Paul, Wolfgang... et nous
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Description

Lorsque l’épidémie de coronavirus touche la France, Ori et Xavier doivent s’acclimater au premier confinement, qui va bouleverser leurs habitudes. « Qu’allons-nous faire ? », se demandent les deux comparses qui commencent alors une correspondance enflammée. De la gestion de la crise à Didier Raoult en passant par le cassoulet, les deux amis de longue date dissertent de tout. Entre humour et mauvaise foi, ils décortiquent aussi bien les rouages du monde que ceux d’une machine à coudre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 avril 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782383514152
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Mardi 17 mars 2020
« Restons chez nous et tout ira bien ! », ils ont dit.
« Ben OK ! Je reste chez moi ! »

Cher Ori,
Ori, mon ami, nous ne nous verrons pas pendant au moins 15 jours.
La situation est inédite et l’histoire de l’humanité nous réserve toujours de petites surprises. De celles que nous pourrons raconter à nos petits enfants au coin du feu.
Notre président s’est exprimé hier soir et nous sommes, depuis ce jour à midi, en « confinement ».
« Nous sommes en guerre ! » a-t-il répété.
Je ne peux pas lui donner tort. Les mesures prises à travers le globe s’apparentent effectivement à des consignes de guerre, même si on sait que notre ennemi est invisible.
C’est sur ce point précis que je me sens obligé de te prévenir que les comparaisons avec notre passé ne pourront m’éviter de tutoyer, voire de frôler le point Godwin ça et là !
L’effet d’annonce passé, nous prenons conscience qu’il se passe vraiment quelque chose d’extraordinaire. Pour la première fois depuis bien longtemps, l’homme ne peut plus se fier à̀ son futur, mais doit gérer un présent immédiat : qu’allons-nous faire ?
Attention, je ne dis pas « qu’allons-nous faire pour nous en sortir ? »
Je ne cède à aucune panique et j’ai confiance en nous. J’ose naïvement espérer que, même si nous ne pourrons pas nous empêcher d’être surpris par des choses honteuses, il y aura une force supérieure contraire qui nous remettra sur le droit chemin.
Non, ce n’est pas de ce « Qu’allons-nous faire ? » dont je parlais.
« Qu’allons-nous faire ? », c’est plutôt « Qu’allons-nous faire de nos journées ? »,
« Comment allons-nous occuper tout ce temps ? »
Une variable nous différencie bien de nos ainés et de la Deuxième Guerre mondiale. Nous n’avons pas à avoir peur de quelqu’un qui viendrait nous déposséder, nous torturer ou nous éliminer. Nous ne devons nous méfier de personne et de tout le monde en même temps.
« Restons chez nous et tout ira bien ! », ils ont dit. Ben OK ! Je reste chez moi !
Ma femme en est à la troisième désinfection de la maison. Si ça continue, je serais plus sain que du gel hydroalcoolique et c’est le gel qui pourra se désinfecter sur moi.
Ah ! Ma femme, je l’aime ! Mais je me demande si elle ne sera pas mon vrai virus pendant ces 15 prochains jours… Ou moi pour elle, d’ailleurs ? Et inversement proportionnel.
Donc je disais : « Qu’allons-nous faire ? »
Sommes-nous capables de rester calmes ? Sommes-nous capables de rester solidaires ? Sommes-nous capables de rester clairvoyants ?
Et puis, après tout, « allons-nous changer ? ». Que va-t-il se passer qui n’était pas écrit ces 15-30 prochains jours ?
Tu me diras, nous aurons le temps d’y penser.
Puis je sais très bien que tu ne partages pas mon enthousiasme de croire que d’être forcés d’écrire l’Histoire ensemble aura, d’une manière ou d’une autre, un impact sur nos comportements futurs. Nous en reparlerons dans une quinzaine, lorsque nous serons sevrés de quelques-uns de nos vices contemporains.
Tiens ! Toujours pas de point Godwin !
Marignane sans avion, c’est pas beau ? Pour la première fois dans votre vie, vous allez pouvoir voir à quoi ressemblerait votre ville si elle était normale. Qui aurait pu prévoir ça ?
Bon, heureusement j’ai Netflix ! Même si je ne suis pas spécialement fan des séries aux intrigues improbables. C’est souvent trop pour moi !
Ce sera l’occasion de me mettre à jour des blogs vidéo de Didier Roustan « Président à vie de l’équipe du soir ».
Qu’on digresse un peu, merde !
Vais-je clôturer notre échange quotidien par une phrase suave et bien pensée (ou pensante d’ailleurs) ou vais-je savoir m’extirper avec classe et dignité ?
Yann Moix aimera-t-il notre plume ? Cet enculé !
Sur ce, le mieux est l’ennemi du bien ! Bien à toi, prends soin des tiens.
La bise, la Famille, « tya » vu !
X… (Artiste, routier… entre autres.)

Cher Xavier,
Ta proposition d’échange quotidien est une bien belle idée.
Ta première phrase est superbe, représentative de ce qui fait que notre relation dure depuis plus de vingt ans, intacte : « Nous ne nous verrons pas pendant, au moins, quinze jours ».
Il y a bien longtemps que nous ne nous voyons plus à cette fréquence, mon ami, et pourtant, j’aime cette fausse candeur, cette naïveté, comme tu dis, de croire que rien n’a changé depuis notre enfance.
Tu me fais aussi penser à la récente disparition de ma mère. Ce n’est pas de ne pas se voir qui est grave, mais bien de ne pas en avoir la possibilité.
Cette absence de choix est terrible pour les humains que nous sommes…
Nous vivons effectivement quelque chose que je ne conçois pas, que je ne comprends pas.
En allant courir tout à l’heure, je me suis surpris à penser que tout semblait normal dehors, à en être presque étonné. Il faut dire que les chaînes d’infos ne lésinent pas sur les effets d’annonces, les soirées spéciales, les breaking news et les bataillons d’experts nous expliquant que c’est très grave.
Alors je reconnais qu’à la fin, moi aussi je pense que c’est très grave.
Enfin, je ne sais même plus te dire si c’est moi qui le pense ou si « ils » le pensent si fort à ma place que je ne m’écoute plus.
Et c’est ce qui me fait peur aussi.
Être con, tu me connais, je sais faire, mais j’ai toujours eu l’impression que c’était moi qui décidais. Je ne suis pas habitué à être con par procuration et je n’aimerais pas commencer aujourd’hui.
Alors j’essaie quand même de peser le pour, le contre. Cela me permet de m’informer, d’apprendre…
Il y a eu entre 50 et 100 millions de morts de la grippe espagnole.
C’est énorme, non ?
On s’en fout ? Je sais plus…
En te lisant, une des très jolies phrases de Saint Exupéry me revient aussi en tête :
« Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible ».
J’ai l’impression en effet que l’Homme a été puni, tout occupé qu’il est depuis des siècles à prévoir son avenir sans se rendre compte que plus il le prévoyait, moins il le rendait possible.
L’avenir de l’homme serait-il incompatible avec celui de la planète ?
On peut quand même se poser la question quand on voit à quel point l’épidémie a changé la qualité de l’air en Chine, en seulement trois mois…
Quelle ironie du sort.
Si on arrêtait de se placer comme le centre de tout ?
Si le virus c’était nous et l’épidémie, le vaccin tant attendu par la terre ?
Quand nous allons mal, elle va mieux, quand l’économie suffoque, elle reprend son souffle et respire enfin. C’est quand même terrible comme phrase non ?
Tu sais que nous avons des points de vue très différents sur l’après. Toi, tu crois en un après plus beau. Je ne dis pas que tu attends des miracles, mais je vois que tu as de grandes espérances pour nous, l’Homme.
Malheureusement, l’histoire ne nous a pas appris cela et nous refaisons tellement souvent les mêmes erreurs que je n’y crois plus.
Cependant, comme toi, je suis infiniment curieux du « maintenant ».
Que sommes-nous capables d’accomplir quand le superflu n’est plus là ?
Qui serons-nous dans un mois quand on nous aura donné cette occasion de réfléchir et de ne pas avoir l’esprit embrouillé par la consommation et les autres ?
Et pourtant, en t’écrivant, je me rends bien compte que j’ai déjà tout faux. Depuis longtemps déjà, notre superflu physique a été remplacé par un superflu virtuel : les réseaux sociaux, les amis qui n’en sont pas et les avis qui se déguisent en vérités. Cette offre infinie de films, de séries et de documentaires pour nous sauver de l’ennui, pour nous sauver de nous-mêmes.
L’Homme ne veut plus se regarder, dépouillé de tous ses artifices.
Sûrement parce qu’il craint de ne pas aimer ce qu’il découvrirait…
Tu as raison, je ne suis pas très optimiste. On ne se refait pas.
C’est pourquoi ton idée m’a tout de suite plu, parce que tu es réel, que je le suis aussi, et que tu es tout sauf du superflu.
Te lire m’oblige à réfléchir, à penser, à te donner raison ou tort.
« S’obliger », ce mot que j’aime tant et qui, petit à petit, est devenu l’insulte ultime pour l’être humain.
Pour ce qui est de Marignane sans avion, ce n’est apparemment pas pour aujourd’hui.
Nous sommes confinés, mais ils continuent d’arriver et de partir avec une régularité envoutante. Encore un pied de nez dont l’humain a le secret. Que dirait notre ami Didier sur ce sujet ?
Mercredi 18 mars
« C’est ça le langage universel, toutes ces règles inventées pour que l’homme puisse obéir, se conformer ? »

Bonjour Cher Ori,
Il me semble déceler, à travers cette jungle de bons mots, une certaine inquiétude. Considérer que l’Homme n’a jamais appris des épreuves qui se sont présentées à lui est un raccourci fallacieux.
Quid de la cinquième république, de notre système démocratique actuel ?
Quid de la création de l’Europe, de la fin de l’esclavage, de l’indépendance, du progrès ?
Quid de l’apparition du Jazz ?
Pour chaque réelle avancée, l’homme a été contraint de payer un certain prix.
Comme le disait Jean Pierre Hemingway « Rien ne se fait sans la souffrance ».
Si on t’écoute, tout serait joué d’avance et l’homme serait cet être définitivement condamné à la soumission et à ses turpitudes.
Tu ne veux pas devenir con par procuration ?
Je te rassure, tu pourras garder ta connerie, c’est juste qu’elle aura une proportion différente.
À nous de voir si elle sera plus grosse ou pas.
Nous sommes isolés et ne pouvons directement faire de mal à personne.
Une plongée en nous-mêmes en quelque sorte.
Alors oui, il y

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