Rebelote
226 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
226 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Une famille est composée de membres dont les qualités des uns permettront à certains de se lier, et dont les défauts intolérables des autres deviendront des mobiles pour quitter le clan à jamais...



La famille de l'auteure ne semblait pas si éloignée de ces quelques généralités, mais elle a tant égayé sa jeunesse qu'elle a tenté au mieux de la remercier...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 septembre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332982216
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-98219-3

© Edilivre, 2015
Citation


« Écrire, c’est une façon intelligente de tromper son ennui et d’oublier qu’il vous manque l’essentiel. »
Françoise SAGAN
Dans ma famille, on parle sans cesse en se taquinant mais les sentiments ne ressurgissent jamais. Les « je t’aime » sont enfouis, les « tu me manques » sont imaginés.
Dans ma famille, on ne dit pas « ton plat est bon ». On dit « ce n’est pas mauvais ».
Dans ma famille, on ne dit jamais « t’es belle ». On dit « ça va, tu ne vieillis pas trop mal ».
Pourtant, ma famille, c’est ma thérapie. Celle du rire garanti à chaque retrouvaille. La moindre connerie réalisée par cette équipe de clowns suscite des larmes de joie et bien sûr, tout le monde apprécie.
Alors dans ma famille, on se réunit, on mange, on boit, on danse, on salit. Mais personne ne dit « quelle belle journée passée ensemble ». Chez nous, on dit « on y va, le temps de se faire arrêter par les flics et de souffler dans le ballon, on n’est pas couché ».
J’aime ma tribu pour son manque de finesse et son humour. Je l’aime aussi pour sa folie et sa grande franchise. Au fil des années, les gags et les blagues se sont accumulés. Aujourd’hui, ce clan est une véritable gourmandise.
Ces premiers mots permettent d’expliquer pourquoi dans ma famille, le film culte de la dernière génération est « LA SOUPE AUX CHOUX ». Et cette génération, c’est la mienne. Enfin la nôtre, à Romain et moi…
Introduction
« En famille, tout se sait mais rien ne se dit. »
Jean Gouny
Je patientais depuis trente minutes à la terrasse d’un café lorsque Joëlle arriva. Elle s’excusa pour son retard puis renifla. Elle portait des lunettes de soleil et semblait irritée. Elle prononça « fais chier ! » en découvrant son paquet de cigarettes vide et je vis trembler ses mains lorsqu’elle écrasa son mégot dans le cendrier.
– J’ai tant de choses à te dire. Je ne sais pas comment commencer, annonça-t-elle en se laissant tomber sur une chaise.
Joëlle venait de parcourir 250 km en voiture. Elle tenait absolument à me parler. Trois heures auparavant, elle me téléphonait pour me fixer ce rendez-vous. Elle me suppliait d’accepter. Elle me priait de garder cet entretien secret. Je n’aimais pas ces entourloupes qui sentaient la mauvaise nouvelle. Mon imagination me portait préjudice. Je ne pouvais m’empêcher de penser au pire.
« Que se passe-t-il ENCORE ? » aurait été la question posée dans ma famille. Il faut nous comprendre. Chez nous, les déboires sont aussi courants que les changements climatiques. De plus, ils excitent les réunions de famille et alimentent la curiosité de chacun. C’est un folklore qui permet au principal intéressé d’être pour un temps, le centre d’intérêt de tous. Et évidemment, j’ai connu mon tour.
Joëlle habite dans le nord de la France avec son fils, Romain. Romain est mon cousin. Il est né la même année que moi et il est enfant unique. Comme moi. Privés d’un frère ou d’une sœur, c’est ensemble que nous avons découvert le mot fraternité. Nous avons grandi avec ce terme en bandoulière et depuis il ne nous a jamais quittés. Nous avons connu des errances, des ruptures, des grandes distances mais Romain est mon âme d’enfant. Celle que l’on conserve toute sa vie dans son portefeuille, comme une photographie précieuse qu’il nous est impossible de jeter. Cette fraternité a fait de Romain, mon jumeau. De mon berceau à mon adolescence, de mes chagrins à mes plus grandes joies, j’ai pris l’habitude de tout vivre avec lui. Et pendant que nous grandissions, nos parents observaient ce duo qui s’épanouissait.
Joëlle a une relation fusionnelle avec son fils. Elle a élevé seule cet enfant parfois turbulent, souvent têtu et dissipé. Tolérante, ouverte au dialogue, elle a toujours haï les silences et les non-dits qui assassinent les familles. Son amour pour lui est inégalable. Comme la plupart des mères, elle souhaite le meilleur pour son fils et se dit, prête à tout pour le protéger.
Ce jour-là, Joëlle était venue pour deux raisons. La première renfermait une vérité. La seconde me sollicitait pour un service. Avant de parler, je lus son hésitation. Je devinais ses suées dans le dos, je distinguais la moiteur de ses mains. Joëlle éteignit son portable, enleva son manteau et ôta ses lunettes de soleil. Elle dévoila des yeux rougis par les pleurs et en pénétrant son regard, je saisis sa détresse.
– Joëlle, qu’est-ce qui se passe ? demandais-je.
– Je vais parler, ne me coupe pas la parole sinon je risque de perdre le fil et d’oublier des choses, me répondit-elle, déboussolée.
Il était plus aisé pour elle d’entamer un monologue. Elle ne voulait pas croiser mon regard, elle préférait oublier ma présence. Hagarde, les yeux fixant le vide, elle me narra ses doutes et ses angoisses de maman :
– Depuis sa naissance, m’avoua-t-elle, je suis présente, j’écoute, j’aide. Je conseille, parfois oui, je le surveille. Je l’ai apaisé, je l’ai porté mais aujourd’hui je suis épuisée. Je suis impuissante. J’ai cherché des solutions, crois-moi, dit-elle calmement, mais ça n’est plus de mon ressort. Depuis quelques temps, j’ai mis des mots sur ce mal qui troublait mon sommeil et hantait mes nuits. Ce mot, Mad, c’est la maladie alcoolique. Romain est tombé dans la dépendance.
Elle marqua un temps avant de reprendre le récit. Ce temps m’assomma.
– Depuis des mois, me confia-t-elle, je supporte ses humeurs. Il rit, il pleure. Il sort, il ne rentre pas, ne me prévient jamais. J’accepte tous les déboires. Bien sûr, j’ai essayé de confirmer ma présence en engageant une conversation mais il m’a littéralement envoyée sur les roses. Alors j’ai continué à me lever tôt pour me rendre au travail sans cesser de guetter son retour chaque soir.
Son chagrin me désarmait. Je n’aurai jamais su trouver les mots justes si elle m’avait autorisée à lui couper la parole. Personne n’est préparé à recevoir des confidences aussi violentes qu’une paire de claques dans la figure.
– Un matin, reprit-elle en pleurant, un voisin m’interpella devant chez moi. Il me demanda si la nuit, je n’entendais pas de bruit. Il était inquiet. Il retrouvait des bouteilles d’alcool dans ses parterres de fleurs. Chaque matin, vers sept heures, il récupérait une bouteille de whisky ou de vodka qu’il jetait à la poubelle. Tous les jours, quelqu’un se débarrassait donc de bouteilles vides dans son jardin. Parfois, il restait éveillé afin de surveiller les alentours mais il ne voyait personne. Il semblait étonné que je ne récupère aucun déchet dans ma pelouse. Je ne dis rien à mon voisin, mais je compris que c’était Romain. Il balançait sa bouteille chez le voisin avant de rentrer à la maison. Ainsi, je ne pouvais rien voir. J’étais horrifiée de découvrir à quel point il calculait ses moindres gestes pour me cacher sa consommation excessive. Il buvait au moins une bouteille par jour. Tu te rends compte ? m’interrogea-t-elle. Comment en est-il arrivé là ? Qu’ai-je fait pour qu’il se tue ainsi avec ces saloperies ?
Elle était désemparée. Elle vidait ses rancœurs. Elle évacuait sa souffrance. Fatiguée, elle ne contrôlait plus ses mots, se confondait dans ses pensées. Elle s’emballait puis finissait par s’excuser. Ce n’était plus Joëlle. Le quotidien qu’elle endurait l’avait anéantie. Et comme toutes les mères, elle ne pouvait s’empêcher de culpabiliser. Elle pensait s’être trompée en éduquant son garçon.
– Je n’ai pas posé de questions, continua-t-elle. J’aurai peut-être dû mais je voulais me renseigner avant d’affronter ce tête-à-tête. Je voulais comprendre alors j’ai appelé une association qui vient en aide aux malades alcooliques. Ils m’ont proposé d’assister à une réunion. Deux semaines plus tard, je m’attendais à entrevoir des hommes tristes, rougis et bouffis. J’avais tant d’a priori. En pénétrant dans l’enceinte, je suis restée en état de choc : personne n’aurait pu deviner leur dépendance. Ils m’ont invitée à rejoindre l’assemblée. Je me suis assise, j’ai écouté chaque personne et chaque histoire avec la même intensité. Ma solitude s’est évanouie petit à petit. Autour de moi, je percevais des êtres sensibles qui parlaient comme on se dénude : timidement et pudiquement. Je n’étais pas seule, une sœur d’un malade alcoolique était venue pour déchiffrer la dépendance de son frère et balayer les clichés. A la fin de la réunion, elle s’avança vers moi, me sourit et m’emmena discuter. Cette rencontre me réchauffa. Nous étions deux à encaisser les mêmes coups et cela me réconforta. Elle m’apprit que l’alcoolisme était une maladie. Elle m’avoua qu’arrêter de boire n’était pas lié à la volonté. Nombreux sont les hommes et les femmes qui cultivent cette pensée. Pourtant, elle ternit considérablement l’image des malades souffrant quotidiennement de cette dépendance terrible.
– En fait, me révéla Joëlle, l’alcoolisme est une drogue, une addiction. Le nier c’est se mentir. Le cerveau a besoin d’une certaine quantité d’alcool pour que le malade se sente serein. Seul l’arrêt définitif est préconisé pour cette maladie. Une goutte, et c’est la récidive. Les gens l’ignorent, ajouta-t-elle, mais un chocolat à la liqueur suffirait à enclencher la rechute.
Cette entrevue avait confirmé les soupçons de Joëlle. Elle pourrait accompagner Romain, elle pourrait le soutenir mais elle ne serait jamais en mesure de le guérir. Romain avait besoin d’un médecin pour chasser ses démons et soigner sa maladie. Cependant, à tort, cette maman poule culpabilisait. D’où provenait ce mal-être que Romain n’arrivait qu’à apaiser grâce à l’alcool ? Qu’a-t-il manqué à Romain ? Que se passait-il dans sa tête et surtout était-ce de sa faute ? Aborder le sujet dev

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents