Un exil québécois ou Les tribulations d’un immigrant au Canada
94 pages
Français

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Un exil québécois ou Les tribulations d’un immigrant au Canada , livre ebook

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Description

Obligé de quitter précipitamment Sherbrooke, l’auteur, jeune étudiant débordant d’enthousiasme et de confiance en son avenir, se retrouve en galère dans la grande ville de Montréal. Las, il trouve rapidement un boulot de monteur de pièces. Mais la mission se révèle de courte durée et, notre ami se voit contraint d’accepter une succession interminable de jobs d’appoint, tout en continuant de plancher sur son mémoire et d’espérer des lendemains meilleurs. Alors qu’il occupe un poste de déballeur, il se lie avec ses collègues de travail, immigrants comme lui, de surcroit haut diplômés aux capacités intellectuelles certaines, qui vont devenir ses « collègues d’infortune ». Et voilà que petit à petit, leur statut de naufragés de l’immigration, abonnés aux emplois précaires peu rémunérés contrariant toute faculté à rêver et l’existence qu’ils avaient imaginée, opère un déclic chez l’auteur et l’amène à s’interroger sur leur condition d’exilés. Ainsi, sur fond de réflexion existentielle propre à l’essai et teintée d’autobiographie, se succèdent les récits épiques de Yanguido qui conte ses pérégrinations sans fin, de Dieudonné l’érudit qui a fui sa patrie pour conserver toute son honnêteté, ou de Docteur, chirurgien dans son pays natal, reconverti en chauffeur de taxi sur le territoire québécois. Outre d’enfoncer des portes ouvertes, l’écriture, aux prises avec les ambiguïtés de l’exil, se décline plus que jamais en exutoire thérapeutique, en art salvateur, dans ce récit.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 avril 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782414209194
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-20920-0

© Edilivre, 2019
À Mo’Diouhé Sambayabhès, Dian Djénaba Santou, inestimables parents.
À la mémoire de Mama’Saliou Barry, chérubin de frère trop tôt disparu.
Pour Adjidjatou Barry Baud, maman ange gardien.
Très certainement une broutille de gratitude vu l’incommensurabilité de tout ce dont je leur reste redevable.
« Voici le misérable étranger. Il ne demeure pas au même endroit. Ses pieds cheminent sans trêve. Depuis l’époque d’Horus, il combat, il n’a pas la victoire, il n’est pas vaincu. »
Une tablette égyptienne, d’après Martin Buber (Moïse).
« Ici, sur les pentes des collines, face au couchant
Et à la béance du temps,
Près des vergers à l’ombre coupée,
Tels les prisonniers,
Tels les chômeurs,
Nous cultivons l’espoir. »
Mahmoud Darwich (Etat de siège)
« (…) il s’est rencontré un homme, un rêveur occupé à observer la nature au profit de l’art, un philosophe, un poète, que sais-je ? dont cette idée a été la fantaisie, qui l’a prise ou plutôt s’est laissé prendre par elle, et n’a pu s’en débarrasser qu’en la jetant dans un livre. »
Victor Hugo (Le dernier jour d’un condamné)
Avant-propos
Inquisiteur et introspectif, cet ouvrage relève de la palinodie et ne se veut aucunement un réquisitoire de mon vécu québécois, encore moins de façon générale une savante tirade migratoire de plus ou une certaine verve tonique aux accents d’homélie de Robin des Bois de la plume, faute d’être une allocution misérabiliste implorant la pitié des hommes. Il convient d’ailleurs de rappeler, ici de quoi, je l’espère, prévenir d’éventuelles suspicions de pessimisme voire d’acrimonie susceptibles d’être prêtées au propos, les cas de réussite d’immigrants qui sont légion au Québec et ailleurs dans le monde.
Je m’attèle juste, dans ce travail, à relater et à analyser si possible mes aventures d’immigrant ainsi que celles de mes compagnons d’aventure – immigrants qualifiés tout aussi remplis d’ambitions et de rêves que moi à l’arrivée, aux nombreuses attentes encore à concrétiser –, rencontrés au cours de mes pérégrinations professionnelles à travers Montréal. Imbu du double droit, légitime et indéniable en principe, de me questionner d’abord sur la réalité migratoire au Québec à laquelle je suis avant tout partie prenante, ensuite sur celle du pays d’émigration dont je suis originaire.
Les faits rapportés dans cet ouvrage eurent-ils un déroulement tout autre, cela n’aurait d’une façon ou d’une autre en rien entamé ma volonté de témoigner de mon vécu, imprégné du ton et de l’état d’esprit de ce vécu-là. Je tiens davantage à préciser qu’au premier chef ce projet d’écriture, quelle qu’en soit l’issue, procède d’une soif de comprendre doublée d’un attrait pour la plume, avant de se muer en désir de témoigner, que d’un quelconque dessein personnel.
Pour tout dire, au départ, mon idée consistait à réaliser une fiction romanesque en vue de camper la vie de l’immigrant qualifié au Québec. Ainsi, de fil en aiguille j’en étais arrivé à élaborer une architecture d’ensemble de mon projet de roman ; puis à entreprendre la rédaction de mes premiers chapitres, aussi bien quand l’inspiration et l’envie me venaient, et que ma disposition occupationnelle me le permettait. Jusqu’à naguère, quand je baignais dans l’univers étudiant aux fins de ma maîtrise, je tenais encore fermement à cette idée-là.
Un fait m’ayant profondément marqué, allait toutefois chambouler mes projets romanesques et m’inciter à tout revoir, lorsqu’au cours de la rédaction de mon projet de mémoire de maîtrise je fus amené à travailler parallèlement. Il s’agit, très précisément, de ma rencontre à Montréal avec ces immigrants fins lettrés, diplômés en tous genres (journalistes, médecins, économistes, juristes, ingénieurs, artistes, étudiants, etc.) trimant cois dans l’affairement de lieux de travail peu ou prou en rapport avec leurs qualifications, ici et là à travers la ville. Autrement, l’immigration ne m’est pas un phénomène nouveau, pour avoir transité par l’Europe avant de m’installer au Canada.
De simple étudiant de maîtrise en rédaction, espérant une bien meilleure situation en lieu et place des petits jobs que je pratiquais occasionnellement, et dont la fréquentation du système éducatif québécois décuplait l’espoir d’une intégra-tion sans grandes difficultés, je cédai progressivement au doute puis à la confusion, pour finir tenaillé de pessimisme en découvrant l’impasse (le risque de marginalisation !) à laquelle pouvait me mener mon exil. Et ce, d’autant plus que la société a toujours érigé en axiome manifeste l’école, les diplômes en garantie plus ou moins certaine de s’en sortir dans la vie : cruel désenchantement, à vrai dire, qui avait opéré en moi par une lente prise de conscience appelée à déboucher en une vive curiosité.
Me voici à présent à arpenter le parcours du combattant du nouvel arrivant désespéré, le mal du départ le disputant au dépaysement de l’arrivée. Voici à présent venu le moment d’éprouver le calvaire du docteur ès sciences ou la désolation du médecin immigrant reconverti en chauffeur de taxi à Montréal pour les besoins de subsistance, et aussi ceux de tenir à flot les restes du rêve d’ailleurs meilleurs. Puisqu’ayant réchappé à la mortification du maîtrisard commis à la réception en centre d’appels ; mais inexorablement happé et tenu en laisse par les préoccupations de survie quotidiennes – temps d’épreuves qui, pourtant tous, avaient abondamment nourri mes lectures comme par présage.
Au fil du temps, je m’étais aperçu que ces hommes et femmes (mes compagnons d’infortune immigrants, au fait) côtoyés au jour le jour, loin d’être des gugusses peu futés ou de quidams intellectuellement inaptes à de quelconques emplois plus qualifiés, avaient eu à peu près le même parcours académique et professionnel que moi – voire un vécu plus fourni que le mien –, nourri les mêmes ambitions que moi ; malencontreusement (par déveine ou à contrecœur) ont quitté leur pays et se sont retrouvés de simples bras valides à disposition comme bon lui semble du travail de survie, au lieu que leurs cerveaux pourtant bien remplis ne profitent assez ni à leur pays d’origine ni à celui d’accueil. Le triste sort de ces têtes pleines laissées-pour-compte s’avérait en réalité le reflet du probable destin qui m’attendait. En en jugeant tant soit peu au gâchis que pouvait occasionner le capital intellectuel universitaire d’un émigrant.
Dès lors, il me parut plus indiqué de troquer mon projet de roman pour une sorte d’essai et de texte autobiographique, factuel, basé sur mon vécu, afin d’évoquer ma condition d’immigrant paumé, et plausiblement répondre à la lancinante intrigue suscitée en moi du fait d’observer des individus hyper qualifiés, immigrants, au parcours de vie riche de surcroît, se contenter de survivre de petits boulots à priori irrémédiablement, tout au moins pour une longue durée.
Je découvris du coup par là un terreau fertile à une poursuite de la réflexion sur l’immigration entamée dans mon projet de mémoire.
Cependant, en optant pour un travail plus réaliste (du moins je l’estime), plutôt que pour mon projet de fiction romanesque de départ, je ne prétends aucunement me faire le héraut de tous les profils et itinéraires migrants au Québec, bien entendu. Encore moins n’insinué-je ici une tentative, vaine qu’impossible dans tous les cas, de restitution partielle, complète, a fortiori caractéristique du parcours de l’immigrant qualifié au Québec, ou du phénomène migratoire dans sa globalité. Je ne revendique, point non plus, une investigation sociologique, anthropologique, ou une quelconque œuvre académique qui rivaliserait avec l’éventail déjà bien fourni des modèles de parcours migratoire.
En définitive, qu’il me soit permis de clamer haut et fort, faisant miens ces propos de Romain Rolland : « Je n’écris pas une œuvre de littérature [a fortiori de science]. J’écris une œuvre de foi. »
C’est avant tout mon propre vécu, et, partant, celui d’hommes et de femmes que mes pérégrinations principalement à Montréal m’ont fait rencontrer, que je relate par le biais des lignes qui vont suivre.
Les autres réflexions sur l’univers migrant (notamment le chapitre 5, pourvu que c’en soit un !), développées en même temps dans cet ouvrage, s’inscrivent dans la continuité de ma préoccupation originelle de vouloir identifier et comprendre au-delà de mon parcours migratoire, la force motrice, le stimulant qui fait scotcher des individus qualifiés, en mal de reconnaissance de leurs compétences académiques et professionnelles, à de tâches précaires. D’où cette étrangéité tient – elle sa raison d’être ? de l’instinct de survie, après tout ? à la fermeté de la résolution, d’une part ? à l’obstination de réussir à tout prix, d’autre part, cumulée de l’attentisme en quelque sorte qu’impose la perspective de projets ? serait-ce de l’obligation parentale de la famille à nourrir ? ou bien cet état de fait découle-il de l’impossibilité de retour au pays d’origine pour une raison ou une autre, tout au plus de l’implacabilité de la lutte pour la survie en exil qui ne laisse guère de choix ? faudrait-il y voir ou pas, sinon, des raisons liées à d’éventuels ratés et imperfections de la politique d’intégration sociale du pays d’accueil produisant donc par mégarde des marginaux (professionnels, sociaux, culturels) dans tous les sens ? conviendrait-il, somme toute, d’imputer la marginalité de l’immigrant qualifié au Québec à lui-même au nom de tas de raisons certes à priori pas insurmontables ?
Ces questions et d’autres réflexions, suivant des approches personnelles, différentes, interpelleront quasi-certain

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