Vagabondage d une dysorthographique...
160 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Vagabondage d'une dysorthographique... , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
160 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Décidément, les questions récurrentes me revenaient en tête : pourquoi m'avoir envoyée faire “moderne” alors que mes aptitudes dictaient la démarche opposée, à savoir la filière “classique”, c'est-à-dire littéraire, où j'aurais pu travailler mes dispositions et sans doute réveiller en moi le bonheur de m'épanouir ? Ma dysorthographie, d'où venait-elle ? De ma scolarité de gauchère contrariée et contrariante qui m'aura mal orientée ? Je reprendrai plus tard mes études. On peut comprendre la difficulté du collège quant à mon orientation. En effet, aptitudes littéraire et artistique, dysorthographique et bonne en algèbre. De quoi douter des tests, pourtant il s'avérera au fil du temps qu'ils étaient sensés, mais cette situation ambiguë aura sans doute pesé sur la décision. » Comment expliquer le décrochage scolaire ? Plus encore, comment prendre sa revanche et s'épanouir professionnellement ? C'est précisément ce que nous confie Sabine Turlan en partageant son parcours singulier. Le parcours, tel dans sa forêt de naissance, jonché de pierres, de roches, de sablières, de nids-de-poule, de dos-d'âne et de descentes qu'elle apiquait pour ne pas succomber, donne à celle qui trace son chemin des angoisses, des peurs, mais aussi des éclats de joie pour vaincre les difficultés. Plus tard, après avoir repris son souffle et en se remémorant tous ces instants si différents, elle se sent fortifiée par tant d'apprentissages qui ravivent son empathie et peaufinent sa personnalité. D'avoir franchi tant d'obstacles et vécu toutes ces expériences lui donne in fine l'élan utile pour continuer et même se donner davantage.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 août 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342162714
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Vagabondage d'une dysorthographique...
Sabine Turlan
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Vagabondage d'une dysorthographique...

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Cet ouvrage est une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec personnes ou des faits réels n’est que pure coïncidence.
Préface
Certains pensent qu’il faut aller de l’avant et ne jamais se retourner. Or, pour avoir un juste regard sur les choses, il faut faire volte-face et retracer le chemin effectué. La vie prend alors une autre allure et nous surprend. Quand nous sommes dans le présent, nous n’avons pas le recul nécessaire pour estimer la situation, parfois même trop stressés par l’émotion. En revanche, il ne faut pas se persuader que le nouvel œil sera toujours favorable à notre opinion, il pourra faire surgir réussites ou échecs.
La reconnaissance n’est qu’un pas vers la réussite mais elle induit la confiance. Et si l’on peut réussir avant d’être reconnu, reconnaissance et réussite sont fusionnelles.
La réussite, trop souvent citée dans le cadre de la vie professionnelle, en entendant, par là, la conséquence financière, est aussi un sentiment d’une grande émotion quand elle est liée aux rapports humains. Il va de soi qu’elle peut être, quelquefois, l’objet d’un revers mais ne conduit pas forcément à l’échec de la philanthropie ni de l’affectif.
 
C’est le début des vacances, la mi-juillet. Mon mari et moi avons rejoint nos amis des Pyrénées. Le voyage a été long et nous sommes très contents de les voir et de nous dégourdir un peu. Nous installons nos affaires dans la chambre bleue du premier étage. Une chambre que nous connaissons bien car elle nous est toujours réservée. Nous y avons nos repères, ce qui ne manque pas de nous faire retrouver, si nous ne les avons pas déjà, gaieté et sérénité. La fatigue, presque oubliée, étant donné l’heure, nous les rejoignons sur la terrasse qui domine le village, assis autour de la grande table de marbre. Ils nous proposent un apéritif. Nous acceptons et, pendant qu’ils vaquent à la cuisine, le proche voisin vient nous rejoindre et prend place à nos côtés. Cette maison est ouverte à tous sans manière, comme la maison de mes parents naguère. Tous les cinq, pendant une bonne heure, remettons nos gazettes à jour en prenant des nouvelles de l’un ou de l’autre ainsi que de nos propres familles. Le soleil s’éclipse doucement. Il était déjà tard. Le voisin regagne son domicile et, tous les quatre, nous débarrassons la table et rentrons verres et autres bouteilles pour mettre le couvert dans la salle à manger. Chat et chiens se mêlent à nos jambes comme à l’accoutumée mais sans dommage. La table dressée, le repas préparé, Georges, Fabienne, Patrick, son mari, et moi, passons à table.
La faim se fait sentir et les premiers coups de fourchettes cadencent le silence. Le plat, de plus, est très bon. Le poulet, produit du terroir, même de leur poulailler, n’a pas le goût de celui du supermarché. Puis Patrick prend la parole. Quel bavard ! Ainsi il met de l’ambiance. Merci à lui. Notre conversation tourne autour de la littérature, ce n’était pas un thème récurrent dans nos échanges, même si Patrick n’en est pas à son premier ouvrage. Nous évoquons des écrivains déjà anciens, lorsqu’il dit à la volée et sans doute parce qu’il est dans les Pyrénées, fréquentées par l’écrivain :
— Plus personne ne lit Hugo de nos jours !
— Si, moi.
— Tu es courageuse ! répondit Fabienne.
Courageuse ? Qu’entend-elle par-là ? La lecture de Hugo ou ma réponse à Patrick ? Peut-être les deux finalement. Elle le connaît bien, son mari, pas Hugo, ma réflexion serait prise comme une bravade ?
— Il n’est pas simple, je dois dire, c’est pourquoi Jean-François Kahn, dans une expression révélatrice, parle de « complexité hugolienne ». J’adore cette expression parce que je la ressens vraiment.
— Pfft, siffle-t-il en dodelinant négativement. Il pense vraiment que je le provoque.
— Tu veux que je te dise ? Eh bien, voilà, sois très patient, enfin, – ma tête faisant un tour de table – soyez patients. C’est tout un roman, dis-je souriante. Ses créations étaient protéiformes. Il a su faire tant de choses !
— Patrick, Victor est mon compagnon de voyage. Quand on aime quelqu’un, on l’aime avec ses qualités et ses défauts, même si on ne partage pas toujours ses idées. Non seulement il est encore lu, mais il rappelle parfois, et même souvent, ce qu’est la société, pensée encore valable de nos jours, même si, dans ses convictions, il a titubé. Mon regret, c’est de ne pas avoir pu converser avec lui. Autre chose, vous connaissez quand même Colette Magny ?
— Oui, sans plus.
— Elle a chanté Les tuileries. Et je continuais en chantonnant :
« L’amour, la jeunesse
L’éclair dans les yeux
Des poings effroyables
Nous sommes des diables. »
— C’est un texte de Victor.
Quelques grimaces négatives pour seule réponse.
— Vous qui habitez près de l’Espagne, vous ne pouvez pas oublier qu’il a fréquenté, peu, mais quand même, les Pyrénées. Cette poésie, vous la connaissez. Merci à mon médecin de me l’avoir rappelée :
Ce siècle avait deux ans
 
Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier consul, déjà, par maint endroit,
Le front de l’empereur brisait le masque étroit.
Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,
Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole,
Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix… ?
Sa ville natale, Besançon, a connu bien des changements. Avant sa naissance, elle a appartenu à un puzzle éparpillé, constitué de régions éloignées, pays et autres gouvernants.
Je vous assure qu’il est toujours d’actualité. Un ouvrage de plus de neuf cents pages, que je qualifierais de pavé, sans ressenti péjoratif, bien au contraire, vient de sortir, qui retrace sa vie. D’ailleurs, je l’ai acheté.
Ce qui m’a fait rire, c’est cette photo de lui, assis sur une chaise, le dossier devant, et ressemblant donc à ma grand-mère, sauf qu’elle tirait la langue mais pas lui.

Tous les deux auraient pu se connaître, même si ma grand-mère n’avait que quinze ans lors du décès de Victor. Elle était encore un tant soit peu adolescente et lettrée et avait sans doute entendu parler de cet homme rebelle à cette époque où la société était en partie, insurrectionnelle et se battait. Ils ont largement contribué à ce que fut et est encore ma vie. Ma grand-mère, par son humour et son côté clownesque qu’elle a transmis à sa fille, ma maman.

Cette mère qui m’a transmis joyeusement l’envie de chanter qui sera encouragée dès qu’un mot prononcé dans une conversation, venait se faufiler… Victor par ses écrits, ses poèmes, ses dessins, mon père pour son engouement pour la poésie. Je l’ai entendue souvent déclamer, alors que je l’ai peu connu. Merci à eux, pour ce qu’ils m’ont apporté même si, sur certains points, ce n’est pas toujours positif ! Tout et son contraire, c’est tout simplement humain.
Mes années forêt

La maison était trop petite pour contenir la famille nombreuse, mais la cour, le jardin, l’entourage et la forêt compensaient largement l’étroitesse du refuge. L’entourage n’était pas un parc, non, une modeste parcelle de la forêt de Fontainebleau. Les quelques mètres carrés des bâtiments étaient occupés selon l’opportunité. Ainsi, mon grand-père avait une chambre dans les dépendances entre buanderie et grange. Mes deux plus grandes sœurs dormaient à l’étage. Mon frère Daniel et moi dormions dans la chambre de nos parents, Élise sur le divan de la cuisine et Marcel et Jules, chacun dans un grenier.
Ma mère, profondément catholique eut dix enfants et s’occupa avec son père et avec l’abbé, des œuvres du village. Ceci a provoqué une rumeur, comme quoi j’étais la fille du curé. Encore aujourd’hui, je la prends avec humour et ris de ces mesquineries. Les grands élevèrent les petits, pas toujours bien accueillis par leur mère, comme dans beaucoup de familles nombreuses à l’époque. Elle aurait essayé de me donner deux biberons d’affilée pour avoir la paix et du temps pour ce et ceux qu’elle préférait ou ce qu’elle devait accomplir, si peu de temps lui restait. C’est ainsi qu’enfant je l’ai ressenti. Aujourd’hui, je comprends. Les grandes, déjà très occupées, se fâchèrent et, en résultat, eurent la petite dernière encore à leur charge.
La maison était baptisée le refuge. Pourquoi le refuge ? Parce que mon frère aîné avait, à bon escient, donné ce nom à la maison ouverte à tous et acceptant sans contraintes les visiteurs et hôtes de passage. Pour symboliser l’idée, sur une planchette de bois, il avait écrit ce nom : « le refuge », en pyrogravure et l’avait accroché au pignon.

Les portes étaient battantes sans provoquer de courant d’air. Certains en profitaient pour y entrer et d’autres pour en sortir. Parfois, bien sûr, ils se croisaient. Il n’y avait pas le grand confort. Nous allions chercher l’eau à la pompe de la buanderie, proche du poulailler et perpendiculaire à la maison, contre la grange qui, elle, formait un angle droit avec le bûcher où le bois utile au chauffage résidait. Les toilettes siégeaient dans le bûcher, face à la maison. Il s’agissait d’un bercail très rustique, en forme de L majuscule, pour ce début de la seconde moitié du vingtième siècle

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents