Violon en miettes
270 pages
Français

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Violon en miettes , livre ebook

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Description

Née en 1949 de père et de mère inconnus, j'ai grandi dans un « flou » identitaire que j'essaie de décrire dans ce récit. Inscrite à des cours par correspondance, je n'avais aucun contact avec l'extérieur, hormis la famille proche. Je me suis construite difficilement, au milieu des mensonges et demi-vérités qui me tombaient dessus, dans une solitude totale.

Le violon ? C'est celui de mon père...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 janvier 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414019076
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-01905-2

© Edilivre, 2017
Dédicace

À Daniel, à nos enfants Nathalie, Érich, Florian
À nos petits-enfants, nés et à naître
À Sophie, Marie-Hélène, Hélène, nos belles-filles
* * *
Exergue

« Nul ne guérit de son enfance »
(Jean Ferrat)
Avant-propos
Daniel, mon Amour,
J’ai vécu avec toi pendant quarante et un ans et quatre mois. Pendant toutes ces années, tu m’as encouragée à écrire.
J’ai noirci des pages et des pages, que j’ai toutes déchirées ensuite.
J’ai recommencé, recommencé encore. Je ne suis jamais allée au bout de ce travail.
Je croyais avoir toute l’éternité. Je n’imaginais pas une seconde la vie sans toi.
Maintenant, je suis seule. J’ai tellement hésité et attendu que tu ne liras pas mon récit.
Tu ne pourras pas le corriger, le reprendre, me donner ton avis.
Pourtant, je l’écris pour toi, nos enfants et petits-enfants.
Cette fois, je le terminerai. Si tu me vois de je ne sais où dans l’Univers, tu sais que je veux te faire honneur.
Pour que notre amour soit plus fort que toutes les séparations.
Où que tu sois, qu’un « ailleurs » existe ou que seul le néant nous attende, je t’aime.
Avec toi, grâce à toi, j’ai vécu les plus beaux moments que la vie puisse offrir.
Le 27 août 2012, tu es parti.
Quarante et un ans et quatre mois, le temps d’un soupir, d’un arc-en-ciel, d’un amour sans partage.
Merci.
Maman
Un jour, alors que j’étais allée te rendre visite à Livry-Gargan, tu t’es souvenue que tu voulais me donner quelque chose. Tu m’as remis le chevalet du violon en me disant :
– « Je l’ai retrouvé, tu le rangeras avec le violon de papa, dans sa boîte. »
Je t’ai regardée, éberluée :
– « Mais je n’ai pas le violon, maman !
– Mais si, je te l’ai donné !
– Non, maman, désolée, je n’ai pas le violon !
– Où est-il, alors ?
– Aucune idée, ce n’est pas grave, maman… »
Quand je suis partie peu après, tu avais ton air des (très) mauvais jours.
MAMAN
Tu reposes au cimetière d’Isbergues (Pas-de-Calais), comme tu l’avais décidé et comme je te l’avais promis. Il faisait beau, ce vendredi 14 octobre 2011, quand nous t’avons enterrée. Le soleil donnait un air pimpant aux petites maisons de cette région que j’imaginais si triste. Tu aurais aimé toutes ces fleurs sur ta tombe… Tu es là, avec deux de tes frères, ceux que je détestais le plus. Je ne retournerai probablement jamais à Isbergues.
Je voulais te croire indestructible. Il était rigoureusement impossible que tu disparaisses. Que tu m’abandonnes. Tu ne pouvais pas partir sans me donner une ébauche de réponse à mes questions. C’est mon égoïsme qui me laissait penser ainsi. Et mon ingratitude. Ces deux piliers de ma personnalité que l’on m’a tant reprochés qu’ils doivent être vrais… Ce qui est sûr, c’est que je suis seule, désormais, pour trouver un sens à cette histoire, pour mettre chaque pièce du puzzle à la bonne place. Je dois plonger au plus profond de mes souvenirs, de mes certitudes et de mes doutes, de mes peurs, de mes regrets, de mes remords, de mes colères aussi, pour espérer donner une sorte de cohérence à ce mauvais roman.
Notre histoire n’est pas banale, maman ! Tu n’étais pas une personne banale. Tu n’étais pas non plus la sainte que l’on m’incitait à admirer. Tu étais juste une femme très singulière. Tu aimais te comparer aux héroïnes de Maxence Van der Meersch. Pour me rapprocher de toi, pour essayer de te comprendre, j’ai lu deux ou trois de ses romans. Je les ai trouvés totalement indigestes et cela ne m’a pas permis de mieux te comprendre. Il semblerait que ce soit bien toi qui as écrit le tien, de roman. En y entraînant toute une famille, moi comprise.
Sauf que, dans la vraie vie, les souffrances sont réelles et que tout ne peut être manipulé.
Chapitre I Isbergues – Livry-Gargan (allée de Sévigné)
Enterrement de maman
Pauvre maman ! Elle avait une si piètre opinion de moi qu’il avait fallu que je promette, devant témoin, de la ramener « chez elle » pour y être enterrée. Promesse faite à plusieurs reprises ! J’ai recommencé, devant son « auxiliaire de vie », celle qui a si bien profité de son argent et de toutes ses largesses.
La cérémonie religieuse a été menée par un couple de laïcs, qui m’a posé quelques questions pour se faire une idée de la personne qu’était maman. J’ai répondu simplement et plutôt succinctement. D’où notre stupeur quand nous avons entendu son portrait brossé avec un lyrisme délirant par le maître de cérémonie, qui a évoqué une petite dame toute proprette (sic) dans sa jolie maison qu’elle « briquait » sans relâche, entretenant avec amour son petit jardin et ses magnolias, en pensant à son cher époux défunt, ses chiens batifolant autour d’elle…
Maman était dans son cercueil, apprêtée comme une poupée de porcelaine, elle qui rejetait jusqu’au mot maquillage ; elle portait une jolie chemise de nuit, elle qui n’affectionnait que les vieux pyjamas informes ; elle devenait « petite dame proprette », elle qui détestait bain, douche et ménage… Enfin, elle se retrouvait mariée, elle qui avait obstinément et jusqu’à sa mort revendiqué son statut de célibataire…
Dans son cercueil, maman n’était plus maman. C’était une petite dame toute proprette…
La chorale paroissiale a assuré la partie chants avec conviction. J’ai lu mon texte en hommage à ma maman, incluant papa au dernier moment, puisque, aussi bien, elle était désormais mariée… Nous avons écouté l’ « Inachevée » de Schubert, une de ses musiques préférées, puis nous l’avons conduite au cimetière.
Cette cérémonie a été émotionnellement très étrange. Pour couronner le tout, dans cette jolie petite église d’Isbergues, hommes et femmes étaient séparés. Je ne pouvais même pas tenir la main de Daniel. J’avais envie de rire, je pleurais.
Nous étions passées l’une à côté de l’autre sans nous rencontrer.
Désormais, c’était trop tard.
Elle avait quatre-vingt-quatorze ans, moi, soixante-deux.
Retour en arrière – Mai 2010
Toutefois, si, depuis tout ce temps, nous n’avions pas réussi à nous expliquer, ce ne sont pas des années supplémentaires qui y auraient changé quoi que ce soit.
Cependant, tant que maman était en vie, je continuais à espérer des « possibles » : maman m’expliquerait un jour, sans mentir, elle me confierait des preuves, des documents, elle entendrait ma souffrance, elle la comprendrait, nous pourrions parler, parler, parler…
En fait, comment cela aurait-il pu advenir ? Nous ne nous connaissions plus. Nous ne nous comprenions pas. Nous ne nous appréciions pas. Un jour, j’ai cessé d’être sa « petite poupée » et elle ne me l’a jamais pardonné.
J’ai cessé d’être un jeune bébé, intéressant et aimable, au sens premier du terme. Je suis devenue une complication de plus dans sa vie. C’est ce que je ressentais, et ressens toujours. J’éprouvais une sorte d’aversion grandissante pour maman, ce qui me remplissait d’angoisse et de culpabilité.
Maman vivait depuis 1977, année de son départ à la retraite, dans sa grande maison si laide, de Livry-Gargan. Comme il a été dit lors de ses obsèques, elle y habitait seule, avec un chien (un seul à la fois), toujours un teckel. Ses chiens successifs étaient tous peureux, mal dans leur peau, trop nourris et mouraient jeunes. Après le décès du dernier, en 2009, n’ayant plus la force d’éduquer un chiot, elle m’a demandé de lui en trouver un déjà élevé. Nous lui avons offert, pour ses quatre-vingt-douze ans, une petite chienne aveugle, mais pleine de vie et très débrouillarde, que j’avais trouvée dans un refuge. Elle est morte en quelques mois. Elles ne se sont pas habituées l’une à l’autre. Maman ne pouvait plus s’occuper d’un animal.
Très vite, après cela, elle ne parvint plus à assumer son quotidien, ne se nourrissant plus convenablement et, en mai 2010, après une chute de son lit, elle a été hospitalisée à Montfermeil. C’est là, dans sa chambre, que je lui ai refait la promesse de la ramener à Isbergues pour ses obsèques. Elle accepta alors le principe de la maison de retraite. J’en ai trouvé une à Fougerolles-du-Plessis, à 25 km de notre domicile. Je crois qu’elle n’y a manqué de rien. Mais elle n’avait, évidemment, plus d’autonomie, plus d’indépendance, plus de forces et, pour finir, plus envie de vivre.
Malheureusement, je dis bien malheureusement, elle avait gardé intacts son intelligence, sa volonté de n’en faire qu’à sa tête, sa détestation de toute promiscuité, son goût pour le commandement et son autorité naturelle. Toutes dispositions peu compatibles avec une vie en collectivité. D’où certainement beaucoup de chagrin et de contrariétés… Elle avait même obtenu les derniers temps de manger dans sa chambre, seule.
Quand elle jugea que la vie n’avait plus d’intérêt – elle venait de perdre la vue de son seul œil à peine valide dans une nouvelle chute… –, elle décida de refuser l’oxygène qui l’aidait à respirer, sachant que, ainsi, elle accélérait sa fin. Elle m’a demandé alors :
– « Est-ce que ça prendra longtemps, maintenant ? »
Pauvre maman. Courageuse, volontaire comme toujours, déterminée… Maman.
Peu de temps après son admission à Fougerolles, elle a compris qu’il fallait vendre sa maison. Nouveau grand chagrin. Elle y était profondément attachée, y avait planté deux magnolias, mais il y avait longtemps qu’elle ne pouvait plus entretenir son jardin. De plus, elle n’avait jamais été une « femme d’intérieur ». Elle abhorrait toute forme de ménage. Très vite, la maison était devenue repoussante de crasse. C’était un gag pour les enfants quand nous allions lui rendre visite : vérifier la présence des toiles d’araignées dans la baignoire et nettoyer les toilettes avant de les utiliser…
L’auxiliaire de vie qu’elle employait

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