Mes souvenirs
76 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
76 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

J’ai écrit ce livre en mémoire des appelés du contingent, 3 000 000 de jeunes, de 1952 à 1962, dont 30 000 qui n’ont pas eu, comme moi, la chance de revoir leur famille et la terre où ils sont nés et pour qui la vie s’est arrêtée à l’âge de 20 ans. Pour une guerre qui ne nous concernait pas.








Dix années, et près de 300 000 sont revenus, blessés ou malades, un lourd tribut.








Ils auraient dû, comme moi, fonder une famille et prendre une retraite bien méritée. Avec, pour tous, la reconnaissance de la nation avec la remise de la carte de combattant.








Ne jamais les oublier à la date du souvenir, le 19 mars de chaque année.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 février 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342353044
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été édité par la Société des Écrivains,
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 84 74 10 20 – Fax : 01 41 684 594
www.societedesecrivains.com
client@societedesecrivains.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-35303-7

© Société des Écrivains, 2022
Préface
J’ai écrit ce livre en mémoire des 30 000 appelés du contingent qui n’ont pas eu, comme moi, la chance de revoir leur famille et pour qui la vie s’est arrêtée à l’âge de 20 ans.

« Certains ont de la mémoire, d’autres des souvenirs. »
(M. Charles Aznavour) .
Mes premières années,
Mes souvenirs

Entre la guerre
De 1939-1940
Et la guerre
d’Algérie
28 mois de guerre
à 20 ans
Pourquoi ?
Monsieur le président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer de pauvres gens
Ce n’est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Les guerres sont des bêtises
Le monde en a assez
Ma décision est prise
Je m’en vais déserter
S’il faut verser du sang
Allez verser le vôtre
Messieurs les bons apôtres
Messieurs qu’on nomme grands
Paroles : BORIS VIAN
ADAPTATION DE MOULOUDJI
Mes premières années et mes souvenirs
Je ne sais pourquoi, mais je revois souvent en rêve, ou en pensée, des moments de ma vie d’enfant et d’adulte.
Je suis né en 1937 et j’ai subi une première guerre à 7 ans et une deuxième à l’âge de 20 ans. Je suis d’une génération qui n’a pas eu de chance. Je me souviens de cette époque. Je ne sais pas si ce sont mes propres souvenirs ou ceux que l’on m’a racontés. La maternelle nous changeait les idées. Nous faisions des dessins et de la lecture. Et surtout, il y avait une chose qui me plaisait : toutes les semaines, le plus sage de la classe avait droit à une médaille qu’il portait toute la semaine accrochée sur son tablier. Quand je l’obtenais, j’étais très fier de la montrer : elle ressemblait à la Légion d’honneur.
ÉCOLE DE VACANCES
AOÛT 1941
MA SŒUR JACQUELINE ET MOI.
Troisième et quatrième en partant de la droite
La faim qui nous tenaillait
Je devais avoir cinq ou six ans, nous ne mangions pas tous les jours à notre faim. Le samedi après midi, pendant que les ouvriers de la mairie démontaient les étals du marché et que les grilles du cours des Halles avaient été fermées, j’allais, en compagnie de plusieurs camarades, récupérer les fruits abîmés et invendables que, pendant la vente, le commerçant jetait dans un cageot sous le comptoir.
Nous avions fabriqué pour cela un crochet avec une tige en fer. En le passant au travers de la grille, nous pouvions ramener le cageot avec les fruits. Nous mangions notre butin avec un grand plaisir. Devant ces fruits presque pourris, la faim était la plus forte. À cette époque de restrictions, c’était un régal pour nous. Certains soirs, nous mangions avec nos vêtements et le manteau sur le dos car il n’y avait pas de chauffage, et pour notre repas, nous avions une pomme de terre. Ensuite, nous allions nous coucher tout habillés, souvent dans le noir, car la lumière était coupée à cause des alertes.
Les alertes
Les alertes étaient fréquentes et il fallait que tout le monde descende dans les caves de l’immeuble pour se mettre à l’abri.
Toutes les familles étaient obligées de descendre aux abris dans les caves.
Il y avait un chef désigné par immeuble, pour surveiller. Il se nommait « chef d’îlot » ; il avait un sifflet pour appeler les gens et nous les entendions presque aussi fort que les sirènes qui annonçaient l’alerte.
Une nuit, nous sommes sortis dans la cour pour nous rendre dans la cave de l’immeuble. La cour était parsemée d’éclats d’obus qui venaient d’exploser, heureusement très loin de nous ; je ramassais plusieurs morceaux de métal. À cette époque, je ne savais pas ce que c’était ; on me l’a dit plus tard. J’en ai gardé longtemps un dans ma poche.
L’étoile jaune
Un matin, en partant pour l’école, nous avons vu arriver quelques camarades portant sur leur manteau une étoile jaune. Nous les connaissions bien car ils habitaient dans les rues avoisinantes du quartier. Une étoile jaune sur un manteau noir se voit de loin. Pendant quelques jours, ils ne vinrent plus à l’école, puis ils ont complètement disparu.
Quelques années plus tard, nous avons su pourquoi. Je ne sais pas si les adultes étaient au courant de ce qui se passait dans Paris, mais personne ne parlait des Juifs et des étoiles jaunes sur leurs vêtements, ou alors j’étais trop petit pour en entendre parler.
Un soir, en rentrant de l’école, mes frères, qui étaient plus âgés que moi, avaient entendu dire que des gens démontaient une palissade, du côté des Buttes rouges, pas loin de la maison, (à cet endroit maintenant passe le périphérique parisien).
Nous sommes partis voir, et là, à notre grand étonnement, beaucoup de gens que l’on connaissait étaient en train de démolir la palissade qui entourait un puits de forage.
Nous avons fait comme tout le monde. Mes grands frères ont pris une grosse poutre. Heureusement qu’ils étaient plus forts, car je n’aurais pas pu les aider.
Elle faisait deux mètres de long. Ils ont eu beaucoup de mal pour l’emmener jusqu’à la maison, c’est pour cela que personne ne l’avait prise. Mais la surprise fut à l’arrivée à la maison, car dans l’escalier, nous ne pouvions pas la faire tourner sur le palier pour la faire rentrer dans le couloir de l’appartement. Il nous a fallu la scier sur le palier, en trois morceaux, ce qui nous a bien réchauffés. Maman était contente car elle avait du bois de chauffage pour plusieurs jours. Ce sont des moments qui marquent, surtout dans des périodes de guerre. Certains jours, lorsque nous n’avions pas école, nous allions sur les fortifications pour récupérer des restes de charbon non brûlé. Je crois que la ville versait les cendres du chauffage des bâtiments, comme la mairie, et dans ces cendres, il y avait toujours un peu de charbon qui n’était pas tout à fait brûlé ; nous appelions cela le mâchefer ; nous le mettions dans la cuisinière, avec un peu de bois, et cela nous faisait un peu de chaleur dans la maison car ce mâchefer, dans le feu, devenait rouge incandescent et dégageait beaucoup de chaleur.
Tous les matins, sur le boulevard Sérurier, nous avions droit aux défilés des Allemands. Ils étaient logés à la caserne Mortier, porte des Lilas.
La relève se faisait porte Chaumont, aux magasins généraux des bâtiments, le long de la ligne de chemin de fer, la Petite Ceinture. Les Allemands avaient réquisitionné les locaux pour stocker leurs denrées alimentaires pour la garnison. La relève se faisait à pied ; les soldats marchaient au pas de l’oie, en chantant. Nous les entendions arriver de loin. Il y avait un officier qui marchait sur le côté ; il donnait la cadence et ce qui m’a beaucoup marqué, c’est son poignard sur la hanche : il se balançait à chaque pas. À l’école, à la récréation, nous aimions les imiter et marcher comme eux.
Un soir, toujours après l’école – c’est à ce moment-là que les informations qui intéressent tout le monde passent le mieux – des jeunes de dix-huit ans avaient réussi à entrer aux magasins généraux, au risque d’être fusillés par les Allemands.
De la nourriture pour tous
Ils avaient coupé le grillage, entre la rue et la voie, pour pouvoir descendre sur la voie ferrée. De là, ils avaient cassé le mur d’enceinte pour entrer dans les bâtiments. Le mur se trouvait à deux mètres de hauteur par rapport à la voie ferrée. À plusieurs, ils avaient sorti, et jeté sur la voie, des caisses de conserves qui, en arrivant, se brisaient. Et tous les jeunes qui attendaient sur le bas du talus remplissaient leurs sacs et remontaient sur la rue en s’aidant mutuellement. C’était à celui qui remonterait le plus de conserves. Nous ne regardions même pas ce qu’il y avait dans les caisses, nous ramassions tout. Moi je suis resté sur la rue à attendre mes frères et à surveiller les environs car il y avait des patrouilles de militaires à vélo qui passaient régulièrement. Ils avaient le pistolet à la main, mais j’ai pensé plus tard qu’ils faisaient cela pour nous faire peur car ils étaient presque sur le départ. Nous avons ramené beaucoup de conserves. Cela nous faisait une bonne réserve que nous n’avions pas connue depuis plusieurs années. Mais ce ne fut pas le cas pour tout le monde. Nous avions des copains qui, le soir, en remontant le boulevard pour rentrer chez eux avec leurs sacs, se sont fait arrêter par la police qui leur a confisqué tout ce qu’ils avaient. Le lendemain, deux agents du commissariat et un chef qui habitait à côté de chez nous, sont revenus chez eux avec des sacs bien chargés. Ils avaient du mal à les porter. C’était la France de l’époque. Je me souviens que deux de mes copains, dont les frères avaient été arrêtés, regardaient les policiers passer devant l’immeuble.
Maman était contente, mais en même temps nous grondait car elle avait vu les policiers et se demandait s’ils ne viendraient pas fouiller la maison pour tout reprendre.
Le départ des Allemands
Quelques mois après, à la porte Chaumont, les Allemands étaient stationnés en convoi et nous avons appris qu’ils partaient. Le bruit courait que la guerre allait se terminer. Dans le 19e arrondissement, nous n’étions pas trop informés de ce qui se passait dans le centre de Paris ; pourtant il y avait des tirs, mais je ne me rappelle pas que quelqu’un en ait parlé. Les Allemands qui étaient stationnés là étaient très calmes et ne semblaient pas pressés.
Ce fut pour nous une distraction pour une journée. Nous allions les voir : ils nous donnaient des gros pains de campagne. Nous étions heureux de ramener du bon pain à la maison.
L’achat du pain
Je me souviens que maman m’envoyait le matin chercher le pain avec des tickets, au coin de la rue. Ce n’était pas

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents