La Révolution française

Isabelle Papieau

Description

Largement traitée au cinéma, la Révolution française s'est avérée être aussi le thème de spectacles vivants dont ceux montés par Ariane Mnouchkine et Robert Hossein : de l'opéra-rock La révolution française à la comédie musicale 1789. L'auteur s'intéresse ici au regard que portent les réalisateurs de films, concepteurs de spectacles et auteurs-compositeurs de chansons contemporaines sur cette période révolutionnaire et mythique.

Sujets

• Harmattan Littérature
• Cinema
• Beaux arts
• Histoire
• Photographie
• Ópera

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 octobre 2013
• Nombre de lectures: 38
• EAN13: 9782336327952
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 13 Mo

Extrait

que portent les réalisateurs de Ilms, concepteurs de spectacles

Isabelle Papieau

LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

Métamorphoses à l’écran et à la scène

Série Études culturelles L O G I Q U E S S O C I A L E S

La Révolution française

Métamorphoses à l’écran et à la scène

Collection Logiques Sociales Série : Études Culturelles Dirigée par Bruno Péquignot Le champ des pratiques culturelles est devenu un enjeu essentiel de la vie sociale. Depuis de nombreuses années se sont développées des recherches importantes sur les agents sociaux et les institutions, comme sur les politiques qui définissent ce champ. Le monde anglo-saxon utilise pour les désigner l’expressioncultural studies. Cette série publie des recherches et des études réalisées par des praticiens comme par des chercheurs dans l’esprit général de la collection. Laetitia SIBAUD,Les musiciens de variété à l’épreuve de l’intermittence. Des précarités maitrisées ?, 2013. Christian APPRILL, Aurélien DJAKOUANE et Maud NICOLAS-DANIEL,L’enseignement des danses non réglementées en France. Le cas des danses du monde et des danses traditionnelles, 2013. Christiana CONSTANTOPOULOU,Barbaries contemporaines, 2012. Barbara LEBRUN (éd.),Chanson et performance. Mise en scène du corps dans la chanson française et francophone, 2012. Isabelle PAPIEAU,Du culte du héros à la peoplemania, 2012. Frédéric GIMELLO-MESPLOMB,L’invention d’un genre : le cinéma fantastique français, 2012. Frédéric GIMELLO-MESPLOMB,Les cinéastes français à l’épreuve du genre fantastique, 2012. Raphaële VANÇON,Musicien amateur ou professionnel ? La construction identitaire musicienne, 2011. Yves RAIBAUD,Géographie socioculturelle, 2011. Françoise CARECCHIO,La culture des jeux. Une poétique enfantine, 2010. Steve GADET,La Culture hip hop dans tous ses états, 2010.

Isabelle Papieau

La Révolution française

Métamorphoses à l’écran et à la scène

© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-336-00722-9 EAN : 9782336007229

I NTRODUCTION  La Révolution française demeure l'un des épisodes historiques les plus ancrés dans la mémoire collective, car elle s'avère être, par essence, le ciment de l'évolution des institutions politico-sociales de la France. Ce terme demeure, plus de 200 ans après les événements auxquels il est associé, évocateur d'images puisées (dès l'enfance ou l'adolescence) aux sources de l'iconographie illustrant les manuels d'Histoire académiques, suggérées par les discours des historiens ou façonnées par le traitement que les artistes firent de la Révolution. Plurielles, ces images se veulent l'expression mémorielle d'un intérêt sans faille pour un mouvement induit par la philosophie des Lumières et vecteur d'un changement radical concrétisant la notion de souveraineté nationale : un mouvement dont la quasi-exception historique du caractère à cette époque allait être un des marqueurs de sa mémorisation et dont l'étendue des effets allait générer une résonance universelle, pérenne.  De la diversité des images que module l'approche différentielle des séquences de ce mouvement révolutionnaire (évoluant de périodes euphoriques à de sombres phases), semble émerger le cliché dominant de l'impact des événements de 1789, qui sustente la mémoire vive, des conséquences de flamboyantes actions tant réductrices de disparités que ciment d'une constitutionnalité moderne et définie matricielle. Le poids de cet héritage modelant des idéaux et une refonte des règles gouvernant les relations sociétales et étatiques se révélera en fait intemporel et va influer sur l'existence des révolutions dix-neuviémistes : une prégnance de ces modèles dont Yves Guyot se fera l'écho. Ainsi, écrit-il dans son ouvrageLa démocratie individualiste publié en 1907 : «Tous les peuples qui se sont affranchis, au cours 7

e du XIX siècle, ont eu pour idéal de se rapprocher des principes de 89, qui constituent l'étalon social et politique de l'évolution humaine. C'est en s'y référant que l'on juge 1 le degré d'avancement d'un peuple. »  L'importance des commémorations succédant à celle de la fête de la Fédération — le 14 juillet 1790 — est tout à fait significative de l'engouement populaire pour cette période historique qu'amorce dans les représentations collectives et la mémoire identitaire nationale, la prise de la Bastille (dont de nombreux écrits ou documents picturaux ont par ailleurs brossé la scène) : une forteresse considérée comme le symbole de l'absolutisme, de l'arbitraire royal. «Il s'agit d'incarner en spectacles et en actes les valeurs républicaines, la liesse collective permettant à chacun de se les approprier. Il faut 2 simultanément glorifier la nation et la république (...) ». Les enjeux mémoriels de la Révolution française dicteront au fil du temps, des manifestations fédératrices e d'importance, dont au XIX siècle, le centenaire de la Révolution française célébré dans le cadre de la mise en place de l'Exposition Universelle de 1889 (une manifestation ciblant Parisiens et provinciaux qui pouvaient alors acquérir des billets de train couplés 3 à l'entrée à l'Exposition ), la fête du 14 juillet 1936 dont la tonalité reflétait le retentissement de l'avènement du Front populaire et le bicentenaire de la Révolution française, objet d'un véritable surinvestissement créatif. Des spectacles commémoratifs « Son et Lumière », se distinguera médiatiquement le spectacle chorégraphique conçu par Jean-Paul Goude et programmé à Paris : un opéra-ballet titréLa Marseillaise aux touches afro-européennes, brassant entre autres, les prestations des lanceurs de drapeaux français, de quinze cents « tambours », d'un grand nombre de musiciens 4 « auto-éclairés » , de Jessie Norman (vêtue d'une création

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stylistique simulant le drapeau tricolore) et se clôturant par l'exhibition — aux accents des tambours du Bronx — d'une imposante locomotive à vapeur qui réactivera l'image littéraire et zolienne de la machine deLa Bête 5 humaine. Prenant appui sur une citation du créateur même de ce spectacle («On prend un cliché, un folklore, 6 on le décale du contexte, on garde l'esthétique» ), Philippe Dujardin énonce que la prise en compte de «l'horizon socio-sémiologique» apporte du crédit à «l'interprétation de la pratique de Jean-Paul Goude» perçue en tant que «art de la ''manipulation tendre des 7 stéréotypes''». P. Dujardin relève que Jean-Paul Goude — «artiste authentiquement populaire» — apparaît comme un concepteur qui «intègre à une esthétique très sophistiquée des éléments d'une culture partagée par le 8 plus grand nombre» .  Seize ans plus tôt, la comédie musicaleLa Révolution 9 françaiscréée au Palais des Sports de Paris. Chantée était notamment par le groupeMartin Circus, Alain Bashung, Gérard Blanc, Antoine et Daniel Balavoine, cet opéra-rock — ayant opté pour le choix de mixer éléments historiques et sentimentalisme — mettait en fait, en scène les impensables amours entre un député du Tiers état et une jeune aristocrate obligée de s'enfuir avec la famille royale.  Parallèlement aux commémorations populaires de cette fête nationale aux couleurs, selon le contexte, 10 «nationaliste, militante, républicaine, pacifique» , la Révolution française a été le sujet de films, de pièces de théâtre, de spectacles musicaux, d'événementiels culturels traduisant une interprétation subjective de ce mouvement à l'origine de la République.  Quel regard portent précisément sur la Révolution française, les cinéastes ainsi que les concepteurs de spectacles vivants et de quel registre (littéraire ou historique) s'inspirent-ils ; se distancient-ils de ce

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