Mémoire de larmes d un casque lourd
194 pages
Français

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Mémoire de larmes d'un casque lourd , livre ebook

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Description

« Allongé sur ce lit d’hôpital suite à un accident, je me souviens de mon premier amour, mon engagement au sein de l’armée, ainsi que des missions auxquelles j’ai participé. »
Xavier Geoffroy nous relate une boucle de sa vie en évoquant certaines périodes pénibles de son existence : celles qui ont malheureusement fait de lui un homme brisé, prisonnier de ses syndromes de stress post-traumatique.
Dans cet ouvrage, l’auteur rend également hommage aux victimes de guerres, entre autres à celles du génocide rwandais de 1994, mais surtout à des êtres chers, disparus trop tôt.
Depuis cette mission au Rwanda, vingt ans sont passés. Durant tout ce temps, il n’a pas versé la moindre larme et n’a jamais parlé de ce qu’il y a vécu.
Grâce à ce livre et à une thérapie, l’auteur commence enfin à se libérer.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 mai 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332734389
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-73436-5

© Edilivre, 2014
Le matin
Nous sommes le 26 mars 1996, il est 6h30 du matin. Je termine de m’habiller pour rejoindre l’armurerie du régiment. J’enfile ma parka et je mets mon béret sur la tête. Me voici marchant au bord de la route qui mène vers l’arsenal pour y percevoir mon arme de service, un pistolet automatique de calibre 9mm. Je suis chef de poste pour vingt-quatre heures. Un brouillard épais et une fraîcheur règnent dans ce milieu forestier en ce mois de mars. J’aperçois le reflet de phares sur le bitume de cette route…
« Monsieur ! Vous m’entendez ? Monsieur, si vous m’entendez ! Serrez-moi la main ». Complètement engourdi par un mauvais rêve, je n’arrive pas à savoir où je me trouve. Un médecin urgentiste et une infirmière s’occupent de moi. Mes vêtements sont tâchés de sang et déchirés, mon pantalon de treillis est coupé du bas vers le haut pour laisser apparaître mes jambes. Une énorme douleur crânienne et une autre au niveau du dos me plongent dans un immobilisme général. J’ouvre les yeux avec peine, la lumière ambiante me dérange. Le médecin s’acharne à me parler pour expliquer ce qui m’arrive, et ce qu’il va réaliser comme examens.
Je comprends, sans même réaliser, que je viens d’être victime d’un accident de la circulation au sein même de mon régiment.
Après toute une série d’examens, le verdict tombe ! Traumatisme crânien avec coma de quelques heures, fractures de la jambe et de l’épaule gauches. Le médecin pense que le choc a dû être d’une violence terrible. Apparemment, le conducteur du véhicule ne m’a pas vu et il n’a pas utilisé les freins. Il roulait assez vite. Je suis littéralement passé par-dessus l’utilitaire, mon crâne a percuté la base de l’essuie-glace avant d’heurter le pare-brise. Mes jambes ont été frappées par l’avant du véhicule.
Me voici hospitalisé, isolé dans une chambre au sein de cet hôpital. Terrassé dans cette situation, je me sens comme un œuf violemment projeté contre un mur, le résultat est le même. Je suis seul face à mes douleurs et l’ignorance de mon devenir. Je ne cesse d’harceler les infirmières et les médecins pour obtenir de plus amples informations sur mon état de santé. Après plusieurs semaines d’immobilisme, une pensée me trotte dans la tête depuis quelques jours et ne me quitte plus. Est-ce que je vais pouvoir marcher comme avant ?
Pour le savoir ! Je décide de me lever de ce lit brancard, je me glisse sur le côté pour enfin mettre pieds à terre. Une énorme douleur me saisit au niveau des jambes et du dos, ce qui m’empêche de me tenir debout et m’entraîne dans une chute terrible sur le sol. Je renverse un petit meuble en voulant me rattraper dessus. Immédiatement, deux infirmières arrivent et parviennent à me remettre sur le lit, tout cela en me « passant un savon » ! Je me fais lourdement gronder. Me voici de nouveau les jambes suspendues en l’air, j’ignore pour combien de temps encore.
Alité depuis trois mois, j’entame mes premières séances de rééducation quotidienne, disons une approche pour le moment. J’ai tout d’abord droit à des massages pendant trois semaines, dans le but de détendre les muscles, localiser les douleurs et définir leur intensité. Puis, viennent les mouvements, les dénouements articulaires et musculaires des pieds et des genoux.
Ce qui me fait le plus mal, ce sont les mouvements des chevilles. Cela me donne la sensation d’un enfoncement d’une tige métallique dans toute la jambe, jusqu’à me faire serrer les dents, au point d’en sortir des cris de douleurs.
Je passe maintenant à l’étape supérieure. De mon lit, je me retrouve en fauteuil roulant, afin de me déplacer dans l’enceinte de l’hôpital, et rejoindre la salle de rééducation. Je travaille sur différents postes. Il y a par exemple celui avec les deux barres parallèles, où je dois marcher, grâce à elles, en m’y tenant juste par la force des bras. Je devais faire des marches complètes, et en plusieurs allers-retours. Je me retrouve également allongé sur le dos sur un tapis, où le kinésithérapeute manipule mes jambes afin d’effectuer un travail de résistance musculaire. Je n’échappe pas non plus aux exercices de musculation.
Je n’oublie pas les douleurs, les efforts, le dépassement de moi-même, qui m’ont valu plusieurs chutes de moral. Je devais faire le deuil de mes capacités physiques d’avant, c’est-à-dire celles d’un grand sportif, entre autres de marathonien.
Après trois semaines de déplacements en fauteuil, je le quitte enfin avec l’immense soulagement de pouvoir marcher avec des béquilles. Le fait d’être debout me procure une sensation de renaissance. C’est étrange de me dire que je boiterai certainement toute ma vie. Avoir été percuté de la sorte par une voiture à seulement vingt-trois ans, c’est dur à avaler ! Je réalise l’impact de l’accident sur mon physique et ma carrière dans cet hôpital. Je pense qu’il me sera vraiment pénible de remonter la pente. C’est une épreuve de plus, je suis abattu moralement.
Tous les jours, je côtoie des victimes d’accidents. Nous nous apportons mutuellement un soutien grâce à nos conversations pendant les moments de détente. On s’encourage lors de nos douloureuses séances de rééducation. Je me rappelle de mes nuits après l’accident, elles étaient insupportables. J’avais d’intenses douleurs, si aiguës dans mes jambes, mais aussi au niveau de la tête, à cause de mon traumatisme crânien. Dans ces moments-là, les souffrances prenaient le dessus et envahissaient tout mon être. Mes jambes étaient comme embrochées des pieds jusqu’aux hanches, j’étais à la limite du vomissement.
Six mois après l’accident, j’apprends que je quitte le milieu hospitalier pour rentrer au sein de mon régiment. Je vais terminer ma période de convalescence dans ma chambre et dans les longs couloirs de ma compagnie. Les jours passent et je me déplace de mieux en mieux avec quelques douleurs au niveau des jambes. Enfin vient le jour où le médecin m’informe que je peux sortir du bâtiment de l’infirmerie sans mes béquilles.
Mon chef de section me propose de prendre des congés car cela ne sert à rien que je reste ici. Il m’autorise à partir un mois dans ma famille. J’emballe quelques affaires dans un sac que je charge dans ma voiture. Le trajet est assez difficile, les douleurs sont toujours présentes. Une fois arrivé, je retrouve mes parents, mes frères et mes sœurs. Sans trop m’attarder sur les détails, je leur raconte l’accident. Je leur explique simplement que j’ai été renversé par un utilitaire. Le conducteur est venu me faucher par derrière. Il ne m’a pas vu à cause du brouillard et du gel sur le pare-brise.
La seule chose que je désire aujourd’hui, c’est retrouver les capacités physiques que j’avais avant cet accident. Mes proches comprennent mon souhait de retrouver la forme et le moral. Ils se rendent compte également que toutes ces années d’armée m’ont transformé. Je suis devenu plus dur et plus direct dans mes paroles. Mes parents pensent que ce sont certainement mes missions à l’étranger qui m’ont endurci. Je me renferme de plus en plus sur moi-même. J’en profite pendant cette période de retour aux sources pour faire le point sur ma vie, mes projets, mes envies.
Je m’évade un peu de la maison en allant me promener avec mon berger allemand. Je vais dans les chemins qui longent la forêt et me pose au pied d’un arbre avec lui à mes côtés.
Je vais bientôt retourner au régiment et mes décisions sont prises, je devrais les assumer.
Le retour au sein de ma compagnie est très difficile, j’ai changé depuis l’accident. J’ai pris du poids et mes muscles sont ramollis. Désormais, je vis avec des douleurs que je ne connaissais pas. J’ai toujours de douloureuses sensations aux jambes et à l’épaule gauche et très souvent des maux crâniens, ainsi que des évanouissements.
J’ai pu obtenir une nouvelle affectation à un poste plus adapté au service administratif. Mais malgré cela, mes responsables et proches collègues voient bien que je ne suis plus vraiment motivé. Tous les matins, il y a le footing obligatoire, je n’y participe même plus. Pour éviter d’y aller, je fais croire que je vais déposer mes affaires en chambre, où je reste le temps qu’il faut. J’attends le retour de mes collègues allongé sur mon lit. Parfois, je dis que je vais à l’infirmerie pour consulter sans même m’inscrire sur le cahier des rendez-vous. En fait, je me balade dans un autre quartier du régiment pour y voir d’anciens camarades.
Au mois de décembre, me voici convoqué dans le bureau du chef de corps du régiment. La tenue de parade est exigée pour me présenter auprès du colonel. Mon commandant d’unité m’accompagne durant cet entretien. Le colonel me demande un récit précis de l’accident survenu au mois de mars. Il m’informe que je peux porter plainte contre le chauffeur si je le souhaite. Le conducteur est un appelé du contingent rattaché à la troisième compagnie, et ce matin-là, il allait chercher son commandant d’unité à son domicile. Pour des raisons militaires, je ne porte pas plainte. D’ailleurs, le colonel me confirme que son permis militaire lui a été retiré définitivement et qu’il devra le passer dans le civil. Je dis au colonel que ce n’est pas en déposant plainte que je me sentirais mieux physiquement et psychiquement.
En sortant du bureau du chef de corps, je suis interpellé par un capitaine, secrétaire du colonel. Il me demande d’aller à la gendarmerie pour y faire une déposition en stipulant que c’est moi qui me suis jeté volontairement sur le véhicule. Je pète un plomb ! Je l’insulte à plusieurs reprises et l’informe de tout ce que j’ai enduré depuis l’accident, cela ne m’amuse pas du tout. De plus, êt

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