Une jeunesse désenchantée
104 pages
Français

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Une jeunesse désenchantée , livre ebook

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Description

« C’est ainsi qu’un soir, ayant elle aussi bénéficié de la séance, je parvins à l’aborder, non sans une certaine maladresse, et à connaître enfin son nom. Elle s’appelait Michèle et à dater de là, ce fut une correspondance ininterrompue entre nous deux par le biais des filles de terminale qui venaient en cours au lycée de garçons. J’ai encore le souvenir de ses enveloppes bleu azur qui m’étaient transmises et que j’attendais avec une incroyable impatience. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 février 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342000481
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une jeunesse désenchantée
Étienne Giret
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Une jeunesse désenchantée
 
 
 
 
Introduction
 
 
 
La jeunesse, c’est un peu l’antichambre de la vie, le temps où l’on épie chaque geste, chaque attitude de nos parents afin de les répéter plus tard, mais c’est aussi le temps où l’enfant a le plus grand besoin de se sentir soutenu, épaulé, de se sentir considéré comme un élément indissociable d’une famille qui ne pense, n’agit qu’au travers de son amour pour lui et de ses intentions profondes de le faire s’épanouir dans un monde où il soit heureux.
 
En vérité, ces sentiments, j’ai rarement eu l’occasion de les ressentir et c’est un peu cela qui a forgé ma vie d’adulte, attaché uniquement à l’instant présent, et incapable d’imaginer et surtout de construire un projet cohérent pour le futur !
 
Ce fut un peu cela ma vie, même si certains moments furent souvent couronnés de succès et parfois même dignes d’une certaine fierté, je sens viscéralement au fond de moi que ce profond désenchantement a dirigé ma vie et m’a tout simplement empêché d’être heureux comme j’aurais pu l’être.
 
 
 
De famille en famille
 
 
 
Je suis petit, frisé, fragile et déjà assez mal dans ma peau, car je ne sais pas très bien où je vis.
J’étais pourtant bien à Bruncan, la maison était grande avec une petite cour et un garage pour la voiture.
Maman et Papa sont là, ensemble, je vais un peu à l’école mais cela ne me plaît pas trop car sitôt un travail fini, il faut en recommencer un autre ! Je joue avec deux bœufs en bois attelés à une charrette, mais le plus intéressant c’est bien d’aller garder les vaches avec le voisin.
Mais, j’en garde un mauvais souvenir le jour où je suis allé exciter les abeilles dans une ruche avec un grand bâton : j’ai été piqué de la tête aux pieds !
C’est d’ailleurs à peu près tout ce qui me reste de cette époque, où ma vie pouvait être considérée comme normale.
 
À partir de là, les choses se sont gâtées et à mon grand désespoir, j’ai vu ma vie basculer inexorablement vers la peur et la médiocrité.
Suite à un accident de voiture où le transfert d’assurance n’avait pas été fait, mon père a dû revendre la maison où je me sentais pourtant si bien. Mes parents se sont séparés et j’ai quitté les Pyrénées pour partir en région parisienne avec ma mère.
À partir de là, ce fut une suite incessante de placements plus ou moins heureux en familles d’accueil selon les besoins de ma mère.
En fait, les souvenirs que je conserve de cette période sont ceux qui ont été émaillés de faits bien précis qui ont marqué à tout jamais ma mémoire.
Nous habitions une grande maison de ville à Saint-Ouen-l’Aumône, en Seine-et-Oise, à proximité de mon école et d’une petite place où il y avait souvent de grands manèges qui me plaisaient beaucoup.
À l’aide d’une camionnette, ma mère faisait de la vente à domicile en vêtements dans les campagnes de l’Oise et de la Seine-et-Oise.
En fait, elle s’adressait à des gens qu’elle connaissait bien puisqu’ils faisaient déjà partie de la clientèle de mes grands-parents.
Un jour, afin de se libérer quelque peu de ma présence, elle décida de me laisser en pension chez une cliente à elle, contre rétribution bien sûr.
C’est une petite maison fermière d’un village de l’Oise, « la longue rue » où le mari est chasseur et travaille dans une ferme proche.
J’aime beaucoup la campagne, mais je n’avais pas compris qu’il s’agissait d’un placement et lorsque ma mère est montée dans sa camionnette pour s’éloigner, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, maudissant ces personnes que je ne connaissais pas et qui allaient désormais me servir de famille !
Je ne comprenais pas. Pour moi, la vie était toute simple : c’était de vivre auprès de mes parents.
Quelques semaines après, lors d’un nouveau passage de ma mère, cette horrible aventure prit fin.
J’avais trouvé dans la cour une balle de carabine et voulant vérifier ce qu’elle contenait à l’aide de d’un caillou, la balle explosa en me perforant le mollet.
Bien qu’ayant saigné abondamment, ce petit accident se termina sans gravité et me permit, au contraire, de quitter cette « pension » que je détestais.
À partir de cet échec, ma mère prit un peu de temps pour réfléchir à la meilleure façon de me caser.
À un moment donné, j’ai été placé dans une famille à Senots, toujours dans l’Oise, qui avait déjà en pension mon frère Roland, handicapé moteur. De ce court stage, je n’ai que des souvenirs très flous, si ce n’est que j’allais à l’école tous les jours et que ma maîtresse était très gentille.
À cette époque, je devais avoir environ cinq ou six ans et étant souvent affecté par une bronchite chronique, un médecin de Saint-Ouen-l’Aumône avait conseillé à ma mère pour ma santé de me renvoyer vers l’air pur les montagnes !
 
 
 
Ma période dans l’armée : 83, Hyères (côte d’Azur)
 
 
 
C’est ainsi que vers la fin du mois d’août 1964, j’eus la surprise de recevoir ma convocation au courrier du matin. Je devais me rendre à Hyères dans le Var, pas loin de Toulon pour le 3 septembre au matin.
À vrai dire avant le départ, le fait de partir assez loin dans un lieu que j’imaginais accueillant et, de toute façon, ensoleillé, me plaisait beaucoup. Il est vrai que les pluies et les brouillards de la région picarde avaient eu, petit à petit, raison de mon optimisme habituel.
Le soir du 2 septembre, je me retrouvais donc à Méru en partance pour Toulon via Paris et Marseille. Ma mère m’avait paru quelque peu soulagée par mon départ, et je la comprenais un peu.
Le voyage fut assez long et pour le moins inconfortable avant d’arriver à Marseille le lendemain matin. Là, je pris un train pour Toulon et j’en profitais pour découvrir les magnifiques paysages de la côte d’Azur tout au long du voyage. À l’arrivée à la gare de Toulon, les militaires étaient déjà là pour nous rassembler et nous diriger vers les camions GMC qui nous attendaient pour rejoindre Hyères.
Le parcours fut assez rapide pour arriver à la caserne, située à la sortie de la ville sur la route du Lavandou. J’étais arrivé au 405 e RAA, régiment des forces terrestres antiaériennes de la II de Région militaire.
Le régiment était scindé en deux parties, la première concernait l’artillerie avec ses mitrailleuses 12-7 et la seconde, où j’étais affecté, s’occupait du fonctionnement des radars. Cette partie du régiment était plus technique et dépendait directement d’une direction basée à l’état-major. Ainsi pour les « radaristes » uniquement la tenue d’été était le short, contrairement aux artilleurs qui eux portaient la tenue habituelle. Tout d’abord, il a fallu passer à l’habillement afin d’obtenir un paquetage complet de notre nouvelle tenue et là, le choix était plus que sommaire si ce n’est qu’il était à peu près apparenté à la taille !
Ensuite, il a fallu déposer mes vêtements civils que je ne pourrai plus utiliser avant mon départ. Enfin, ce fut l’affectation des chambrées par groupe d’une quinzaine de personnes, ceci avant de passer chez le coiffeur de service, qui était chargé de nous couper tous les cheveux superflus et même davantage. Certains s’en sortaient mieux que les autres, s’ils n’étaient pas arrivés avec des cheveux trop longs. Après cela ce fut « quartier libre », une sorte de récréation avant l’heure du repas. C’était une façon de se familiariser avec ce nouveau milieu, ses possibilités mais aussi malheureusement ses pièges. Beaucoup d’anciens profitaient de ce nouvel arrivage de « bleus » pour essayer d’en tirer profit de toutes les façons possibles, ou simplement pour rencontrer des gens de sa région. C’est ainsi que je me suis fait délester d’une veste pied-de-poule que j’adorais et que je n’ai jamais revue. Le réfectoire était immense à côté de ce que j’avais connu au lycée, mais les repas étaient malgré tout très acceptables. À la fin du repas, on pouvait passer au foyer pour se changer un peu les idées après cette dure journée de découvertes. J’y allais donc avec un copain de rencontre que j’avais remarqué comme étant inscrit dans la même chambrée que moi et après deux bières, on décidait de rentrer dans notre chambre.
Il s’agissait de bien repérer les lieux, car tous les bâtiments étaient pratiquement identiques. Le lever avait lieu à 6 heures au son du clairon dans la cour et le chef de chambrée allumait aussitôt les lumières pour que tout le monde se lève au même moment. Il fallait alors que deux d’entre nous, à tour de rôle, aillent chercher le café aux cuisines, conservé dans de grandes « norvégiennes » en alu.
Le café était acceptable et j’ai dû commencer à m’habituer à le boire dans mon quart en fer-blanc, ce qui était un peu spécial. Les journées en général étaient assez routinières, jalonnées de cours d’instruction militaire pendant les deux premiers mois de classes. À ce propos, le capitaine m’avait proposé de faire l’école des sous-officiers de réserve, mais j’avais refusé étant donné l’éloignement de Villeneuve et le fait que les permissions les plus courantes étaient de 48 heures, ce qui était trop peu en tenant compte du temps de voyage. Cependant, le climat par lui-même me plaisait beaucoup et me rappelait un peu les Pyrénées, ne serait-ce que par le chaud soleil qui inondait nos journées. Contrairement à mes copains, j’adorais partir en manœuvres dans les environs, tout du moins quand cela n’était pas des marches forcées. Cela nous faisait découvrir tous les environs d’Hyères, avec ses collines arides écrasées par le solei

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