Tentative de deuil
230 pages
Français

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Tentative de deuil , livre ebook

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Description

« Quand ta vie se met à marcher sur la tête,
Que ta femme ne rentre pas,
Que tu braques ta propre banque,
Que ta maîtresse est en séparation de corps,
Que des truands veulent danser autour de ton scalp,
Que ton meilleur ami te ramène au port en galère,
Que les flics déboulent dans ton existence et te cherchent des poux dans la tête,
Alors tu penses qu'il est urgent de te tirer du pot au noir où tu t'es fourré
et de commencer à en finir pour retrouver un peu d'air pur. [...] »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 septembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332752352
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-75233-8

© Edilivre, 2014
Dédicace


A GISELE
à jamais jeune et belle
Samedi
L’angoisse se nourrit de la peur mais qui nourrissait sa peur ?
Depuis plusieurs minutes des pas résonnaient derrière elle dans cette nuit d’hiver. C’était des pas d’homme elle en était certaine, durs, décidés, attaquant le sol du talon pour de solides enjambées, sûrs d’eux. Pourquoi les remarqua-t-elle tout à coup plus que les autres, pourquoi ces pas lui semblèrent-ils attachés aux siens et les trouva-t-elle menaçants alors que tout semblait paisible alentour ?
Elle tourna à droite pour rejoindre le boulevard Saint-Germain en se disant que de toute façon son angoisse absurde se dissiperait lorsqu’elle serait dans la foule et dans la lumière d’une grande avenue fréquentée. D’ailleurs, elle se faisait probablement des idées et ne s’agissait-il que d’un homme pressé de rentrer chez lui rejoindre les siens au retour d’une soirée quelconque. Un jeune homme qui sortait d’un immeuble la heurta légèrement et la fit tressauter d’effroi.
Les pas tournèrent à droite eux aussi. Elle se rassura en se disant qu’ils ne semblaient pas se dissimuler et qu’ils claquaient clairement sur le trottoir. Elle eut le sentiment que leur allure devenait plus rapide et même que les enjambées paraissaient plus amples, prêtes à l’engloutir. Elle ne parvenait pas à percevoir si l’homme était seul ou non tant les bruits de pas se confondaient en s’accélérant. Elle essaya elle aussi de se hâter mais ses jambes se dérobaient sous elle comme dans un rêve cotonneux. Elle tourna à nouveau à gauche puis à droite : les pas tournèrent à gauche puis à droite. Il lui semblait que si elle se retournait, ils allaient lui fondre dessus. Les lumières du Boulevard Saint-Germain éclataient au bout de la rue et l’attirèrent comme un papillon de nuit. Les pas résonnaient dans sa tête et étaient devenus obsessionnels.
Elle s’aperçut qu’elle trottinait maintenant à petits pas pressés. Sans que sa volonté l’ait véritablement voulu, son corps avait pris le relais. Ses jambes, tout à l’heure déficientes, la portaient vers la lumière et l’animation du boulevard. Son corps commençait à souffrir, son cœur palpitait sourdement et la sueur coulait dans ses reins ; elle voulait crier, appeler à l’aide, chercher du secours, mais sa gorge nouée se refusait à transmettre le moindre son, le plus petit signal. Elle était la peur, la peur irraisonnée, la peur instinctive et animale qui fait fuir droit devant soi pour échapper à ses poursuivants.
Arrivée dans la clarté des vitrines du boulevard, elle s’étonna de voir les gens déambuler nonchalamment en cette soirée plutôt douce pour la saison tandis qu’elle se sentait si menacée. Ils la dévisageaient, curieux de sa précipitation et sans doute de son air hagard. Alors seulement, elle sentit une immense fatigue l’envahir et stoppa sa fuite. Pour la première fois, elle eut le courage de se retourner et de faire face mais la rue, sans être déserte, ne présentait aucune agitation particulière ; nul ne courait, nul ne semblait la surveiller. Elle se surprit à s’interroger sur la réalité de la chose. Bien sûr, elle avait pu s’imaginer que les pas la suivaient spécialement. Mais pourquoi le même parcours et surtout pourquoi cette marche précipitée derrière elle qu’elle ne pouvait se persuader avoir complètement rêvée ? Elle tourna à gauche et remonta lentement en direction du boulevard Saint Michel puis trouva un refuge salvateur en s’arrêtant prendre un pot à l’abri au café de La Rhumerie. Elle s’était mise en terrasse couverte se disant que si quelqu’un l’observait, il devrait rester dans son champ visuel et qu’elle serait ainsi mieux à même de le repérer. Elle observa longuement tout autour d’elle, scrutant notamment les recoins de pénombre, mais aucune silhouette n’était immobile et personne ne semblait la guetter particulièrement. Elle fit signe au garçon pour commander un daïkiri. Une idée traversa son esprit : et si dans le va et vient continuel de la salle, ses poursuivants étaient entrés juste après elle.
Quel meilleur poste d’observation que de se trouver derrière elle, dans l’arrière salle du café. Elle se retourna et passa en revue les consommateurs. Il y avait là des gens de tous âges en train de discuter paisiblement et aussi quelques couples en mal d’amour dont les corps s’appelaient déjà comme aimants. En terrasse, se trouvaient des jeunes gens réunis autour de plusieurs tables dont les rires sonores lui parvenaient sans qu’elle pût en saisir les raisons dans le brouhaha général.
Enfin, deux tables étaient occupées chacune par des jeunes filles venues discuter en goûtant au plaisir des soirées enfumées de Saint-Germain des Prés. Rien là qui ne puisse appeler spécialement sa suspicion.
Elle ressentait néanmoins toujours son anxiété, ce sentiment confus d’être surveillée. Un sentiment inexplicable mais qui ne laissait dans son esprit aucune place au doute. Elle ne pouvait pourtant pas demander à quelqu’un de la protéger contre un danger inconnu qu’elle ne comprenait ni ne maîtrisait elle-même. Les gens auraient ri et d’ailleurs qu’avaient-ils à faire de ses ennuis et n’avaient-ils pas assez des leurs ? Que n’y avait-il là quelque donneur de leçons patenté toujours prêt à appeler au courage civique et donc susceptible de voler au secours d’une faible femme stressée en détresse. Mais comment réagiraient-ils, ces valeureux moralistes, s’ils assistaient à une véritable agression dans leur vraie vie ?
Il y a des choses qu’on dit et qu’on ne fait pas. Il y a des circonstances où on agit et d’autres où on n’agit pas. Elle se sentait prête à défendre son enfant comme une bête mais ne connaissait pas sa réaction dans des situations ou d’autres, totalement inconnus, seraient concernés.
Pierre-Rémy, son mari lui avait raconté qu’il avait été agressé un soir de juin à Saint-Germain des prés justement et que malgré le nombre de badauds, aucun n’était venu à son aide. Il n’avait dû en définitive son salut qu’à un café providentiel d’où il avait pu téléphoner à police secours. Pour autant, jamais il n’en avait voulu à ces passants impassibles, sachant combien il est parfois difficile d’être à la hauteur des événements et d’avoir un comportement digne de son amour-propre.
Elle s’aperçut qu’au fil de ses pensées, le café s’était peu à peu vidé de ses consommateurs et qu’elle allait devoir prendre une décision qui la conduirait forcément à ressortir dans la rue. Que faire une fois dehors ? Pour des raisons évidentes, il était hors de question qu’elle rejoigne les transports en commun où elle retrouverait toute sa peur. Elle ne pouvait pas non plus errer au hasard des rues à la recherche d’un hypothétique taxi ; elle prit un annuaire et téléphona, mais sans succès, à plusieurs stations et n’eut pas plus de chance avec les compagnies où aucun véhicule n’était libre dans l’immédiat. Elle eut une idée qu’elle jugea géniale : se faire embarquer par les flics. Sans payer ses consommations, elle se leva et quitta l’établissement. Elle remonta posément en direction de l’Odéon. Le temps passait et rien ne se produisant, elle crut que nul serveur n’avait remarqué son départ. Elle en était à se demander ce qu’elle allait faire lorsqu’elle s’entendit héler par une personne qui courait derrière elle. Elle poussa un bref soupir de soulagement mais accéléra légèrement son pas sans se retourner. L’homme au gilet rayé la rattrapa alors qu’elle atteignait le coin de la rue et lui fit observer qu’elle était partie sans payer ce qu’elle expliqua par son manque d’argent. L’homme lui demanda de la suivre ce qu’elle fit volontiers jusqu’à ce qu’ils se retrouvent au bar. Là, il expliqua la situation au patron qui engagea un dialogue savoureux :
Vous comprenez bien, madame, que si tout le monde agissait comme vous j’aurais depuis longtemps mis la clef sous la porte parce que quand on n’a pas les moyens on ne consomme pas.
Elle compatit, assura que oui elle comprenait bien sûr et même déplorait mais expliqua à nouveau qu’elle n’avait pas d’argent sur elle.
Il voulut voir sa carte d’identité mais elle refusa comme elle s’opposa à fortiori à ce qu’il fouille dans son sac. Le ton montait mais plus il haussait la voix et plus elle restait impassible et elle alla même jusqu’à lui proposer de passer le payer le lendemain.
Haussant les épaules pour toute réponse, il la menaça d’appeler la police, voire même la B A C si ça ne suffisait pas et qu’on allait voir ce qu’on allait voir. Elle se demandait si sa figure rougeaude allait exploser de colère comme dans un dessin animé et ne pût s’empêcher de sourire en pensant que les murs et la vitrine en seraient éclaboussés. Une si belle vitrine ! Ce sourire porta à son paroxysme la colère du cafetier qui, à bout d’arguments, se résolut à alerter le commissariat non sans la laisser à la garde du serveur. Elle ne risquait d’ailleurs pas de s’enfuir car les consommateurs ravis de cette distraction inattendue, prirent rapidement le parti du patron face au manque évident de coopération de la cliente et à son sourire narquois face à la dignité outragée et à l’honnêteté faites cafetier. Non, décidément les braves gens n’aimaient pas que l’on sorte du droit chemin même pour une bagatelle.
Elle entendit la sirène au loin et aperçut bientôt la lueur bleue du gyrophare danser dans la nuit. Elle n’avait pas une admiration extraordinaire pour les forces de l’ordre mais comme tout un chacun était heureuse de les voir arriver lorsqu’elle en avait besoin. Jusque là, tout se présentait selon ses vœux. L’affaire semblait d’ailleurs urgentissime et les policiers n’avaient sûrement

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