P tit Claude l enfant bègue
150 pages
Français

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P'tit Claude l'enfant bègue , livre ebook

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Description

Noisiel, la chocolaterie Menier et sa cité ouvrière, c’est là l’univers du P’tit Claude. Il nous réveille dans l’enfance en un clin d’œil. Des souvenirs, il en a beaucoup, d’amers, de rebelles, joyeux et tristes.



P’tit Claude enfant, bègue, timide et rêveur avec ses difficultés, sa solitude. Les mots d’enfants, entre rire et larmes, sont parfois drôles, durs, violents. Les mots sont aussi silence. Il mélange le réel et l’imaginaire.



Nous sommes à la fin des années cinquante. Le père, électricien à la chocolaterie, ne s’est jamais remis de la déportation dans les camps nazis. P’tit Claude, le deuxième des trois enfants ne supporte pas cet adulte autoritaire. Il se replie sur lui-même, ne parvient pas à se défaire de sa timidité.



Heureusement il y a Noisiel avec les copains, qu’on appelle ici « les mômes chocolatés ». Mais il y a surtout Marie, la première amoureuse avec laquelle il va découvrir le sel de la vie et un inimaginable secret.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 avril 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414518197
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-51820-3

© Edilivre, 2021
Dédicace

À Martine,
Sandie, Juliette, Benjamin.
Aurélie, Pierre Alexandre, Noé « le magnifique » et Clémence.
Pour toute ma famille, mes amis et les nostalgiques d’un temps révolu.








Photo : Martine Barbier
Bords de Marne à Noisiel
Exergue

« Le rire dans l’enfance, est toujours près des larmes. »
Ernest Legouvé
« Si je pouvais faire vivre dans mes romans toutes les personnes qui me sont chères, avec quel plaisir j’emmènerais avec moi tous mes amis. »
Chateaubriand
Notes de l’auteur
« Tous mes rêves se rapportent à l’enfance et l’enfance dure toute une vie.
J’ai essayé de suivre le fil de mes souvenirs en faisant attention de ne pas me prendre les pieds dedans. »
Préface
C’est l’histoire de P’tit Claude, l’enfant bègue…
Ce roman de Claude Barbier, écrit avec sensibilité, émotion et pudeur, m’a beaucoup touchée. Me rappelant mon expérience d’orthophoniste, j’aimerais apporter des précisions sur le trouble du bégaiement, tout en les rattachant à la propre histoire de l’auteur.
En effet, dans ce roman largement autobiographique, Claude Barbier nous raconte à plusieurs reprises, les moments de son enfance où il a souffert de cette difficulté à s’exprimer devant les autres, dans son environnement familial bien sûr, mais pire encore, à l’école au sein de la classe, devant le maître et tous les élèves. Comme le dit l’auteur : « J’ai honte ! Je suis bègue, mais pas aveugle, je le vois bien, les gens me regardent dès que j’essaie de parler. Les mots sont là, mais je n’arrive pas à les prononcer… Mon cœur va exploser. Je démarre, je bute sur le premier mot, sur le deuxième, puis sur tous les mots suivants… Tout s’affole dans mon cerveau. Je jette un regard suppliant vers l’enseignant pour qu’il arrête le massacre… ».
Claude Barbier décrit et résume bien ce que ressentent presque toutes les personnes bègues, enfants, adolescents et adultes, sentiment qui peut aller très souvent jusqu’à la honte, face aux moqueries ou rires dont ils sont l’objet. On le comprend et on en est bouleversé, quand l’auteur relate « l’interrogatoire » du gendarme et que lui n’arrive pas à répondre : « Son collègue est pris d’un fou rire, il me tourne le dos. Je me sens un moins que rien, un inutile. Je voudrais mourir. »
Je rappellerai tout de même brièvement que le bégaiement est un trouble du rythme de la parole, avec des blocages et des répétitions, phénomène bien connu de tous, comme l’exprime si bien l’auteur, nous révélant son angoisse, son mal-être et parfois sa honte.
Je tiens à souligner que la majorité des bégaiements commence dans la petite enfance, en général vers l’âge de trois ans et demi, quatre ans, et les parents doivent s’en inquiéter à juste titre. Il est loin le temps où, comme dans le livre de Claude Barbier, certains médecins disaient que « ça allait passer à la puberté… ». En France, c’est dans les années quatre-vingt-dix, que la notion d’intervention précoce chez le jeune enfant bègue s’est répandue. Et c’est tant mieux…
L’auteur de ce roman a vécu avec ce trouble pendant toute son enfance, c’est en cela que son livre nous émeut. Le bégaiement a fait partie de sa vie, lui donnant l’impression de n’être pas « lui-même », comme il nous l’explique. Il n’a pas eu la chance d’être pris en charge de bonne heure, alors que cela est souvent le cas aujourd’hui…
Bien souvent, vers l’âge de trois ans, quand le langage s’installe, des troubles peuvent apparaître, faisant penser à un bégaiement. À cet âge, l’enfant a beaucoup de choses à dire, et « tout se bouscule » comme le dit Claude Barbier. Il a du mal à faire coïncider sa pensée et la réalisation motrice de la parole. Il s’agit d’une sorte de « bégayage ». Les enseignants connaissent bien ce genre de problème et souvent ils préconisent aux parents une consultation orthophonique pour leur enfant. Ceci afin de dédramatiser la situation, donner de précieux conseils aux parents et à l’entourage pour éviter d’aggraver le trouble. Et par là même, bien souvent le stopper.
Veiller aux réactions que l’on peut avoir quand son enfant bégaie, ne pas faire de remarques blessantes et répétées, ne pas mettre de pression, ni d’exigence, avoir un « parler tout-doux », augmenter la communication non verbale, apporter de l’attention, du soutien, des encouragements… Et tout aussi important, ne pas laisser les membres de la fratrie et de la famille taquiner le petit bègue, ou pire, se moquer de lui.
Si les conseils préconisés sont respectés dans l’ensemble, le bégayage disparaîtra spontanément. Si tel n’est pas le cas et qu’il devienne un vrai bégaiement, une rééducation orthophonique sera nécessaire, parfois doublée ou précédée d’une prise en charge psychologique.
Quand l’enfant est scolarisé, il faut discuter du problème avec l’enseignant pour éviter les moqueries de la part des autres élèves. Dans le livre de Claude Barbier, on voit bien l’importance de l’attitude de l’enseignant face à son élève bègue. Le premier maître est rigide, cassant, humiliant : le second est doux, compréhensif, encourageant, redonnant confiance comme on le voit quand P’tit Claude est incité à réciter le Dormeur du Val…
Le traitement du bégaiement peut être difficile, long parfois, avec heureusement des périodes d’amélioration, ou de rechute, suivant l’état psychologique de la personne bègue ou les événements de sa vie…
Un enfant ou un adulte bègue est souvent décrit comme hypersensible, émotif, peureux, timide… Je pense que Claude Barbier nous révèle certains des traits de sa personnalité au fil de son histoire.
Mais terminons sur une note positive…
Beaucoup de personnes qui malgré tout restent bègues à l’âge adulte s’en sortent très bien, parviennent à s’épanouir, ayant trouvé dans leur parcours de vie des activités qui leur permettent de s’exprimer : activités professionnelles ou non, artistiques bien souvent, comme c’est le cas de Claude Barbier qui a développé des talents d’artiste, musicien, comédien, peintre et aujourd’hui écrivain.
Remercions-le d’avoir su aborder son problème « d’enfant bègue » par l’écriture, et avoir pu, avec sensibilité, nous émouvoir, nous faire sourire et même rire, en nous racontant son enfance…
Liliane Kerrec – Orthophoniste
En 1825, Jean Antoine Brutus Menier, fabricant de produits pharmaceutiques et de chocolat, eut la brillante idée d’installer son usine à Noisiel sur les bords de la Marne, afin de profiter de la force motrice d’un vieux moulin du XII e siècle.
En 1853, Émile-Justin Menier, son fils, en prend la direction. Il se consacre exclusivement à la fabrication du chocolat et donne à l’entreprise une incroyable réussite industrielle.
L’usine compte jusqu’à deux mille ouvriers. Une idée s’impose alors chez les Menier : fidéliser son personnel en les rapprochant de leur lieu de travail. Émile-Justin Menier charge son fils Gaston, et son architecte-ingénieur, Jules Logre, de se pencher sur ce projet.
C’est ainsi qu’est construite en 1874, sur un terrain vierge situé à proximité de la fabrique, la cité ouvrière de Noisiel. Elle obtiendra sa forme définitive dans les années cinquante.
La vie de la cité est ponctuée par les appels de la sirène de l’usine, invitant les ouvriers à rejoindre les différents ateliers que composent l’entreprise.
Dans le brouillard des petits matins frileux, tel un troupeau de moutons, « les chocolats » comme ils se surnomment entre eux, descendent les trois rues en direction de la chocolaterie.
Moi, c’est dans la rue Henri Menier que je suis né. Dans une de ces maisons en briques rouges qui se ressemblent toutes.
1
« Un petit gars de Noisiel ! Un môme chocolaté ! » comme dit ma grand-mère.
Je suis plutôt heureux, enfin, ce n’est qu’une apparence. Car en réalité, je suis trop rêveur, anxieux et timide. Depuis tout petit, j’ai un problème d’élocution, de communication. Bref ! je suis bègue.
Quand j’essaie de demander pourquoi ? Ma mère prend le temps de m’écouter, se gratte le front, avant de me répondre que le docteur lui a dit que ça passera à la puberté.
J’ai 11 ans, donc il ne me reste plus longtemps à attendre. Mais je n’en suis pas si sûr, Mam’s aussi semble sceptique :
— Enfin ! À la puberté ? Si Dieu le veut ! rectifie-t-elle.
Pour moi, l’être suprême, reste une énigme ?
Comment le faire comprendre à ma mère ?
Cette phrase bouillonne dans ma tête, puis une irruption de mots saccadés s’échappe de mes lèvres. Mam’s a compris ma question : « Dieu existe-t-il vraiment ? ».
— Je pense que oui ! dit-elle en levant les yeux au ciel.
Je grimace, j’étends les bras comme pour demander : « Alors pourquoi je suis comme ça ? ».
— Je n’en sais pas plus que toi ? Arrête avec tes questions ! Et arrête de m’appeler Mam’s, c’est nouveau ? Ça veut dire quoi ? Ne reste pas dans mes pattes, j’ai du boulot, dit-elle embarrassée.
Je l’appelle Mam’s car je peux le dire sans effort, d’un seul coup. Quant à Dieu, dans mes prières, je l’ai supplié de résoudre mon problème. Un soir, j’ai même passé un accord avec lui :
— Mon Dieu, si demain matin je ne bégaie plus, je te prierai tous les jours, jusqu’à la fin de ma vie.
Alors c’est promis, juré ? Demain, je pourrai parler comme tout le monde ?
Je m’endors rapidement, certain que demain tout allait changer.
Vers quatre heures du matin, ma mère ranime la cuisinière à charbon à coups de tisonnier.
Bientôt, elle va partir à l’usine.
Pour ne pas réveiller mon frangin, je me lève doucement avec en tête le pacte que j’ai passé la veille avec l’Éternel. Le frérot grogne, se retourne et tire la couverture.
Pour ne pas faire grincer l’escalier, je descends sur la poi

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