« Mon cher Michel … »
166 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

« Mon cher Michel … » , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
166 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Mon cher Michel ... », c’est par ces mots que Marie-Hélène commence ses lettres retrouvées 60 ans plus tard dans une boite à chaussures.



Entre décembre 1957 et septembre 1958, cette jeune femme de 24 ans écrit à celui que son cœur aime : une chronique tour à tour tendre, vive et romantique de leur relation amoureuse.



Marie-Hélène vit la vie d’une jeune femme de bonne famille, cultivée, intelligente et curieuse, le tout sur fond d’instabilité politique et sociale en France, en Algérie.... Avec son sens de la formule, elle commente de son style spontané les sujets d’actualité, ses sorties culturelles parisiennes, ses voyages, ses relations, ses aspirations et son impatience grandissante à vivre avec lui.



La notion de devoir envers la famille, la place de la jeune fille y sont exposées en filigrane. Marie-Hélène use notamment de stratégies pour cacher sa passion à ses proches... ce qui en fait un récit presque transgressif, qui pourra prêter à sourire aux nouvelles générations !



Nous sommes entraînés dans cette correspondance qui témoigne d’une époque si charnière pour la France et pour Marie-Hélène. Cette femme de son temps ne sait pas ce que l’avenir lui réserve, mais son cœur lui dit avec qui elle veut le vivre.



Une rare et très belle chronique féminine de la fin des années 50.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 août 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342357066
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été édité par la Société des Écrivains,
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 84 74 10 20 – Fax : 01 41 684 594
www.societedesecrivains.com
client@societedesecrivains.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-35705-9

© Société des Écrivains, 2022
Préambule
« Papa est parti rejoindre maman. » C’est par ce petit message laconique que notre sœur Isabelle nous apprit le décès de notre papa Michel, ce 5 octobre 2020, en début d’après-midi. C’en était donc fini : dix-neuf mois après Maman, Papa nous tirait à son tour sa révérence, avec élégance comme toujours, mais son cœur venait de lâcher après plus de quatre-vingt-quatorze ans de bons et loyaux services. Gilberte, qui était à ses côtés ce jour-là, nous témoignera avec émotion l’avoir vu partir « en douceur, très lucide », allant même jusqu’à nous faire cette confidence étonnante : « Je ne savais pas que la mort pouvait être un moment aussi doux… »
Maman, Marie-Hélène, nous avait quittés le 11 janvier 2019, des suites d’une longue maladie, comme il est d’usage de dire pour une personne atteinte d’un cancer qui la rongeait inexorablement depuis de nombreuses années.
De nos parents, nous savions en fait peu de chose, juste ce qu’ils avaient bien voulu nous dire d’eux, et ce que nos indiscrétions d’enfants puis d’adultes avaient pu leur faire révéler, mais sur leur enfance, sur leur histoire commune de jeunes amoureux, nous ne savions quasiment rien…
Papa avait été placé en nourrice dès ses premiers jours, à la suite du décès de sa mère huit jours après sa naissance, son père n’ayant pas la force d’assumer ce quatrième garçon tout seul ; il en avait gardé un caractère solitaire, profond et prudent, mais fondamentalement bienveillant et doux. Il avait choisi le métier de médecin pédiatre car, comme il aimait à le dire, « les enfants sont vrais – après, on grandit et on joue un personnage ».
Maman, à l’inverse si l’on peut dire, avait grandi dans une grande famille choletaise de onze enfants, étant la quatrième, mais l’aînée des filles, ce dont elle n’était pas peu fière. Sa famille était en vue à Cholet, où son père exerçait comme chirurgien et chef de la clinique Saint-François. Femme intelligente, vive, au caractère trempé, elle avait fait des études artistiques, mais aussi en sciences humaines. Ayant atteint l’âge symbolique de vingt-cinq ans sans compagnon, elle avait vécu douloureusement le mariage de sa jeune sœur, persuadée d’avoir « passé son tour » ; l’époque et la famille étaient redoutables à ce sujet…
Michel et Marie-Hélène se sont rencontrés pour la première fois au mariage d’amis communs, Albert H. et Odile V., le 7 juillet 1957. Le coup de foudre fut, semble-t-il, immédiat. Michel travaillant à Bordeaux et Marie-Hélène vivant entre Cholet (maison familiale) et Paris (où la famille F. disposait d’un appartement), ils durent dans un premier temps se contenter de brèves rencontres, qu’ils prolongeaient par de nombreux échanges épistolaires.
Marie-Hélène écrivit cent neuf lettres que nous avons retrouvées dans une boîte à chaussures soigneusement conservée par Michel au fond d’un placard de leur maison de Saint-Nazaire.
Cette correspondance commence le 13 décembre 1957, pour s’achever le 24 février 1959, quatre jours avant leur mariage et leur installation à Saint-Nazaire. Ils y vécurent près de soixante ans, y élevèrent quatre enfants et y vécurent jusqu’à leurs derniers jours.
Ces cent neuf lettres tour à tour émouvantes, incisives et drôles sont le récit de leur couple en construction ; elles sont aussi le témoignage de la vie quotidienne au sein d’une grande famille choletaise, pendant une année agitée : 1958, qui verra notamment le retour du Général de Gaulle.
C’est pourquoi, nous, leurs quatre enfants, avons décidé de les rendre publiques, de vous en faire cadeau en quelque sorte…
… afin que leur mémoire perdure.
« Mon cher Michel … »
Paris, le 13 décembre 1957
Mon cher Michel,
Je n’en peux plus de résister, je cède à mon désir de t’écrire ! Je ne voudrais pas commencer ma première lettre par des reproches, mais comment peux-tu me laisser dans une telle ignorance : je ne sais même pas si tu es arrivé sain et sauf à Bordeaux !? Je dois t’avouer que j’ai maudit l’épais brouillard de la fin de la semaine dernière. Heureusement, j’ai su par Odile 1 que mon colis était bien arrivé ; j’en conclus que son livreur avait bien effectué la 1 re partie de sa tournée !
Je veux surtout te dire combien je te remercie de ces trois journées que tu m’as fait passer. Je t’assure que je me souviendrai très longtemps de « Shéhérazade » 2 . Je n’ai jamais eu de si bonne soirée. Te souviens-tu du nom du morceau de violon que nous avons eu en « aubade » ? Il doit bien être enregistré sur quelque disque…
As-tu eu le temps d’écrire en Suisse 3 ? Pourvu qu’il y ait encore de la place et que nos chambres ne soient pas trop éloignées ! L’idéal serait évidemment deux chambres communicantes. Mais cela ne doit pas exister. Il est inutile d’écrire à l’hôtel « Bristol », car je viens d’apprendre une nouvelle assez réjouissante : deux de mes tantes viennent là tous les ans pendant tout le mois de janvier pour se reposer ! Nous ne pourrons pas ne pas les rencontrer ! M’autorises-tu, en cas d’extrême urgence ou nécessité, à dire que tu fais partie du même groupe d’étudiants que moi ? Je te signale, à toutes fins utiles, que « mon groupe » est le Cité-Club 4 ! Une amie lui a demandé de l’inscrire en même temps que moi ! (La pauvre ! Mais qu’est-ce que je vais prendre !) Mais tous les ennuis que je pourrais avoir par la suite ne seront rien à côté du bonheur que j’aurai à être avec toi pendant une semaine (c’est gentil, non ?!).



Je n’ai pas beaucoup travaillé depuis ton départ, d’autant plus que maman est restée à Paris jusqu’à hier. Je suis allée voir La Prétentaine 5 au théâtre. C’était très amusant et j’aurais bien préféré le voir avec toi plutôt qu’avec cette tante vieille fille. Mais je lui avais promis, un peu par charité, car elle s’ennuie beaucoup. C’est une futile histoire allègrement faite et gentiment racontée ; j’ai ri presque sans arrêt. Et il n’y a pas ce fond de haine, assez déplaisant à la longue, de Patate 6 . Il est possible d’avoir des invitations pour La Reine de Césarée 7 ; mais n’est-il pas dangereux, pour le « qu’en-dira-t-on », de sortir la veille de notre départ ? Mais, hélas, on a encore le temps d’y penser.
Au Cinérama, il y a une longue séquence tournée à Davos 8 . Des pistes de 12 km en pente douce, des petites « boîtes » « vachement sympas », etc., et toi !… De quoi nous rendre fous, ivres et saouls de joie !
Cela me fait plaisir de bavarder par écrit avec toi, je sais que tu es très occupé et que tu n’aimes pas écrire, aussi ne te crois pas obligé de me répondre (mais cela me ferait très plaisir quand même).
Je t’embrasse bien affectueusement,
Marie-Hélène
Sois gentil et donne-moi des titres de livres à lire. Te serait-il possible d’emporter Les 3 Dumas 9 à Davos ? Merci d’avance.






1 . Odile H. est une amie proche de Marie-Hélène. C’est au mariage d’Odile avec Albert H. que Michel et Marie-Hélène se sont rencontrés pour la première fois.

2 . Le 3 décembre 1957, ils ont dîné au « Shéhérazade », cabaret tzigane de spécialités russes à Paris (rue de Liège).

3 . Ils projetaient des vacances aux sports d’hiver en Suisse – à Davos (cf. infra).

4 . Il s’agit probablement du Cité-Club universitaire qui proposait des animations et des rencontres entre jeunes et étudiants.

5 . La prétentaine : comédie de boulevard de Jacques Deval au théâtre des Ambassadeurs – histoire de la rencontre fortuite de deux personnes sur fond de traversée de l’Atlantique.

6 . Patate : pièce de Marcel Achard – sur base de vexations et de vengeances entre vieilles connaissances. Sortie en 1957 au théâtre Saint-Georges, elle restera six ans à l’affiche.

7 . Reine de Césarée : pièce controversée de Robert Brasillach, du fait de l’attitude supposée équivoque de son auteur vis-à-vis des juifs pendant la guerre.

8 . Davos était déjà, dès 1956, une station de sports d’hiver réputée en Suisse.

9 . Les trois Dumas , ouvrage sur Alexandre Dumas et sa famille, écrit par André Maurois, biographe réputé. Il est paru en 1957. C’est une biographie de référence allant du père général au fils dramaturge d’Alexandre Dumas.
« ANKHOR – MOYH » !
L2, samedi 14 décembre 1957
Mon cher Michel,
Ce mot pour te dire que je reçois à l’instant une invitation pour une grande soirée du Rotary, le samedi 28 décembre, dans un château des environs de Cholet. Je suis priée d’y amener « un cavalier ». Je pense bien sûr à toi en premier : voudrais-tu et pourrais-tu être un danseur ? J’attends ta réponse pour donner la mienne. Ce sera une soirée très chic : robes longues pour nous, smokings ou costumes sombres pour vous, ou même habits.
Je n’ai pas d’autres détails pour le moment, mais dès que je les aurai et si tu peux venir, je te les enverrai aussitôt.
Je serais ravie de te revoir, tu penses bien ! Et tu me donnerais les dernières nouvelles concernant Davos ! Mais bien sûr, encore une fois, ne te crois pas obligé du tout, du tout !
Mille gros baisers
Marie-Hélène
L3, Paris, le 20 décembre 1957
Mon cher Michel,
Merci mille et mille fois de ta lettre dont la rapidité et la longueur m’ont si agréablement surprise ; tu me gâtes, toi qui n’aimes pas écrire !
La perfection de ton style m’a vivement impressionnée et m’aurait remplie de respect à ton égard, si cela n’était déjà !…
J’admire avec quel sang-froid et avec quelle maîtrise tu as mené la voiture à travers brouillard et verglas, mais je préfère quand même, moi aussi, arriver saine et sauve à Davos par le train…
J’admire aussi ta finesse et ta diplomatie pour échapper aux insidieuses questions d’Odile. Tu as dû ruiner une partie de ses espérances, car elle m’écri

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents