Tous les maux dehors, c'est la faute à Pandore , livre ebook

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« "Putain, quel choc, quelle envergure ! ... Brusquement, je me suis retrouvée tout en haut d'un pont reliant des falaises et surplombant un fleuve qui courait 2000 mètres plus bas, les pieds attachés à un élastique improbable prêt à craquer au moindre à-coup, et un revolver sur la tempe..." C'est une image, bien sûr, mais c'est la seule qui m'est venue à l'esprit, très forte, pour cerner cet état scabreux, nouveau, inattendu, totalement indépendant de moi, que je ne devais plus ignorer. Quel choix ! L'élastique représentait le quotidien qui pousse à agir, avec ses efforts à fournir constamment, sa fatigue, sa lassitude, mais aussi la satisfaction, ou plutôt, les satisfactions à chaque pas fait. Le pistolet représentait le renoncement et la condamnation à rester emprisonnée entre 4 murs, c'était la mort, la facilité surtout (le mot est violent, mais quel autre ?) ; certes, je ne me heurtais à plus aucun effort, plus aucune souffrance, mais je passais à côté de tout. "Je décidai de sauter... Le fleuve pouvait me réceptionner... Pour peu que les crocodiles dorment... Les piranhas aussi... Ou soient seulement occupés ailleurs, le temps de me laisser évacuer l'élément rafraîchissant mais hostile..." L'élastique a craqué et j'ai touché le fond... » Dans une introspection écrite avec beaucoup de sensibilité et d'humilité, Dominique Malgre se livre sur le cancer de l'âme. Durant sa longue plongée dans la dépression, puis le laborieux combat pour guérir, l'auteure a dû aussi affronter de tristes événements et faire face à d'innombrables incompréhensions. Ce témoignage montre la force de caractère d'une femme courageuse, malgré de grandes souffrances, et souligne également l'importance de pouvoir exprimer ses ressentis. Un ouvrage poignant, mais porteur d'espoir de guérison pour celles et ceux dont l'âme est rongée par cette vicieuse maladie si incomprise.

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Date de parution

20 juin 2019

Nombre de lectures

0

EAN13

9782342166781

Langue

Français

Tous les maux dehors, c'est la faute à Pandore
Dominique Malgre
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Tous les maux dehors, c'est la faute à Pandore
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
Pandore
Femme d’argile créée par Héphaïstos, rendue vivante par Athéna. Elle reçut des Dieux tous les dons. Zeus l’offrit en mariage à Epiméthée, frère de Prométhée. Elle apporta dans ses bagages, une boîte contenant tous les maux de l’Humanité, mais avec l’interdiction de l’ouvrir. Également dotée de curiosité par Héra, elle l’ouvrit. Tous les maux se répandirent sur la terre…
 
Seule l’ESPÉRANCE, resta au fond.
 
 « L’équilibre, c’est se sentir à sa place ».
 
Stephen Carrière
 
« La vie est ce qu’elle est, parfois bien difficile à comprendre, elle reste belle pourtant, par les défis qu’elle nous lance et les aventures humaines qu’elle nous propose. Les reconnaître nous incombe. »
 
Dominique Malgre
 
À Édith et Jean-Claude
Avant-propos
Je devrais, pour parler de ce qui suit, adopter un ton académique, par décence, parce qu’il y a des choses que l’on ne doit aborder, semble-t-il, qu’avec sérieux. Mais moi, dès que les événements sont passés et que, somme toute, malgré leur importance, ils se sont bien terminés, j’aime, non pas les tourner en dérision, mais les évoquer avec un détachement qui, à mon avis, évite une dramatisation éternelle, inutile et malsaine. Je suis comme ça, je veux le traiter à ma manière, j’espère avoir raison. Je ne parle pas d’occulter, il ne le faut pas, je veux juste en parler avec désinvolture… pour le minimiser. Ça me paraît indispensable.
 
Avant de commencer, je tiens à préciser, et cette précision est d’importance, que dans ma démarche, je ne cherche nullement à dire comment il faut faire, ni à mettre en cause qui que ce soit, il y a trop de moments différents, trop d’évènements différents, trop de gens différents dans le potentiel personnel de chaque vie pour oser prétendre que l’on ne se trompe jamais, moi comme les autres. Pour employer une expression d’aujourd’hui « quelque part », chacun se débrouille avec son héritage et son histoire. Ça veut tout dire, ça ne veut rien dire, ça n’implique personne et ça concerne tout le monde, mais ça me conforte dans l’idée que l’union fait la force. Pour se défendre, indiscutablement. Et peut-être aussi pour entreprendre, mais dans ce cas, elle est contrariée par des paramètres autres, complexes, qui la compliquent sacrément. Alors il faut juste dire pour s’en persuader, que seuls nous ne sommes et ne savons rien.
En fait, parler et cerner cet état est juste pour moi essayer de comprendre le pourquoi de ce bouleversement cataclysmique. Sans prétention médicale, et encore moins scientifique. Mais avec honnêteté des sentiments, indispensable pour rentrer dedans ; parce qu’il implique une remise en question complète. Il oblige à l’Authenticité.
Septembre 1989…
J.C. roulait devant moi, au volant de la 404, avec notre fille aînée, âgée de treize ans, et quelques affaires. Je le suivais, dans la 4L, accompagnée de notre cadette, âgée de douze ans, et du chien, tous deux assis parmi divers objets, notamment un porte-manteau orange fluo, à la tête de chien en peluche, point de repère visible à des kilomètres. La terrible sensation que j’allais m’évanouir ne me quittait pas. J’étais terrorisée, épuisée, accrochée au volant, consciente des vies que je véhiculais. Nous roulions depuis une heure et n’étions qu’à B rive, encore 368 km à faire ! Comment allais-je pouvoir ? Lui ne se doutait pas ; les talkies-walkies, pris pour nous relier, ne fonctionnaient pas. Oui, il ne savait pas, mais tellement protecteur, je devinais qu’il ne devait pas me lâcher des yeux. Ça me rassurait un peu, mais je devais avancer en prenant sur moi pour ne pas nous ralentir, nous avions de la route à faire et étions loin encore de notre but final. À ce moment-là, j’attribuais cette fatigue à ma nuit blanche, après tant d’efforts physiques et moraux, dernière nuit passée chez nos amis que nous ne reverrions peut-être pas de sitôt.
Et puis à la sortie de Brive, J.C. s’arrêta. Je ne compris pas pourquoi, mais heureuse de l’opportunité, je stoppai à côté de lui. C’est à cet instant précis que j’ai craqué. Il m’expliqua alors qu’il s’était aperçu de ma blancheur anormale et qu’il s’en était inquiété. Il ne tergiversa pas, acquiesça à ma demande, transféra tout dans son véhicule ; il était hors de question pour lui que je poursuive dans de telles conditions.
Quel soulagement pour moi cette compréhension, je ne pouvais effectivement plus suivre, c’était surhumain !
Assise à sa droite, je lâchai prise, m’abandonnant à la souffrance inconnue et oppressante qui me broyait le ventre, me barbouillait l’estomac, me vidait la tête, annihilait mes forces. Il me parla doucement, me dit son souci de me sentir derrière lui sans contact, et sa joie de me savoir à présent à côté de lui, et les enfants et le chien en sécurité. Je l’écoutais, mais ses mots me parvenaient assourdis ; j’avais l’impression d’être enveloppée d’un épais coton.
— Ça va aller, y’a pas de problème. Je reviendrai la semaine prochaine chercher ta voiture.
Mon état obligeait à la laisser dans un garage d’Aubazine, commune située à une petite vingtaine de kilomètres de B rive.
J’ignorais ce qui se préparait en moi, et aujourd’hui je dis « heureusement que je ne savais pas ». C’est un trait de mon caractère, je préfère découvrir que de savoir. Si j’avais su, découragée, je n’aurais – peut-être – pas lutté. De pernicieuses douleurs, au niveau du ventre et de l’estomac, avaient commencé à se manifester six mois avant, en mars, lorsque J.C. et moi avions décidé de déménager pour nous rapprocher de ma famille. La sienne aussi, par alliance.
 
Lovée dans le siège avant, j’appréciais d’être guidée. Cette attention et ce soutien immédiats me faisaient beaucoup de bien, me rassuraient. J’étais persuadée que mon malaise était passager, d’abord causé par l’appréhension du déménagement, puis par le déménagement lui-même, et également par l’immense émotion de revoir les miens, que je supposais tous autant heureux que moi de me voir me rapprocher d’eux définitivement.
Je crois qu’au fond de moi, j’avais toujours nourri l’espoir de revenir vers eux. C’est d’ailleurs ce que nous aurions dû faire en 1982, après notre séjour en Allemagne. Mais craignant les intrusions intempestives d’une première vie mal réglée, J.C. avait préféré à Lyon un lieu où sa famille alsacienne avait été évacuée, et bien accueillie, lors de la Seconde Guerre mondiale. J’avais accepté sans me poser de questions, simplement parce que j’avais l’impression d’être totalement satisfaite par la famille que nous avions fondée tous les deux. Oui, une fois sur place, ça irait incontestablement dans le bon sens. Certes ça prendrait peut-être un peu de temps, mais ça ne pouvait en être autrement ; tous à proximité les uns des autres, nous allions, unis dans le même désir, avoir le temps de parler, de nous parler, d’éclaircir les malentendus, de défaire les nœuds, de faire enfin disparaître les contentieux forcément devenus obsolètes avec l’âge, de privilégier les valeurs humaines et les rapports familiaux. Impatiente et naïve, je n’avais aucun doute là-dessus : ce bonheur tant convoité, pourtant simple, enfin retrouvé, ou plus justement enfin réalisé, me boosterait.
C’était une certitude pour moi, j’allais me remettre, et ce malgré la précarité de notre situation engendrée par un endettement que nous pensions provisoire, et l’état de santé très préoccupant de mon père.
Mais c’était sans compter sur la complexité de la maladie ; j’avais en moi une incommensurable joie et une profonde tristesse latente, intimement imbriquées.
 
Ce premier soir, nous couchions chez mes parents. Leur joie de nous savoir revenus près d’eux était palpable et faisait, presque, oublier les mots acerbes de ma mère au téléphone, quelques mois auparavant, lors de vacances passées pas très loin de chez nous.
— Nous sommes dans le Sud-Ouest, mais nous ne viendrons pas vous voir !
Mots très certainement lancés par grande douleur, mais ils étaient injustifiés, pas justes, culpabilisateurs, ravivant violemment mes manques. Par eux, ma mère fustigeait notre résidence éloignée et notre « indifférence », donc notre inutilité, pendant que s’imposaient à eux des circonstances dramatiques. En effet, mon père atteint d’une leucémie s’affaiblissait un peu plus chaque jour, et elle tenait à nous avoir tous les quatre près d’elle. Pas forcément pour agir, encore moins pour parler, mais pour montrer aux autres notre solidarité dans l’adversité. Je me souviens de ma panique, de mon immense chagrin, de ma douleur aussi, et de ma décision prise à l’emporte-pièce de tout quitter pour me déculpabiliser. De quoi ? Je ne sais pas, je réagissais en gentille petite fille inconsciemment rattrapée par des transmissions répétitives.
Combien de fois avais-je entendu cet adjectif mal employé par les adultes pour rapidement mettre fin à toutes attitudes enfantines dérangeantes : « Sois gentille ! » ou « Tu n’es pas gentille ! ». Je suis convaincue que ce reproche, incisif et hermétique, lancé au moindre geste fait ou au moindre mot dit par un enfant innocent, régulièrement répété, lui imprimera dans la tête une fausse connotation puisque son contraire es

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