Survivre à la mort de ses enfants
174 pages
Français

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Survivre à la mort de ses enfants , livre ebook

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Description

« Écrire est en réalité vouloir lutter contre la fatalité, cette sorte de prédestination qui déterminerait le cours des événements de l'histoire des hommes d'une manière irrévocable et contre le hasard, cette imprévisibilité des péripéties qui arrivent insidieusement. » Il n'existe pas de mot pour désigner le sort d'un parent qui affronte la mort de son enfant. Jean-Claude Parcot a recours à la philosophie et à la théologie pour tenter de poser des mots sur l'indicible et comprendre dans quelle mesure une part de divin infuse nos vies. Comment accepter la tournure tragique du destin lorsque la mort frappe dans la fleur de l'âge ? La disparition de son fils et de son petit-fils laisse un vide impossible à combler, mais il trouve dans l'amour de ses proches l'énergie de poursuivre son chemin de vie. Ce récit sur l'expérience du deuil inspire une profonde compassion et constitue pour tous une leçon de sagesse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 décembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342158236
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Survivre à la mort de ses enfants
Jean-Claude Parcot
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Survivre à la mort de ses enfants
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
À Damien et Noé
 
«  Lorsque les hommes sont dans la lumière, ce ne sont pas eux qui illuminent la lumière et la font resplendir, mais ils sont illuminés et rendus resplendissants par elle.  »
Saint Irénée de Lyon (130-202 après J.-C.)
 
Préface
Je dois avant tout vous dire que j’ai lu plusieurs fois votre « méditation » – j’allais dire votre « testament » au sens du témoignage – peut-être même faudrait-il parler de votre « évangile » au sens de l’anamnèse et de la transmission de l’expression pascale : mort et lendemain(s) de mort. Les lectures successives ont été pour moi, à chaque fois, des expériences de très fortes émotions. J’ai du même coup assez vite abandonné l’idée de « corriger » un travail, même si certains arguments de type théologique – ou spirituel – auraient pu requérir une approche critique. Vous écriviez – et bravo de l’avoir osé – un récit : le récit d’une humanité crucifiée, interrompue… et pourtant capable de parler encore. Je ne peux que saluer le courage qui vous a habité et qui vous a permis de passer de la colère-tristesse à la capacité de poser encore et à nouveau un regard d’étonnement amoureux devant la vie.
 
Le point majeur qui retient l’attention (la tension), c’est évidemment l’événement et/ou l’annonce de l’événement. Or ce qui caractérise cet événement : cette brèche qui ne se refermera jamais entre le passé et le présent, le présent vide, le présent où tout semble devenu dérisoire. On imagine la douleur, sans jamais la toucher vraiment, car c’est la vôtre et vous ne pouvez pas la transmettre tant elle est violente. Seule la compassion – j’emploie à dessein ce mot complexe – la passion partagée dans la tendresse des tout-petits… seule la compassion peut entrer dans la blessure et dans la brèche. Nous sommes au Vendredi saint et plus rien n’existe hormis la croix.
 
Oserais-je vous dire que, du coup, vos digressions sur les plans philosophique (le mal et le malheur) et théologique (le procès de Dieu) m’apparaissent un peu décalées. Faut-il vraiment convoquer cette tentative (désespérée) de rendre compte de ce qui est proprement indicible : mourir dans la fleur de l’âge et le bonheur inhérent à l’étreinte de la montagne… et mourir de chagrin de voir partir, si tôt, ses enfants ? Oui, bien sûr, il faut tenter de mettre des mots – et voilà le soin de cette conscience bouleversée à jamais – et tenter de comprendre, c’est-à-dire de considérer la vulnérabilité et l’imprévisible de nos existences. Mais alors, peut-être laisser monter en soi la parole (dans ses manifestations les plus imprévisibles) : de la colère à ce nouvel amour, comme pour relever le défi alors même que les forces semblent nous manquer.
 
Peut-être serez-vous surpris qu’un philosophe fasse ainsi la critique du recours à la réflexion rationnelle et à la théologie systématique… J’ai longtemps réfléchi, de nuits en nuits, en veillant les enfants cancéreux du centre Léon-Bérard de Lyon, à la possibilité de penser encore quand un enfant meurt, quand votre enfant – celui qu’on a porté et serré dans ses bras – s’en va. Et je suis parvenu (le verbe n’est pas très bon) au seul silence : le silence qui suit le cri et qui vous fait parcourir le chemin intérieur de l’abandon. Seule demeure la question : pourquoi Seigneur ? Et déjà, à peine avons-nous risqué cette question, voilà que nous sommes plongés dans un baptême qui nous échappe, comme si nous étions au commencement du monde. Comme s’ils nous donnaient la main… pour que nous renaissions. Nicodème demande à Jésus : un homme peut-il renaître alors qu’il est devenu vieux ? Peut-il entrer à nouveau dans le sein de sa mère et renaître ? La réponse de Jésus – qui manifeste une réelle affection pour cet homme honnête et inquiet – a à voir avec le baptême de la mort ou de l’esprit. Si je vous parle de baptême, c’est parce que la mort de vos enfants a la forme d’un baptême : leur magnifique générosité, à l’un et à l’autre, les conduit à vivre pleinement leur passion et à s’accomplir dans ce passage qui a tous les aspects d’une Pâque. Entendons-nous bien : je ne veux, à aucun moment, insinuer que cette souffrance indicible – la leur et la vôtre – soit consentie ou risquée, de manière significative. Je veux simplement dire que cette mort a quelque chose d’une Pâque, quand on la laisse venir à nous, à la manière d’une naissance.
 
Pardon, si cette approche peut avoir quelque chose de choquant. Loin de moi les considérations qui viseraient à consoler : les parents qui ont « perdu » leur(s) enfant(s) sont inconsolables. Aucun mot n’existe dans notre langue pour dire l’expérience des parents – qui-ont-perdu-leur-enfant. Et la question subsiste, tenace et douloureuse : parviendrai-je à survivre à la mort de mon/mes enfant(s) ? En explorant vos nombreux chemins, historiques et familiaux, géographiques et culturels, religieux et sociaux, vous tentez de porter cette question de la survie. Mais comment renaître, dans l’esprit, c’est-à-dire laisser parler celui/ceux qui ont fait le passage et qui nous portent désormais.
 
Car tel est bien le chemin qui s’est ouvert. Vos enfants sont en vous et devant vous. Comment dès lors rendre compte de ce « mystère de la foi » qui n’explique pas mais qui « accomplit » ce qui reste pour nous incompréhensible ? La philosophie offre quelques concepts et figures comme l’enfant de l’Évangile avec ses quelques pains et ses poissons. Mais qu’est-ce que cela face à cette foule de questions qui nous cernent ? La théologie s’efforce de dire comment les croyants s’essayent à transmettre l’expérience du chemin, de Golgotha à Emmaüs. Ainsi que le formule très justement Paul Ricœur, face aux entreprises désespérées et infécondes de la théodicée, seule demeure la capacité humaine face au malheur. Oser, de manière quasi insensée, aimer face au malheur et aimer follement celles et ceux avec qui nous sommes embarqués dans la traversée (le chagrin et la tendresse, la foi perdue et quelquefois retrouvée).
Il y a, en cette manière de considérer les choses, ni résignation ni dérive piétiste, ni justification ni esquive. Le procès de Dieu – je veux dire de ce Dieu que nous représentons comme puissant, à la manière du maître horloger qui connaît chacun de nos mécanismes – est parfois nécessaire, parfois bavard. Pourquoi faut-il encore parler de tout cela, de cet ordre si fragile du monde et de nos vies ? Et si Dieu pleurait avec nous, lui dont le fils est mort écartelé ? Je crois en un Dieu qui pleure notre chagrin.
Il y aura des anniversaires et le discours silencieux et provocateur de la montagne, les Alpes et la cordillère des Andes. La montagne, superbe, qui fut et restera à jamais le lieu et le lien symbolique avec la transcendance. On ne pourra pas se souvenir. Ce n’est d’ailleurs plus un problème de souvenir car il y a une permanence de cette présence de ceux qui sont passés de la mort à… la vie, je le crois.
Ainsi, il faut écrire, car écrire comme parler fait du bien quand bien même on ne peut pas trouver les mots pour le dire.
Ainsi, le texte du récit a une double fonction : cathartique et liturgique (ou symbolique) : cathartique car il permet de mettre des mots, même maladroits, sur une souffrance qui peut en venir à détruire les mots eux-mêmes, liturgique car il peut s’inscrire dans le faire mémoire qui nous relie et, pour une part déterminante, nous relève.
Il faut donc continuer à écrire, car écrire c’est vivre et c’est habiter la brèche de la mort. Il faut offrir cette écriture comme on offre un peu de soi-même à ceux que l’on aime. Avec cette nuance, c’est que le soi, par expérience des larmes et de la mémoire offerte dans le texte, est désormais touché par la douce lumière qui entoure le visage de Damien et de Noé : le soignant et celui qui annonce une Terre de paix, l’un et l’autre en vous, en nous, devant nous avec le Fils.
Bruno-Marie Duffé Philosophe et théologien Lyon, août 2017
Une tragédie
La mort d’une personne n’atteint pas sans conséquences la vie affective de ceux et celles qui lui sont proches. En effet, elle rompt une relation soit amoureuse, familiale, amicale et, comme toute rupture relationnelle, elle s’effectue dans la douleur, la peine, la tristesse puisque la personne est de nature sensible. Mais les hommes et les femmes étant doués aussi de raison, sont-ils en mesure pour autant de comprendre, voire d’admettre la disparition d’un être cher ? La mort de parents âgés est certes une épreuve, mais elle s’inscrit dans l’ordre de la nature et de la raison humaine. Par contre, la perte d’un enfant ou d’un jeune homme ou d’une jeune fille est du domaine de l’incompréhensible. La mort de nos enfants, Damien et Noé, pleins de vie, amoureux de la nature, qui avaient un avenir prometteur devant eux, n’est pas due à leur exubérance, à une catastrophe naturelle, ni à la bêtise ou à la cruauté des hommes. Ils ont « dévissé », dit-on, sur le glacier alors qu’ils avaient l’expérience et le matériel nécessaire pour le parcourir. Mais pourquoi alors cette chute mortelle et donc cette tragédie qui provoque une souffrance indicible dans une grande famille.
La tragédie (2014-2015)
Exister
Dieu maîtrise-t

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