Un enfer sur terre engendré par l intimidation à l école
79 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Un enfer sur terre engendré par l'intimidation à l'école , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
79 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

L’apparition récente du terme "bullying" n’est pas concomitante de l’avènement de ce phénomène de harcèlement-intimidation dans les cours et salles d’école. Il faudrait ainsi revenir sur le passé et dénombrer tous ces jeunes sacrifiés que l’on n’a pas entendus ou compris... Et, parmi eux, G. Mazerolle, qui relate une scolarité placée sous le signe des coups, des insultes, de l’acharnement, des passages à tabac, des brimades... Au point que son existence devint un calvaire devant le mener à l’échec... Au point que tout son avenir s’en trouva longtemps obscurci. Retour donc, à la première personne, de manière brute, saisissante, directe, sur les modalités et répercussions du "bullying". Les autorités ont pris bien trop tardivement la mesure du "bullying", laissant ainsi de nombreux enfants – devenus adultes depuis – dans des situations précaires et cruelles. Le témoignage de G. Mazerolle, s’il revient sur les faits qui ont rythmé son enfance, a ainsi encore le mérite de pointer la déréliction dans laquelle les enfants victimes et leurs parents ont été enfermés. Sans concession aucune, ce récit éloquent replace les principaux tenants de ces drames humains dans leurs rôles et responsabilités: aux harcelés de dire leurs souffrances, aux parents de les protéger, à l’école de prévenir ces comportements et d’agir en conséquence, et aux coupables de prendre conscience de leurs conduites destructrices.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 octobre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748369854
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un enfer sur terre engendré par l'intimidation à l'école
Gérald Mazerolle
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Un enfer sur terre engendré par l'intimidation à l'école
 
 
 
Je tiens à remercier ma mère qui, en décembre 2009, a écrit une cinquantaine de pages sur mon enfance. J’ai beaucoup apprécié ce geste qui m’a incité à révéler tous les secrets trop longtemps enfouis en moi. Il fallait que cela sorte. Merci, maman.
 
 
 
Un gros merci également à mon épouse pour avoir eu le courage de m’épauler durant tous ces jours de combat.
 
 
 
Il ne faut surtout pas oublier mon ange gardienne, celle qui m’a accompagné sur le chemin de la vie. Je respecterai sa volonté de ne pas dévoiler son identité et ne la nommerai pas. Mille fois merci pour tout ce qu’elle fait pour nous autres. Sans elle, je serais clochard aujourd’hui, et sans possibilité de m’en sortir.
 
 
 
 
 
 
 
L’école est avant tout une institution offerte à la jeunesse qui, par l’éducation, vise un avenir prospère.
 
Pour tous les enfants d’aujourd’hui, l’avenir est en effet de plus en plus prometteur. Ces jeunes ont l’occasion d’avoir une meilleure éducation que leurs parents.
 
Voici le récit d’un jeune garçon qui a commencé sa vie avec des ambitions plein la tête. Il désirait notamment pouvoir devenir un jour comme ses parents et organiser sa vie comme les émissions télévisées actuelles le préconisent. Il se disait que la vie était belle :
— Moi, je vais faire beaucoup de choses. J’aime la musique, j’ai déjà un petit instrument qui me rend heureux et qui me permet, en bougeant les doigts, de sortir des sons agréables.
 
Mon fils avait du talent en musique.
 
À cette époque, le mot « intimidation » n’existait pas pour nous, les parents. Ce ne fut que des décennies plus tard qu’on commença à parler de «  bullying  » et qu’on entendit le récit de scènes horribles qui s’étaient déroulées sous les yeux de personnes qui ne semblaient rien voir ou entendre.
 
Comme bien des parents, lorsque notre premier fils a pris le chemin la maternelle en 1963, nous avions des rêves. Nous imaginions l’avenir de nos enfants en couleurs. Comme nous les confions à des personnes responsables et chargées de prendre soin d’eux, nous étions sereins et confiants.
 
Cela ne s’est pas passé comme prévu pour nous. Je suis encore bouleversée par ces événements et lorsque je me couche, j’ai toujours une boule à l’estomac. Ce sera sûrement le cas pour le reste de ma vie.
 
Si aujourd’hui je fais l’effort d’écrire un tel journal, c’est pour mon fils et pour moi, qui avons longtemps gardé des séquelles. De toute façon, je n’ai plus rien à perdre. Si ce récit peut aider une ou deux personnes à sauver leur identité et à se prendre en main, mon but sera atteint. Alors que de nombreux enfants continuent de souffrir de harcèlement dans l’indifférence générale, ce livre est un bon moyen d’aller de l’avant et constitue pour moi un exutoire.
 
À la maison, j’avais fait de mon mieux car on disait qu’un jeune bien élevé partait dans la vie avec de bonnes bases et savait différencier le bien du mal.
 
Dès son entrée à l’école, les intimidations ont commencé. Comme mon fils arrivait toujours en premier et était deuxième de sa classe, on lui lançait :
— Ah, le fils à sa mère ! Regarde-le, il fait son fin !
Pour le rassurer, je lui disais :
— Laisse-les faire, ils vont finir par se fatiguer.
Il restait donc poli tandis que les écoliers continuaient de crier :
— Ah ! Le petit fils à sa mère qui arrive !
Je ne parlerai pas de lui puisqu’il a fini par s’en sortir.
 
Mon deuxième fils a fait sa rentrée comme tous les autres enfants de son âge. Je me souviens que pour la première journée, son sac était mince : des cahiers, des crayons, une gomme à effacer,…
 
Il n’a fallu que l’espace de quelques semaines pour que la bousculade montre le bout de son nez. Le vent soufflait encore du mauvais bord… Sa première année de classe l’a déboussolé. On le poussait et on lui disait qu’il était fou et « mongol ». Ses camarades le surnommaient « la girafe » parce qu’il était le plus grand de sa classe. En rentrant à la maison, il nous disait :
— Maman, les élèves rient de moi ! Je veux rester à la maison. Je ne veux plus y aller.
Avec raison, cela le dérangeait.
J’essayais de l’encourager :
— Tu sais, mon fils, pour réussir ma vie, il m’a fallu moi aussi faire des sacrifices. J’ai été envoyée au couvent deux fois, je n’aimais pas cela et je m’y ennuyais à mort. Mais j’étais obligée d’obéir à mes parents. Aujourd’hui, tu vois où j’en suis. J’ai réussi à me débrouiller.
 
Mais cela ne semblait pas entrer dans sa tête . En janvier, il n’avait toujours pas d’ami. Personne ne lui proposait de jouer. Il n’avait que des événements désagréables à me raconter.
 
Avec les semaines et les années, le problème s’est aggravé et tout est devenu noir dans sa tête. Il y avait toujours quelqu’un qui lui donnait des coups. Le son de la cloche annonçant la récréation, qui aurait dû être une récompense de quinze minutes, était pour lui comme une sirène, comme un glaive au cœur, une corvée qui le rendait malade. Impuissant, il préférait rester en classe pour sauver sa peau. I l savait ce qui lui pendait au nez.
 
Je lui prodiguais toujours les mêmes conseils :
— Tu dois les ignorer. Qu’est-ce que tu leur as fait pour qu’ils t’en veuillent comme ça ?
— Tu sais, maman, je n’y suis pour rien. Ils se mettent à quatre et me poussent, me pincent et me tasse nt dans un coin. Comment veux-tu que je me défende contre ce groupe ? J’ai bien trop peur d’eux pour faire quoi que ce soit ! Je n’ai pas la force qu’ils ont, ils sont plus puissants que moi.
 
Pour y voir plus clair, j’insistais :
— Mais pourquoi eux racontent-ils la même histoire au professeur et directeur ? Ils disent que c’est toi qui viens les chercher.
Parole sur parole, je finissais toujours par dire :
— Dans la vie, il faut être honnête, sincère et pardonner aux autres.
 
Là où nous habitions, nous n’avions pas accès à l’autobus scolaire. La loi exige en effet de vivre à un mille au moins de l’école pour y avoir droit. Il nous fallait donc l’amener et aller le chercher matin, midi et soir. Tous les jours, mon fils me racontait le martyre que lui faisaient vivre certains jeunes. Comme je n’étais pas du genre à me battre avec tout le monde, j’essayais de l’apaiser au mieux en lui disant d’oublier ces attaques auxquelles rien ne pouvait remédier :
— Si tu sèmes la vengeance, tu ne seras pas bien dans ta peau. La vengeance n’améliorera pas tes relations avec tes camarades d’école. Par la suite, il y aura toujours des répercussions. « Œil pour œil, dent pour dent. »
 
Il refoulait ses douleurs. Le pire dans toute cette malheureuse histoire, c’est qu’il avait raison et que je ne le croyais pas. Oui, mon propre enfant disait la vérité pendant tout ce temps. Et dire que les professeurs savaient… Il était la risée de tout le monde partout où il allait et moi aussi.
 
Aujourd’hui, je sais que cette violence brutale et intense est toujours présente chez ces intimidateurs, qui continuent à tout détruire sur leur passage. Ces individus dénaturés tentent de le cacher, mais il s’agit d’un plaisir ancré dans leur peau pour la vie. Ces crapules sont malades . Lorsque je les croise, je me demande souvent si leurs parents savent ce qu’ils nous ont fait subir.
 
 
Toujours est-il que ces brutes continuaient leurs sauvageries. Ils pinçaient mon fils en tordant la peau, ce qui est plus douloureux. À chaque fois, sur son banc d’école, mon fils sursautait et poussait un cri, comme tout un chacun dans pareille situation. Mais le professeur n’aimait évidemment pas qu’il attirât l’attention de cette façon-là, car il distrayait la classe. Il était alors envoyé en pénitence dans le corridor ou à la direction.
 
Même le week-end, les «  bullyers  » le surveillaient. Par contre, à la maison, lorsqu’il s’installait au piano que je lui avais acheté, il était moins tendu. Il passait une bonne heure à jouer des ballades ou de la musique populaire. C’était sa façon d’oublier un peu.
 
Notre fils finit par perdre complètement le désir d’apprendre, et des lettres de la direction nous apprirent bientôt que son avenir dans cette école était menacé.
Le rejet, le bullying et les moqueries ont des conséquences majeures sur l’enfant qui en est victime. Les blessures demeurent pour la vie, à moins que le jeune ne parvienne à s’en sortir par lui-même. Ceux qui n’ont pas cette chance se referment sur eux-mêmes et ne veulent plus aller à l’école, cet enfer.
 
Ainsi, notre fils, outre ses difficultés scolaires, a développé des problèmes de santé, de perte de concentration en classe, de sommeil, d’estime de soi et que sais-je encore. Le harcèlement a brisé son équilibre psychologique d’enfant. Ce n’est pas évident d’être rejeté par ses pairs. Rien de plus facile alors que de tourner la tête. Trop de problèmes pour évaluer l’ampleur d’un désastre qui pourrait avoir des conséquences à très long terme !
 
À chaque fin d’année, les professeurs s’abstenaient de prendre notre fils dans leur classe, car il était vu comme un jeune rebelle. Mais quand j’y pense, à sa place, qui ne l’aurait pas été ? Dans ses bottes, moi aussi j’aurais été révoltée ! Encore une fois, je ne peux m’empêcher de me fustiger de ma naïveté. Je pensais que l’école était l’endroit la plus sûr pour un enfant. Elle est censée être protégée et bien surveillée ! Comment savoir ce qui s’y passe vraime

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents