Mon Périple d aidant (crépuscule et solitude) - Livre II
228 pages
Français

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Mon Périple d'aidant (crépuscule et solitude) - Livre II , livre ebook

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Description

Loin, très loin des belles phrases qui se disent sur tous les plateaux de télévision quand le sujet des aidants est le thème du débat, cet auteur, qui se signale par ses prises de positions claires, raconte la vie de l'aidant qu'il a été durant de longues années au chevet de sa mère.
Il montre la répétition journalière, harassante, fastidieuse, très astreignante du travail de l'aidant. Il insiste sur le fait que trop souvent ce travail retombe sur un seul membre de la famille. Il insiste sur cela : l'aidant est seul. Irrémédiablement seul. Son univers quotidien est fait de crasse, urine, déjections diverses, répétitions monotones.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 juillet 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334142359
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-14233-5

© Edilivre, 2016
1a Avant « Avant-propos »
Pour mon premier ouvrage j’avais mis en ce qui suit :
« Mon ouvrage est dédié aux mandarins de la Chine, aux scribes de l’Egypte, aux moines copistes de l’Europe ainsi qu’aux aèdes de la Grèce et aux griots de l’Afrique.
J’associe à ces transmetteurs du Savoir les enseignants de mes années des Cours Complémentaires qui me l’ont inculqué. J’ai une tendresse particulière pour l’une qui parlait sans cesse de « la notion qui permet à l’homme d’avancer » et pour elle il s’agissait de « la curiosité intellectuelle ».Je ne vois pas pourquoi j’en changerais.
Et aujourd’hui, j’ajoute ce qu’un grand auteur, Albert Camus, a écrit : « Nous ne pouvons juger du degré de civilisation d’une nation qu’en visitant ses prisons. ». Cette phrase est aussi attribuée au grand Fédor Dostoïevski.
Et j’accole ce que j’ai dans mon for intérieur : « Et aussi ses écoles, ses hôpitaux. Et aussi, ses vieux, ses vieillards, ses personnes âgées. »
1b Avant-propos
Ayant pour habitude de noter la plupart de mes faits et gestes dans des cahiers ainsi que faisait ce cher Commines, le chroniqueur de Louis XI, c’est-à-dire de manière manuscrite, je dois dire que la venue de Hal 9000, le nom de mon premier ordinateur, dans mon cursus, a augmenté ma production de textes, alors que je croyais que j’avais atteint un niveau qu’il me paraissait difficile de dépasser ou même de maintenir tel quel.
N’étant pas un nostalgique professionnel, je n’ai pas regretté la disparition des mots raturés, corrigés, remplacés, j’ai abandonné sans soupirs de regret les recherches dans mes dictionnaires, les tableaux de conjugaison et je les ai remplacés sans état d’âme par leurs équivalents sur le Net. J’arrête là cette digression car je suis interminable sur ce sujet ! Aussi relater les conséquences, charges ou autres obligations qui découlent pour une personne qui a en charge une personne âgée légèrement, puis totalement dépendante, a été ajouté sans problème à mes écrits.
Je constatais que physiquement ma mère diminuait petit à petit, j’ai consulté les livres et autres revues que je possédais mais, j’avoue que sur ce sujet je n’en avais pas énormément et les articles que je possédais traitaient du général.
Personnellement je n’ai jamais rencontré des conseils pratiques sauf des généralités un peu nunuches du genre « Il faut penser à faire boire une personne âgée pour qu’elle ne se déshydrate pas ! »
Le problème est qu’une fois que vous avez lu ce conseil, vous êtes devant l’aînée qui vous dit d’un ton péremptoire qu’elle n’a pas soif ! Et vous restez devant elle à vous balancer votre timbale à la main. Personnellement je n’ai trouvé aucun conseil sur la manière de l’amener à boire. Je vais insister lourdement : ce conseil de faire boire dit d’un ton enjoué tend à faire croire que c’est un moment de détente. Dans la réalité, il faut avoir la personne disponible, prête à abandonner pour un instant ses occupations pour aller au réfrigérateur, prendre une bouteille d’eau, verser l’eau dans un verre et l’apporter. Facile n’est-ce pas ? Et là l’aînée vous dit qu’elle n’a pas soif ! Et vous avez quelque chose sur le feu ! Et je pose la question bête, mesquine : Combien de fois il vous faudra essuyer ce refus avant de lui lancer que lorsqu’elle aura soif, elle va appeler ? Je répète : Combien de temps ?
Ayant constaté cette perte physique, j’ai commencé à noter toutes les conséquences qui en découlaient. Je savais que je finirais par mettre ma mère dans la maison où j’habite. Et comme j’avais commencé à noter, j’ai continué de relater par le menu cette nouvelle péripétie. Mais comme le dit mieux que moi le chroniqueur de Conan le Barbare ceci est une autre histoire.
J’avais noté les soucis que me causaient ma mère. Je dis bien soucis en sachant que les bonnes âmes vont se sentir choquées, et vont sans doute le brailler, mais dans la réalité pratique, dans la vraie vie et non la vie idéale, tout ce qui dérange vos habitudes EST un souci, terme employé pour resté poli sinon désagrément, emmerdement sont des synonymes beaucoup plus adéquats. Je me suis occupé de ma grand-mère Manfo de temps en temps car le gros du travail si je peux dire revenait à ma mère qui vivait avec elle. J’ai eu l’occasion de la promener, de l’emmener au docteur, au cimetière lors de la Toussaint, à la messe et j’avais déjà, à cette époque noté quelques principes, pratiques et non théoriques, réfléchis dans le confort douillet d’un fauteuil. Et avec sa mort (celle de ma grand-mère) je me suis retrouvé désormais seule avec ma mère. Je me répète, ayant remarqué que la majorité des jocrisses ne lisent jamais et surtout n’écoutent jamais non plus si bien qu’ils vous posent des questions les plus incongrues possibles, que bien avant que ma grand-mère ne décède, je me coltinais mes deux personnes âgées et que ceux et celles qui me voyaient pensaient que cela ne me causait pas de gêne. Je rigolais intérieurement quand ils me voyaient attendant dans le cabinet d’un médecin, d’un laboratoire d’analyses médicales, devant l’église ou la salle paroissiale, dans un supermarché et qu’ils me félicitaient de le faire, qu’ils me disaient que c’était mon devoir de les rendre la pareille, et patati et patata, s’étant autoproclamés autorisés à décerner des bons points. Dans ces instants, Joseph me revient à chaque fois, Joseph (alias Staline) et sa question dite d’une voix douce : « Où sont vos fils camarades ? » car les siens étaient à la guerre au front et les dignitaires du Parti avaient les leurs à l’arrière, que je transforme par un : – Où sont vos vieux, vos vieilles à vous ? ».
J’ai noté, ai-je dit, sous forme de principes que j’ai tenté de transformer en conseils peut-être à ne pas suivre tels quels mais qui peuvent donner une idée de la marche à suivre. Ces conseils portent dans la maison, les sorties et chez les autres.
Ensuite pour bien montrer le côté astreignant, contraignant, obligatoire, j’ai une longue chronique, en plusieurs parties et pratiquement au jour le jour, une chronique pleine de redites lassantes, fastidieuses, ceci pour faire ressentir cette répétition d’actes, des gestes qui n’ont rien d’exaltant, de glorieux, de valorisant comme tendent à le faire toutes mes autorités dites compétentes.
Je dis brutalement aux jeunes à qui l’on fait miroiter le plein emploi dans ce domaine, c’est-à-dire les métiers qui concernent une population âgée, voici ce qui vous attend. Je ne parle pas pour ceux qui seront du bon côté de cette industrie, vous savez ceux qui viennent inspecter, constater, goûtent du bout des lèvres le repas servi, font trois petits tours et s’en vont. Je parle pour ceux et celles qui seront les employées du « Front Line », les personnes qui seront au contact avec l’usager, le malade, en prise réelle sur la réalité comme une personne couchée dans un lit médicalisé, qui a un dérèglement intestinal. Dit de cette manière édulcorée, beaucoup ne saisissent pas. Cela signifie la chiasse, la diarrhée, braves gens et la personne qui en souffre baigne dans son jus et il est 22 heures ! Là vous commencez à saisir hein ?
Loin des discours poétiques, lénifiants, que j’entends voici la réalité telle que je l’ai vécue.
2 Seule et âgée chez soi
Je vais narrer la vie de tous les jours d’une personne âgée, seule dans sa maison, avec une aide ménagère qui vient trois fois par semaine. C’est un personne que je connais bien puisqu’il s’agit de ma mère, qui habite cette rue depuis plus 60 ans. Je venais le soir dans la semaine et les jours où je ne travaillais pas, dans la journée, je restais parfois deux à quatre heures à regarder la télévision avec elle et je lui faisais la conversation sur les sujets qui l’intéressaient. Je lui posais des questions sur la manière dont elle se débrouillait dans la journée pour vaquer à ses occupations.
Je vais faire ici une chose que j’aime bien : l’aparté. J’ai découvert le taylorisme et la standardisation et j’ai adoré. Depuis j’aime bien décomposer ce que je fais ou qu’une personne fait pour que cela s’exécute de la manière la moins fatigante possible tout en étant réussi.
A mes questions, invariablement, elle me répondait que cela allait et comme en ma présence, à l’heure où je venais, elle était devant la télévision la plupart du temps, j’ai pris du temps à ma rendre compte que cela n’allait aussi bien qu’elle le disait.
Et voici une autre chose que j’aime bien : la phrase explicative. Quand je me suis rendu compte de cela, je me suis demandé pourquoi j’ai pris autant de temps.
Les explications que je donne sont les miennes et n’ont pas de valeurs universelles, elles ne sont pas des dogmes. Il est donc inutile que les jocrisses de service montent sur leur gros chevaux l’indignation sur le visage et l’écume aux lèvres !
Je pense que la seule explication qui domine est celle-ci : comme toutes les personnes âgées, ma mère devait être terrorisée à l’idée de quitter un endroit où elle vivait depuis plus de 60 ans, d’abandonner sa maison. Elle savait, je le lui avais dit, que dès qu’elle me dirait qu’elle n’y arrivait plus, j’allais la loger dans la maison où je vis. Elle le savait et le moins que je puisse en dire c’est que cette perspective devait être effrayante pour elle. Si bien que jamais, elle ne s’est plaint de ses difficultés physiques de peur d’être emmenée.
La seconde raison est aussi que les personnes de sa génération qui ont dû se débrouiller très tôt dans la vie, ont l’habitude de tout faire par elles-mêmes et je me rappelle ses critiques quand la première aide à domicile est arrivée. Rien n’était fait à son goût car elle

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