Mange et tais-toi !
174 pages
Français

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Mange et tais-toi ! , livre ebook

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Description

Difficile d'être sage quand les parents sont aussi exigeants, de partager sa mère avec trois aînés très encombrants, de jouer avec les copains de la rue en restant dans la cour et de combattre l'injustice dans un monde si révoltant !
Et pourtant, Kikine, petite wallonne espiègle, va déployer avec succès toute son énergie pour avoir, elle aussi, son mot à dire !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 août 2013
Nombre de lectures 2
EAN13 9782332569844
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright




Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-56982-0

© Edilivre, 2013
Préface
A six ans, j’étais certaine qu’un jour je serais écrivain. Je me voyais romancière, vivre de mon succès, habitant un manoir au fin fond des Ardennes, cherchant l’inspiration en forêt, lors de longues promenades en compagnie de mon chien, à moi toute seule ! Un chien énorme et tout tendre. Un nounours vivant, mon meilleur ami.
Aujourd’hui, je n’ai rien écrit du tout, si ce n’est quelques discours. Mon meilleur ami a deux pattes et un look irrésistible, j’en ai fait mon mari ! C’est vrai qu’il est tout tendre. Nous vivons avec deux toutous et un chat. Ils sont tous les trois adorables mais je suis trop paresseuse pour les promener, je préfère ouvrir la porte du jardin clôturé. C’est moins romantique que les balades en forêt mais c’est plus rapide.
Entre le boulot de la journée, le boulot du soir, l’entretien de la maison, le golf et les copains, il reste aussi un peu de temps pour accueillir nos enfants. Autrement dit, je vais à l’école avec des pieds de plomb. Là, je suis résolument expéditive. En soirée, il m’arrive de m’endormir debout en massant une cliente. Je cultive mes roses au milieu des mauvaises herbes. Au golf, je suis la reine du roumdoudoum et, finalement, j’en arrive à refuser les invitations des amis pour rester un soir plantée devant la TV, sans jamais voir la fin du film, terrassée par une petite socquette .
Quand les enfants débarquent, c’est autre chose. Le temps s’arrête ! Je suis heureuse, je les regarde se construire et je leur dis de surtout se prendre le temps, en touillant avec motivation dans mes casseroles, pour être certaine qu’ils aient un bon repas. Comme s’ils ne mangeaient pas quand je ne suis pas là !!!
En fait, si je suis crevée, ce n’est pas parce que je suis saturée de tout, c’est parce que j’aime trop « tout », y compris les sous ! La famille, les toutous, la chatte, la maison, le jardin, les élèves, le massage, le Feng shui, les voyages, le golf, le carnaval, les sorties, les copains, les projets à toutes les sauces… J’ai bien de la peine à lâcher un choix pour un autre. Alors tant pis ! Je jongle avec l’agenda jusqu’à l’overbooking complet et tous les trois ans, je tombe malade, paf ! Une bonne saloperie qui dure au moins un mois. Ma fille, Nanou, fine psychologue, m’a prédit que mon inconscient me clouerait un jour en chaise roulante si je ne me décidais pas à écrire ce sacré bouquin dont je parle depuis toujours. Histoire de rester fidèle à moi-même, malgré moi !
Et ce matin, quand le médecin m’a annoncé que cette névrite du trijumeau me rapporterait, en plus des grosses douleurs, six semaines de congé sans courant d’air, je me suis dit : « Arrête d’en parler ! Fais-le ! Ecris ! Cela fait 44 ans que tu attends ! Fonce ! » Alors, j’y vais ! Je fonce…
Vivegnis, Dinant, Lavaux-Sainte-Anne
Papa travaille pour l’Office des Voies Navigables. C’est un métier d’eau et de péniches. Pour devenir chef, il a dû déménager souvent. Alors, je suis née à Gosselies et, quand j’avais deux ans, nous sommes arrivés à Vivegnis. Maintenant, j’ai 4 ans. Notre maison fait un coin. D’un côté, c’est la rue de Cheratte et, de l’autre, la rue Detrez. La porte d’entrée de la maison regarde la rampe du pont. C’est de là que les grands descendent en patins à roulettes ou, quand il neige, en pneu d’auto.
L’école Sainte Félicité est à 300 mètres. Ma mère dit qu’on y est bien mieux éduqué qu’à la communale, tout en haut du village. Moi, je pense qu’elle est surtout contente de me surveiller sur le chemin, bien au chaud dans sa cuisine. C’est qu’elle panique tout le temps, maman. Sur la route, les gros camions pourraient m’écraser. Au terrain de football, je pourrais me casser le nez en faisant des culbutes sur les barres. Le canal Albert, c’est ma mort ! Comme elle ne sait pas nager, je pourrais m’y noyer ! Et puis, il y a encore les bohémiens et les gens de Liège qui kidnappent les jolies petites filles comme moi. Bref, je dois souvent jouer derrière un grillage vert qui arrive au-moins à la tête de mon frère. De l’autre côté, il y a tous les enfants de la rue. Pour papoter, c’est pratique ! Mais j’ai quand même l’air d’un singe en cage, là derrière !
Par bonheur, Dominique existe ! C’est comme ma petite sœur ! Elle a un an de moins que moi et peut courir partout. De ma maison, on voit la sienne, c’est tout près. Elle vient jouer presque tous les jours et nos mamans sont d’accord ! Il faut dire qu’elle est super gentille ma Dominique. Elle ressemble à une princesse. Elle a de longs cheveux blonds et des sabots italiens avec des perles dessus. J’aime aussi beaucoup ses petites jupes en peau de bête. C’est très chic !
Moi, après l’école, j’ai un t-shirt vert pomme, un short orange et des sandalettes bleu marine, parce que le blanc, c’est trop salissant. Quand on a de vieux parents, faut faire avec !
Dominique et moi, on s’aime très, très fort ! Et pourtant, presque chaque week-end, on ne se voit pas. Je dois aller à Dinant. Mes parents ont acheté un terrain à bâtir, tout en haut, juste à côté de la maison des parents de papa. Je me demande d’ailleurs bien pourquoi ils ont choisi cet endroit, parce que mon père râle toujours sur le sien ! Quand nous partons, ma grand-mère, marraine Rosa, reste à la maison. Elle, c’est la maman de ma maman. Elle est trop vieille pour venir avec nous. Avec elle, j’apprends à lire, je joue aux cartes et je mange des canards à la crème, mais seulement si j’ai gagné la partie ou alors si elle a gagné. Comme elle a des sous et pas moi, c’est toujours elle qui paie.
Avec mes frères, Guy et José, mon père a construit une cabane sur le terrain où il y aura la nouvelle maison. C’est là que maman et Josiane, ma grande sœur que j’appelle aussi Jojo, cuisinent et c’est aussi là que nous mangeons. Pour dormir, le samedi soir, on va camper dans le grenier des grands-parents, parrain Léon et marraine Hélène ! C’est rigolo parce qu’il faut monter une échelle qui va dans le toit, nous dormons sur des matelas pneumatiques et dans des sacs de couchage. Pour faire pipi, c’est le petit seau pour tous, avec un couvercle, heureusement ! Papa, lui, ne doit jamais y aller, je me demande comment il fait pour se retenir aussi longtemps parce qu’il boit beaucoup !
Souvent, quand il y a une fête ou qu’il reste du temps, nous allons aussi à Lavaux-Sainte-Anne, le plus beau village du monde ! J’aime bien jouer chez marraine Ninie et mon onc’René ou chez une de leurs filles, Solange. Solange, c’est ma cousine, elle a deux enfants, Francine et Pascale. Pascale est toute petite mais j’y fais bien attention.
A Lavaux, tout le monde m’aime bien parce que je suis la fille de Nelly ! Ils disent tous bonjour. Et puis, là-bas, maman oublie de me surveiller. Alors, je peux aller avec Jojo au magasin, dans le château et même dans la rivière ! Ah, c’est beau la liberté !
Quand je serai grande, je viendrai habiter ici et j’achèterai la maison où maman est née, tout près des bois, sur le Monta parce que là, ça sent bon le purin, la nature et les bêtes !
Quatre ans
1 – Le petit train
– Debout les filles, debout les garçons !
You hou ! Pas de Dinant aujourd’hui ! Je vais sur la scène.
– Allez, Jojo, maman a crié déjà. Debout ! « Un p’tit train, s’en va dans la campagne, un p’tit train s’en va de bon matin ! Tchoutchouf ! Un p’tit train s’en va dans la campagne, un p’tit train s’en va de bon matin, tchoutchouf ! Un p’tit train… »
– Trouve autre chose ou tais-toi ! Tu m’énerves.
– Zut, zut, Jojo ! Laisse-moi chanter !
– Oui, mais pas trente-six fois la même chose !
– Je répète pour tantôt.
– Tu m’enquiquines, oui !
– Pff ! Tu comprends jamais rien !
Je sors mais je laisse la porte ouverte, na !
– Ferme la porte !
– Pas le temps, j’dois répéter !
La cuisine sent bon le café. Maman le passe dans la chaussette qui n’est pas une vraie chaussette. Enfin, je crois ! De toute façon, je ne bois pas de café. Le lait, c’est bien meilleur. Les grands disent même que je suis un petit veau. Maman chante avec Marc Arian. Il est dans la radio. Mais elle préfère Rika Zaraï et la chanson des souliers de je ne sais pas qui ! Moi, j’aime mieux Carine et Rebecca. Mais elles ne chantent pas si souvent. C’est sûrement parce qu’elles sont petites.
Bon, je fais ma tournée de bisous :
– Maman ! Il est où papa ?
– Il jauge.
– Déjà !
– Mais oui, il voulait essayer de revenir à temps pour te voir.
– Eh ben ça, c’est bien gentil ! Il veut sûrement voir quand j’ai son képi sur ma tête !
– Tu l’as dit ! S’il ratait cela, ce serait terrip pour lui !
– « Un p’tit train s’en va dans la campagne, un p’tit train s’en va de bon matin, tchoutchouf ! » Regarde un peu, maman ! Regarde-moi ! Je te montre un peu comment on fait. Les autres enfants se promènent sur des rails et tiennent un gros carton. C’est le train. Et ils font des zigzags, comme ça… « Un p’tit train s’en va dans la campagne, un p’tit train s’en va de bon matin. Tchoutchouf ! »
Guyguy entre dans la pièce, me soulève d’un étage pour le gros bisou qui fait du bien :
– Et toi alors, tu fais la locomotive ?
– Non, c’est Joëlle qui fait la locomotive pour pas que les autres se fourgaillent . Moi, je fais le chef de gare. Je chante avec eux mais parfois je dois siffler, toute seule !
– Toi, siffler ! Mais tu siffles comme une casserole.
– Mais non, je siffle avec un sifflet, devant tout le monde et le képi de papa sur ma tête. Je suis le chef de gare. Même que maman a mis un galon à ma veste, pour faire semblant. Si je me trompe, tout le monde va le voir !
– C’est terrible ! Tu sais quoi ? Je viens te voir !
– Oh ! C’est trop beau ! Merci, parrain ! Gros bisous, gros bisous

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