Apprenez jeune homme
88 pages
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Apprenez jeune homme , livre ebook

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Description

« Ah ! les liasses de Pascal... Ah ! les groupies déchaînées du bas-ventre... Ah ! les dithyrambes dans « Télérama »... Ah ! les numéros un aux hit-parades des ventes... Ah ! les après-midi de dédicace où tous et chacun bravaient l'étouffement... Car tout le monde me lisait, jeune homme, depuis ma crémière en pâmoison jusqu'à Jean-Paul Sartre agonisant... »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 août 2013
Nombre de lectures 8
EAN13 9782342010022
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Apprenez jeune homme
Gilles Dumaure
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Apprenez jeune homme
 
 
 
 
 
 
Ces deux modestes actes ont été, pour l’essentiel de leur substance, menés à terme à Tallinn, Estonie, durant l’été 2011. Que, selon l’impératif d’usage, soient donc ici remerciés ce joyau hanséatique cher à mon cœur ; les terrasses, par Ré et Apollon honorées, de son incomparable noyau historique ; son café Coco où furent jetées sur le brouillon les toutes premières répliques de cette tragi-comédie ; ses autobus 5, 29 et 63, tous lieux et témoins privilégiés des spéculations et états d’âme de CTAMH.
 
L’Auteur
 
 
 
Avertissement au lecteur
 
 
 
Avant, tout au moins l’espère-t-il, saine et jubilatoire lecture de cette pochade, l’auteur, après l’avoir assuré de sa gratitude, tient à faire connaître à son lecteur qu’il ne saurait endosser les élucubrations de son envahissante créature. Qu’il s’agisse du destin qu’il prête à l’espèce, des nouvelles aliénations technologiques de ses contemporains, de ses raccourcis quant au sexe prétendu faible, du mépris dont il entoure ses anciens confrères ou de sa déclinaison du verbe jouir, à CTAMH d’assumer seul ses rodomontades, ses évaluations péremptoires et ses contrefaçons de Nostradamus…
 
 
 
 
 
 
Comédie visionnaire en deux actes et autant de tableaux, drame de la sénilité, tragi-comédie du tempus fugit , pensum ou purge, comme il vous plaira , Lecteur.
 
Personnages, par ordre d’intrusion sur la scène :
Sidonie, la virtuose de la tarte tatin
Charles-Théodore-Aristide Morallet-Hidécourt, le trublion du verbe et de la plume
Augustin, le faux candide
 
 
 
Acte premier
Tableau introductif
 
 
 
Un salon de dimensions moyennes, aéré et clairement multifonctionnel. Fenêtre unique, aux trois quarts masquée par d’épais rideaux grenat, d’où l’inconfortable pénombre régnant sur le lieu, à peine atténuée par la lueur anémique offerte par un lampadaire relégué dans le coin opposé. Tapis sombres au sol. Mobilier de standing en noyer : bureau étroit, secrétaire impersonnel, élégant meuble bibliothèque. Table basse en verre, fauteuil au moelleux presque coquin, deux chaises rébarbatives. Volumes, somme toute peu nombreux, méticuleusement alignés, dans le strict respect de notre alphabet, sur les étagères de la bibliothèque. Une demi-douzaine de reproductions de chefs-d’œuvre du quattrocento florentin et vénitien sur trois des murs d’un blanc immaculé. Sur le quatrième, un haut miroir ovale. Absence totale de bibelots. Indéfinissables effluves flottant dans l’air de ce cube singulier relié au monde par une première porte ouvrant à gauche sur un vestibule et, par une seconde découvrant à droite un corridor, aux espaces privatifs, cuisine, bains et toilettes inclus. On entend, à l’extérieur, le crépitement agressif d’une pluie incontrôlable.
Sidonie , lourdement et maladroitement juchée sur l’accoudoir du fauteuil, le combiné du téléphone dans une main, un torchon maculé de jus de viande dans l’autre.
Oui, Monsieur… Non, Monsieur… Certainement, Monsieur… Je rappellerai à Monsieur son rendez-vous avec Monsieur… Non, je n’y manquerai pas, dormez tranquille, Monsieur… À demain matin, Monsieur… Excellente soirée à vous, Monsieur… Bonsoir, Monsieur…
Elle raccroche le combiné en maugréant.
Encore un qui va importuner Monsieur et lui gâcher la matinée et, en prime, souiller le tapis avec ses mocassins et égoutter dessus son parapluie… Pourvu qu’il ne demande pas à aller aux toilettes… Monsieur déteste qu’on pénètre dans ses toilettes. C’est tout juste si j’ai moi-même le droit de m’y soulager… ( Toujours grommelant. ) Encore un journaliste, pour sûr… Si l’on faisait taire ces scribouilleurs-là, que d’arbres épargnerait-on ! Celui-là ne sait pas ce qui l’attend… Monsieur va joliment le recevoir et lui rabaisser le caquet.
Elle consulte sa montre.
Et cette pluie à vous glacer les sangs et vous épuiser les nerfs ! Et Monsieur qui ne rentre pas ! Le pauvre va dégouliner de partout, lui qui est incapable de se servir correctement d’un parapluie… Et mon rôti… Pour sûr, il faudra le réchauffer… Et Monsieur qui interdit le réchauffé.
Elle gagne le corridor. On entend au même moment le claquement de la porte d’entrée. Elle se rue dans le vestibule où elle se heurte à Morallet-Hidécourt, cent cinquante-neuf centimètres au maximum, vaguement bedonnant, la soixantaine crépusculaire et tassée, mais réjouie et élégante, le nœud de cravate cependant éloquemment négligé.
Monsieur ! Enfin ! Près d’une heure que je me ronge d’angoisse et ma pièce de charolais avec… Et votre parapluie fermé… Et trempé comme la soupe que je devrais vous faire ingurgiter de force plutôt que de céder à votre péché mignon des chairs grasses et rosées…
Monsieur , qui, après les hallebardes qu’il a essuyées, n’en est pas à une grêle de reproches et de commentaires près.
Hé ! hé ! brave et fidèle Sidonie ! Que de véhémence dans l’accueil ! Ne manque plus que le martinet ! ( Petit rire gaulois. ) Le martinet !... Mon péché… des viandes grasses et rosées ! Vous ne croyez pas si bien dire, brave et fidèle Sidonie…
Il lance habilement son parapluie sur le fauteuil, provoquant un oh ! de détresse chez Sidonie.
Quant à cette soupe, vous fûtes inspirée de m’épargner ce châtiment. Je ne vous aurais pas pardonné de sitôt ce breuvage pour agonisants et alcooliques repentis. Où sont mes pantoufles ?
Sidonie les lui tend, l’aide à se déchausser puis à se rechausser.
Sidonie , vaguement pleurnicharde
Où diable étiez-vous donc passé, Monsieur ? Et sous ce déluge ! Chacun de vos retards me fait craindre le pire…
Monsieur , ôtant son pardessus luisant d’une myriade de gouttelettes
Et quel pire craignez-vous donc, fidèle et dévouée Sidonie ? Que je ne réapparaisse plus ? C’est ce qui arrivera un jour, peut-être pas si lointain… ( Sidonie a un haut-le-corps. Monsieur lui met sa pelisse sur les bras. ) À moins qu’en pénétrant dans votre cuisine, ce ne soit moi qui bute sur votre corps sans vie… ( Sidonie a un second haut-le-corps. ) Allez, dévouée et indestructible Sidonie, je galèje, je galèje… Vous enterrerez tout le quartier… Quant à savoir où je me trouvais en cet après-midi de mousson, eh bien ! disons que je me trouvais là où la nature fait qu’à mon âge on s’attarde parfois un peu plus qu’on ne voudrait…
Sidonie , à qui la mémoire revient à point nommé
Mais oui ! bien sûr ! Nous sommes le mardi 11 ! Vous étiez au laboratoire, pour votre analyse d’urine…
Monsieur , qui s’esclaffe fort inélégamment
Ah, ah ! vous y êtes presque ! Va pour le test, va pour l’organe du test, va, au fluide près, pour l’objet du test… Ne reste plus qu’à requalifier la professionnelle du test et le test lui-même que j’ai passé plutôt brillamment, quoiqu’un rien plus laborieusement que certains mardis précédents…
Sidonie , soudainement éblouie par les capricieuses lumières de son entendement.
Monsieur ! À votre âge ! Et le diable sait avec quelle traînée… et à quel prix !
Monsieur , surenchérissant
Et le diable sait dans quelle position ! Eh oui ! immaculée Sidonie, à mon âge justement… Et au vôtre aussi, d’ailleurs…
Sidonie , outragée
Monsieur !
Monsieur
Enfin… vous savez tout… de ce qu’évidemment vous saviez depuis que vous entrâtes en ces lieux… Voilà qui devrait dissiper vos angoisses et vous rassurer sur l’excellence de ma condition… Et sachez que je vous sais gré de croire qu’il me faille payer pour coucher…
Sidonie , un brin honteuse
Monsieur… Je n’ai pas voulu…
Monsieur , magnanime
L’offense est pardonnée… ( À part. ) D’autant que le test m’a aussi soulagé de trois cents euros. ( Haut. ) Comme il se doit, l’apothéose du test m’a violemment mis en appétit. De quoi dînons-nous ? J’ai ouï mentionner une pièce de charolais…
Sidonie , qui tient une forme de revanche
Tout juste, Monsieur… Une pièce superbe elle aussi, tendre et rose à souhait, et qui elle aussi se languit dans son jus… Vous l’aurez voulu, Monsieur, cette chair-là sentira le réchauffé.
Monsieur , faussement ébahi et admiratif
Dites donc, émérite Sidonie, je ne vous soupçonnais pas cette aisance dans la métaphore filée… Compliments à part, vous ne réchaufferez rien. Une minute et vingt secondes au micro-ondes et vos tranches de rosbif auront pardonné l’affront de l’attente. Et en accompagnement, qu’avons-nous ?
Sidonie , avec la superbe d’un maître d’hôtel
Une pomme de terre fendue et rôtie avec sa peau, accommodée avec une crème persillée. Vous savez, cette crème dont vos médecins exigent que vous vous priviez…
Monsieur , gourmand et rebelle
Épaisse et généreuse, j’espère, la crème… Je m’en sucerai les doigts et ( Il joint le geste à la parole. ) en adresserai un à la guilde des carabins… Notez que je vénère et admire la médecine. Ce sont ses dépositaires que j’exècre, qui me basculent dans l’affliction chaque fois qu’ils me toisent, puis me scrutent, puis m’assiègent, puis m’envahissent, comme pour s’emparer d’une maladie inconnue à qui mon corps aurait offert le gîte… Et ces airs et ces mots perfides pour me signifier ce que je suis et qui je ne suis plus… Impitoyables clairons de notre impitoyable infortune d’êtres sécrétant et déféquant, plus charcutiers que guérisseurs. Et avec ça, la même efficacité que les curés : plus ils vous réconfortent, plus ils vous précipitent dans la désespérance…
Sidonie , dont le nez froncé affiche le dégoût
Eh bien ! Monsieur, voilà une curieuse façon de montrer votre appétit

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