Nous n avons pas eu le temps
88 pages
Français

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Nous n'avons pas eu le temps , livre ebook

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Description

Dans le TGV qui l’emmène à Sète, Nora croit reconnaître une personne qu’elle a fréquentée dans sa jeunesse, mais ne parvient pas à l’identifier. À la sortie de la gare sétoise, cette femme prénommée Lucie se permet d’aborder Nora, confirmant ainsi son intuition. Quand cette dernière s’adresse à Nora, c’est pour évoquer leur lointain passé. Hélas, si les retrouvailles sont belles, elles restent fugaces...


Nora et Lucie se reverront-elles à l’issue de ces vacances ? Et qui est Robin que croise Nora à maintes reprises ? Pourquoi Marie, la fille de Lucie, surgit-elle brusquement ? Comment Rebecca parvient-elle à joindre Nora ?


Les personnages vont et viennent au gré du temps, certains dansent au rythme de Jagger ou de Joplin, d’aucuns retiennent leur souffle...


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 avril 2021
Nombre de lectures 4
EAN13 9782381536088
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nousn’avons pas eu le temps
LaSAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires deproduction participant à la réalisation de cet ouvragene sauraient être tenus pour responsables de quelque manièreque ce soit, du contenu en général, de la portéedu contenu du texte, ni de la teneur de certains propos enparticulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ilsproduisent à la demande et pour le compte d’un auteur oud’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entièreresponsabilité.
Véronique Villard
Nousn’avons pas eu le temps

Roman
À l’enfant que je n’ai pas porté
Àce frère que je n’ai pas connu
« Écrire c’est hurler sans bruit. »
(MargueriteDuras)
Première partie
Inopinément elle
Un temps incertains’invite sur le quai à l’instant où Noraqui traîne une vieille valise à roulettes, s’apprêteà monter dans le TGV.
Seule, elle ne donnepas le change, elle est Nora.
Simplement Nora.
Nora entre ombre etlumière.
Nora Deville.
Une once de fard àpaupières accentue le vert de ses yeux. Un fond de teintcouleur sable lisse sa peau, resserre son grain. Sur ses épaules,ondule sa chevelure platine. Ses lèvres sont nues, ses doigtsaussi ; cependant sur ses ongles une légèretrace de vernis a résisté au temps.
Il est onze heuresquinze lorsque Nora pénètre la voiture 2. Ellerange sa valise dans l’espace prévu à cet effet,s’achemine vers sa place et se laisse choir près d’unevitre. Son sac à dos glisse le long de son bras pour se nicherentre ses cuisses. À l’intérieur, une trousse demaquillage à peine remplie, un porte-cartes en simili cuir, untéléphone portable et un roman de Marguerite Duras, sonfavori,   Le ravissement de Lol V. Stein.
Dehors, des citadinss’attardent sur le quai, déterminés àassister au départ d’un proche tandis que d’autress’éloignent, suivis de rares pigeons lesquelsaffectionnent le bitume. C’est alors qu’une voix féminineannonce le départ du TGV. Enfin , songe Nora.
Depuis longtemps, Parisla déconcerte, la déstabilise.
Depuis longtemps, Parisne déroule plus sa grâce d’antan.
À croire quequelque chose s’est rompu, or comment l’identifierlittéralement  ? À moins que ce ne soit dûau manque de lumière, à l’opacité absolue,à la danse fébrile de l’ondée ; àmoins que la capitale ne soit devenue l’objet d’uneirrécusable lassitude.
Partir, une façonde désapprendre un rythme effréné.
Partir, une façonde mourir à l’hier pour courir après d’autresrêves dans un flux méditerranéen…
En face de Nora, laplace est vide. Un peu déçue, cette dernière sedit qu’elle perd une occasion de communiquer, de surprendrel’esquisse d’un sourire.
Le silence, juste lesilence, l’accueillir certes ; mais lui préférerle parfum d’une voix, l’écorce d’une phrase…L’écho ne peut s’égarer si la mémoires’abreuve toujours à ce dernier.
En dépit d’unevitre légèrement embuée, Nora regarde lepaysage. Aux abords de la capitale, celui-ci demeure fade, morne. Lesfaçades sont grises, le linge pend aux fenêtres, deschiens perdus sans collier sillonnent les allées. Rares sontles oiseaux qui survolent les toits.
Brusquement, Nora selève. Son jean en simili cuir lui colle à la peau sibien que se mouvoir reste l’unique moyen d’apaiser cetinconfort. Au final, elle regrette le bien-être que lui procureson jean déchiré outre son aspect destroy.
S’ensuit unprofond soupir de sa part, lequel traverse ses fibres telle unelibération fugace ; il est parfois doux d’expirerquand on a mal… Devient alors baume, celui que l’onprend comme tel  ! Maintenant, Nora se rassoit tandisqu’un jeune homme vient occuper le siège désert.Elle entrouvre la bouche puis la referme.
Envie de lui sourire,mais elle se ravise.
Envie de lui signifierô combien elle attendait une présence, or elles’abstient aussi…
Lui regarde l’ocrede ses paupières, l’épaisseur de ses cils, lenaturel de ses mains. Il la considère, longuement. Nora lelaisse faire, se laisse faire ; enfin baisse les yeux, mal àl’aise, embarrassée. S’il cherche à laséduire, il se trompe d’objet.
En effet Nora n’ajamais aimé les hommes, quel que soit leur âge, quel quesoit leur physique. Cependant, elle assume pleinement sonhomosexualité, gracieuse, certes, toutefois lesbienne jusqu’aubout des ongles, jusqu’au bout de la nuit.
Elle se sent belle,belle dans les bras d’une femme, plus belle que dans les plisd’une vague.
De l’instantanéitéde deux souffles au vertige de l’intime…
Fière de sonidentité sexuelle, elle semble prête à larevendiquer même si les relations passagères prévalent,même si rien de sérieux n’émerge, mêmes’il est trop tard pour l’envisager. Fidèle aucorps féminin, elle n’exhibe pas sa différence,elle la ressent…
Conscient du trouble deNora généré par son attitude, l’homme sortun journal de son sac derrière lequel il se dissimule. Lefroissement des pages entre ses doigts se relie au bruissement duTGV.
D’une part, Noraaime ces notes subtiles qui libèrent le silence de sapesanteur. D’autre part, elle se détend tout de bon,espérant que le voyageur ne l’incommodera plus ;en revanche, elle ne repousse aucunement l’éventualitéd’un échange courtois.
À présent,elle promène son regard alentour et remarque une femme dont levisage ne lui est pas inconnu. Un livre posé sur ses cuisses,cette dernière semble s’assoupir. Nora la dévisage,certaine de reconnaître une amie du passé.
Malgré sespaupières closes, celle-ci la porte, la transporte vers unejeunesse révolue, vers le printemps d’une vie, làoù les amitiés ne tardent pas à éclore,là où les rires fusent nombreux… Hélas,Nora ne parvient à identifier cette personne.
Mémoire aptitudezéro.
Le vide exhorte levide.
Il y a convocation dunéant, démission opaque.
Bref, Nora abandonnecette quête mentale dans l’espoir qu’aulâcher-prise succédera une lueur inattendue, voire uneréponse manifeste…
En attendant, ellesonge à Anne, cette amie de Faculté qui se prépareà l’accueillir chez elle, à Sète, danscette ville qui l’a vue se marier aux prémices d’unautomne vaporeux. Ainsi Nora voyage-t-elle en direction de cettepetite Venise du Languedoc, qu’elle a déjàvisitée à maintes reprises sans jamais se lasser, commesi à chaque fois elle redécouvrait un lieu culturel etmarin, une ville édifiante, attractive, musicale, une ville oùse sont produits Jacques Higelin, Dee Dee Bridgewater, Ron Carter…
Par contre, elle n’ajamais découvert la vraie Venise qu’elle devineseulement au travers de clichés pris par de nombreuxphotographes. Peut-être ira-t-elle un jour  ?Peut-être n’ira-t-elle pas  ? Si elleaccueille le présent, elle s’interdit de subodorerl’avenir.
Verra la Nora si elles’envole vers le Pont des Soupirs, verra si vivre lui octroiecette chance… Mais pour l’instant, la grâce dufamilier assouvit ses besoins.
Brusquement, la faimsurprend la voyageuse. Hélas, Nora a omis de se préparerun repas, n’étant pas de celles qui pensent àchouchouter leur estomac le jour d’un départ. Enconséquence, elle décide de se rendre jusqu’àla voiture-bar. Et, curieusement, dès lors qu’elle selève, le jeune homme l’imite. Or, si l’individumarche derrière Nora, il ne tarde pas à la distancerquand elle s’immobilise face à la fameuse amie dansl’espoir d’être reconnue :
Suspension de souffle.
Démesure del’émotion.
Blêmes doigts,main tremblotante.
Malheureusement, cettedernière détourne le regard. De fait, Nora, infinimentdéçue, ravale sa salive. Elle, qui croyait avoirretrouvé un fil de son passé, perçoit sonerreur. Néanmoins, elle ne s’éloigne passur-le-champ ; mais regarde cette beauté àl’état pur, cette inconnue aux lignes irréprochables.
Puis va, s’en va,sans se retourner.
Lui faut oublier…
Oublier ce visage, unvisage-chimère, une figure sans lendemain.
Pourtant elle traînele pas dans la semi-obscurité du TGV, un pas indolent quireflète son amertume… Heureusement, tandis qu’elleprogresse vers la

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