre épouse de l’écrivain qui termina sa vie dans les années vingt sans être inquiétée. Il est vrai que le nom de Tolstoï était si prestigieux que même les révolutionnaires les plus fanatiques n’osaient s’attaquer à son mythe. Les enfants émigrèrent pour la plupart en Europe et aux États Unis. Aujourd’hui, leur descendance est établie dans vingt pays différents, dont la Russie, les États Unis, la Suède, la France et l’Italie.
Ma mère appartenait à une famille russe de bonne lignée, sans détenir pour autant de titre de noblesse. La première femme de son père, Anna, dame de compagnie auprès de la tsarine, était selon l’écrivain Henri Troyat « bêtasse, rondouillarde et exaltée ». Chassée du domicile conjugal par mon grand-père dont elle disait pour se venger qu’il était « alcoolique, instable et impuissant », elle joua un rôle néfaste en favorisant l’introduction à la cour du fameux Raspoutine qui prétendait guérir le jeune tsarévitch de son hémophilie chronique. Une fois son mariage annulé par le saint Synode pour cause de « non consommation », mon grand-père, l’officier de marine Alexandre Wyrouboff, prit pour seconde femme Marie Kirieef. En dépit de sa supposée « impuissance », il eut tout de même le temps de lui faire trois filles (Mania, Irène, Olga), avant de disparaître en 1917, victime du typhus. Ma mère, la cadette, devait avoir deux ou trois ans lorsque la décision fut prise par le frère de son père, l’oncle Vassia, de mettre sa famille à l’abri des bolcheviques. Sa tâche était double : émigrer, et trouver un nouveau mari pour sa belle-sœur. Il choisit Nice où les bonnes familles russes avaient l’habitude de séjourner en hiver. Marie était belle et distinguée, et les fillettes très mignonnes. Rapidement, une occasion se présenta en la personne d’un homme dont la fortune devait largement satisfaire les objectifs de « l’oncle ». L’homme s’appelait Georges Bemberg, un riche argentin, issu de la dynastie d’une famille d’origine allemande émigrée en Amérique du sud au 19 ème  siècle ayant fait fortune dans l’import export. Ce dernier avait rencontré ma grand-mère dans des circonstances romanesques. Désargentée, ayant tout juste de quoi payer son loyer, celle-ci n’avait pas les moyens de pourvoir au salaire de ses domestiques. Aussi, ceux-ci cherchaient-ils à s’employer ailleurs tout en demeurant sous le toit de ma grand-mère. Pour autant, tous les exilés n’avaient pas perdu leur fortune. Parmi eux, le prince Youssoupoff, meurtrier légendaire de Raspoutine. Il vivait à Paris dans un hôtel particulier, offrant de grands dîners à la société élégante de la capitale. Le prince avait ses petites manies, dont celle de vouloir être seulement servi par du personnel russe, recruté ponctuellement auprès de ses connaissances. Ainsi, une ou deux fois par mois, les domestiques de ma grand-mère se rendaient à Paris par le train pour satisfaire à la lubie de l’aristocrate. Un soir, l’une d’elles qui servait à table entendit que l’un des invités disposait du don rare de soulager les maux que la médecine traditionnelle était impuissante à guérir. Or, ma grand-mère souffrait de tuberculose, la pénicilline n’avait pas encore été inventée, et sa santé périclitait. À la fin du dîner, Caroline (c’était le nom de la domestique) se précipita aux pieds du monsieur, le suppliant de venir assister sa patronne. En bon gentleman, celui-ci se rendit à Nice. À la vue de la « grande dame », il succomba à ses charmes et la demanda en mariage. Ils s’installèrent à Lausanne en Suisse sur les hauteurs de la ville dans une propriété plantée de marronniers, appelée « La Sauvagère ». Ils y vécurent quelque temps, avant que le « pauvre Georges », comme l’appelait sa sœur Rosita, ne sombra dans la folie et ne mit le feu au manoir.
Ma grand-mère, dont la santé était de plus en plus vacillante, s’éteignit en 1936. Ma mère avait alors 17 ans. Sa sœur aînée Mania venait de se marier avec le jeune prince Constantin Gortchacow, et avait pris le chemin de l’Uruguay. Restaient Irène et Olga, dont la situation matrimoniale devait être réglée au plus vite. Ce fut évidemment à « l’oncle » qu’incomba cette tâche. Parmi les partis en présence, il remarqua un jeune homme diplômé de médecine et portant un nom célèbre. De par son âge, il était davantage fait pour Irène, et l’oncle se mit en devoir d’arranger ce mariage. Mais ses plans échouèrent car mon père tomba amoureux de la jeune Olga. Le mariage fut célébré en grande pompe à Paris dans la cathédrale orthodoxe de la rue Daru. Un an après nous, en 1939, naissait ma sœur Marie, surnommée Mimi.
Ma petite enfance s’est déroulée sans drames particuliers, bien que très vite privée de la présence de mon père, parti au Maroc s’occuper d’un service à l’hôpital de Meknès. C’était la guerre, il fallait bien servir le pays d’une manière ou d’une autre. Auparavant, il y eut l’exode, la débâcle sur les routes en direction du sud-ouest, puis du Maroc à Sidi Bétache près de Rabat, où mon grand-père paternel Michel mourut quelques années plus tard. De retour à Paris en pleine occupation allemande, ma mère qui possédait la citoyenneté helvétique nous emmena en Suisse, près de Leysin dans les montagnes du Valais, avec Tatiana Dimitrieff, notre gouvernante russe.
Entrée au service de la famille à l’âge de 19 a

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents