L imaginaire du cirque
286 pages
Français

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L'imaginaire du cirque , livre ebook

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Description

Cet ouvrage évoque tout d'abord des notions de base de la psychologie sociale et des sciences de l'information et de la communication puis les réinvestit dans la sphère de la culture pour montrer comment les médias et les pouvoirs publics ont construit une représentation sociale pour un cirque dit "nouveau". L'observation du cirque classique permet ensuite de comprendre comment les animaux, les clowns, les acrobates sollicitent l'imagination du spectateur qui participe ainsi à la co-construction d'un imaginaire à la fois propre à chacun et commun aux quelque 12 millions de français qui constituent le public du cirque classique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2006
Nombre de lectures 210
EAN13 9782336255309
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection Arts de la piste et de la rue
Sous la direction de Hugues Hotier
Arts de la piste et de la rue est une collection originale qui se veut un lieu de publication pour des recherches consacrées aux spectacles de la piste et de la rue quelles que soient les formes que ceux-ci prennent.
L’expression Arts de la piste et de la rue pourrait laisser penser que le titre de la collection cède à un effet de mode. Effectivement choisi par commodité, elle indique surtout que sont prises en compte toutes les techniques, disciplines et formes d’expression qui se donnent en spectacle dans la piste du cirque ou dans la rue. Peu importe que marcher sur des échasses, jongler avec trois balles, déclamer des répliques, défiler en lançant des drapeaux au-dessus de soi ou danser le hip hop soient considérés comme des démarches artistiques ou non : dès lors que le public s’assemble on peut parler de spectacle et la collection est concernée.
Arts de la piste et de la rue est une collection entièrement dédiée à la recherche dans ce domaine. Elle est dirigée par une personnalité qui est à la fois un chercheur connu pour trente ans de travaux scientifiques sur cette thématique et un praticien à qui une expérience longue et reconnue, tant par la profession que par le public, confère une connaissance privilégiée du domaine.
Déjà parus
Hugues HOTIER, Un cirque pour l’éducation , 2001
Hugues HOTIER (textes rassemblés et présentés par), La fonction éducative du cirque , 2003
L'imaginaire du cirque

Hugues Hotier
Sommaire
Collection Arts de la piste et de la rue - Sous la direction de Hugues Hotier Page de titre DU MÊME AUTEUR Page de Copyright Dedicace Avant-propos Première partie - Les chemins de traverse de l’imaginaire
1 - Petit rappel pour mettre les idées en place : communication, imaginaire et induction 2 - Imaginer à se méprendre... ou la construction d’une représentation sociale pour un cirque “nouveau”
Deuxième partie - Imaginer avec le cirque
3 - De l’interprétation au cirque 4 - Impératifs de sécurité et imaginaire du risque 5 - L’enfant spectateur 6 - Le rire des clowns 7 - Les animaux du cirque 12 - Conclusion Le cirque, un cadre pour l’imaginaire
Eléments pour une bibliographie Beaux-Arts à l’Harmattan
DU MÊME AUTEUR
Bonjour les clowns, défense et illustration de l’art clownesque Editions scientifiques et techniques Louis-Jean, Gap, 1975
Le vocabulaire du cirque et du music-hall Editions Malouine, Paris, 1981
Signes du cirque, approche sémiologique Editions de l’Association Internationale de Sémiologie du Spectacle, Collection Tréteaux, Bruxelles, 1984
Cirque, communication, culture Presses Universitaires de Bordeaux, 1995
Non verbal et organisation L’Harmattan, Collection Communication des organisations, Paris, 2000
Un cirque pour l’éducation L’Harmattan, Collection Arts de la piste et de la rue, Paris, 2001
La fonction éducative du cirque (dir.) L’Harmattan, Collection Arts de la piste et de la rue, Paris, 2003
http://www.libraineharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747599849
EAN : 9782747599849
À Sophie, à Gabriel et à Evelyne, mes petits-enfants, pour les aider à comprendre ce cirque qu’ils aiment déjà tant.
Non monsieur, les clowns ne sont pas tristes : c’est une légende, ça, une idée de poète. Le cirque, ce n’est pas de la poésie. C’est de la sueur, du crottin, de la sciure, de l’embrocation, du fond de teint, des paillettes, encore de la sueur et, quelquefois, du sang... C’est ça le cirque. Les poètes ne le connaissent pas, non.
Gérard Sire Le clown et autres contes
Avant-propos
Le cirque moderne est né en Angleterre, à Londres, autour de 1770. A cette époque, nombre d’anciens militaires réduits au chômage pour cause de paix exploitaient les compétences qu’ils avaient acquises à la guerre et donnaient des spectacles équestres dans une piste circulaire parfois entourée d’une enceinte faite de planches. L’un d’entre eux, Philip Astley, eut l’idée d’aller quérir les saltimbanques qui, sur les places publiques, montraient des petits animaux, jonglaient, dansaient sur la corde ou réalisaient toutes sortes d’acrobaties et d’équilibres. Cette combinaison des numéros du manège et de ceux de la rue, bientôt rejoints par un personnage comique, le clown, a donné naissance à un nouveau spectacle : le cirque. Ainsi appelé parce qu’il était présenté dans un lieu circulaire qui procédait d’ailleurs à la fois du manège et de la place publique car c’est bien un cercle que les badauds forment autour du bateleur. Ce n’est pas le lieu ici de retracer l’histoire du cirque. Disons simplement qu’il a essaimé à travers l’Europe avant de traverser l’Atlantique.
D’un point de vue historique, il faudrait encore ajouter que le cirque a une indiscutable faculté à épouser son temps et à en spectaculariser les modes sociales. Né à une époque où le cheval était, bien plus qu’une monture ou un auxiliaire de l’homme, un véritable signum social, un signe d’appartenance à une classe, il devra son succès à son fondement équestre. Au fil du temps, il accompagnera l’actualité et s’en nourrira. Je ne dis pas cela seulement parce qu’il fut anti-français à Londres pendant la Révolution ou zélateur de Napoléon à Paris sous l’Empire. Je veux, par exemple, évoquer les « exhibitions ethnologiques » et l’introduction des animaux dits exotiques, notamment les dromadaires, à l’époque où les Français se passionnaient pour la conquête de l’Algérie ou bien le développement des numéros acrobatiques, notamment l’invention du trapèze volant, quand, au milieu du XIXe siècle, la France connaissait un extraordinaire engouement pour la gymnastique popularisée par le colonel Amoros et créait des sociétés gymniques dans le moindre de ses quartiers ou de ses villages.

On peut dire que le cirque français a été florissant jusqu’au milieu des années 1950. Il a ensuite décliné pour différentes raisons. Bien sûr, on pense immédiatement à la concurrence de la télévision, loisir de paresseux par essence puisqu’elle permet de croire que tout est livrable à domicile. Elle aurait rendu casaniers les hommes et leur aurait fait croire que l’image valait le réel. Chacun sait que « la carte n’est pas le territoire », que la pipe de Magritte ne peut apporter de plaisir au fumeur et qu’un film diffusé à la télévision n’a pas le même charme que le même projeté dans une salle de cinéma. Il y a même une différence considérable entre les médias quant à leur pouvoir de retransmission. Parce qu’elle sollicite plus et mieux l’imagination et le pouvoir de construction dramatique, la radio est certainement supérieure à la télévision pour la transmission du théâtre. La télévision s’est inventé une forme de théâtre qui convient à son écriture, ce qu’on appelle une dramatique, mais quand elle filme une pièce de théâtre donnée sur une scène, l’effet est rarement bon. Plutôt que d’effet il vaudrait mieux parler de conviction et dire que le téléspectateur adhère moins au théâtre télévisé qu’à la représentation à laquelle il assiste depuis la salle. C’est encore plus vrai au cirque, spectacle conçu pour être vu en cercle et non pas de face, en espace ouvert et non pas dans une boîte cathodique. Spectacle conçu pour être vu en direct, avec ce que cela comporte d’émotions, et non pas en retransmission. Bref, spectacle qui se vit plus qu’il ne se regarde.
Ce que la télévision a apporté c’est, sinon la gratuité, le bon marché. Car le cirque est cher. Si certaines entreprises permettent l’accès au plus grand nombre par des prix attractifs 1 , voire par la gratuité, il est des spectacles inaccessibles aux familles à faibles ou moyens revenus. C’est-à-dire à plus de la moitié de la population d’un pays comme la France. On aimerait que chaque citoyen puisse découvrir en famille les magnifiques réalisations du Cirque du Soleil mais force est de reconnaître que ce spectacle n’est pas ouvert à tout le monde. Les places du Cirque du Soleil sont classées en huit catégories et coûtent de 29 à 60 €. Il existe une classe hors catégorie, la « VIP Rideau Rouge » et la clientèle est avisée que les quatre catégories les moins chères n’offrent qu’une « vue limitée ». 2 Ce n’est pas une particularité du cirque. Ni l’opéra ni les concerts de Johnny Hallyday ne sont ouverts aux « rmistes ». Le cirque est supposé être un spectacle populaire, on se demande — ou, plutôt, on n’a pas besoin de se demander — pourquoi les statistiques du ministère de la culture montrent qu’il attire « les cadres et les professions intellectuelles supérieures ». <

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