Tu vis, tumeur... - Tome 1
366 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Tu vis, tumeur... - Tome 1 , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
366 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

C'est l'histoire d'un homme qui avance à tâtons dans une vie jusque-là sans surprises, bien ancrée dans sa confortable routine... Il vit seul, il semble bien, ses rêves sont devant lui, mais il ne sait les accrocher... Sa vie se déroule dans la lassitude ; fatigué de son travail, et des plaisantes et récurrentes visites de ses proches parents et de ses nombreux neveux qu'il aime tant... Il épuise ses weekends en lectures au parc Monceau et en s’asseyant sur son canapé face à la télé...

Bref, une vie tranquille, une vie sans histoires...

Jusqu'au jour où...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 août 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332946003
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright

Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-94598-3

© Edilivre, 2015
Dédicace

A mon père, qui m’a donné le goût du lire et de l’écrire…
Et qui m’a toujours suivi à tâtons, car j’étais dans le noir…
Citation

« Les enfants commencent par aimer leurs parents. En grandissant, ils les jugent. Parfois, ils leur pardonnent… »

– Oscar Wilde –
Echo de cloches…
C’était le lundi de pâques… Je m’apprêtais à rejoindre ma famille presque complète, chez ma sœur, en banlieue… J’étais d’une humeur intermédiaire, sans couleur, comme chaque matin, le temps que je ne me trouve une posture et des sentiments à vêtir pour la journée… A ma fenêtre sale, un gris maussade était drapé sur les toits, et un timide soleil, qui semblait hésiter entre des restes d’hiver et les promesses d’un printemps tardif, filtrait au travers… La météo n’a que très peu d’incidences sur mon état d’esprit, je crois, ça dépend… Je promène un peu mieux mon fardeau existentiel, parfois fantasmé, lorsque la lumière s’abandonne dans les belles tenues légères des Parisiennes… Il m’arrive alors de suivre du regard, avec un brouillon de sourire esquissé sur le visage, certaines démarches travaillées, légèrement vêtues… Je les regarde comme un marin suit son cap, jusqu’à ce que la foule les reprenne… Un sourire, c’est peu de chose, un brin de soleil, un brin de toilette glissé sur des cuisses hâlées, des fesses qui disent oui à gauche, puis non à droite… Indécises convoitises, elles accrochent le regard de dos, leurs tenues moulantes murmurant des mots qui invitent, dans leurs sensuelles pantomimes chaloupées… Mais de face, elles se bardent d’un visage éteint et hautain, conscientes de leur pouvoir sophistiqué, affectant de rejeter toutes approches aventureuses, avec un cruel dédain… Je ne fais qu’observer ces joliesses délicates, je me désagrège à l’idée de les aborder… Ce sont des fantasmes fugaces, épanouies en robes au soleil comme des fleurs… Les yeux en abeille, je ne peux que butiner ces nymphes apprêtées… Ce n’est pas réel… Juste un jeu d’attractivité prohibé, dont les règles m’échappent ou m’agacent… Supplice de Tantale non avoué…
Mais ce matin-là, buvant mon café dans un brouillard de fumée en volutes, je pensais à mes neveux et nièces, mes sœurs et mon petit frère… Au plaisir de les voir…
Le ronron asthmatique du petit chauffage soufflant de ma salle de bain concise résonnait depuis quelque temps déjà… Je me hâtais alors de finir le ménage studieux de mon studio… J’aime revenir chez moi dans un appartement rangé et propre… J’ai donc lavé les deux jours de vaisselle, en m’acharnant sur les reliquats de sauces variées, presque fossilisés dans le fond de mes assiettes… J’ai fait mon lit, ou plutôt j’ai paresseusement replié la couverture sur mon clic clac, sans le refermer… J’ai apporté un soin maniaque à de futiles détails, l’alignement de mes coffrets sur la table basse, le positionnement pointilleux de mes télécommandes, l’emplacement des deux cendriers, l’angle du tabouret… Et encore la disposition de chaque chose encombrant le plateau en wengé incrusté de padouk, que j’ai épousseté longuement, pour éliminer les miettes, la cendre et autres brins de tabac séchés… Un rapide coup de balai précis, une cigarette de plus, un encens brulé plus tard et j’étais sous la douche… Habillé, parfumé, lustré, coiffé aux doigts avec un excès de gel, ma bague au petit doigt… Un dernier coup d’œil dans ma glace, fin prêt…
Je suis sorti dans la rue tête baissée, les yeux sur le trottoir, dans mes pensées… J’adopte une posture naturellement voûtée, comme lestée par un insondable poids existentiel substantiel… Je me suis toujours tenu comme cela, ce qui me confère une prestance tordue, s’apparentant à une humilité démesurée, maladive même, comme un salut déférent japonais permanent pour contenance… Je suis d’une taille modeste, et cet affaissement du dos jusqu’au cou, me réduit un peu plus physiquement… Mais je l’assume pleinement, je n’ai jamais tenté une initiation forcée, un dictionnaire sur la tête, en défilant, le menton fier et le port altier, dans l’intimité de mon appartement… Je ne discipline mon maintien anarchique qu’en certaines situations précises : pour des photos de mariage, des entretiens d’embauche, lorsque je suis soumis à une importante tension, comme lorsqu’un crapaud buffle gonfle son corps sous la menace d’un prédateur ; ou encore lorsqu’une fille me sourit, lorsque je me croise dans une vitre miroir d’un immeuble, lorsque je suis captif d’une foule et que je cherche quelqu’un, lorsque je change une ampoule de plafond, lorsque je me rase sous le menton, lorsqu’un jeune m’appelle : « Monsieur, s’il vous plaît », lorsque que l’on contrôle mon identité, lorsque je sors d’une bonne nouvelle et toise les passants avec hauteur, lorsque je franchis la douane à l’aéroport, lorsque j’essaie une veste devant une jolie vendeuse, lorsqu’un proche intime me le signifie… ou encore… Je ne sais, la liste me paraît exhaustive… Le reste du temps je m’affaisse lamentablement… Ma mère n’avait de cesse de me dire : « Redresse-toi, tiens-toi droit », affectueusement… Aujourd’hui encore, de temps en temps… Mon père, lui, m’avait dit – devant ma copine de l’époque, avec son cynisme habituel, railleur et piquant – « Tu es petit et bossu ! »… Cela est presque vrai, mais ce vocable n’est pas adapté de la bouche d’un père qui s’adresse à son fils… Propos fielleux majorés en présence de l’aimée… Ce n’est pas convenable, je le crois… Cela m’avait vivement courroucé… Il était alors célibataire, et polluait mon bonheur de cette perfidie venimeuse suante de frustration… Il plastronnait devant elle en me dénigrant sans réserve, avec verve, comme si l’on était en compétition pour les faveurs d’une même femme… Conflit d’égo d’une ambivalence malsaine et freudienne… Il était seul et malheureux, je ne l’étais pas… Cette muette pensée m’avait alors provisoirement vengée, comme une paire de gants claquée, contre une joue outrageuse… Je lui ai dit, peu de temps après, pour laver et verbaliser l’affront, de front… Il avait alors bêtement ricané, comme chaque fois qu’il n’a rien à opposer ni répondre, avant d’éluder habilement, avec un vrai talent rhétorique… Constamment brillant sur la forme, admirable même, mais par instant, détestable aussi pour le fond, glissé finement et hypocritement entre les lignes… Une faconde parfois empoisonnée… J’ai pardonné une fois encore, ce comportement fat et insultant…
J’arrive au croisement, passe le boulevard dans cette rue dont je ne connais toujours pas le nom, puis je m’engouffre dans le souterrain carrelé de blanc…
Métro Malesherbes, ligne 3, dans une rame grouillante d’usagers agglutinés et renfrognés, pianotant compulsivement sur leurs smartphones, écoutant de la musique trop fort ou lisant, distraits, leurs journaux gratuits… Je n’ai pas réussi à me concentrer sur quelqu’un en particulier, pas un regard intriguant, un visage féminin avenant, ni de conversations pittoresques à épier… C’est un conglomérat disparate, une foule de jour férié dans les transports en commun, des anonymes taiseux et soupçonneux… Le temps de reprendre le fil de mon roman, et j’étais à Saint-Lazare… Mon livre à la main, j’ai sorti ma montre à gousset en cuir, et avisant l’heure, j’ai joué de l’épaule comme on se fraye une piste au coupe-coupe dans une végétation torturée… J’ai roulé une cigarette en regardant le tableau d’affichage, puis je l’ai fumée jusqu’aux ongles sur le quai, au mépris délibéré de l’interdiction, avant de monter dans mon train pour Colombes… Trois stations, le temps de quelques pages… Une voix mal assurée et suppliante est venue briser la suave harmonie sommeillante des passagers… C’étaient des mots qui s’efforçaient d’être déclamés avec force pour être convaincants, mais qui restaient gauches et hésitants… Des mots qui sentaient l’alcool que l’on se baisse pour acheter, et le tabac que l’on vous donne… Des mots comme : « Je suis désolé de vous importuner pendant votre trajet… je sors de psychiatrie, je n’ai pas le RSA, je n’ai nulle part où dormir, je n’ai rien à manger… peut-être… l’amabilité d’une petite pièce ou d’un ticket restaurant… pour manger… me maintenir propre… garder ma dignité… merci de votre attention… et bonne journée… ». Mais cette voix implorante s’est perdue dans le léger chaos mécanique du train, et a laissé place à l’indifférence feutrée et l’indignation rentrée des voyageurs… Personne n’a regardé cette ombre passer, personne n’a vu cette main fébrile qui n’osait se tendre, honteuse… Pauvre importun, tu déranges la placidité harmonieuse et silencieuse du wagon… Il y a des préceptes convenus et informels, presque protocolaires : pas d’indiscrétions tapageuses… Si quelqu’un parle fort, on se retourne vers lui, désapprobateurs, si en plus un autre quelqu’un parle fort pour quémander, on se détourne ostensiblement de lui, modérément outrés…
Je me suis demandé pourquoi l’on entendait toujours ces mêmes phrases, cette litanie courbaturée ? Existe-t-il une formation expérimentale, dans les centres d’accueil pour désœuvrés, où l’on enseigne cette pathétique ritournelle ? Possible que cette pauvre élocution se transmette plutôt dans les rues, sur des bancs de hasard, une maigre pitance sous le manteau, une couche de cartons et un mauvais rouge vinaigré à ses pieds pour seuls biens… C’est culturel, comme dans tout microcosme social, les anciens transmettent aux novices… Ou alors, c’est tout bonnement dans les rames qu’ils découvrent ces refrains en usagers, avant d’être à leur tour dans le besoin… Mais c’est assez inefficace apparemment… Les gens paraissent blasés et privés d’empathie, face à ces nombreuses sollicitations perm

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents