Sourde aux maux
376 pages
Français

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Sourde aux maux , livre ebook

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Description

Taxée de « fainéante » et « bête », adjectifs décisifs choisis par ses parents dès son enfance, Martine s'en fait une évidence. Mais la réalité est toute autre : surdité. Elle se révolte, évolue. Après une jeunesse bousculée, une adolescence révoltée, quelle sera sa vie de femme en quête d'identité ? Le chemin à parcourir sera long, douloureux et chaotique. Sa rencontre avec la culture sourde et la médiation seront des éléments déclencheurs sur la découverte de son « moi ». Une véritable mise en pratique de « l'allégorie de la caverne ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 novembre 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332821157
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-82113-3

© Edilivre, 2014
Dédicace

Ce livre est dédié à ceux qui ont eu, à un moment ou un autre, confiance en moi, à ceux que je connais bien, à ceux que j’ai croisés, ces gens qui m’ont tant apporté.
Tout particulièrement à ma fille, mon dernier bébé qui n’a jamais failli à son affection pour moi.
A mon fils retrouvé tardivement.
A ma première fille qui ne connaît pas réellement la femme que je suis.
A mes petits-enfants que j’aime sans distinction.
Sans vouloir être cynique… à ceux qui m’ont rejetée, qui ne m’ont pas aimée. Sans le savoir ils m’ont aidé à grandir, à évoluer.
Préface de Monica COMPANYS
Dans son parcours, quelque chose n’avait pas été pris en considération : Martine est née avec une surdité évolutive. Comme elle parle si bien, son entourage familial – ou ce qu’il en reste – ne cherche pas plus loin, et se borne à l’estampiller de « bête » et « fainéante ». Martine souffre sans réaliser que sa surdité est un obstacle à la communication avec la masse écrasante que représentent les Entendants.
Ensuite, elle va découvrir les Sourds, donc une identité, puis les Signes, donc une langue, et une communauté, donc la Culture Sourde.
Notre surdité n’est pas assimilée à une maladie ni à un handicap : nous sommes « normaux ». Pour nous les Sourds, le monde est divisé en deux : les Entendants et les Sourds. La différence est définie par les deux modes de communication : les Entendants parlent avec la bouche, et les Sourds avec les mains.
La Langue des signes est aussi riche, aussi complète, aussi fine que n’importe quelle langue orale. On peut tout dire en langue des signes, et dans tous les registres : familier, poésie, humour, scientifique…
Nos productions culturelles en signes sont dotées d’une grande précision dans la description de ce qui nous entoure : les objets, les personnes,… et cela avec une attention très particulière sur la situation dans l’espace. Notre culture visuelle exceptionnelle est possible grâce à la très grande représentation visuelle que permet notre formidable possibilité d’expression corporelle de la Langue des Signes.
Cette « pensée visuelle » , propre aux Sourds, structure notre pensée de manière différente que celle des Entendants.
C’est pourquoi notre manière de penser, de faire, nos rituels « typiquement sourds », notre humour particulier, notre savoir, se transmettent en signes entre Sourds de génération en génération. C’est la base de notre Culture Sourde, une culture et une identité Sourde qui existent vraiment et qui permettent de démentir les idées fausses et péjoratives que les Entendants ont souvent de nous.
Même si la majorité d’entre nous naissent de parents Entendants, nous les Sourds, nous nous identifions spontanément à cette communauté de la Culture Sourde, où la LSF n’est pas la langue maternelle mais la langue naturelle.
C’est ce qui est arrivé à Martine, son parcours personnel finira par renforcer sa conviction, elle a enfin trouvé son identité : elle est Sourde.
Alors, elle crée une association de Sourds et Entendants, et organise passionnément des cours de LSF, du théâtre et des chansons en signes.
Pourtant, cela ne lui a pas été facile de se faire accepter de la communauté des Sourds, elle a du affronter ceux qui la prenaient pour une fausse sourde, sous prétexte qu’elle parlait et maîtrisait le français. Heureusement elle avait encore une flèche à son arc : sa ténacité qui lui a permis de ne pas se trouver dans une situation ambiguë. Martine est bilingue et bi-culturelle et fait fi de ses détracteurs. Elle tient bon, et elle décide même de devenir médiatrice.
Une vie privée difficile qu’elle relativise systématiquement en appuyant sur le bouton de l’optimisme et de l’espoir : elle pardonne et comprend, malgré tout.
Un électron libre que les aléas d’une vie tourmentée a forgé, et qui finit par tourner en orbite calmement. Désormais, Martine est blindée, elle persiste, résiste et… signe !
Monica COMPANYS, Sourde septembre 2014
Préface de Jean-Louis LASCOUX
Les ingrédients des tensions et des conflits sont parfois diffusés dans l’air de la relation sans qu’aucun des acteurs ne se rende compte de ce dont il est l’auteur. A un moment donné, pour les uns et parfois pour tous, l’ambiance devient irrespirable et personne ne s’est aperçu de rien. C’est ce que raconte Martine dans la confidence de son récit de vie où elle avoue des prises de conscience pénibles. La difficulté de percevoir les sons lui a été une donnée naturelle, d’autant plus contraignante qu’elle n’était pas partagée. Elle emploie un ton badin pour dérouler son histoire parsemée de non-dits, d’interprétations, de propos insultants, de sentiments de dénigrement, de perceptions d’exclusion, de constats d’agression et d’observations de contraintes. La pollution relationnelle atteint parfois le seuil de l’inacceptable.
Que raconte-t-elle ? Des moments simples, des actions banales, des sentiments communs. Le tout forme un cocktail émotionnel propice à une révolte incomprise et qui se révèle légitime. Elle raconte son silence torturé et ses désespoirs. Elle affirme sa quête d’identité et d’une parole médiatrice pour ouvrir la voie d’une nouvelle construction d’elle-même.
Il en ressort un parcours chaotique où la culpabilité devient un principe confondu avec la responsabilité. Martine lutte contre la tentation ordinaire de la victimisation. Elle y résiste. Elle dénonce cette « honte de la mendicité affective » qu’elle a éprouvée, tandis qu’elle était en recherche de la reconnaissance indispensable à la construction d’une identité faite d’harmonie en soi, d’équilibre relationnel et de satisfaction. Pendant des années, elle subit l’incompréhension silencieuse de ses parents et de son entourage éducatif face à son invisible surdité. Elle se prémunit en recourant aux stratégies de l’adversité. Elle ne trouve aucun repère pour exprimer ses états affectifs. Elle observe qu’elle joue si bien son rôle qu’elle ne se reconnaît pas elle-même.
L’autobiographie de Martine souligne en creux une carence que l’éducation nationale n’est pas encore parvenue à combler, celui d’un enseignement de la prise de pouvoir sur soi. Le programme scolaire de la culture présentée comme la plus cartésienne au monde est encore privée de ce qui devrait en faire son essence. Ici, c’est un récit d’un non savoir très étendu de la communication. Les pages de cet ouvrage se font l’écho d’un long cri silencieux, une protestation contre l’ignorance du savoir être en relation. Un cri inutile dans un environnement où les personnes ne se regardent pas plus qu’elles ne s’entendent, ni ne s’imaginent qu’elles pourraient savoir s’écouter. Le sel du malaise saupoudre son enfance, son adolescence et une grande partie de sa vie d’adulte.
C’est dans ce contexte que Martine a développé une volonté ferme de provoquer des changements de comportements. Elle a choisi de s’en faire porte parole auprès d’une communauté de vie qui se trouve encore plus privée de communication.
C’est ainsi que, dans la recherche d’une posture affirmée de médiateure, Martine est venue dans la formation que j’ai initiée. Elle y a puisé une conceptualisation de ce qu’elle a vécu. Elle y a poursuivi une réflexion pour mieux maîtriser ce monde d’idées et de sentiments jusqu’alors resté obscur et confus. Néanmoins, son choix témoigne d’une recherche identique à tous ceux qui y viennent : trouver des savoirs-faire opérationnels pour être plus à l’aise dans les relations et aider les autres à résoudre leurs conflits. Elle raconte ce moment troublant où elle réalise qu’elle peut cesser de donner prise à ce qui la perturbe et simultanément à ce qu’elle ajoute en elle aux agressions des autres.
Certes, la formation que j’ai conçue est un parcours d’acquisitions professionnelles, avec comme objectif de former des personnes aptes à exercer en tant que médiateur efficace. Des médiateurs professionnels. Martine indique qu’elle y a trouvé d’autres réponses : c’est le cheminement de sa pensée, un travail personnel. Dans tous les cas, grâce à la maîtrise des émotions par la raison, elle revendique une appropriation des fondamentaux de la distanciation. Elle a réalisé le travail qui lui permet aujourd’hui d’aider les autres à également mieux conduire leur pensée. Cette démarche n’est pas facile et l’enjeu n’est pas d’être arrivé à démontrer une aptitude à le faire, il est en permanence de préserver ses compétences pour témoigner d’une posture et d’un savoir-faire exigeant pour parvenir au résultat inimaginable : aider autrui à résoudre un conflit que tous les protagonistes pensent impossible à éteindre.
Cet ouvrage marque une étape dans sa vie et peut-être aussi dans la vie de lecteurs pour qui ces mots offriront un sens pour conduire le changement dont ils peuvent avoir besoin.
Carnac, le 10 août 2014
Jean-Louis Lascoux Directeur de l’Ecole Professionnelle de la Médiation et de la Négociation – epmn.fr Président de la Chambre Professionnelle de la Médiation et de la Négociation – cpmn.info
Prologue
Ayant été élevée dans une culture entendante avec une structure de pensée relevant de la langue des signes française et de la culture sourde, ce livre est écrit dans une langue qui est la mienne sans fioritures.
Je suis sourde bilingue Français/LSF et par conséquent biculturelle. Certaines structures de phrases pourront donc surprendre le lecteur.
Les lettres manuscrites présentes dans le livre sont volontairement retranscrites avec leurs fautes et leur syntaxe d’origine. Les prénoms des personnages principaux ont été modifiés par respect pour la vie privée.
Kévin, Thierry, mes relecteurs, et mo

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