Petit Alpagiste raconte
140 pages
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Petit Alpagiste raconte , livre ebook

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Description

Jean Claude Maitre retrace une époque de sa vie qui va de l’enfance à l’adolescence (dans les années 1950-60). Fils de paysan savoyard, il raconte comment la vie de la famille et, donc la sienne, changeait avec les saisons.



Mais, surtout, dans ces lignes, il exprime, avec sincérité et réalisme, son attachement viscéral à la montagnette de La Cour et, plus généralement, au monde montagnard.



Cette passion pour les grands espaces et la liberté l’a conduit à se louer comme berger d’alpage plusieurs fois, jusqu’à l’âge de 15 ans.



Tout est dit, avec la simplicité des gens de la montagne !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 mars 2021
Nombre de lectures 4
EAN13 9782414519750
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-51976-7

© Edilivre, 2021
20 mars 2020
Nous sommes confinés par la tragique magie d’un virus qui se propage comme le vent qui enjambe nos montagnes et s’introduit dans les moindres interstices de notre corps, de nos maisons.
Dans ce retrait du reste du monde, il faut se retrouver, reprendre les marques que nous avions perdues dans le tohubohu de la vie moderne, alors les fantômes des souvenirs en profitent, ils viennent taquiner la mémoire. Toute ma vie j’ai fait des allers retours entre le présent et le passé. J’ai conscience qu’il est dangereux de revenir sur les lieux et faits de son enfance.
Cependant, ils sont là, les jours qui ont tissé la période de l’âge de 5 à 15 ans jusqu’à après l’obtention du certificat d’études. Pourquoi ceux-là, précisément ?
Est-ce le désir égoïste d’une répétition virtuelle de ce temps révolu, léger, clair et rieur, tellement fort pour l’enfant que j’ai été, qui me ferait oublier la situation exceptionnelle qui nous menace à chaque instant, aujourd’hui, jusqu’à quand ?
Nostalgie, envie de transmettre tout en doutant de pouvoir réellement réaliser la transmission, car on transmet toujours des biens matériels, les souvenirs, eux, ne peuvent exister que là où ils sont tatoués.
Toutes ces raisons à la fois, certainement !
Terroir
Je m’appelle Jean Claude, Jean Claude Maitre, c’est difficile de porter un tel nom, mais, rassurez-vous, je ne suis maître que de moi-même et, pas toujours, comme pour tout un chacun devant les aléas de l’existence.
J’ai la modeste conviction d’être un simple et honnête citoyen, inconnu, en dehors de mon lieu de naissance ou de mon domicile, à moins que quelque touriste en résidence à Pralognan ait eu, lors d’une impertinente fuite d’eau, l’occasion d’apprendre que le plombier était J.C Maitre et d’exporter ainsi mon image.
Les racines de mon arbre généalogique se sont nourries de la terre d’un coteau, au pied du Mont Jovet, en Savoie. Cet adret prodigieusement exposé aux rayons du soleil une bonne partie de la journée, plonge vers le chef-lieu, Bozel.
Plusieurs hameaux occupent l’espace, entre forêts et prairies, reliés par des pistes ou des routes de montagne : Villemartin, le Moulinet, le Ratelard, Lachenal et Tincave.
Les Champs, Le Mont, La Cour, Mirabozon et La Praz, étaient des hameaux d’alpage habités temporairement pendant l’été.
D’autre part, il existe une Montagne, un alpage à vaches, appelé Grand Rey du côté sud et Petit Rey du côté nord où se trouve actuellement le refuge du CAF du Mont Jovet à 2350m. Ces deux lieux avaient été réunis en 1960 en fruit commun.
Implanté à 1100m d’altitude, éloigné de seulement 4 km, Villemartin, est le village le plus proche de Bozel. C’était aussi le plus important avec ses 400 âmes. Il était vivant, toujours animé.
Il se composait de deux quartiers : au sud, le Grand et au nord le Petit. Nous habitions au Grand quartier où se trouvaient aussi la fromagerie et l’épicerie-boulangerie, chez Maurice dit la Boulange ; les Marchetti, y avaient même un bistro-hôtel. « Chez Chopine, nous pouvions boire un coup et danser à certaines occasions.
Il existait déjà un foyer rural qu’on disait « Chez Clotilde » situé au Petit Quartier. On aimait bien y passer du temps dans des activités diverses.
L’école, se trouvait à 20 mètres de chez nous, derrière la Chapelle.
Cet édifice, dédié à Saint Jacques le Majeur, mérite que j’en dise davantage. Fondé en 1430, il était la fierté des habitants. Le curé nous avait retracé la vie de cet important personnage, frère de Saint Jean l’Evangéliste. Il devint apôtre de Jésus, surnommé « fils du tonnerre » à cause de son caractère ombrageux. Il était représenté en vieillard barbu avec un chapeau orné d’une coquille ou habillé en pèlerin avec un sac de voyage et un bâton. Il aurait été enterré à saint Jacques de Compostelle.
C’est pour l’honorer que le dernier samedi de juillet, chaque année, « on fête Saint Jacques » en distribuant la soupe des pauvres.
J’ai 12 ans en 1960. Voici comment m’apparaît notre maison, avec la mémoire d’aujourd’hui.
Un ensemble simple qui ressemble à beaucoup d’autres, humble, fonctionnel, à la mode paysanne.
La propriété comporte donc une maison d’habitation avec une cave, une étable et, au-dessus, une grange, lieu que je connais bien et dont je parlerai plus avant, pour avoir eu à y ranger un nombre infini de drapées et de barillons de foin.
Le rez-de-chaussée est le lieu de vie par excellence, avec la spacieuse pièce principale, dite cuisine qui accueille la famille, les visiteurs et les invités. Ça manque de clarté malgré la fenêtre qui s’ouvre sur le sud. On accède aux chambres par un escalier de meunier sous lequel ma mère entrepose, des ustensiles de cuisine encombrants dans une remise prolongée elle-même par un placard encastré qui contient toute sorte de victuailles.
Contre le mur de gauche, deux éléments très importants : l’évier et la cuisinière à bois. Éminemment utiles, l’un pour cuire et chauffer, l’autre pour la toilette de toute la famille. Pas question d’avoir le confort d’une salle de bains, ni des WC ! On se lave debout, avec l’eau de la grande marmite qui attend sur le fourneau, ensuite versée dans une bassine, il n’est pas facile de passer partout avec le gant, alors, la toilette est tantôt parfaite, tantôt comme celle des chats. Quant aux WC, ils se trouvent dehors, près de la cabane à lapins. Il vaut mieux éviter les besoins nocturnes, surtout par les froides nuits d’hiver !
L’ameublement est réduit au strict minimum, une table en bois avec des chaises autour et un buffet. Nous avons aussi la jouissance d’une pièce, contigüe à notre cuisine, qui appartient à un dénommé Bœuf. Alors, de temps en temps, on me dit d’aller chercher un saucisson, des saucisses, du salé, « de l’autre côté ». C’est ainsi qu’on nomme ce lieu, de l’autre côté de chez nous, il sert de séchoir à toute notre charcuterie ! Mon père a fini par l’acheter plus tard et, aidé de son beau-frère maçon, Albert Canova, il en a fait notre salle à manger.
Sous la cuisine et sous « de l’autre côté », se trouvent deux caves. La première, bien enterrée, avec une voûte en pierres, le sol en terre battue. Elle est remplie de tout ce qui doit nourrir la famille et les bêtes jusqu’aux prochaines récoltes : des tonneaux de vin de 120 litres alignés à droite, juste à côté, le beaufort et les tommes rangés dans un placard qui a la profondeur du mur, les pommes de terre ou tartifles , occupent au moins cinq mètres carrés, rangées savamment car il y a celles destinées à la cuisine et celles pour les semences, les moyennes à trois yeux qui dorment dans des caisses en bois fabriquées par mon père.
Sur des étagères en bois trônent des topines en grès qui contiennent du beurre fondu, ( beura coe).
Dans l’autre cave, une source, miracle de la nature, coule dans un coin et offre à ma mère la fraîcheur nécessaire à la conservation du lait. Elle pose là un chaudron de lait du matin pour l’écrémer et fabriquer des tommes maigres. La crème nous revient sur notre table sous forme de beurre et de chantilly.
Hum ! Quel délice ces saveurs naturelles perdues à jamais !
C’est aussi l’endroit où l’on stocke la récolte de betteraves fourragères pour les vaches et les cochons.
Les huit vaches, les quatre ou cinq chèvres, le mulet et les cochons, entrent à l’écurie en passant sous un porche avec un toit attenant à la grange puis, tout ce monde traverse une belle voûte en pierres supportée par un pilier central. Au-dessus, la grange et le grenier en parpaings, bien isolé par un coffrage de planches et de la sciure pour barrer la route aux souris et aux mouches.
Le bûcher, un rez-de-chaussée en pierre et un étage en poteaux de bois, avec une porte qui donne directement sur le four banal, est séparé du bâtiment principal. Cette ouverture est une chance car en cas de pluie, lorsque nous coupons le bois, nous nous installons sous l’avant toit du four et pouvons ainsi, à l’abri, transférer les buches.
(Pour alléger les tâches pénibles, il fallait toujours trouver des combines, c’était l’usage).
J’aime l’odeur qui se dégage lorsque la scie gémit sa rengaine au contact des troncs et que le vent nous asperge de sciure, ça sent la résine, ça fleure la forêt, j’en garde la peau et les vêtements imprégnés.
Derrière le bûcher, dans un jardin potager, essentiellement le domaine des femmes, poussent toutes sortes de légumes nourris de soins, d’une bonne terre enrichie naturellement, mûris précocement par le soleil du sud. Tomates, salades, radis, courges et tutti quanti sont les rois du lieu et acceptent mal l’ombre de deux intrus, un mirabellier et un prunier dont je regrette la généreuse production de fruits excellents. La hache de mon père les a anéantis ! Dommage !
Familles
Je suis issu de la famille Maitre de Villemartin et de la famille Machet du Moulinet. Comme le montre l’arbre généalogique ci-après, grands-parents et parents ont engendré une parentèle nombreuse.
Toute cette jeunesse, dont je fais partie, vivait plus ou moins comme les parents, exclusivement au pays.
Etant donné les difficultés pour se déplacer et aussi par habitude ancestrale, nous vivions repliés sur nous-mêmes une vie sans désir de l’ailleurs. Il fallait chercher mari ou femme dans le pays. Il était d’usage d’épouser la fille ou le fils du voisin, celle ou celui d’une famille connue et estimée. C’était la règle !
Les couples se formaient, tout naturellement, d’un village à l’autre : De Tincave à Villemartin, de Villemartin à Montagny, au Moulinet, éventuellement on se hasardait jusqu’à Bozel, au Planay ou à Pralognan…
Chacun de nous a d

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