Mon côté français
310 pages
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Description

« La France me faisait rêver pour plusieurs raisons. Nous avions étudié la langue française, l'histoire, la littérature et un peu de sa géographie. J'étais fasciné par la Révolution de 1789. Égalité, Fraternité, Liberté : cette devise commençait à s'imprimer dans ma mémoire – c'est dans cet ordre-là que je la préfère ; en effet, j'ai toujours pensé que, sans les deux premières, nous ne pouvons pas avoir de liberté. Les Français, un grand peuple, le seul qui soit arrivé à se hisser au-dessus des autres dans le monde. Ils ont été imités par d'autres, mais des hommes qui avaient cette envergure, il n'y en avait plus, c'était mes observations du moment. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 octobre 2013
Nombre de lectures 8
EAN13 9782342013030
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mon côté français
Francesco Calarco
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Mon côté français
 
 
 
 
 
 
 
J’ai vu le jour à Reggio Calabria, le 16 janvier 1942, alors que la guerre sévissait dans toute l’Italie.
Ma mère nous racontait souvent, à mon frère et moi, l’histoire de notre famille. Quand je parle de famille, chez nous ce mot comprend la famille au sens large, c’est-à-dire les grands-parents, les parents, les tantes, oncles, etc. Imaginez qu’à Noël nous étions soixante personnes à table à le fêter.
Mes grands-parents maternels ont eu neuf enfants, ils avaient une entreprise de panification industrielle et par leur travail étaient arrivés à se créer une situation confortable, très enviée dans le village appelé Gallico Marina, à 8 kilomètres de Reggio Calabria, surtout grâce à l’aide de deux de mes oncles qui ont été les piliers de l’entreprise et avec le temps sont arrivés à bâtir une fortune.
Malheureusement, cette fortune suscitait des jalousies et aiguisait les appétits de la ’Ndragheta, la mafia calabraise.
En 1933, mes oncles furent assassinés le même jour et malheureusement cet acte sonna le début de la fin de la richesse de la saga Caracciolo, nom de ma mère.
La vie de ma mère ressemble à un roman et vaut la peine d’être racontée. Aînée de neuf enfants, dès son plus jeune âge elle eut la charge de ses frères et sœurs pendant que ses parents travaillaient dans le fournil, à partir de 4 heures du matin.
Selon les dires des villageois, ma mère était très belle et très courtisée.
La rencontre avec mon père est l’œuvre du destin. Personnellement, j’ai toujours pensé que notre vie est programmée à l’avance et que nous avons peu de libre arbitre.
J’ai très peu connu mon père, tout ce que je sais sur lui m’a été raconté par ma mère, mes grands-parents, tantes et oncles, ainsi que les voisins.
Il faut comprendre que quand je suis né, ma mère avait quarante-deux ans et mon père cinquante-huit ans ; pour l’époque, ils étaient vieux. En effet, entre mon père et ma mère il y avait une différence d’âge de seize ans et nous sommes nés, mon frère et moi, pour des raisons très difficiles à comprendre aujourd’hui, seize années après leur mariage.
Les avis sur les qualités de mon père étaient souvent très discordants. Les gens étrangers à ma famille l’appréciaient beaucoup pour sa culture et son intelligence. Ma famille ne l’appréciait pas du tout.
Avec le temps, j’ai commencé à comprendre le personnage et à lui trouver des circonstances atténuantes.
Mon père était citoyen américain. Il était parti à l’âge de trois ans avec mes grands-parents aux États-Unis, dans la ville d’Albany, pas très loin de New York.
Il revenait de temps à autre pour voir ses parents qui étaient rentrés entre-temps d’Amérique et habitaient à Calanna, petit village des montagnes agrestes, au nord de Gallico, le massif de l’Aspromonte.
Pour bien comprendre la suite, il faut dire que mes grands-parents paternels possédaient de grands terrains boisés et produisaient du charbon de bois, qu’ils revendaient pour alimenter les fours de panification de la région.
Mon père était un grand rêveur, un artiste qui ne voulait pas s’embarrasser de contraintes de travail et qui préférait profiter de la richesse de ses parents et plus tard de ses beaux-parents, plutôt que de travailler pour se payer sa vie d’artiste. Pendant ces années-là, les artistes ne brassaient pas de millions comme c’est le cas aujourd’hui. En effet, je pense que de vrais génies de l’art théâtral existaient à ce moment-là, car l’argent n’était pas le centre ni l’essentiel de la vie des artistes, comme aujourd’hui.
Lors d’un de ses séjours à Calanna mon père, qui venait d’Amérique soi-disant pour rendre visite à sa mère, souhaitait en fait lui soutirer de l’argent.
Selon les dires de mon oncle, qui habitait dans le même village que ma grand-mère, mon père n’a pas hésité à la menacer avec un couteau pour la convaincre de vendre une partie de ses biens, pour pouvoir encaisser l’argent. Mon père profitait de la faiblesse de ma grand-mère car il était son fils préféré. Il semble qu’avec cette méthode, il ait dilapidé la fortune de mes grands-parents.
La rencontre entre mes parents relève plus du conte de fées que de la réalité de la vie.
Durant un de ses voyages en Italie, il a exprimé le désir d’accompagner le charretier qui livrait le charbon à mes grands-parents maternels pour le compte de ses parents.
Cette rencontre a été un coup de foudre, surtout pour ma mère. Je me suis souvent demandé si mon père, avec ce mariage, dans son inconscient, n’avait pas trouvé une situation de rêve pour avoir de l’argent facilement ? Je me pose encore la question aujourd’hui, mais je n’ai pas la réponse.
Ma mère n’était pas une femme très loquace, mais quand il s’agissait de parler de ce sujet, sa langue se déliait et elle racontait :
« Tu sais, ton père était beau, intelligent et quand il parlait, il fascinait les gens, même s’il était de seize ans mon aîné, j’ai tout de suite su qu’il était l’homme de ma vie. »
Ma mère était envoûtée par cet homme auquel elle ne trouvait que des qualités et pourtant ses défauts la feront souffrir par la suite, toute sa vie.
Dans un monde moderne où les gens se plaignent toujours de leur état, il serait inconcevable d’accepter cette situation ; le divorce ou la séparation se serait imposé.
Ma mère ne s’est jamais plainte, elle a fait son choix et elle l’a assumé toute sa vie.
Trouver une femme de cette trempe aujourd’hui serait mission impossible.
Je pense que mon père utilisait sa culture et son intelligence pour charmer les gens et pour atteindre ses buts.
Il avait beaucoup voyagé, parlait sept langues ; pour cette époque, c’était quelque chose d’exceptionnel.
Après les différentes réunions familiales effectuées et les habituels accords des deux familles donnés, le mariage a été célébré en 1923, dans un grand faste proportionnel à la situation sociale et économique de cette famille bourgeoise qui avait la chance, à cette époque, d’avoir trois carrosses et un voiturier à plein temps.
Le mariage fut célébré à la maison. Celle-ci était très grande et paraît-il on avait aménagé un autel pour les besoins du moment, avantage uniquement accordé aux familles bourgeoises qui étaient très généreuses à l’égard du clergé. (Un avant-goût des méthodes employées déjà par l’Église de s’acoquiner avec les riches.)
Pendant quelques années, mon père a vécu au crochet de ma famille maternelle, étant donné qu’un homme comme lui ne pouvait pas effectuer un travail manuel. (C’étaient ses mots.)
J’ai retrouvé dans de vieux papiers une carte d’identité de mon père où sur la ligne profession était marqué textuellement : « Vit aux dépens des beaux-parents. »
Cela ne le dérangeait nullement, mais il était exclu pour lui de s’abaisser à exercer un métier qui n’était pas conforme à sa situation intellectuelle et à son rang.
Mes parents vivaient dans une maison, propriété de mes grands-parents maternels, à quelques centaines de mètres de la maison familiale.
Les problèmes commencèrent à poindre à l’horizon tout de suite après le mariage. La jalousie maladive de mon père, ajoutée à son manque de conscience qu’un mari devait pourvoir au bien-être de sa femme par son travail, commençait à noircir sa personnalité.
Il était tellement jaloux, selon le récit d’une de mes tantes, qu’il testait ma mère en lançant de petits cailloux sur la porte vitrée du balcon du premier étage et attendait la réaction de ma mère ; si elle venait ouvrir la porte, c’était qu’elle avait un amant. Il va de soi qu’au départ cette situation était supportable, mais le temps détériora les rapports entre mon père et sa belle-famille, surtout quand il devint violent.
Dans ce style de situation, le dialogue est impossible surtout quand on n’a pas la même vision de la vie.
Mon père, qui se croyait au-dessus de tous car intellectuellement plus évolué, traitait les membres de la famille de ma mère comme des personnes incultes.
Il n’avait pas totalement tort, mais quand on profite comme lui de la richesse de la belle-famille, on ne la critique pas. Mon père était plein de contradictions. Son intelligence n’était pas utilisée pour mieux comprendre les choses de la vie et les autres, mais pour assouvir son instinct mégalomane.
Il était convaincu que mes grands-parents auraient dû être heureux et reconnaissants qu’il ait accepté d’épouser leur fille, car si eux avaient l’argent lui avait le savoir.
Les temps ont beaucoup changé et les centres d’intérêt aussi. En effet aujourd’hui, pour la société soi-disant moderne, un portefeuille bien garni vaut beaucoup plus qu’une tête bien remplie.
Mes deux oncles, qui étaient les piliers de la famille, adoraient ma mère, la préférée des cinq sœurs. Ils ont mis en garde mon père concernant son comportement vis-à-vis de sa femme en lui posant un ultimatum : « Si tu ne changes pas, il t’arrivera malheur. »
Je n’ai pas connu mes oncles étant donné que je suis né en 1942 et qu’eux ont été tués en 1933 par la mafia, mais selon les dires de ma famille ainsi que des voisins, ils n’étaient pas tendres et il ne fallait pas toucher à un membre de la famille car ils étaient capables du meilleur comme du pire. Il faut comprendre aussi que l’oisiveté de mon père l’avait conduit à la boisson et quand il était saoul, il pouvait être très violent avec son entourage et surtout avec ma mère.
Cette nouvelle donne fut la goutte qui fit déb

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