Mon enfance, un poids lourd de souvenirs
90 pages
Français

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Mon enfance, un poids lourd de souvenirs , livre ebook

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Description

Marie-Laure fait partie d’une famille de six enfants, vivant dans une petite commune au sol granitique de la Manche : Gathemo. Sa jeunesse douloureuse sur fond d'alcool est confrontée très vite aux angoisses et à la peur. Elle rend énormément de services, apprend à travailler très jeune, ce qui lui laisse peu de temps pour jouer.
Dans une écriture simple où l'humour sert à adoucir son lot d'épreuves, elle rend hommage à ses parents décédés, une thérapie en sorte et une envie d'écrire son histoire atypique et marquante. Beaucoup d'émotion mêlée d'humour.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 juillet 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332567321
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-56730-7

© Edilivre, 2014
Dédicace

A mes parents,
Henri et Georgette.
Ma Jeunesse, un poids lourd de souvenirs
 
 
Bonjour, c’est moi Marie-Laure, je suis née le 25 mars 1965 à Mortain mais déclarée à la date du 24 mars ! Enfin, peu importe, quand je demandais à ma mère :
– « Je suis née le 25 ou le 24 mars ? »
Elle me répondait simplement :
– « Écoute, tu es née à la bonne date ! »
Je pense que cela voulait dire que la grossesse avait été bien au terme. Elle me trouvait un peu chétive, je pesais seulement quatre kilos et c’était moins que le poids de naissance de mes frères et sœurs. Deux dates d’anniversaire, c’est toujours intéressant et comme certaines personnes ne se rappellent pas du jour, elles me téléphonent le 23 ou le 26 pour me le souhaiter, on arrive donc à quatre dates. Je devais m’appeler Laurence, c’était décidé, mes frères et sœurs étaient impatients. Arrivée au terme de sa grossesse, ma mère se rendit à la maternité dans la voiture de son docteur. Elle fit la connaissance d’une jeune maman et lui demanda comment s’appelait son bébé, c’était Marie-Laure. Elle trouva le prénom joli et décida de m’appeler ainsi. Heureusement que le bébé ne s’appelait pas Gertrude ou Numéro Six car allez savoir, cela allait peut être convenir tout autant. On fît mon baptême quelques jours après ma naissance à la chapelle de l’hôpital, c’était le premier avril, et oui, jour du poisson d’avril ! Ma marraine Geneviève n’est pas venue, elle venait d’obtenir son permis et avait peur de conduire sur une si longue distance : trente kilomètres. C’était donc ma grand-mère maternelle qui la remplaça. Enfin, c’est pour dire que rien n’était simple. Mon parrain, c’était mon frère Didier qui avait dix ans. Il avait fait quarante kilomètres en vélo aller-retour pour venir me voir. Mes frères et sœurs étaient restés à la maison avec notre grande tante Marguerite qui vivait avec nous. Mon père était hospitalisé. Au retour de la maternité, fragilisée par tous ces événements, on me diagnostiquait une congestion pulmonaire, déjà si petite et malade ! Le retour à la maison s’effectua dans la Renault 4 de mon grand-père, il faut dire qu’il était facteur. Je complétais et terminais la fratrie puisque je suis le sixième enfant de la famille. Mes frères et sœurs : Jean-Paul, Noëlle, Didier, Sylvie et Roselyne. J’arrivais alors pour finir la demi-douzaine. Mon père était en psychiatrie, n’ayant pas réussi à surmonter de nombreux problèmes personnels et familiaux et un accident de la route, trois ans après son mariage, avait mis en péril sa santé psychologique : choc au niveau de la colonne vertébrale et touchant la moelle épinière. On l’immobilisa quelque temps. Une intervention chirurgicale avait été vivement recommandée mais il n’accepta pas ce geste médical qui aurait pu faire que notre enfance soit différente. Cela devait être ainsi. Au début de son mariage, il était contremaître de chantier de granit, il devait diriger une équipe. Le soir, après des journées de travail éreintantes, il fallait bien se détendre et c’est là que tout bascula. Il trinquait pour fêter des départs à la retraite, la naissance d’un enfant, l’anniversaire d’un tailleur de pierre, la réussite d’un contrat d’embauche, enfin bref, il se mit à boire : FLEAU DU MONDE ! Le travail, les responsabilités, les six enfants, la grande tante et aussi une vieille dame (la mère Martial) qui n’ayant pas de famille, vivait chez nous pour finir ses vieux jours : cela faisait beaucoup pour un homme qui n’avait pas non plus résolu son enfance à cause de parents autoritaires qui voulaient lui tracer sa vie. Il voulait faire des études puisqu’il comprenait tout, était un élève très doué et vif d’esprit. Mes grand-parents n’avaient peut-être pas les moyens de lui en payer ? Il remporta de beaux livres, des prix de lecture, de rédaction et de mathématiques, à l’époque, on appelait cela le calcul. Il était différent de ses frères et sœurs qui se prêtaient aux décisions de leurs parents et à leur goût pour le monde agricole. Très vite, il a dû travailler dans les fermes se forgeant à l’autorité parentale. Beaucoup de conflits et rapports de force avec son milieu familial jusqu’à la rupture pendant une bonne période. Ses parents n’étaient pas à son mariage. Donc, à cause de tout cela, notre enfance n’était pas facile, tant de souffrances, de bagarres, des scènes d’hospitalisation, la peur, le stress et les angoisses. Des bagarres se déclaraient, il fallait vite se protéger mais surtout fuir. Je ne nommerai pas toutes ces scènes épouvantables car, à quoi bon réveiller les souvenirs douloureux. Juste une ou deux pour vous donner un petit aperçu. Un soir, cela allait très mal, il voulait nous tuer, il fallait s’échapper. Ma mère nous emmena, mes sœurs et moi, à l’église. Nous étions assises sur le premier banc, nous avions très froid, peut être étions nous en chemise de nuit ou sans manteau, mais en tout cas, peu vêtues. Nous avions si peur et notre mère, par la panique, se rassurait par sa croyance, pitié, Jésus-Christ, Marie, Joseph, enfin, tout y passait. Elle disait :
– « Il faut prier sinon il va nous tuer ! »
Moi, je regardais le grand Christ en pierre que je ne trouvais pas rassurant, je regardais partout et trouvais qu’au fond cela clochait. Et puis, c’était trop calme, mais dès qu’on chuchotait, ça résonnait partout. De plus, la porte de l’église ne fermait pas à clef. Je disais :
– « Et s’il vient ici ? »
Ma mère nous rassurait en disant qu’il ne viendrait pas dans l’église car il avait peur. Moi aussi, j’avais peur, j’avais froid, je voulais dormir et demain, ce serait l’école. Au bout d’un moment, ma mère retourna à la maison, ouvrit la porte qu’il n’avait pas fermée à clef, il s’était couché et il ronflait très fort. Nous retournions nous coucher sans faire de bruit, l’orage était passé. Des scènes violentes rythmaient donc nos semaines. Dès qu’une bagarre se déclarait, ma mère criait qu’il fallait vite cacher les couteaux ou alors s’échapper. De temps en temps, il fallait vite appeler un docteur et faire venir une ambulance pour l’hospitaliser. Pour nous, c’était un vrai bonheur, nous pouvions jouer, rire, enfin vivre. Nous en profitions un maximum car cela ne durait pas plus de deux à trois semaines. A cinq ans, il me poursuivait avec une grosse masse pour me tuer, ma sœur criait :
– « Cours vite, cours vite… »
Je courais le plus vite possible, j’avais si peur de trébucher. Enfin, le bon Dieu ne voulut pas de moi. Quelquefois, c’était aussi quelques tentatives de suicide (pendaison, le gaz, les comprimés…). Il faisait quelquefois des crises de delirium tremens, c’était impressionnant. Il avait éclaté les vitres de la voiture de Jean-Paul à coup de masse.
Je ne sais plus si c’était la Simca Aronde ou la Peugeot 204 ?
Une chance qu’à la maison, on ne possédait pas une carabine 22 long rifle ou un fusil de chasse, on aurait servi de gibier. Quel dommage cette maladie car quand il était à jeun, peu de fois, c’était formidable. Je lui montrais mes cahiers, mes livres d’école, il s’intéressait à tout. Je profitais à fond de cette embellie en croyant qu’il était guéri, c’était magique. Je grandis à mon rythme qui était assez lent, ma croissance aussi en souffrait, déviation vertébrale et petite santé. J’étais souvent malade, à neuf ans, la coqueluche m’empêcha d’aller en classe pendant trois semaines, je m’en souviens, une toux traînante, j’avais l’impression d’étouffer, j’étais si pâle. Ma maîtresse de CEI m’avait envoyée une petite carte postale pendant les vacances pour me demander si je ne toussais plus et si mes joues avaient retrouvé dans leurs belles couleurs. La carte, c’était la photo d’un lion, cela allait me redonner des forces. J’étais aussi très malade en voiture, il fallait penser à me donner un médicament avant de m’emmener. Plusieurs fois, je vomissais dans les voitures. J’ai commencé l’école à cinq ans, section enfantine, une grande aventure. J’ai tant aimé l’école. Je me souviens de mon cartable, enfin plutôt, une espèce de pochette en tissu écossais à carreaux, la fermeture était cassée, elle avait du servir à mes sœurs. Ce n’était pas neuf mais peu importe, je pouvais y ranger mes fournitures. J’adorais ma maîtresse comme tous les enfants du même âge. Au printemps, je déposais un bouquet de fleurs jaunes sur le paillasson de son appartement. C’était ma façon à moi de lui montrer que je l’aimais bien. Mais, au bout de quelques jours, elle me dit qu’il fallait que j’arrête car elle n’aimait pas les fleurs de pissenlit. Je changeais de méthode et déposais des dessins et là aussi, elle n’en voulait pas. Elle me disait :
– « Je sais que tu m’aimes bien, je n’ai pas besoin de cadeaux. »
Dans mon âme d’enfant, je ne comprenais pas qu’on refuse ma générosité. L’apprentissage de la lecture fut assez fastidieux, déjà à l’époque, je n’avais pas confiance en moi et il fallait lire à haute voix. Cela me faisait peur car j’étais très timide. L’institutrice me faisait lire après la cantine sur les marches de la classe pendant que les autres enfants jouaient dans la cour. Quand la maîtresse m’envoyait au tableau, j’avais très peur de sa grande baguette qu’elle utilisait pour montrer les lettres. Je croyais que c’était pour me frapper, prise de panique, je faisais pipi devant tout le monde. On allait chercher ma sœur Roselyne qui était en CM1 pour me reconduire afin de me changer. A part ces petites turbulences, l’école a été pour moi un havre de paix, je m’émerveillais de tout : les gommettes en couleur à coller, la grosse boîte verte en plastique qui contenait tous les mots du livret d’ap

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