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Description

Ce livre est un témoignage de guérison.
L’auteur pratique la Pleine Conscience dans un monastère bouddhiste zen. À la suite d’un accident opératoire et face à l’impuissance de la médecine conventionnelle, elle va prendre intensément refuge dans cette pratique. Elle explique comment elle l’a aidée, transformée.
Sa quête de sens l’entraînera aussi dans des voyages, en Thaïlande, à Bali et au Brésil. Elle découvrira d’autres approches du soin, auprès de médecins traditionnels, de guérisseurs et de chamanes.
Un chemin de santé, de transformation et de guérison inspirant, raconté avec humour.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 juillet 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334155250
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-15523-6

© Edilivre, 2016
Chapitre 1 Méditation en milieu sauvage
« Réveillez-vous !… Allez !… Réveillez-vous ! »
La voix est impérative et semble d’abord venir d’outre-tombe. Je rassemble péniblement les morceaux éparpillés de ma conscience et je me souviens. Je viens de sortir du bloc opératoire.
On vient de m’enlever la thyroïde. Enfin, ce qui me restait de thyroïde et qui n’avait pas grand-chose à voir avec l’image sur mon livre d’anatomie : un joli papillon posé sur un larynx. Non, la mienne était amputée et cabossée par une profusion de nodules très envahissants et pas très avenants.
La voix est insistante. C’est celle d’une blouse blanche… ou verte, je ne sais pas. Elle me paraît irritante. Un malaise m’envahit que j’ai du mal à identifier. Je me tortille sous mon drap blanc et la voix continue :
« Allez ! Réveillez-vous ! Et puis arrêtez de bouger comme ça, on va vous voir nue ! »
À ce moment précis, mon cerveau s’arrête. Un effort de concentration supplémentaire, et j’examine la situation : je suis dans une salle de réveil avec d’autres personnes dans la même situation que moi. Les autres malades n’existent pas pour moi et je n’imagine pas exister pour eux. Nous sommes tous là, à cuver ensemble nos anesthésiques sans grande aspiration, je pense, à partir à la recherche d’un morceau de chair éventuellement dévoilé par un drap récalcitrant. L’absurdité de la remarque me fait l’effet saisissant d’un gong.
Je ressens de mieux en mieux l’origine de mon malaise. J’ai du mal à respirer. Dans un effort, je tente la communication sans qu’aucun mot ne sorte. Je finis par chuchoter :
« J’ai du mal à respirer. »
La voix de plus en plus agacée balaie rapidement l’effort :
« Mais si, vous pouvez respirer ! »
La violence de la réponse modifie mon état interne. La colère monte et le résultat physique est immédiat : j’ai de plus en plus de mal à respirer. J’en déduis que la colère n’est pas appropriée à la situation. Je lâche. Un jeune interne un peu plus dégourdi se résout à aller chercher un laryngoscope qu’il m’enfile prestement par le nez. Le verdict tombe :
« Corde vocale droite totalement paralysée. Corde vocale gauche, quasiment totalement paralysée. Ouverture de la filière respiratoire : un à deux millimètres. »
Je lis la stupéfaction sur les visages des quatre blouses en demi-cercle autour de moi. Le demi-cercle se transforme devant mes yeux en un cercle bien fermé pour un conciliabule d’experts dont je suis définitivement exclue. À ce moment précis, mon esprit est soudainement envahi par une image : mon coussin de méditation ! Il n’y a plus que ce coussin familier dans mon champ visuel intérieur. L’image persiste un moment qui m’apparaît une éternité. Mon esprit analytique prend le relais et je me dis :
« Soyons clair. Les médecins et autres experts médicaux qui t’entourent baignent actuellement dans un océan de perplexité. Ils ne peuvent rien pour toi. Il m’apparaît totalement inadapté de prendre refuge dans leur expertise en ce moment précis. Tu ne peux que prendre refuge en toi-même : médite ! Méditer, méditer et méditer. C’est en effet la seule chose qui me vient à l’esprit. Ça veut dire revenir à ma respiration, calmer mon mental, me concentrer sur mon ventre et, accessoirement, réduire mes besoins en oxygène. On ne peut pas dire que l’ambiance, dans cette salle dite « de réveil » ressemble à celle des salles de méditation que je fréquente habituellement : beaucoup d’affairement, des gémissements ici et là, des appareils électroniques qui se manifestent par des sons persistants et parfois même angoissants, des experts qui expertisent à haute voix, des personnes qui circulent dans tous les sens, des voix venues de nulle part qui s’invectivent. Pas à proprement parler le silence profond d’une salle de méditation. Le challenge va donc être de méditer dans cette salle bruyante. Il vaut mieux s’être un peu entraîné avant. Je m’accroche sauvagement à mon hara, ce point en dessous du nombril dont l’intérêt, en ce moment précis, est de m’aider à déconnecter mon mental, prompt à s’affoler dans cette situation complètement inattendue. Mon esprit s’est calmé et ma respiration aussi. Ça va. Puis je perçois vaguement, en arrière-plan, que les blouses blanches sont sorties de leur perplexité grâce à un coup de fil en urgence au chirurgien qui m’a opérée.
« C’est simple. S’il y a souffrance respiratoire, faites une trachéotomie. »
Bien que calme sur le fond, il y a une partie de moi qui s’interroge sur le sens de l’expression « souffrance respiratoire » du point de vue des personnes qui m’entourent. Je refuse pour le moment d’approfondir la question. Trachéotomie… trachéotomie… ça veut bien dire que l’on va me faire un trou dans la gorge pour m’enfiler un tube directement dans la trachée ? C’est bien cela ? Il ne m’en faut pas plus pour redoubler de concentration. C’est bon. J’y suis et tout compte fait, ce n’est pas si mal. Je m’installe dans le moment présent, tranquillement et à cet instant précis, je ne pense plus à rien. Seulement à ma respiration avec laquelle je fais « un ».
C’est ce moment que choisit la Voix pour foncer vers moi et hurler au-dessus de mon lit :
« Madame ! Madame ! Il VA FALLOIR ÊTRE TRÈS CALME ! VOUS ENTENDEZ ? TRÈÈÈS CALME ! »
Comment lui expliquer qu’avant son arrivée, j’étais calme et que peut-être, ça pourrait continuer comme cela si, simplement, elle m’oubliait. J’essaie de faire glisser son intervention pour reprendre ma concentration. La concentration, provoquée par les évènements dans l’urgence, tout compte fait, ce n’est pas si compliqué. La maintenir dans le temps, ça devient un autre challenge.
* *       *
Mais c’est quoi, ce binz ! ça ne va pas, là-haut ? Vous ne croyez pas que ça suffit pour aujourd’hui ? Mais pourquoi elle hurle comme ça, celle-là ? Bon… ben… nous, on continue la grève !
* *       *
C’est dans une chambre du service des soins intensifs que va continuer la méditation. Trois jours de méditation intensive dans une chambre fermée sans fenêtre. Autant dire dans une grotte. La différence, c’est que je suis branchée de partout. Mes rythmes cardiaques sont enregistrés et sans doute d’autres indicateurs physiologiques que je ne perçois pas. Tout ça s’affiche sur un écran que je peux voir vaguement de profil. La sensation dominante pendant ces longues heures de concentration, c’est d’être sur le fil du rasoir. D’un côté, le moment présent et l’installation dans une éternité paisible. De l’autre côté, les émotions perturbatrices, les malaises et la terrible sensation d’étouffement. Ne pas tomber de l’autre côté, ne surtout pas tomber de l’autre côté. Dès que ma concentration se relâche, le scénario devient inéluctable : le monitoring se met à biper. De plus en plus fort et de façon de plus en plus rapprochée. Je sors alors de mon état du moment pour me demander ce qui se passe en moi en cet instant précis. Je me rends compte qu’une pensée négative vient de traverser le champ de ma conscience. La plupart du temps, c’est une pensée du genre :
« Je ne vais pas y arriver » ou « c’est trop dur ».
J’en prends conscience et je lâche. Après un délai de latence assez bref, le rythme des bips ralentit et le son faiblit jusqu’à l’arrêt. J’aurai l’occasion de répéter de nombreuses fois cette expérience et ce qui me frappe, c’est la relation quasi mathématique entre ma pensée, mon état émotionnel et les indicateurs physiologiques relayés par le bavardage du monitoring. Il va devenir peu à peu mon ami, ma cloche de pleine conscience au son sans doute un peu moins évocateur, subtil et pénétrant que celui des cloches utilisées dans les monastères zen pour rappeler aux pratiquants de revenir à eux-mêmes.
Mon lit, sophistiqué, permet par le maniement de petites manettes d’explorer différentes positions. Remonté à l’extrême, je me retrouve en position quasiment assise. Sous le drap, je croise les jambes et je suis émerveillée de retrouver une position de méditation très proche de mes habitudes. J’en profite surtout quand je suis seule parce que, lorsque l’infirmier passe, il ne peut s’empêcher de donner un coup sur la manette pour me faire retrouver une position qu’il pense plus adaptée à mon état et à ses habitudes. J’ai le sentiment qu’il n’apprécie pas que je fasse joujou avec son précieux matériel. Qu’à cela ne tienne, je peux aussi pratiquer allongée. J’ai demandé à récupérer le lecteur mp3 resté dans ma chambre et sur lequel j’avais préenregistré quelques guidances de relaxation. Chaque moment de relaxation est un moment de douceur. À chaque fois, je sens partir mon esprit loin, très loin pour revenir plus tard calme et complètement régénéré. Au retour, la sensation physique est agréable, détendue, apaisée.
Le lendemain de l’opération, j’ai la première visite de mon chirurgien en compagnie de sa cour de subalternes. Je n’entends pas grand-chose de ce qu’il dit. Il s’adresse surtout à ses collègues. Seul son regard m’intéresse et il est fuyant. Je n’arrive pas à accrocher ce regard qui glisse sur moi comme sur une savonnette. Je finis par tendre l’oreille devant ses collègues qui insistent :
« Mais quand même, regardez là, son visage est rouge. Il vaut mieux la garder en observation. »
D’un revers de main, il jette à l’assemblée :
« Mais non… qu’elle remonte ! »
Je suis troublée par ce constat. La décision médicale de me garder en observation ou pas dépend donc de l’état émotionnel d’un chirurgien omnipotent et non d’un quelconque examen d’aucune sorte. Je me pose alors cette question : serait-il profondément désolé de la situation sans pouvoir l’exprimer ? A-t-il peur de s’être montré inco

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