Mon séjour en Arabie
304 pages
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Mon séjour en Arabie , livre ebook

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Description

Ce livre raconte le quotidien d’une femme universitaire en Arabie Saoudite. En septembre 2004, l'auteure s'est expatriée dans ce pays malgré sa très mauvaise réputation pour les femmes. Elle quitte la région parisienne où elle vit depuis plus d’une décennie et rejoint son lieu de travail à Riyad, plus précisément à l’université IMAM. C’est la vie à l’intérieur et à l’extérieur de cette institution qu'elle décrit ici. Elle y restera une année en dépit de la rudesse du lieu.

Malgré les difficultés de cette première expérience, elle tente un second séjour l’année suivante. Après maintes embûches, elle finit par rejoindre son poste à Effat College à Djedda. Elle découvre alors que Riyad n’a rien à voir avec l’Arabie. À Djedda, la vie est moins dure. Mais c'est sans compter sur la vie à Khadams...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 février 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332856449
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-85642-5

© Edilivre, 2015
Remerciements à
Ahmed, mon taxieur de Riyad sans qui le démarrage aurait été quasi impossible,
Moulay, mon collègue d’Alger, pour son aide précieuse malgré la distance,
Khaled de Riyad pour son soutien moral,
Karima et Latifa pour notre amitié joyeuse,
Tout le staff féminin de l’université IMAM,
Toutes mes étudiantes de Riyad pour le plaisir retrouvé de la transmission,
Samira de Djedda et la confiance absolue,
Ahmed de Djedda pour tout,
Nadine, Rakhma, Farah, Sandy pour notre complice amitié.
Partie I Riyad
« Situation d’impasse où il lui est désormais impossible de partir, et impossible de rester »
Yasmine Kassari, réalisatrice.
« Oh gens ! Où est l’échappatoire ? La mer est derrière vous et l’ennemi est devant vous »
Tarek Ibn Ziad
Parfum d’Arabie
Tout avait commencé par un jeu. Je ne me rendais pas compte que ma souris venait de m’introduire dans l’univers du mensonge, de la désinformation, de l’incertitude totale à un point inimaginable. Peut-être diriez-vous ce sont des valeurs banales, généreusement et universellement réparties. Le président de la première puissance mondiale ment effrontément, grossièrement depuis une décennie aujourd’hui sans que cela n’affecte sa présidence. Il continue de diriger le monde, de semer la mort, d’alimenter les violences. Il fait régner la terreur, installe le désordre, transforme des bouts du globe en zones de turbulence. Qui à l’échelle planétaire va-t-il, un jour, lui demander des comptes et le juger ?
Je me souviendrai toujours de ce clic de souris qui transformera, un temps, complètement ma vie. C’était vers le mois d’octobre 2003. Je naviguais sur Internet ; petite visite au site ABG, l’association Bernard Grégory. Je parcourais les offres académiques à l’International. Cela faisait quelques années que je cherchais à m’établir dans ces petits pays du Golfe, Koweït exclu. Je suis allergique à ce pays que je hais. Un état-alibi que j’associe très fortement à la destruction de l’Irak.
J’oublie complètement mon clic. Et pour cause. Je l’avais fait par jeu et par pragmatisme. Voilà un autre pays où je ne pense jamais aller. De notoriété publique, il n’a bonne réputation pour personne, et encore moins pour les femmes. Mais ma devise a toujours été de candidater et de réfléchir ensuite. Une semaine après, mon clic me rattrape. C’était un samedi matin. Le premier jour de la semaine là-bas. Il était environ 9h30. J’aime les réveils tranquilles, zen, le week-end. Je me prélassais dans mon lit en rêvassant. La sonnerie du téléphone s’invite dans mes rêves. Imperturbable, je ne réponds pas. J’ai horreur de tchatcher les matins si tôt et de surcroît un jour de repos. J’écoute la tête en partie dans les brumes mon interlocuteur. Il parle parfaitement français. Cela confirme mes pressentiments. Son nom m’avait suggéré qu’il devait être algérien.
– Doktora Amina, vous avez postulé pour un poste de professeur associé dans notre université. L’avez-vous fait sérieusement ?
Peut-être l’aventure avait-elle commencé à cet instant. A ce moment précis, je ne devais pas me rendre compte à quel point ma réponse diplomatique allait m’enchaîner à un processus qui ne pouvait qu’aller à son terme. Non parce que je m’étais engagée vis-à-vis de mon interlocuteur ; mais à cause de mes aspirations profondes qui allaient me pousser à casser le confort d’une routine lisse, ronronnante, stérile et non créative. Je me devais d’oxygéner une trajectoire professionnelle qui était loin d’exprimer mes compétences, ne satisfaisant pas mes désirs d’inventivité, ni mes souhaits promotionnels. J’étais prête à tout quitter pour tenter de mieux me réaliser. J’étais très consciente de l’importance du temps qui passe sur nos choix, tous les moments de notre vie ne sont pas propices aux grands changements, aux bouleversements. Il faut se décider tant que j’ai encore la force de supporter les sauts vers l’inconnue, de voyager avec ma « maison » sur mes épaules. Dans quelques années, j’aimerais pouvoir me regarder dans la glace et me dire « j’ai tenté de changer le cours de ma vie ; j’ai tenté de l’emporter sur une certaine médiocrité ». Je ne veux surtout pas regretter de ne pas avoir saisi des occasions de mieux m’épanouir.
Pouvais-je lui dire que je l’avais fait par jeu ? Par simple curiosité ? Je ne trouvais pas cela très convenable.
Je répondis alors :
– Non, je l’ai fait sérieusement.
La discussion s’engagea alors ; plutôt agréable. L’homme que nous désignerons par « mon correspondant » me décrit alors le poste, les possibilités d’évolution, la rémunération et me demande :
– Parlez-vous anglais ? Parlez-vous arabe ? Les cours doivent être dispensés en anglais. Mais comme les étudiants sont plutôt très moyens dans cette langue, on s’aide de l’arabe.
– Je suis en mesure de donner des cours de mathématiques en anglais et je parle très bien l’arabe écrit.
Dans ce premier contact téléphonique, nous ne parlons pas beaucoup du pays d’accueil. Mon correspondant a vécu cinq années en France pour y préparer un Doctorat d’informatique. Cela avait eu pour effet d’apaiser un tant soit peu mes craintes. Voilà une personne qui a passé une partie de sa vie en France et qui semble bien s’adapter à sa nouvelle terre de prédilection. De plus, le fait qu’on lui confie une mission de recrutement, lui qui vient d’ailleurs, augure plutôt d’une certaine dose de souplesse et d’ouverture sur le plan professionnel. Mais il est vrai que mon correspondant est un homme et ce pays est peut-être le paradis des hommes. Un homme y devient deux et sa « rajla » 1 s’y trouve confortée.
Avant de raccrocher, mon correspondant insiste :
– J’attends votre décision dans les plus brefs délais.
Aussitôt l’appel terminé, ma mémoire zappe complètement l’entretien. C’est d’évidence le dernier pays où je pense m’expatrier. Je prends tranquillement mon petit déjeuner et j’oublie.
Mais les méandres de la vie en décident autrement. Mon correspondant est tenace. Il tient le bon bout ; il ne lâchera pas aisément. Il y va de sa fonction, de son avenir. Il doit dénicher des femmes pour son université. Il va fonctionner à la manière d’un rabatteur. C’est ce que je réaliserai plus tard, une fois sur place. De mon côté, le désir de changement est très grand. J’ai une sainte horreur des situations de médiocrité, ou ressenties et vécues en tant que telles. Je me donne du temps pour réfléchir. J’adopte une stratégie. Je vais gagner du temps et continuer à chercher un pays qui me convienne davantage. Je mets un mois avant de transmettre ma réponse définitive. Mon correspondant ne perd pas de temps. Il me relance par e-mail. Entre temps, des attentats à Riyad freinent cette perspective.
Le samedi 8 novembre 2003, un attentat-suicide à la voiture piégée a lieu dans un complexe résidentiel, situé dans la banlieue ouest de Riyad. Il fait au moins dix-sept morts, dont cinq enfants, et cent-vingt-deux blessés 2 . Le complexe est essentiellement habité par des expatriés arabes, mais aussi par des Saoudiens et des Occidentaux.
J’exprime mon inquiétude face à ces attentats à mon correspondant et je lui confirme ma candidature pour le poste de professeur associée à l’université IMAM, dont l’intitulé exact est Imam Mohamed Ibn Saoud University. Je ne fais absolument pas attention à la dénomination de l’institution. Mon interlocuteur me répond « Vous savez, les attentats, il y’en a partout. Je me rappelle même à Paris en 95-96. Ces attentats sont dirigés contre les Américains et les Américains travaillent toujours ici ».
Ce qui signifie qu’il y aura toujours des attentats puisqu’il y aura toujours des Américains. Traumatisée par la décennie noire en Algérie, je ne me voyais pas aller vivre dans un pays, qui outre son peu d’attrait pour une femme, est en proie à la violence. Mais mon interlocuteur a raison de relativiser. Les attentats touchaient de nombreux pays, et d’autres allaient suivre 3 . Donc si on se base sur ce point pour décider de ses projets, on risque le sur-place. C’est tellement plus facile de ne rien entreprendre.
J’entame ensuite, par mail, une série de questions. J’en oublie une qui va s’avérer par la suite fondamentale. En vérité, je n’y avais pas prêté attention victime de mes propres clichés et de mes idées figées sur le pays. De toutes les façons, mon correspondant qui pratique l’art d’enjoliver « les choses » ne m’aurait pas été d’un grand secours. En fait, c’est ma première étape d’insertion dans cette bulle de mensonges dont je n’échapperai qu’en quittant l’Arabie. Il termine son e-mail par un « mabrouk el aïd ». On était dans cette période de grâce qui vient en parachèvement du mois de jeûne. Pendant toute cette année universitaire, il n’oubliera pas les occasions de vœux. Cela donne chaud au cœur ; La carte ponctuant le nouvel an est remarquable mais prémonitoire. Je ne me lassais pas de l’écouter. Je me laissais bercer par son air de musique triste et rempli de l’espérance des retrouvailles futures. « Ce n’est qu’un Au revoir ». Ma sœur à qui j’avais fait écouter éclate de rire en me disant « Vous ne vous êtes pas rencontrés que vous vous quittez déjà ». C’était incroyable, mais vrai. La musique avait le même effet sur moi. Tel un oiseau avide de liberté et de dignité, je n’allais pas pouvoir rester longtemps à Riyad. A peine posée, je repartais vers d’autres horizons.
Le processus de visa de travail allait prendre un temps particulièrement long. Une première rencontre a lieu avec l’attaché culturel auprès de l’ambassade d’Arabie. Son assistante me sert un bon verre de thé. L’homme est exquis, l’accueil est chaleureux. Il me parle

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