Parcours de vies
266 pages
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Parcours de vies , livre ebook

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Description

En 1920, dans cette zone d’Ukraine devenu polonaise par les traités de Versailles et Trianon, Mikolaj épouse Barbara. La vie est dure, mais ils s’aiment et de cette union naissent Olga et Bogdan.
En 1927 Mikolaj quitte sa femme et ses enfants pour travailler dans la mine de fer de Crusnes en Lorraine. Sa famille le rejoindra en 1933 pour commencer une nouvelle vie à l'époque du Front Populaire.
Parcours de vies est une fresque familiale émouvante, qui montre la pauvreté et les difficultés de la vie entre les deux guerres mondiales.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 juillet 2012
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332497864
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-69296-2

© Edilivre, 2013
Prologue
« Et l’Ukraine n’aimait ni le tsar ni le pan*, elle organisa la Cosaquerie. »
La Genèse du peuple ukrainien , verset 72, KOSTOMAROV, 1847.
« De province reculée et somme toute sans histoire de la Couronne autrichienne, la Galicie fut le théâtre d’affrontements déchirants durant la première guerre mondiale entre les communautés polonaise, ukrainienne et juive.
À la chute de l’Empire austro-hongrois se forme, en octobre 1918, une brève République nationale de l’Ukraine de l’Ouest. L’armée ukrainienne s’oppose aux troupes polonaises qui reprennent la capitale, puis l’ensemble de la région en juillet 1919. Durant la bataille de Lvov, les soldats polonais se livrent durant trois jours à un pogrome. La Galicie fut ensuite intégrée dans les territoires orientaux de la Pologne reconstituée, formant ainsi l’une des contrées, des « kresy », zone frontière ou tampon de la Seconde République de Pologne. La province perd son nom autrichien et disparaît avec la Galicie occidentale sous le nom de Malopolska (Petite Pologne).
Près d’un million de Galiciens ukrainiens, dits « Ruthènes », ont émigré au début du vingtième siècle vers les États-Unis, le Canada et l’Europe occidentale. De nombreux Galiciens polonais à la même époque ont pris les mêmes chemins d’émigration. »
Delphine Bechtel Université Paris IV Sorbonne, CIRCE.
* Pan : Monsieur, seigneur.
Qu’est-ce qui pousse l’Homme à émigrer pour devenir, ailleurs, un immigrant ?
Souvent il le fait pour survivre, pour fuir un danger, une menace physique ou trouver sa nourriture, celle de sa famille ou de sa tribu.
C’est ce que font les oiseaux migrateurs et certains animaux qui fuient l’hiver, puis l’été pour aller chercher la nourriture, se reproduire et assurer la pérennité de la race.
C’est ce qu’a fait l’Homme depuis toujours et c’est ce qu’il tentera toujours pour survivre.
Le point de départ des « parcours de vie… » qui sont racontés ici, se situe sur la ligne frontière entre Pologne et Union soviétique, en Ukraine, en Galicie, dans les villages de Jaksmanice et Siedliska. Par le traité de Versailles le 28 juin 1919, le hasard a placé ces petits villages de Cosaques zaporogues ukrainiens à l’origine, du côté de la Pologne, à quelque quatre ou cinq kilomètres au sud-est de Przemysl.
Ce peuple fier et libre de paysans-soldats-garde-frontières, selon les déplacements successifs des frontières artificielles, tour à tour sujets, russes, polonais, ou austro-hongrois mais toujours ukrainiens, sous la contrainte des occupants successifs, a peu à peu perdu tous ses privilèges.
Pauvre, il a gardé sa fierté et ses racines ukrainiennes. Il est maintenant placé pour partie sous administration polonaise. Les postes clés sont tenus désormais par des Polonais, le curé est polonais, le seul gendarme du village est polonais, l’instituteur est polonais. Souvent les plus riches, ces derniers ne sont pas souvent les plus généreux.
À la lecture des notes que m’a confiées Bogdan, j’ai été surpris par son parcours de vie commencé là-bas le 18 janvier 1924. Je pouvais y ajouter quelques souvenirs contés par mes parents et par ma sœur Olga.
En dehors de ce peu, j’ignore à peu près tout de ce pays et de leurs vies.
Plutôt qu’une histoire authentique, bourrée de dates, de notes et de détails incontestables, j’ai préféré écrire une histoire romancée où les personnages sont vrais, où les événements sont vrais mais où les liens entre les événements sont romancés.
Grand-père Panejko est un Ruthène émigré aux États-Unis.
Petite fortune faite, il revient vers sa femme et ses filles, dont l’aînée s’appelle Barbara, restées à Siedliska…
Il construit un moulin à farine et huile de noix actionné par le premier moteur Diesel implanté dans la région.
Outre sa maison, ses champs, ses vaches, il possède trois chevaux.
Les Filc, Yvan l’aîné et son fils Vassil, son frère Mikolaj (Nicolas en français) et sa sœur Stefka (Stéphanie en français) habitent Jaksmanice à environ un kilomètre de Siedliska.

Carte d’Ukraine avant et après les traités de Versailles et de Riga.
Chapitre premier 1919 Où les jeunes mariés vivent sous le toit du frère du marié
Comme à regret, le clair soleil du printemps naissant repousse la nuit et découpe sur le fond de ciel là-bas sur le flanc de la colline à la sortie du village la silhouette de la khata* au toit de chaume.

Le coq chante. Dans l’écurie les vaches, le pis gonflé, commencent à tirer sur leur chaîne. Passant par les deux petites fenêtres, le jour peine à éclairer la grande pièce commune. Contre le mur de briques réfractaires du poêle-four à pain qui occupe presque toute la largeur de la pièce, dans l’ombre que la faible lumière commence à diluer, s’élève de quatre châlits le souffle paisible des dormeurs.
Bien au chaud dans le creux de l’épaisse paillasse de paille de seigle, sous un gros édredon rouge gonflé de duvet d’oie, se serrent dans un calme sommeil repu les jeunes mariés.
Elle, Barbara, se niche contre le corps d’homme qui l’enveloppe.
Lui, Mikolaj, la retient d’une main caressante négligemment posée sur un sein rond qui s’échappe par l’ouverture de la chemise de grosse toile de lin. Le nez dans ses longs cheveux dénoués épars sur l’oreiller, il s’enivre de la chaude odeur légèrement musquée de jeune femme.
Dans son demi-sommeil, Mikolaj revoit en rêve l’arrivée chez lui de Barbara.
La fiancée est vêtue de sa robe de mariée. Une couronne de fleurs est posée sur ses longues nattes de cheveux châtains, roulées en macarons sur les oreilles. Elle est arrivée au matin chez son futur époux, conduite par son père, dans un chariot décoré de fleurs et de rubans jaunes et bleus, tiré par un petit cheval.
D’autres chariots également décorés suivaient. Ils transportaient les parents et amis, les musiciens chauffant leurs instruments, accordéons et balalaïkas, et suffisamment de victuailles, pâtisseries et boissons fortes pour soutenir un siège.
Sur le seuil de la khata, sur la plus haute des trois marches, Mikolaj vêtu d’une chemise à col rond brodée, rentrée dans les charavary* par-dessus des bottes de cuir, et coiffé de la papakha*, attendait, debout entre son frère Yvan pareillement vêtu, et sa sœur Stefka en longue robe brodée.
Sur l’aire de battage les amis et les voisins de Mikolaj tous en habits de fête s’affairaient autour d’une grande table couverte de draps de lin parsemés de fleurs et de feuillages fraîchement cueillis.
Pan* Panejko, dans une de ses plus belles chemises brodées en charavary bouffant sur des bottes de cuir souple, a sauté du chariot alors que les musiciens debout dans leur chariot exécutaient un puissant et vif air de circonstance. Le père de la mariée tendit les mains à sa fille pour l’aider à descendre. Mikolaj descendit rapidement les trois marches et s’avança vers Barbara que son père conduisait par la main…
Un réveil grelotte sur le coffre à la tête du châlit et arrache Mikolaj à son rêve. Après un rapide mais tendre baiser dans les cheveux de sa compagne, il roule sur le côté pour descendre. Sa hanche gauche se meurtrit sur le fusil qu’il cache sous la paillasse.

Ce fusil, il faut qu’il lui trouve une autre cache.
C’est une arme de guerre avec ses munitions qu’il avait récupérées alors qu’il était enrôlé de force dans l’artillerie polono-ukrainienne. En ces temps agités (Guerre civile en Ukraine – 1917-1921), les bolcheviks russes voulaient étendre leur territoire vers la Pologne et l’Ukraine.
En Ukraine les troupes de Cosaques, d’ouvriers et de paysans avec à leur tête le Cosaque libertaire Nestor Makhno sont en lutte tout à la fois contre les Russes Blancs et rouges. En Pologne le général Pilsudski voulant garantir le nouveau tracé des frontières que le traité de Versailles a défini, est en guerre contre les Russes Blancs et rouges et les insurgés makhnovistes ukrainiens. Mikolaj, Cosaque ukrainien que le même traité de Versailles a naturalisé polonais, reste avant tout ukrainien.
Un Cosaque préfère perdre son pantalon plutôt que ses armes, il dort avec son fusil.
Avant son mariage il dormait aussi avec son chien Bossaï*, un corniaud noir à pieds blancs. Le soir des noces, Bossaï trônait au milieu de l’édredon, grognant, les crocs menaçants. Barbara n’a pas pu monter dans le châlit et elle a posé un ultimatum :
« Mikolaj, à partir de ce soir, dans notre lit, ce sera ton chien Bossaï ou ta femme Barbara. »
Cette nuit-là fut la première que Bossaï n’a pas passée dans le lit de son maître. Et depuis, il a toujours montré ses crocs et fait un grand détour en croisant Barbara.

En chemise à manches longues Mikolaj s’assoit les pieds nus sur le sol de terre battue ; à tâtons il saisit le briquet dans la poche de son pantalon jeté sur l’édredon. À la lumière vacillante de la petite flamme, il soulève le verre de la lampe à pétrole, allume, et règle la mèche avant de la recoiffer. Bossaï silencieusement se frotte contre ses jambes. Mikolaj le caresse et le repousse doucement. Il se lève, enfile le pantalon de grosse toile de coton et le serre à la taille par un large ceinturon. Il s’assoit pour emmailloter soigneusement chaque pied nu dans les ounoutchkys* avant de les introduire dans des bottes de cuir boueux. Il se lève et passe par-dessus la tête une camisole de grosse toile rustique. À la lueur de la flamme fumante il se dirige vers les grandes jattes en terre cuite, recouvertes de torchons, rangées au pied du mur autour de la pièce. Elles contiennent pour l’une du lait de la veille qui repose pour que la crème qu’il contient surnage, pour d’autres du lait déjà écrémé qui maintenant caillé se transf

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