Michel Thiollière, l homme qui voulait une autre ville
302 pages
Français

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Description

« En partant, un peu prestement, avant le dessert, le jeune journaliste lui souhaite bonne chance. L’adjoint sourit maladroitement, se lève pour lui serrer la main. Il n’y a pas d’incompréhension entre eux. Deux visions du monde. L’un n’aspire qu’à fuir cette ville, échapper à son enfance, vivre l’aventure du monde. L’autre s’identifie à cette ancienne cité ouvrière, jadis la première de France. Il la porte à bout de bras. Sans doute est-il irréaliste, idéaliste, naïf. Relancer la ville ! Il ignore que c’est impossible. Parce qu’il l’ignore, parce qu’il ignore tous les freins, toutes les peurs, parce qu’il refuse la morosité ambiante, à l’impossible il se tiendra. Il a décidé de métamorphoser Saint-Étienne, et il y parviendra. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 février 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748399318
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Michel Thiollière, l'homme qui voulait une autre ville
Christian Soleil
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Michel Thiollière, l'homme qui voulait une autre ville
 
 
 
« L’histoire n’est pas une science, c’est un art. On n’y réussit que par l’imagination. »
Anatole France.
 
 
« C’est lorsque tu seras seul que tu t’appartiendras tout entier. »
Léonard de Vinci.
 
 
« Ne pas prévoir, c’est déjà gémir. »
Léonard de Vinci.
 
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
Quand j’ai proposé à Michel Thiollière de réaliser un livre à son sujet, je n’étais pas certain de sa réponse. Son accord immédiat, sans réserve et sans condition, m’a même quelque peu surpris. Je m’attendais à ce qu’il prenne le temps de réfléchir, à ce qu’il interroge longuement ses proches, à ce qu’il se concerte avec l’appareil politique. Il n’en fut rien. La relation eut lieu dès le départ d’homme à homme, dans un esprit de confiance réciproque.
 
J’avais dès le départ posé mes conditions : j’exigeais une liberté entière, totale, tant dans mon enquête que dans la rédaction finale de l’ouvrage. Je gardais la maîtrise du plan, de la méthode suivie, du contenu textuel et, bien sûr, de la seule chose vraiment essentielle, du titre. Il ne s’agissait pas pour moi d’écrire une biographie historique retraçant l’intégralité des événements survenus à l’homme, ni à l’américaine en insistant sur les aspects personnels et intimes, mais plutôt d’un portrait biographique n’utilisant la chronologie que par ses aspects pratiques et pour la lisibilité qu’elle favorise, et privilégiant les grands traits, les rapprochements inter-temporels, afin de dépeindre, de manière impressionniste, les grands contours de l’homme, ses influences, sa formation, ses principaux traits de caractère.
 
Les biographies sont toujours plus faciles à écrire sur des morts. C’est un peu comme les statues. Ce qui est vivant change, évolue, s’adapte, et la personnalité, comme l’âme – pour ceux qui croient dans ces deux illusions d’optique – se dérobe lorsqu’on la cherche. Quant à la ressemblance, « elle s’approche à pas de loup, elle s’envole à tire-d’aile » comme dirait Jean Cocteau.

C’est donc une tâche tout à fait humble que de se livrer à l’exercice biographique. La prétention serait de signer un portrait définitif dans un journal local : la brièveté ne favorise pas la nuance, et malgré la « crise » de la presse en France, le lectorat de la presse quotidienne régionale n’a rien à voir avec celui d’un livre. On arguera que le livre bénéficie de la durée. À l’heure où il ne se vend, dans ce pays de France, plus guère que dans les hypermarchés, sur un cycle de vie qui n’excède pas quelques semaines, plus court encore que pour les produits de grande consommation, on admettra que l’argument est faible !
 
N’étant pas un ami personnel de Michel Thiollière, je n’étais pas soupçonnable de vouloir faire une hagiographie, qui n’aurait par ailleurs pas été d’un grand intérêt pour quiconque. Je n’étais pas non plus membre de sa mouvance politique, n’appartenant à aucun mouvement d’aucun ordre. S’il m’est arrivé à plusieurs reprises de figurer dans des comités de soutien, ce fut toujours dans le camp adverse, par fidélité à quelques tentations social-démocrates dont notre société, jusqu’au prochain chaos, s’éloigne de toute façon à grands pas.
 
Michel Thiollière avait donc toutes les raisons de refuser ma proposition. Il ne l’a pas fait. Il aurait pu s’interroger ou se méfier, prendre des précautions, ou formuler des conditions. Il ne l’a pas fait. Il s’est livré sans réserve et sans fard au jeu de mes questions pendant une année, à raison d’un samedi matin par mois, m’ouvrant ses archives, ses albums photos, sa mémoire : un exercice difficile pour un homme plutôt jeune et tourné vers l’avenir. Il s’est confronté aux affirmations et aux doutes que je lui renvoyais après mes rencontres avec tel ou tel : membre de sa famille, ami politique, collaborateur, adversaire interne ou opposant bienveillant. Il a pu admettre ici des erreurs ou des faiblesses, argumenter là pour appuyer telle position ou tel bilan, protester encore quand il n’était pas en accord avec mon analyse. Toujours avec courtoisie. Souvent avec fermeté. Ne confondant jamais la relation entre les êtres et le fond de la question traitée.
 
Pour lui comme pour moi, ce voyage en commun était une aventure. Il n’avait rien à y gagner. Je l’abordais avec l’image d’un homme ouvert et démocrate, mais sans savoir si les traits contradictoires que lui prêtent les Stéphanois étaient réels. Ses détracteurs le disent volontiers fade, mou, sans personnalité. Ceux-ci sont plutôt de droite. À tendance forte. On en trouve dans son entourage. D’autres, parce qu’ils ont souffert de sa détermination et de son exigence, le traitent de « tueur », ce qui, au-delà de l’excès du terme, pourrait témoigner d’une personnalité bipolaire : un fond de timidité contrebalancé par des crises d’autorité. Mais la plupart des Stéphanois qui l’ont rencontré le disent plutôt « gentil », et on sait que dans ce pays, ce qualificatif, pour léger qu’il puisse paraître, est à considérer comme un compliment.
 
Car il faut bien se rendre à l’évidence : la plupart des Stéphanois n’ont pas d’image précise de leur maire. Michel Thiollière, il faut dire, n’est pas un homme de postures. Quand il serre une main, il pose ses yeux sur vous et ne regarde pas le troisième rang tout en souriant au deuxième. Il a su tricoter son ambition avec son intérêt de la chose publique. Il ne faut pas compter sur lui pour adopter la pose et jouer tel ou tel rôle. Ce n’est pas forcément une qualité politique, quand on observe quels hommes occupent dans ce pays le devant de la scène, et quelles attitudes parfois plus qu’évolutives et souvent contradictoires avec leurs tendances personnelles ils ont su prendre. « Malheur à moi, je suis nuance ! » écrivait Nietzsche. Cette nuance, Michel Thiollière l’assume dans l’exercice de ses fonctions. C’est elle qui, forcément, séduit souvent plus ses opposants que ses proches sur l’échiquier politique. Autant dire qu’il est une anomalie dans le jeu politique.
 
Permettre aux Stéphanois de mieux connaître leur maire, tel est l’enjeu de cet ouvrage, qui reste bien sûr ouvert comme peut l’être la vie et tente de présenter les courants de fond qui ont façonné l’homme depuis sa naissance, jusqu’à la date à laquelle s’interrompt cet ouvrage. Afin de ne pas interférer sur l’actualité politique locale, j’ai volontairement arrêté le chapitre quatre à la date de l’improbable réélection de Michel Thiollière à la mairie de Saint-Étienne en 2001.
 
À la question de savoir si Michel Thiollière est un bon maire pour la ville, je n’ai évidemment pas de réponse à apporter. Tel n’est pas mon propos. D’ailleurs, la question est vaine. Dans un système démocratique comme le nôtre, et même si l’on peut douter assez fortement du caractère tout à fait démocratique de nos institutions républicaines d’une autre époque, une ville comme Saint-Étienne a forcément le maire qu’elle a voulu, donc, et je l’écris sans aucun cynisme, le maire qu’elle mérite. Michel Thiollière est donc le maire que mérite sa ville, telle est ma seule certitude, et qu’il se représente ou non, Saint-Étienne aura lors du prochain mandat le maire qu’il lui faut.
 
 
 
Chapitre 1. Reflets dans l’eau
 
 
« Ne me méprise pas tant ! Je ne suis pas pauvre. Pauvre est celui qui désire beaucoup de choses. »
Léonard de Vinci.
 
 
 
Novembre 1976. Quand le jeune Michel Thiollière entre dans le bureau du maire de Saint-Étienne, il ravale sa timidité en même temps que sa salive. C’est la rencontre entre deux époques, entre deux destins qui se croisent. Cette rencontre, il l’a voulue, il l’a espérée, il l’a provoquée. Il avance dans le bureau dont les fenêtres donnent sur la place de l’Hôtel de ville. Mobilier sobre et contemporain. Le maire s’est avancé pour le saluer. Courtois, toujours. Curieux de l’autre. Dévoué à la cause de sa ville, de ses habitants, de la France bien sûr. Une affaire de famille. Le maire de Saint-Étienne est aussi le ministre de l’Économie et du Budget. Un homme au sommet de sa gloire et de sa carrière. À peine remarque-t-on l’inclinaison légère du corps, les épaules imperceptiblement voûtées, comme si elles anticipaient l’échec imminent, une sorte de mémoire de l’avenir. À moins que ce ne soit le souvenir d’un poids plus ancien, le signe d’un homme dédié à l’étude et à l’écriture, un Érasme des temps modernes.
 
Le ministre a le regard perçant, direct, lucide. Au premier contact, il jauge, il juge, il tranche. Après viennent les doutes, les nuances, le superflu. Sa première impression est la bonne. Sans doute est-il séduit par l’humilité immodeste de ce jeune homme qui tend de toute la force de son ambition vers ce pouvoir que lui a reçu en héritage, en quelque sorte. Ce que l’un a assumé comme un prince ses obligations, l’autre en rêve sans très bien le savoir encore. Michel Thiollière parle de ce Défi américain qui lui a fait une si forte impression, de son engouement naissant pour la pensée radicale de Jean-Jacques Servan-Schreiber, un ami du ministre aux convictions très proches des siennes, il évoque son envie de faire quelque chose pour soutenir ces idées-là, pour faire avancer sa ville. Rapidement, le courant passe entre Michel Durafour et Michel Thiollière. Le premier pourra aider le second à mettre un premier pied sur l’échelle du pouvoir, le second apportera sa

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