Mouches dans les yeux
232 pages
Français

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Mouches dans les yeux , livre ebook

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Description

Un réveil aussi cauchemardesque qu'irréel, l'auteure apprendra qu'elle souffre de multiples corps flottants dans les yeux, également appelés "mouches." Certains situés près de la rétine.
Vision envahie de points noirs, incapacité presque totale de lecture, intolérance à la lumière, migraines, un long calvaire commence. Un douloureux parcours du combattant, d'ophtalmologue en ophtalmologue. identique et déprimante conclusion : les corps flottants ne se soignent pas. Il faut s'habituer. Faire avec !
Impossible de se résigner à vivre, ainsi "encombrée". L'auteure, suite à des recherches personnelles, se lancera dans l'inconnu. Pour finir par trouver la plus merveilleuse des guérisons.
Les "mouches" ne sont pas forcément une fatalité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 juillet 2013
Nombre de lectures 6
EAN13 9782332564597
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright




Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-56457-3

© Edilivre, 2013
Note de l’auteure
Ce récit est strictement autobiographique. Tous les faits mentionnés sont rigoureusement exacts, les noms ou lieux évoqués authentiques. Aucun élément n’a été rajouté ou exagéré dans un but littéraire ou pour créer l’événement.
Citation


« Il faut perdre l’essentiel pour savoir qu’il l’était. »
L’auteure
Dédicace


A tous les malheureux possesseurs de corps flottants
Mes pensées les accompagnent
Recommandation
Ne lisez pas ce témoignage comme vous liriez le compte-rendu d’un procès, mais comme un cri du cœur ! Un combat de chaque jour contre l’indifférence à l’égard des corps flottants, considérés à tort comme anodins.
Professeurs et ophtalmologues, entendez-nous ! Nous formons une population. Notre souffrance n’est pas bidon. Nos sentiments de désarroi et d’abandon, clamés parfois avec maladresse, toujours avec un réalisme à faire frémir, sur les divers forums consacrés aux mouches flottantes, bien réels et tristement similaires. Quémandant, suppliant après une solution.
Chaque pays, y compris la France, possède son lot de spécialistes, de techniques de pointe ou révolutionnaires et n’a, par conséquent, pas à rougir de compétences venues d’ailleurs. Pourquoi, dès lors, ignorer celle-ci ?
Le débat est ouvert.
Je continue par ailleurs à admirer le remarquable travail du corps médical. Son dévouement et son abnégation, même si j’ai éprouvé son pouvoir et ses limites. Notre existence, notre avenir dépend de lui. Nous sommes aussi ce qu’il fait de nous. Sa responsabilité s’en trouve accrue…
Chapitre 1 Un réveil de sinistre mémoire
Je m’étais endormie « normale. » J’ouvrais les yeux, ce 21 mars 2005, sur un univers de science-fiction envahi par de grosses mouches véloces. Salsa démoniaque sur les murs blancs de notre chambre à coucher. Remake catastrophe et hautement terrifiant, parce qu’apparemment véridique, de Rencontre du troisième type , version insectes.
Un clignement de cils, peut-être deux, comment l’aurais-je su ? La panique me bloquait l’estomac. Me donnait des palpitations. Me détraquait le cerveau. Etais-je passée dans une autre dimension avec notre maison, tous nos meubles, notre lit et mon mari à mes côtés ? Si j’abaissais vite les paupières ou au contraire, surprenais une étoile filante, tout s’effacerait, tout redeviendrait comme avant. Mais les astres ne survivent pas au matin. J’y croyais pourtant, très concentrée, muscles contractés pour replonger dans la nuit, une prière silencieuse jaillie de ma peur. L’angoisse m’incitait rapidement à la manœuvre inverse, lentement et précautionneusement. Tant que l’on ne sait pas, l’espoir demeure, même si l’envie de savoir reste la plus forte.
Las ! Les intruses n’avaient pas disparu. Bien au contraire ! Je frottais vigoureusement et consciencieusement mes globes oculaires. Loin de capituler, elles persistaient et signaient. Voletant et papillonnant, accompagnant chaque mouvement d’œil. Accélérant ou ralentissant en symbiose. Se répandant comme une traînée de poudre sur le plafond et notre couette, sur le visage paisible de mon époux qui sommeillait, dans une bienheureuse ignorance. Qui ne devinait rien. Que ma panique ne réveillait pas.
« Je t’en supplie, cesse de dormir ! J’ai besoin de toi. Besoin que tu regardes. Que tu les voies… »
Je le poussais du coude. Lui ordonnais anxieuse­ment, affirmation et désir de ne pas être démentie :
– Réveille-toi ! Y a comme une invasion de mouches ! C’est affreux. J’y comprends rien. Dis-moi que tu les vois aussi.
Brusquement passé du monde des songes à une réalité tout aussi fantastique par l’étrangeté de ma réflexion, il me scrutait. Non, je ne blaguais pas. Je n’avais d’ailleurs pas pour habitude de plaisanter, surtout de cette façon. A son tour il insistait, perplexe puis inquiet :
– Tu vois vraiment des mouches ? Dans toute la chambre ?
A moi de demeurer silencieuse. L’horrible réalité, aussi vigoureusement que désespérément repoussée, m’éclatait à la face. Les envahisseuses ne se montraient qu’à moi. J’étais bonne à enfermer !
Il m’ouvrait grand les bras :
– Viens là !
Je me blottissais dans sa chaleur. Dans ses certitudes. Mon pilier. Mon roc. Ma complémentarité. Plus de trente ans de mariage, ça cimente. Ça développe d’immenses territoires de compréhension mutuelle tacite.
Il y avait comme une fêlure dans sa voix. Il ramenait la couette sur mon épaule. Me caressait les cheveux. Yeux refermés, je crevais toujours de trouille, mais désormais on était deux. Une cassure dans ses mots. Dans ses reproches, qui se voulaient rassurants.
– C’est de ta faute, aussi. Tu as de nouveau dû lire jusqu’à point d’heure. Ne t’ai-je pas souvent dit que tu allais t’abîmer la vue ? On va se boire un bon café, puis repos ! Aujourd’hui, tu as l’interdiction de bouger. Après tout, on est à la retraite ! Et demain, tu n’y penseras plus.
Comme un doute dans sa voix. Pourtant, du fond de mon angoisse, je n’avais jamais autant souhaité, une fois n’est pas coutume, qu’il ait raison.
Avant de partir m’allonger sur le canapé du salon pour répondre à son impérative sollicitude, je me suis dirigée vers la cuisine avec l’intention de remplir la bouilloire de notre café matinal. Sans oser lui préciser que devant mes yeux, cela volait toujours ferme. Une véritable escadrille…
Le regroupement eut lieu au moment où j’approchais de l’évier. L’attaque, sur le gris acier du robinet que j’ai ouvert à tâtons et à fond, complètement submergée par ce tir groupé. De la main qui ne cramponnait pas l’ustensile, je les ai chassées d’un geste machinal. Dans le Midi, on a l’habitude de composer avec les mouches. Contrairement aux vraies, aucune ne s’est taillée.
J’ai rempli mon récipient à l’aveugle, le corps pris dans une chape glacée qui ne m’empêchait pas de gamberger. Mes neurones avaient-ils réellement déclaré forfait ? Allais-je finir chez les fous ?
Il y avait de l’eau partout, sauf dans la bouilloire. J’ai épongé de plusieurs coups de torchon rageur. Ai recommencé l’opération, en m’efforçant de viser ce maudit orifice qui se dérobait. Garantie pour l’avenir si, contre toute attente, la situation ne s’arrangeait pas.
– Tout va bien, ma chérie ? Je peux t’aider ?
J’ai ravalé mon inutile frustration pour articuler difficilement, gorge coincée :
– Ne bouge pas. J’arrive avec le café.
Au cours du petit déjeuner, le silence s’est fait si pesant que j’aurais pu le prendre et le déposer sur le plateau de la balance pour le quantifier. Y aurions-nous résisté, sans le bruit de l’éjection des toasts et celui du craquement du pain grillé sous nos dents ?
Le café m’a revigorée, le reste a eu plus de mal à passer…
Malgré toute ma bonne volonté, l’essaim tourbillonnait toujours. Il poursuivait l’encombrement de ma vision sous son grossier tissu de points sombres et mouvants, qui se chevauchaient comme sur une mauvaise trame. Empêtrant mes mouvements. Me donnant la maladresse d’un enfant en cours d’apprentissage. N’améliorant surtout rien. Quand cela s’arrêterait-il ?
J’ignorais encore que j’entamais un long calvaire qui nous mènerait dans le sud de la Floride, dans un décor planté pour la réussite, sur la piste d’un Saint-Graal médical. Croisade contre l’indifférence, la banalisation du phénomène qui me tuait à petit feu, les appels à la résignation, l’incrédulité ou l’ironie cinglante d’ophtalmologistes et professeurs qui cumuleraient ainsi incompréhension et incapacité à me soulager. Poussant l’altruisme jusqu’à me faire porter le chapeau, pour cause d’anxiété maladive.
– Pas la peine de te demander si ça va mieux.
Mon non exaspéré de la tête l’incitait à la prudence. Mon mari me connaissait trop bien. Lui aussi entamait une phase difficile. Il s’en sortirait au mieux. Patience exemplaire et ingéniosité à aménager la maison en conséquence. A me maintenir la tête hors de l’eau.
Ma fin de journée se passa sur le sofa, deux disques démaquillants imbibés de thé noir pour aspirer les indésirables. Notre balade d’hier m’était revenue, et l’espoir avec elle.
Sur la route de Perpignan, climatisation en RTT, nous avions entrouvert les vitres du véhicule pour mieux appréhender la précocité du printemps : diminution du manteau neigeux sur le Canigou, renflement des bourgeons, couleur du ciel. J’y avais certainement récolté un sévère orgelet et quelques poussières. Demain, il n’y paraîtrait plus. Il fallait qu’il n’y paraisse plus !
Musique en sourdine, motivée par cette encourageante perspective, entre deux compresses, j’évitais soigneusement d’ouvrir les paupières. Comme j’ai évité, le soir venu, de regarder la TV. Me contenter de l’écouter se révéla d’ailleurs une expérience enrichissante, cette unique perception augmentant sensiblement le pouvoir des mots.
J’aurais pu tout aussi bien me poser des rondelles de concombre sur les yeux. Elles auraient au moins pompé mes soupçons de poche !
Au moment de me mettre au lit, mouches qui dansaient sur la faïence et sur ma brosse à dent, j’ai eu la prescience de l’inanité d’une quelconque guérison. Faute de mieux, j’ai pourtant décidé de persévérer avec les disques et j’ai sagement ignoré le bouquin qui semblait me souffler lis-moi ! depuis la table de nuit.
J’avais atteint mon quota.
Les jours suivants, aucune évolution. Ni en bien, ni en mal, à part le fait que je ne renversais plus l’eau du café, du thé ou des spaghettis.
Main qui occultait un œil puis l’autre, je ne cessais de m’adonner à une manie déprimante comme pour totalement m’imprégner de mon infortune : comptabiliser le nombre d’aberrations qui naviguaient sur le bateau de la folie de chacun. 10 au mieux, plus souvent 12. 24 au to

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