« MAIS LAISSONS PARLER     LES JEUNES ! »...Le rapport aux enquêtés dans les travaux de jeunes chercheurs marocains
238 pages
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Description

Quels sont les points communs entre une jeune fille de la capitale (« bent Lassima ») travaillant sur le commerce du romarin, un doctorant confronté au sentiment de pitié qu’éprouvent pour lui certains habitants des bidonvilles de Nzala Raddaya de Meknès (« mskin »), une assistante Qsociale sociologue travaillant sur les femmes toxicomanes de Casablanca ou bien une doctorante-fonctionnaire allant à la rencontre des agriculteurs périurbains de Rabat avec le concours de l’administration ? Tous, ainsi que les autres auteurs de cet ouvrage, sont de jeunes docteurs ou doctorants marocains plongés dans leur « situation ethnographique ».Entre engagement et distanciation, avec émotion mais sans renoncer à l’objectivation scientifique, ils racontent leur première « conquête » du terrain, puis l’installation d’une familiarité, voire d’une véritable intimité avec certains enquêtés, et les conséquences de celles-ci sur leurs recherches. Ce faisant, ils livrent bien des ficelles en sciences sociales qui pourront être utiles à d’autres chercheurs jeunes ou confirmés.

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Publié par
Date de parution 01 janvier 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9789920769532
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Zhour Bouzidi, PierreLouis Mayaux, Jean Zaganiaris (Dir.)
«MAIS LAISSONS PARLER  LES JEUNES!»...
Le rapport aux enquêtés dans les travaux de jeunes chercheurs marocains
E S S A I S S U R F O N D B L A N C
ISBN : 978-9920-769-53-2 Dépôt éga : 2020MO0676
©Édîtîons La Croîsée des Cemîns 16, Rue Mouafak Eddîne, îmm. A, rés. Dbîbag Quartîer des Hôpîtaux - Casabanca îno@acroîseedescemîns.ma www.acroîseedescemîns.ma
Zhour Bouzidi, PierreLouis Mayaux, Jean Zaganiaris (Dir.)
« MAIS LAISSONS PARLER LES JEUNES ! »...
Le rapport aux enquêtés dans les travaux
de jeunes chercheurs marocains
Introductîon générae
1 Zhour Bouzîdî 2 P.-L. Mayaux 3 J. Zaganîarîs
ansQuestîons de socîoogîe, Pîerre Bourdîeu rappeaît que « e type de scîences socîaes que ’on peut faîre D dépend du rapport que ’on entretîent avec e monde socîa, donc de a posîtîon que ’on occupe dans ce monde » (Bourdîeu, 1984, p. 26). Cette proposîtîon peut se îre autant comme un appe à a modestîe que comme une promesse. Un appe à a modestîe, bîen sûr, car e socîoogue françaîs souîgne que es questîons quî întéressent e chercheur, aînsî que es înterprétatîons qu’î effectue, ne sont jamaîs détachées de sa propre sîtuatîon socîae, contraîrement à ’îusîon entretenue par a tradîtîon posîtîvîste cassîque (Weber, 1992 ; Steînmetz, 2005). Maîs une promesse, égaement, puîsque e chercheur peut espérer enrîchîr ses connaîssances, et en précîser a portée,
1. Facuté des ettres et des scîences umaînes de Meknès, département de socîoogîe. (poîce dîférente) 2. CIRAD, UMR G-EAU. 3. Proesseur de pîosopîe au ycée Descartes de Rabat et Cerceur assocîé à ’EREG, Facuté des ettres et des scîences umaînes, Aîn Cock, Casabanca.
6 – « Maîs aîssons parer es jeunes ! »…
en s’înterrogeant systématîquement sur e rapport socîa qu’î entretîent à ses questîons et à ses objets de recherche. Comment, toutefoîs, réaîser une tee promesse en pratîque ? Autrement dît, comment faîre de a reatîon à son objet de recherche un înstrument de connaîssance putôt qu’un écran ou un obstace ? Ce îvre part du postuat que a reatîon d’enquête proprement dîte (c’est-à-dîre es rapports très varîés qu’un chercheur entretîent avec es îndîvîdus qu’î enquête, dans e cadre d’une démarche de terraîn à caractère ethnographîque) peut nous îvrer bîen des enseîgnements sur un monde socîa et, en ’occurrence, sur a socîété marocaîne. C’est donc à ’exporatîon de ces reatîons d’enquête, et de ce qu’ees nous dîsent du Maroc d’aujourd’huî, qu’ont été consacrées deux journées d’études doctoraes. L’une s’est tenue au moîs de janvîer 2017, à ’Écoe de gouvernance et d’économîe de Rabat, où deux d’entre nous enseîgnaîent aors (Pîerre-Louîs Mayaux, Jean Zaganîarîs) ; ’autre fut organîsée au moîs de septembre 2017, à ’unîversîté de Meknès, à ’înstîgatîon de Zhour Bouzîdî, et avec a partîcîpatîon de Khaîd Mouna. C’est de ces deux journées qu’est îssu e présent ouvrage. I donne à des doctorantes et doctorants ’occasîon de se détacher d’une restîtutîon cassîque de eurs travaux de thèse (avec ’exposîtîon d’une probématîque, d’une méthode bîen ordonnée et des premîers résutats) pour évoquer putôt eurs reatîons d’enquête et es faîre parer de eur terraîn. I s’agît aînsî, pour ces doctorantes et doctorants, de raconter d’abord, de manîère sîmpe et avec humîîté, es dîfférentes manîères de vîvre en sîtuatîon e rapport aux enquêtés, en ne
Introductîon générae – 7
taîsant pas es moments de bocage, de « brîcoage », de doutes, d’émotîons et d’hésîtatîons. Les ecteurs e comprendront très vîte, es troîs coordonnateurs de ’ouvrage ont faît e choîx conscîent et déîbéré de aîsser es doctorants exprîmer eur expérîence de terraîn tee qu’îs ’ont vécue, sans orîentatîon nî înluence de eur part. I s’agît égaement, ensuîte, de raconter a manîère dont ces dîficutés ont été gérées, d’évoquer es dépacements et es réajustements quî ont dû être effectués, y comprîs orsqu’îs ont pu être vécus comme des concessîons dououreuses par e jeune chercheur. De ce poînt de vue, ’orîgînaîté et a rîchesse de cet ouvrage résîde dans a dîversîté des terraîns, des regards et des rapports entretenus avec ’objet de recherche et avec es enquêtés : e chercheur d’orîgîne rurae comparant es termes amazîgh utîîsés pour es droîts d’eau dans sa régîon avec ceux de ses enquêtés ; a bent assîma(« jeune ie de a capîtae ») întégrant e mîîeu très mascuîn des contrebandîers du romarîn dans e Haut Atas orîenta ; a doctorante fonctîonnaîre enquêtant sur es agrîcuteurs pérîurbaîns de Rabat avec e concours d’une équîpe demoqqadems; e chercheur partageant argement a condîtîon précaîre de ses enquêtés et consîdéré par eux comme un «mskîn» ; ’înspecteur de ’éducatîon enquêtant sur ses propres subordonnés... On e verra, î est dîficîe de faîre un portraît- type du doctorant marocaîn et de ses reatîons d’enquête, tant cees-cî sont marquées par a dîversîté. I s’agît enin, dans ce îvre, de manîère sans doute pus ambîtîeuse, de prendre appuî sur ces pérîpétîes pour raconter e Maroc d’aujourd’huî. L’enjeu ne se résume donc pas à montrer,
8 – « Maîs aîssons parer es jeunes ! »…
une nouvee foîs, en quoî toute recherche ethnographîque est en partîe dépendante de ses condîtîons de réaîsatîon.I ne se îmîte pas non pus à înventorîer, comme une sorte de guîde pratîque, a dîversîté des « icees » empoyées par de jeunes chercheurs înventîfs (Becker, 2002). Le propos de cet ouvrage est, en effet, pus argement, de consîdérer a reatîon d’enquête comme un anayseur à part entîère de a socîété marocaîne. Marîe Vannetze (2010) ’a bîen formué dans sa propre rélexîon tîrée de ses recherches sur es Frères musumans égyptîens : î s’agîssaît pour ee de sortîr de a sîmpe « autorélexîon pour retourner a questîon de ’accès au terraîn en objet de travaî à part entîère » (p. 61). Cette démarche permet d’évîter e rîsque de « soîpsîsme » quî a été poînté par e socîoogue Bernard Lahîre, orsqu’î souîgne combîen ’on peut maheureusement être « d’autant pus tourné vers soî et soucîeux des reatîons que ’on entretîent avec es autres que ’on s’est détourné de a structure et du contenu de son actîvîté de connaîssance » (2002, p. 49). Une manîère d’évîter ce pîège est précîsément de faîre en sorte que « a questîon [ne soît] pus “quees sont es dîficutés que je rencontre, comment es comprendre et es surmonter ?”, maîs “comment puîs-je utîîser ces dîficutés comme un révéateur des caractérîstîques de ’organîsatîon, de son fonctîonnement et de ses varîatîons ?” » (Vannetze, 2010, p. 61). Aînsî entendue, ’auto-anayse entreprîse par e jeune chercheur est aux antîpodes d’une démarche désabusée quî ne servîraît qu’à reatîvîser des résutats scîentîiques en venant rappeer, avec une sorte de joîe mauvaîse, eurs condîtîons d’obtentîon.
Introductîon générae – 9
Ee peut, tout au contraîre, constîtuer un formîdabe evîer de connaîssance de a socîété marocaîne. Cette perspectîve « heurîstîque » sur e rapport au terraîn rejoînt cee d’un autre ouvrage récemment paru (Mouna, Bouasrîa, Therrîen, 2017). Ee est au prîncîpe de nombreuses questîons quî parcourent ce îvre. Par exempe, en quoî a reatîon d’enquête écaîre-t-ee a manîère dont est comprîse, au Maroc, ’actîvîté de productîon de connaîssance quî est cee des scîences socîaes ? Que nous donnent à voîr ces reatîons d’enquête sur es manîères, dont e savoîr socîa et son utîîté, sont socîaement perçues ? En sens înverse, que nous dîsent es prénotîons entretenues par es chercheurs eux-mêmes à propos de eurs « cîbes » d’enquête quant à a force de certaîns stéréotypes ? Pus généraement, que nous révèent es aéas des rapports enquêteurs/enquêtés sur a nature des hîérarchîes de casses et de genre au Maroc, sur es reatîons entre îgnages et entre régîons, ou encore sur e rapport ordînaîre à ’État (auque e chercheur se voît souvent assîmîé par es enquêtés) ? Comment înterpréter es attentes des popuatîons à partîr des fréquentes demandes d’întercessîons quî sont adressées au chercheur ? On espère donc e montrer, es anayses des mutîpes reatîons d’enquête présentées dans cet ouvrage ne vîsent pas à latter un queconque narcîssîsme savant. Sî ees entendent bîen « sortîr de a dogmatîque du détachement de ’observateur », ce n’est certaînement pas pour sombrer dans a « maadîe du journa et de son înscrîptîon narcîssîque » (Rachîk, 2016, p. 8 ; voîr aussî Wacquant, 2010).
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