Ma vie fut un cornet de surprises , livre ebook

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2019

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« Oui chers lecteurs, c'est ça la vie en couleur d'immigrant, d'expatrié, je ne sais pas comment on pourrait m'appeler. Mais si ça vous tente de faire le même périple, ça vous demandera beaucoup de courage, beaucoup d'audace, c'est un vieux briscard qui vous le dit ! » Simon Antech fait entendre avec une verve toute méridionale le parcours hors du commun d'un homme « né au pied d'une souche de vigne ». Après ses souvenirs d'enfance, marqués par la Seconde Guerre mondiale, Marcel Beauchamp se remémore ses amours de jeunesse, les balades en moto, les premières combines. Sillonnant le monde au gré des opportunités, ce débrouillard travaille tantôt comme cuisinier, puis vendeur en porte-à-porte ou encore comme maître d'hôtel. Du Québec à la Guadeloupe en passant par le Venezuela, lui et sa compagne Caroline renouvellent leurs tentatives d'implantation sans se lasser. Par manque de chance, plusieurs déboires, dont la faillite de son restaurant en Espagne, donnent une certaine amertume à sa vie ponctuée de désillusions.

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Date de parution

07 février 2019

Nombre de lectures

1

EAN13

9782342165265

Langue

Français

Ma vie fut un cornet de surprises
Simon Antech
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Ma vie fut un cornet de surprises
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
Je me revois, avec mon père, à la foire des vendanges. Dans notre région, en octobre, les vendanges sont terminées ainsi que les pressurages. L’été fut chaud et ensoleillé, le vin sera excellent.
Tout en regardant la multitude de marchands ambulants, de forains vendant toute sorte d’articles, nous nous arrêtons. Une chose bizarre m’intrigue. Je demande à mon père : « Qu’est-ce que c’est ça ? » Il me répond : « Ce sont des cornets de surprises. » « Ah, j’en veux un. » Je fais une comparaison idiote : c’est ainsi la vie, c’est un cornet de surprises.
Aujourd’hui, j’ai le devoir de me confesser, de raconter les anecdotes, aventures, que je voulais cacher. Sûrement parce que j’en ai gros sur le cœur et que j’en ai souffert.
Voici mon Histoire
Je suis né dans un village des Corbières, au pays du bon vin. Quelques années avant la dernière guerre mondiale, dans une famille de classe moyenne commerçante et vigneronne.
J’avais cinq ans, quand la guerre a commencé contre les Allemands. J’étais tout jeune. Je me souviens très bien des cinq années de conflit, qui stupéfiaient le monde entier. À cette époque, il n’y avait pas de télévision. À la maison, nous avions un vieux poste radio pour écouter les informations. 1939, en septembre, l’invasion de la Pologne. 1940, c’était au tour de la France, cette chère France. Alsace, Lorraine, les Ardennes sont envahies, l’horreur de Dunkerque, combien de soldats français moururent sur les plages du Pas-de-Calais essayant de rejoindre les bateaux pour les amener en Angleterre. Ces pauvres soldats, combattant à cheval comme à l’époque de Vercingétorix, contre les tanks allemands, « les panzers ». Pauvres soldats, les uns morts sur les plages de Dunkerque, les autres furent prisonniers, envoyés dans des camps en Allemagne, certains chanceux regagneront l’Angleterre pour se joindre à l’appel du général de Gaulle.
Oui, je me souviens, nous écoutions en sourdine Radio Londres, il ne fallait pas lever le son, c’était dangereux. La police, et surtout la Gestapo (police allemande), pouvait entendre et nous envoyer dans un camp de concentration, Dachau, Buchenwald, etc. sans billet de retour.
Oui, comment ne pas se souvenir du hurlement des sirènes, du ronronnement des bombardiers américains, « Les Forteresses Volantes », volant à haute altitude afin d’éviter les obus de la DCA allemande, « les canons antiaériens ».
À cette époque, il n’y avait pas de voiture comme aujourd’hui. Les deux ou trois riches vignerons du village seuls en possédaient, des Citroën Traction Avant ou bien les Renault Viva Grand Sport. On allait vendre la viande dans les villages aux alentours avec un cheval attelé. Une trotteuse. Ils appelaient ça une trotteuse, parce qu’ils faisaient trotter le cheval. Pour nous, ce n’était pas un cheval, c’était une jument belle comme tout ; elle s’appelait Cocote. Mon père l’avait achetée toute petite, nous l’avions élevée au biberon. Quand elle avait faim, elle rentrait dans la cuisine. Nous avions une grande maison, la cuisine était grande avec une grande cheminée. En hiver, quand le vent du nord hurlait fort, on était bien devant la cheminée, les flammes jouaient dans le foyer ; il n’y avait pas la télévision, on était bien quand même. Nous caressions les deux chats de la maison. En été, ils étaient bien blancs. En hiver, ils devenaient noirs comme du charbon après s’être couchés sur la plaque du feu.
Un jour du début de l’année quarante, mon père reçoit un ordre de l’état-major militaire de présenter la jument Cocote à la caserne de la ville voisine. C’était la réquisition de tous les chevaux de France pour les envoyer au front à lutter contre les panzers allemands. Comment les services d’espionnage français et anglais ne savaient pas qu’Hitler préparait une belligue, fabriquait des quantités d’avions, de tanks, du matériel de guerre… ? Nous ne rentrerons pas dans la politique…
Voilà que Cocote se bagarre contre les panzers dans les Ardennes et, un jour, nous recevons l’information que Cocote avait été tuée. Nous avons pleuré et pleuré… nous avions eu l’espoir qu’un jour elle reviendrait de la guerre. Comme nous n’avions plus la jument pour aller vendre dans les patelins voisins, et malgré la guerre, mon père se modernisait : du trotteur on est passé à l’automobile. Il arrive un jour de la ville voisine, je ne sais pas où il avait déniché cette bagnole ! C’était une Renault ; elle était verte, un vert caca d’oie, le capot du moteur pointu, conduite à droite, à l’anglaise. Elle ne trottait pas, elle roulait… pas toujours… parfois il fallait la pousser pour la faire démarrer ! Heureusement que c’était une synchronique, d’ailleurs à cette époque on ne parlait pas d’automatique. Plusieurs fois, on est restés en carafe à moitié chemin. Papa descendait, se lamentait un peu, bien qu’habitué aux caprices de Bébelle ; ce n’était plus Cocote, c’était Bébelle. Il me regardait :
— Alors Toto, que fais-tu ! Il faut pousser, merde, on ne va pas rester là une éternité.
Et on poussait, poussait et quand Bébelle avait pris un peu d’élan, mon père grimpait dedans… vroom, vroom, ça repartait !
À cette époque de la guerre, nous avions le rationnement pour l’alimentation et en plus pour l’essence. Le gouvernement de Vichy, vous savez, France occupée, France libre… libre il fallait le dire vite ! Donc, le gouvernement délivrait une quantité limitée d’essence aux médecins, ambulances et commerçants. L’essence que recevait mon père pour faire ses ventes dans les patelins voisins n’était pas suffisante. Il fallait trouver une combine ! Un jour, je le vis tripoter le moteur de Bébelle ; il ajuste un récipient type réservoir d’environ trois litres de capacité. Je lui demande :
— Que fabriques-tu papa ?
Il me répond :
— T’occupe pas Toto, demain nous allons voir si ça marche le système ! (Je m’appelais Marcel, il me disait toujours Toto.)
À cette époque des années quarante, on était loin de penser au biocombustible ! Le Brésil, qui aujourd’hui est le premier à faire marcher les voitures avec l’alcool de canne à sucre, était un pays presque inconnu, perdu dans l’immensité du poumon du monde : l’Amazone.
Donc, le lendemain matin, je me réveille de bonne heure, préoccupé par le système qu’avait fabriqué mon père. Je prends le café rapidement et je descends au garage.
— Ah te voilà ! Tu arrives Toto, me dit mon père. Tu as bien dormi, tu as déjeuné, bon, nous allons voir si ce truc fonctionne !
Il ouvre le robinet du petit réservoir fixé sur le côté droit de Bébelle, qui contenait de l’alcool de vin à 90°. Elle démarre à la manivelle, vroom, vroom ! Comment avait-il pensé à faire marcher la voiture avec de l’alcool ! Mon père était astucieux, aimait beaucoup la mécanique ; il avait lui-même réparé le moteur de Bébelle. À cette époque, il fallait se débrouiller avec les moyens que nous avions et ils étaient limités. Je parle beaucoup de mon père, lui, c’était le maître à bord. Ma mère avait son travail à la maison : faire les repas pour sept personnes, déjeuner, dîner, laver le linge pour tout ce monde ! À cette époque, il n’y avait pas de laveuse automatique ; les gens du village allaient à la rivière à deux kilomètres du village ! Il manquait d’eau, elle était rationnée, une seule fontaine ouverte quelques heures par jour. Je me souviens d’avoir fait la queue avec un seau à chaque main. Il ne pleuvait pas du tout l’été. Les gens du village disaient que c’était les bombardements qui dispersaient les nuages… je crois qu’ils avaient raison.
Toujours avec la Renault verte « caca d’oie », alimentée à l’alcool de vin à 90°, nous nous acheminions vers la grande ville. Ce jour-là, la Renault s’était bien comportée car souvent elle devenait capricieuse. « BEBELLE », mon père l’avait baptisée ainsi, oui elle nous laissait en rade au beau milieu de la route, il fallait la pousser pour la faire redémarrer. Nous prenions ça à la rigolade. Vu les événements, un rire peut-être forcé ?
Donc, sans problème, nous arrivons chez nos amis :
— Bonjour, bonjour, comment s’est comportée Bebelle ? nous demande M. Perrin.
C’était le nom de l’ami de mon père.
— Parfait, parfait, répond mon père. Aujourd’hui, Bebelle était de bonne humeur, oui je lui ai augmenté la dose de carburant, un peu plus d’essence dans le mélange que de coutume.
Nous rions tous en chœur.
— Ah oui, le système D de papa ! dit M. Perrin.
— Allez, allez messieurs, un petit apéritif avant de passer à table ! s’exclame Mme Perrin.
— Mais bien sûr, bien sûr. Allez Dorothée, envoie le Pernod, dit M. Perrin.
Et nous trinquions à la victoire de la France.
— Excellent le Pernod ! dit mon père.
—  Mais bien sûr, répond M. Perrin, celui-là ne s’appelle pas Pernod Fils c’est Pernod Démerde, c’était ça sous l’Occupation le slogan « démerde ».
C’étaient les restrictions, on n’avait pas trop le choix pour manger, encore moins pour se payer des apéritifs comme Pernod. À cette époque, il n’existait pas Ricard ni Pastis 51, c’était Pernod Fils.
Le Pernod Démerde de M. Perrin, c’était le Pernod Fabrication Maison.
Oui, à cette époque, un vendeur ambulant passait dans les patelins, vendant des extra

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