Naissances
240 pages
Français

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Description

À l’inverse de Paul, Manon désire un enfant.

Lys et Lou, deux anges, vont alors les aider sur le chemin de la parentalité, et à affronter les épreuves de l'attente, de la procréation médicalement assistée et de la prématurité. C'est le magnifique combat de la naissance de leurs jumelles, mais aussi de la naissance de Manon, devenue femme, le jour où elle est devenue mère.

À travers cet ouvrage, l’héroïne s'interroge sur les mystères de la naissance dans nos cultures et se réconcilie avec sa propre enfance.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 juin 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332767486
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-76746-2

© Edilivre, 2014
Chapitre 1
« La terre est notre corps ; le soleil est notre esprit et le passé, un rayon du soleil »
(légende amérindienne)
Ce matin-là, le Soleil avait souhaité prendre le temps de petit-déjeuner avec son fils unique. Il l’observait avec fierté. Ce n’était plus un gamin ; il le pressentait. Pourtant, il ne retint pas le geste de lui ébouriffer les cheveux, avec tendresse, s’émerveillant encore de sa simple existence. Ce dernier grommela des propos incompréhensibles, affectant volontairement un air revêche et évitant soigneusement de croiser le regard de son père.
Le Soleil ressentait parfois une certaine amertume à offrir immédiatement son visage aux Hommes. Il estimait en effet qu’il n’était pas toujours apprécié à sa juste valeur, comme si sa présence était devenue un préalable acquis de leur journée. Ces derniers scrutaient le ciel obscur, espérant un signe avant-coureur de l’aube, une lueur ténue. Mais le Soleil raffolait se cacher dans l’antre-chambre de leur désir. Ils n’avaient qu’à patienter. Ces béotiens avaient parfois tendance à oublier son ascendant sur la terre. Leurs éternels atermoiements le crispaient. Leur désenchantement avait depuis trop longtemps détrôné la gratitude, pourtant essentielle à leur bonheur. Il décida de s’attarder encore quelques instants, dans l’espérance du matin.
Seuls des nuages grisâtres étaient visibles, formant un épais manteau opaque. La lumière balbutiait, tandis que se jouait, en filigrane, un grand bal des éléments naturels, auquel n’étaient pas conviés les Hommes.
Derrière ce rideau, allait débuter un nouvel acte de ma vie. L’arpège des cris d’enfants, de leurs rires et de leurs jeux résonnait aux quatre coins de l’empyrée. Les ballons bariolés survolaient les manèges, d’où exhalait l’odeur sucrée des barbes à papa. Ils se disputaient la préférence des bambins, formant un extraordinaire arc en ciel de la vie, tels des bonbons acidulés dégustés avec langueur…
C’est en ce lieu que demeurent les anges.
Nul ne souscrit à leur existence. Tout juste sont-ils réduits à illustrer les livres pour enfants ou les croyances irrationnelles de nos grand-mères.
Tout un chacun se complait pourtant à conter une histoire à leur propos. Ils seraient asexués… ce qui les revêtirait de pureté originelle. Ils veilleraient sur les Hommes, tapis en silence. Ils vivraient auprès d’un Dieu, qui leur assignerait des missions…
Nous nous défions de donner un quelconque crédit à ces légendes ancestrales, même si nous espérons secrètement être dotés d’un ange gardien ou d’une bonne étoile. Celle-là même qui nous éviterait la mort, un accident ou plus prosaïquement d’opter pour de mauvais choix. Ne serait-il pas rassurant en effet de se savoir protégé en toute circonstance ? De se repaitre de leurs chants de bienveillance ? De se laisser guider par la direction forcément juste de leur souffle ?
Je n’y croyais pas non plus. J’ai toujours considéré l’inefficience d’une destinée arbitraire, au profit d’une vie, façonnée par l’unique volonté de l’esprit, que je portais seule au firmament. Je préjugeais des bienfaits des semailles de l’effort nécessaire, comme une évidence. Les anges n’avaient assurément pas leur place dans cette stratégie. Et pourtant… Qui n’a jamais entendu parler de cette légende syrienne dénommée « Le secret » ?
Voici ce qu’elle relate :
« Avant de venir sur la terre nous vivions ailleurs.
Juste avant notre naissance, un ange s’est penché sur nous en disant :
– Chuuut ! Tu ne dois pas te souvenir.
Et il a appuyé son index sur nos lèvres en y laissant son empreinte. Voilà pourquoi nous avons tous un creux entre le nez et la bouche. C’est la marque du secret oublié qui nous lie au ciel. »
Cette amnésie nous conduit immanquablement à convoiter l’omniscience tout au long de notre vie. Nous aimerions tellement comprendre. Connaître le Secret de notre existence. Nous ignorons le but de notre recherche, voire même sa raison d’être. Peut-être est-ce pour donner un sens à nos souffrances et à nos bonheurs quotidiens, peut-être est-ce par simple curiosité… La quête du Graal demeurera cependant inassouvie à tout jamais. D’aucuns s’adonnent alors à la religion ou à la philosophie, méprisant leur Etre profond. Sans aucune limite. D’autres se passionnent, à corps perdu, pour leur métier ou le sport, ou s’abandonnent lâchement aux chimères, comme si leur vie ne leur appartenait déjà plus.
Or, il n’y a pas de réponse… uniquement des bouts de réponse … de petites satisfactions … de faibles lueurs, semblables aux flammes vacillantes des bougies. Qui se consument à chaque fin du jour et nous obligent, dès le lendemain, tel Sisyphe, à reconstruire le château de sable, emporté par les eaux de la vacuité.
Notre arrogance, à l’égard de la vie, est à ce point élevée, que nous sommes convaincus de notre singularité et ne poursuivons l’exégèse de ces questions existentielles, qu’en ce qui est cartésien. Cette poursuite aliénante se mue alors en frustration, si ce n’est en dépression… de telle sorte que nous en oublions systématiquement de modifier notre perspective. Que ce soit en humant l’atmosphère qui nous entoure, en écoutant les notes jouées par le vent ou en nous laissant caresser par le soleil, qui s’épuise à tenter de nous indiquer le chemin. Nous dénions aveuglément faire partie intégrante de ces Eléments, dont nous ne pouvons pourtant nous exclure, ni par la pensée, ni par le corps. Nous Sommes la Nature et omettons trop souvent de nous connecter avec notre Mère nourricière, avec une obstination désarmante.
Certaines civilisations, néanmoins, à l’instar de celle des Indiens, ont cette capacité à préserver l’équilibre de la Nature. Lorsqu’ils nourrissent leurs enfants, ils considèrent, à juste titre, que c’est la Terre qui les nourrit et la remercient de ses offrandes… Ils ont longtemps essayé de l’expliquer à l’Homme blanc. Au prix de leur propre sacrifice…
La détermination est insuffisante quant à nos choix de vie. L’instinct, le ressenti et les émotions devraient équitablement nous dicter notre route et, quand nous devenons sourds et aveugles, les anges viennent à notre rescousse…
J’étais de ces Hommes, drapés de condescendance… J’étais semblable en tout point à mes pairs. Je vivais dans un profond athéisme, voire une circonspection, à l’égard de tout dogmatisme, confondant naïvement religion et spiritualité. J’abhorrais la simple idée d’appartenir à une communauté, qu’elle soit religieuse, professionnelle ou politique…
Il me semble, avec l’honnêteté du recul, que l’isolement social, dont j’étais victime dans mon enfance, a certainement contribué à l’élaboration de ce système de défense. Je n’étais pas particulièrement populaire à l’école, arborant, bien malgré moi, un air de « première de classe ». J’adorais apprendre et découvrir, de sorte que je bénéficiais de facilités, m’excluant de facto des jeux des autres enfants. A mon grand dam, je n’ai jamais intégré non plus une « bande » dans mon petit village d’origine, comme si je ne correspondais pas à la norme qui m’aurait permis de me fondre dans un groupe. De cette solitude, j’ai développé un goût prononcé pour l’indépendance et la liberté d’esprit. Elle est presque devenue mon modus vivendi.
La quintessence de notre monde m’échappait. Convaincue d’avoir le pouvoir de contrôler ma vie, je me suis rapidement enfermée dans une tour d’ivoire, protectrice, édifiée sur nombre de préjugés et d’idéaux. Plus jeune, j’imaginais que ma vie d’adulte serait forcément merveilleuse : « j’aurais » un métier épanouissant, un mari attentif et gentil, une maison pleine d’enfants et de cris de joie… J’étais si empressée « de devenir grande » que je fuyais le monde de l’enfance que je jugeais trop exigu et saturé d’interdits. J’« aurai s » plutôt que je « serais »… Telle était mon unique motivation.
Dépeinte comme une petite fille raisonnable, j’agissais toujours de manière idoine : réussir à l’école… rester sage en toute circonstance… ne pas susciter la colère de mon entourage… ne pas me faire remarquer… Sur mes bulletins scolaires, malgré de bons résultats, les professeurs inscrivaient invariablement des appréciations de type « je ne connais pas le son de sa voix » ou « qui est Manon ? ». Bien qu’attristée par de telles remarques, je parvenais cependant remarquablement à continuer à disparaître, aux yeux de tous.
Je développais très tôt un sens viscéral de l’équité. Défendre les plus faibles ou réparer ce qui me paraissait être une injustice figuraient indubitablement parmi mes passe-temps favoris. Cela devint même un vœu irénique. J’exultais à jouer les chevaliers dans la cour d’école et organisais de grandes croisades, en faveur des plus petits. Je dévorais les livres ayant trait à la maltraitance ou au handicap des enfants, me jurant, qu’un jour, je parviendrai à me rendre utile auprès de ces derniers. Je rêvais de voyages, d’évasion, de liberté, de grandeur d’âme… Littéralement fascinée par des GHANDI ou Martin LUTHER KING, j’avais foi en l’Homme, en sa perfectibilité, en l’humanité. Les Lumières ont bercé toute mon adolescence. La philosophie m’a ouvert des perspectives inouïes…
J’imaginais, en secret, que ma vie servirait une cause. J’étais pourtant une fillette introvertie, m’empourprant au moindre regard. Incapable de m’exprimer en public, je me contentais d’observer le monde, en silence, comme pour mieux l’appréhender, sans jamais me révolter…
Ce paradoxe violent entre mon jardin intérieur, épris de grandeur, et la petite personne insignifiante que j’exhibais, entretenait un bouillonnement, souvent proche du désespoir. Je me noy

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