Vacances d antan
90 pages
Français

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Description

« Des images lui revenaient en mémoire, les unes après les autres, et la faisaient sourire. Oui, elle se souvient bien de ces premières grandes vacances, à la campagne, lorsqu'elle avait six ou sept ans. Cette chaumière normande, entre Seine et forêt, au milieu des champs, isolée, au confort rudimentaire et au charme incroyable. Assise sur son canapé, elle se laisse envelopper par ses souvenirs et les suit volontiers le temps d'une petite promenade dans son enfance. »

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Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342006247
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0041€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Vacances d'antan
A.M. Norac.
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Vacances d'antan
 
 
 
 
 
 
 
Juliette agitait son bras une dernière fois pour dire au revoir à ses petits-enfants. La voiture prenait le virage, les vacances scolaires étaient terminées.
Lentement, Juliette regagnait la maison, heureuse de ces quelques jours passés avec les enfants et contente de se retrouver un peu seule, au calme.
Ces deux semaines ont été pleines d’enseignements. En observant les activités de ses trois petits monstres, Juliette s’est étonnée, réjouie et le plus souvent se sentait sur une autre planète.
 
Les jeux électroniques, les personnages virtuels, les « amis » jamais vus lui ont semblé très étranges. Leur connaissance de l’environnement télévisuel, les noms des derniers chanteurs, des groupes, des potins la plongeaient dans un univers dont elle n’avait pas la clé. Leurs références sont tellement éloignées des siennes qu’un mode d’emploi serait parfois utile. Les enfants raisonnent selon la vie actuelle, moderne, technologique et consumériste. Ses propres références, plus près de la nature, ont rapidement disparu. L’imagination a pris probablement d’autres chemins, et parfois elle se sent en décalage.

Elle en a parlé à plusieurs de ses amies qui, comme elle, sont désemparées. C’est un peu comme si la technologie avait accéléré le temps en le rendant fou. La jeune génération est tellement sollicitée qu’elle fait plusieurs choses à la fois, veut des réponses rapides et courtes à ses questions. Après quoi court-elle ainsi ?
«  Et moi , pense Juliette, qu’est-ce qui m’animait, me réjouissait ? Comment se passaient mes vacances de petite fille ?  »
 
Des images lui revenaient en mémoire, les unes après les autres, et la faisaient sourire. Oui, elle se souvient bien de ses premières grandes vacances, à la campagne, lorsqu’elle avait six ou sept ans. Cette chaumière normande, entre Seine et forêt, au milieu des champs, isolée, au confort rudimentaire et au charme incroyable.
Assise sur son canapé, elle se laisse envelopper par ses souvenirs et les suit volontiers le temps d’une petite promenade dans son enfance.
 
 
 
Vacances d’antan
 
 
 
J’appartiens à une famille nombreuse de dix enfants. Quatre grandes sœurs, quatre grands frères et une petite sœur, gâtée par tous les autres.
 
Ma sœur aînée, Béna, a une qualité formidable : elle se réjouit sincèrement du bonheur des autres. Elle a, à mes yeux, un autre atout, elle me protège et me donne toujours raison. Nous rions beaucoup ensemble.
 
La seconde, Colette, est très autoritaire, on l’appelle l’amiral Colique, c’est dire si elle savait être casse-pieds. Elle adore ma petite sœur et la couve comme une poule son poussin.
 
La troisième, Mone, est fantasque, gaie, adore faire le clown. Elle a aussi un côté explosif, elle est très vivante, amène joie et fantaisie autour d’elle.
 
La quatrième est presque l’inverse. Elle a un caractère ombrageux, s’exprime peu et se renferme très souvent dans sa coquille. Je la sens affectueuse, mais elle ne sait pas extérioriser ses sentiments.
 
L’aîné de mes frères n’est pas souvent là. Il ne fait pas partie de nos jeux. Son absence a laissé mon imagination l’inventer. Je lui ai donné un habit de lumière, le parant de toutes les qualités.
 
Taï, le second, organise les jeux, plante les décors et adore jeter de l’huile sur le feu. Je l’appelle la mouche du coche. Il se moque et culpabilise les plus jeunes.
 
Le troisième, Phil, est l’audacieux de la bande, le casse-cou. Il s’est même cassé une jambe, ce qui nous a donné l’occasion d’écrire des tas de bêtises sur son plâtre.
 
Enfin, Franzous, le quatrième, est un suiveur qui met son habileté à éviter les corvées et les punitions en jouant l’innocent en cas de bêtises découvertes. Il est passé maître dans cet art.
 
Ma petite sœur est restée longtemps le bébé, la petite fille de papa. Elle suce son pouce dans les bras ou sur les genoux de papa. On l’appelait Coco à son grand déplaisir.
 
Tous ces caractères différents et parfois antinomiques forment une fratrie grâce à l’amour de nos parents et leur volonté jamais démentie de créer une famille unie.
 
Les activités de mes frères m’attirent, même si je n’ai pas le loisir de les choisir. Je me dis souvent que j’aurais bien voulu être un garçon. Je les sens plus libres, plus indépendants et, de ce fait, je les admire. Tout ce qu’ils font me semble intéressant. Leurs jeux me donnent l’espace nécessaire pour inventer ma vie. Jouer à la poupée ne me tente pas, je préfère de beaucoup monter aux arbres, jouer aux soldats, caracoler sur mon vélo, les cheveux au vent. Je me glisse ainsi dans la peau de personnages différents selon l’aventure que je me propose de vivre soit dans une histoire commune, soit dans une histoire personnelle. Chaque journée avec eux m’apporte des surprises, du plaisir, de l’aventure, de l’élan, des combats, et parfois des frustrations. Que j’ai raison ou pas, je n’ai jamais le dessus face à eux ni physiquement ni psychologiquement, mais je leur échappe en me réfugiant dans les aventures que je vis à leur insu.
 
Ensemble nous jouons dans les fougères, dans le foin, dans les arbres. La bicyclette a un rôle central et nous porte vers nos rêves les plus chers et les plus fous. Les garçons fixent un morceau de carton sur leurs rayons avec une pince à linge et, fiers comme Artaban, se retrouvent sur une puissante moto. Moi, je saute sur ma selle et me métamorphose en cavalière, explorant la forêt.
Nos jeux laissent une large place à l’imagination et les supports sont divers, simples et font souvent partie de l’environnement immédiat. Nous nous racontons des tas d’histoires, d’aventures et le plus extraordinaire c’est que nous les vivons en éprouvant les sensations et les émotions de notre scénario.
 
Les vacances étaient un moment privilégié, nous partagions beaucoup d’activités, pouvions inviter des amis et jouissions d’une grande liberté.
 
Nos parents organisaient les jeux de société pour les soirées et nous faisaient participer, avec eux, à la vie de la maison. Le reste de l’année, tout était beaucoup plus sérieux, parfois même austère. Chacun avait ses propres occupations, ses préoccupations. Nous nous retrouvions à l’heure des repas, souvent silencieux. Il y avait beaucoup plus de confort, mais beaucoup moins de rires.
 
 
 
L’arrivée
 
 
 
« Rouen, terminus ! »
Le ronronnement du train devient un crissement strident et prolongé. À l’intérieur l’excitation est à son comble. Chacun s’empare qui d’un sac, qui d’une valise. Tout le monde se précipite en direction de la sortie, à la queue leu leu.
Je suis mes parents, mes frères et sœurs sans les perdre de vue. Direction les wagons aveugles dont les portes s’ouvrent. Ma bicyclette, vite, suivre les grands jusqu’à la sortie.
 
Enfin les vacances et tous leurs bonheurs ! Ma tête est en ébullition, mon cœur va éclater, je suis fébrile, impatiente et prête à rire de tout et de n’importe quoi. J’enfourche mon vélo, je me mets dans le sillage de la colonne familiale à travers la ville. Il n’y a pas de voiture, ou si peu, la route appartient aux cyclistes.
Il n’y a plus de bruits grinçants, plus d’effervescence. Je me sens bien. Mes jambes pédalent avec facilité, le soleil joue dans mes cheveux, les zones d’ombres succèdent à la chaleur du soleil, le vent me caresse le visage, ma bicyclette me conduit jusqu’au pied d’une côte : la longue côte de Canteleu aux dix-huit tournants. Peu à peu les cyclistes mettent pied à terre et montent en comptant soigneusement les virages. Sept, huit. Maman chante J’irai revoir ma Normandie et moi je rêve à la prochaine étape : une tonnelle fraîche, lieu de pique-nique et du premier verre de cidre. Un bonheur ! Quinze, seize, j’y suis presque. Les premiers sont déjà attablés, les mains tendues reçoivent les sandwichs convoités. Les mines sont réjouies et les langues déliées. Moi aussi je croque dans mon sandwich avec ...

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