Une vie en rose et noir
242 pages
Français

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Description

« La vie est un combat perpétuel pour toutes les générations. Le bonheur n'est jamais acquis pour sa descendance. Les guerres ne sont pas prévisibles dans un destin. Il faut les vivre et les subir. Les lois de ceux qui nous gouvernent créent les exodes, les séparations, la misère ou le bonheur. De même le choix de sa famille est impossible. La seule influence concrète reste l'éducation et l'amour qu'un couple peut donner à ses enfants. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 août 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342011470
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une vie en rose et noir
Joseph Wengler
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Une vie en rose et noir
 
 
 
 
Préface
 
 
 
Alors que le soleil de ma vie descend à l’horizon, je pense utile de laisser un témoignage à notre descendance, l’espoir d’une réflexion au cours de la lecture lui fera peut-être comprendre la complexité, la dureté et les traîtrises de la vie et, ainsi, la mettre en garde face aux pièges qui joncheront son existence.
Pour un être sans importance comme moi, que peut-il vouloir apprendre à une génération qui semble tout connaître ? Je suis né, ainsi que mon épouse, pendant la guerre de 39/45. Notre enfance n’a donc pas connu les joies et les facilités actuelles. Pour moi, cette période symbolise la disparition de mon père, mon abandon par ma mère, son retour presque obligatoire pour me récupérer six années plus tard suite à une décision juridique en m’arrachant des bras d’un couple qui m’aimait pour me jeter dans les siens. Ceci me rappelle une enfance pourrie où j’ai connu les cruautés et les injustices que subissent tant d’enfants de couples recomposés.
Pour mon épouse, cela lui rappelle la pauvreté extrême, la déportation de son père pour les camps du Struthof puis d’Auschwitz et Dachau d’où il en est revenu très diminué physiquement et mentalement. Cela lui rappelle les souffrances de sa mère qui a dû subir les outrages de l’église et de son entourage du fait qu’elle était fille mère, les souffrances d’un père détruit par la guerre et le mal qu’il a pu faire inconsciemment à son entourage, la détresse de sa sœur Estelle qui portera toute sa vie et dans sa chair un effroyable secret.
Pour nous deux, les souvenirs sont d’avoir, dans l’amour, su faire face et de savoir que chaque étape de notre vie a dû se faire sans aucune assistance mais uniquement par notre sueur et nos larmes. La souffrance devient belle si la réussite est au bout. Nos enfants et petits-enfants sont heureux. Grâce à ce roman, je souhaite aux lecteurs d’acquérir la même philosophie.
Ce roman est basé sur des faits réels. Aucune idée politique ou idéologique ne peut lui être portée.
 
 
 
Chapitre 1. Edwige
 
 
 
Hombourg-Haut, année 1885, c’est là que débute l’histoire. À cette époque, ce bourg de deux mille habitants se prénommait Oberhombourg car il était annexé au Reich allemand depuis 1871 et le restera jusqu’en 1918. Cette cité médiévale domine la vallée de la Rosselle et se situe au bord d’une route empierrée qui rejoignait Sarrebruck. Sa position était donc intéressante industriellement. Le maître des forges sarrois Gouvy s’y installa dès 1850 et cédera sa fonderie à l’industriel Munch en 1935. C’est ici que nous faisons connaissance de Julien et de Marie.
Tous deux ont fréquenté l’école communale, et, comme tous les enfants de leur âge, ont joué dans les rues du village. À la fin de leur scolarité, à quatorze ans, Julien se fera embaucher aux charbonnages de Merlebach et Marie devra aider sa famille au champ ou à faire des ménages. Ils se rencontrèrent et l’amour fit le reste, un peu trop tôt peut-être car Edwige vint au monde en 1908 et le mariage ne fut célébré qu’un an plus tard.
À cette époque, la religion était stricte et la peur du curé très grande. Fille mère était un sacrilège, une punition divine et la honte dans le village. Marie était rejetée et finit par reporter sa haine des humains sur Edwige. Le ménage ne supporta pas cet enfer de délation. C’est dans cet état d’esprit que Julien fut enrôlé pour la guerre de 1914/1918.
Edwige commença à travailler très jeune en faisant la soubrette chez l’industriel Gouvy. Le climat familial était de plus en plus rude, Marie de plus en plus acariâtre, si bien qu’à son retour en 18, Julien quitta le foyer pour rejoindre une compagnie de forage en Afrique. Edwige fit son baluchon et partit chercher du travail à Strasbourg.
Elle fit la connaissance de Louis qui devint son grand amour. Elle tomba enceinte en 1933. Louis, fou de joie, s’empressa de la ramener chez sa mère et demanda sa main. Mal lui en prit, Marie devint furieuse et le renvoya à coups de bâton en lui demandant de disparaître. Edwige donna naissance, en 1934, à Estelle. Louis revint pour reconnaître sa fille à l’état civil mais ne trouva pas grâce chez Marie. Elle le chassa à nouveau. À Hombourg, la maison de Marie était devenue celle du diable. Marie quitta Hombourg pour Faulquemont et Edwige partit à Paris pour gagner sa vie et remettre son argent à sa mère pour élever Estelle. Julien et Louis ne sont jamais revenus.
Pendant un bref retour à Faulquemont, Edwige fit la connaissance d’Édouard. Il était originaire de Dieuze. Comme les mines avaient ouvert à Faulquemont, il avait quitté son emploi de saisonnier agricole pour celui de mineur. Le métier était certes plus dangereux, mais beaucoup mieux rémunéré. Il offrait également un logement et bien d’autres avantages. Ils se marièrent en mars 1940. Elle récupéra Estelle. En 1941, naquit Françoise qui deviendra ma femme puis Édouard junior en 1942.
Édouard ne fut pas enrôlé pour la guerre de 1939 mais en tant que mineur, il devait continuer à travailler à la mine. En 1942, une personne mal intentionnée le vit faire un petit troc de nourriture pour sa famille et alla le dénoncer au poste de commandement allemand, Édouard fut aussitôt interpellé et envoyé au camp de concentration le plus proche, le Struthof près de Strasbourg. Lorsque l’on sait que ce camp servait les expériences nazies pour l’armée allemande en Russie… On plongeait des déportés dans l’eau glacée pour en définir leur temps de survie et sitôt morts, on les jetait dans un four crématoire. On ouvrait le ventre des femmes enceintes pour des expériences de gémellation dans l’espoir que les femmes allemandes auraient plus de jumeaux et donc fourniraient plus de soldats. On ne sait pas pourquoi, il fut transféré à Auschwitz puis à Dachau d’où il sera libéré en 1945.
À son retour, Édouard était anéanti physiquement et psychiquement. Il était incapable de descendre au fond. Il fut affecté à un travail au jour avec un salaire de misère. Les repas étaient très maigres, les chaussures des enfants étaient des morceaux de bandes transporteuses usagées et j’en passe. En 46, Edwige donna naissance à Astrid puis à Évelyne en 47.
À partir de 49, une chose devint bizarre dans la famille, trois années de suite Estelle partit vivre quatre mois chez une tante à Joeuf. Elle est revenue à chaque fois avec un nourrisson. C’est ainsi que la famille s’est agrandie de Chantal, Philippe et Jocelyne.
Trente années plus tard, nous apprendrons que le père était Édouard. Quelles étaient les circonstances de la conception ? La certitude est que la déficience mentale d’Édouard était la cause essentielle de ce désastre. Ni Édouard, ni Edwige, ni Estelle n’ont révélé une partie de ce secret. Edwige était une sainte. Elle laissait croire à tout le monde que ces enfants étaient les siens et jamais le village n’a mis en doute ses déclarations. Ils ont été élevés comme les quatre autres et ce n’est qu’au décès d’Édouard que naîtront des problèmes, mais nous y reviendrons plus tard. À ses quatorze ans, Françoise travaillera comme vendeuse dans l’épicerie de la cité jusqu’à notre rencontre en 1965. Sa famille avait grand besoin de son petit salaire pour survivre.
Cette terrible guerre, ces dogmes religieux imbéciles, ces idéologies idiotes de vouloir venger Dieu, ou de se prendre pour lui, ces dénonciations calomnieuses ont plongé combien de famille dans la détresse ? De nos jours, certaines religions veulent remettre en cause les libertés des femmes et la liberté de pensée. Des intégristes de toute tendance veulent penser pour nous. Si cela leur plaît et bien qu’ils appliquent leurs lois, mais en laissant au reste du monde la liberté de choisir individuellement sa voie et sa foi. Ce récit ne retrace-t-il pas les souffrances horribles dues à cet aveuglement de pensée. Qui d’Édouard ou de l’État est le plus à blâmer ? Combien de ces malheureux de déportés ou de malgré nous sont revenus mutilés mentalement et sans aucun soutien moral ou financier ? Cela ne regardait pas nos politiques. Ils étaient trop absents pour leur venir en aide. Il faut reconnaître que beaucoup d’entre eux ont vécu la guerre depuis des bases très en arrière et n’ont pas connu la faim, le froid et les souffrances de la France d’en bas. De même, nos hommes d’église auraient mieux fait de militer pour le mariage des prêtres. Je pense que les scandales de pédophilie sont beaucoup plus sataniques que le fait d’avoir conçu un enfant avant le mariage et pourtant, combien de femmes sont mortes pour cela.
Estelle avait-elle un autre choix ? Poser ce problème sur la place publique à cette époque aurait été suicidaire. Que dire de l’héroïsme d’Edwige qui dut élever ses sept enfants avec un salaire de misère dont trois enfants illégitimes, soigner son mari et savoir garder un secret qui aurait, s’il avait été dévoilé, eu des conséquences dont on ne peut pas évaluer le désastre à l’aval. Beaucoup de gens se sont vus décerner la Légion d’honneur pour des faits moins méritoires. Quelle détresse devait ressentir Estelle en vivant près de ses enfants, mais en ne pouvant les voir qu’en tant que sœur et non comme mère !
Elle s’est mariée en 1964 et aura trois filles. Elle décédera en 2010 suite à un cancer. Un chauffard ivre prendra la vie d’Edwige en juin 84 et Édouard, toujours plus malade, décédera en mars 90. Pour moi, je ne retiens qu’une chose : nous avons un

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