Les pleins pouvoirs
90 pages
Français

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Les pleins pouvoirs , livre ebook

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Description

La pièce se situe pendant la guerre d'Algérie. Deux appelés, Jean et Christian, servent dans un poste avancé au Sud de l'Algérie, position commandée par Pierre, militaire de carrière et frère de Jean. Christian, pacifiste convaincu, décide de dénoncer les méthodes employées par son employeur et de déserter. Jean, tiraillé par sa conscience, finit par se joindre à son projet de fuite mais c'est sans compter Pierre qui, prévenu, mettra tout en oeuvre pour faire échouer le plan de Christian et assouvir la haine implacable qu'il voue depuis toujours à son frère.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 234
EAN13 9782296694606
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES PLEINS POUVOIRS
Théâtre des 5 Continents
Collection dirigée par Kazem Shahryari
et Robert Poudérou
 
 
Dernières parutions
 
233 - Philippe PILATO, Mers, 2010.
232 - Kazem SHARRYARI, L 'Automne précoce, 2010.
231 - Pierre GROU, Le goinfre, 2009 .
230 - Robert POUDÉROU, La trappe, 2009.
229 - Ahmed HAFDI, Cette belle poussière jaune d'Uruk, 2009.
228 - Jaime Salazar SAMPAIO, La Bataille Navale, 2009 .
227 - Thierry MICHAËLIAN, La manipulation, 2009.
226 - Jacques MONDOLONI, L'étoffe des femmes, 2009.
225 - Pierre CASSARD, Raguse an 01, 2009.
224 - Hugues BERNARD, Nouvel arrivage, 2009.
223 - Benjamin OPPERT, Entre père et maire, 2009.
222 - Essindi MINDJA, Le Mvet : La Guerre du fer, 2009.
221 - Nazly SADEGHI, Spenta, 2009.
220 - Danielle DUMAS, Ce héros au sourire si doux, 2009.
219 - Mohamed BOUNOUARA, La Machine à aigrir, 2009.
218 - Thais COUSIGNE, Pêle-mêle de sentiments, 2008.
217 - Nicolas NERCAM (textes réunis par), Théâtre bengali moderne, Quatre pièces de Dinabandhu Mitra, Rabindranath Tagore, Badal Sircar et Utpal Dutta, 2008.
216 - Jean-Luc JEENER, La tragédie de Gilles de Rais. Pièce en 18 tableaux, 2008.
215 - Henri Michel BOCCARA, Trois pièces closes, 2008.
214 - Carlotta CLERICI, Le Grand Fleuve. Comédie de mœurs en quatre saisons, 2008.
213 - Clément DILl PALAI, Foyer de tensions, 2008.
212 - Solo NIARÉ, La Tirelire de maman, 2008 .
211 - Pierre GROU, Les tribulations de Scapin, 2008 .
210 - Solo NIARÉ, Le Temps d'un mensonge, 2008 .
209 - Jean-Pierre TOUBLAN et Zémanel, Le Graal du cochon.  Tragédie porcine, 2008 .
208 - Gerald GRUHN, (La Belle et la Bête) Chapitre 1704, 2008.
207 - Bruno GALLISA, Le bruit du silence, 2008 .
 
Jean-Pierre Guérot
 
 
LES PLEINS POUVOIRS
 
 
L’Harmattan
 
Du même auteur
 
Fallait les voir danser , Éditions Club Zéro, 2005.
 
 
 
 
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-11214-8
EAN : 9782296112148
 
PERSONNAGES
 
 
JEAN : Appelé, frère de Pierre.
 
PIERRE : Militaire de carrière, frère de Jean.
 
CHRISTIAN : Appelé, ami de Jean.
 
 
Camp militaire français dans le sud de l’Algérie pendant la guerre.
 
L’action se situe principalement près des barbelés de manière à ce que deux des protagonistes, Jean et Christian, soient comme « aimantés » vers ces défenses dont la position variera selon les scènes. Il en sera de même pour Pierre qui, lui, restera fermement à « l’intérieur » du périmètre.
 
Les barbelés seront le seul décor. Chevaux de frise « fournis » au début, il ne restera, à la fin, que quelques fils épars.
 
Début de la chanson de Gribouille, « Les roses barbelées » - « Alors c’est vrai copain, que tu pars à la guerre ? Avec des fleurs aux poings, comment tu vas la faire... »
 
Près des barbelés, le soir.
 
- 1 -
 
 
CHRISTIAN
T’as rien bouffé ? Tu n’veux pas aller bouffer ? ( Temps long) J’te dis d’aller bouffer, tu m’entends ? Je n’aime pas les types qui ne bouffent pas, ce n’est pas normal. Qu’est ce que t’as ? Ce n’est pas vrai, bordel ! Vous n’êtes pas faciles, les frangins !
 
Christian s’approche de Jean qui est assis et le pousse doucement du pied. Jean qui avait une attitude distante se retourne en râlant. Son visage s’illumine.
 
JEAN
Tu pues des pieds, tu empoisonnes l’air. ( Jean se détourne, brusquement sombre) Venir ici pour empoisonner l’air.
 
CHRISTIAN
On pue tous des pieds, ici, t’as qu’a sentir la piaule. C’est peut-être pour ça que tu n’y dors plus, pas vrai ? Monsieur est délicat. (Il rit. Jean regarde au loin) Qu’est-ce que tu as à dormir dans cette caillasse, tu vas m’dire ?
 
JEAN
On pue, ouais, on pue. (Temps long) Pas eux. T’as quand même remarqué qu’ils ne puent pas, eux ?
 
CHRISTIAN
Quelle idée ! Qu’est-ce que tu vas chercher. (Abasourdi) Rien remarqué, non, non. Et pourquoi ils ne pueraient pas, eux ?
 
JEAN
Ils ne puent pas, ils ne puent pas parce qu’ils sont chez eux. Ils sont du sol. Tu peux me croire, ça me connaît le sol. (Temps) C’est sûr, là, je ne peux pas m’tromper, surtout là, dans l’sud.
 
CHRISTIAN
Il n’empêche...
 
JEAN
(Soudain nerveux, à la limite de l’agressivité) Ils ne puent pas, eux ! Nous, on a tout transporté ici. Notre crasse, notre sueur, nos puanteurs, nos besoins, trop de besoins. (Jean se calme tout aussi brusquement)
 
CHRISTIAN
(Après un temps) Moi j’te dis qu’ils puent, copain ! (Il donne une tape sur l’épaule de Jean qui se dégage, agacé. Il s’éloigne) Calme, calme !
 
JEAN
Ceux qui ont été arrêtés tout à l’heure ?
 
CHRISTIAN
(Sombre) Oui...
 
JEAN
Combien ? Tu sais combien ?
 
CHRISTIAN
J’sais plus . Peut-être qu’ils ne puent pas encore. Le temps que les types du DOP s’occupent d’eux. Mais, après, après, ils vont puer.
 
JEAN
C’est notre puanteur, c’est ce que je dis !
 
CHRISTIAN
Je ne sais pas. Je ne devrais pas te parler. Ton frère nous a interdit de te parler. Enfin, pas interdit, conseillé. Enfin, c’est selon. Tu les connais toi, ses conseils.
 
JEAN
On s’en fout de ses conseils ! C’est vrai que tu es le seul à me parler normalement, toi.
 
CHRISTIAN
La norme, ici ! Ses conseils c’est des ordres, et on n’a pas intérêt à s’en foutre de ses ordres, tu ne le connais pas.
 
JEAN
Je l’connais, c’est mon frère. ( Temps) Tu crois qu’c’est lui qui m’a fait muter là ?
 
CHRISTIAN
(Il a un geste vague) Nous on est des appelés. Lui, ce n’est pas pareil, c’est un galonné. Va savoir ce qui se passe dans la tête de ces types. C’est vrai que c’est une autre machinerie. On ne peut pas comprendre. Tu t’es déjà fait pas mal remarquer, copain. Assez d’conneries !
 
JEAN
Je n’ai pas l’impression, non. T’es de garde ce soir ? (Christian lui tend une cigarette. Jean refuse, hausse les épaules) Tu n’veux pas m’le dire ? On s’méfie de moi, de moi seul. Le seul dont on n’devrait pas se méfier. Ils m’ont envoyé là... Tu crois que c’est une punition ?
 
CHRISTIAN
C’est...
 
JEAN
C’est pas une punition ! Il peut même nous faire crapahuter sous le soleil, ce n’est pas une punition, tu entends ?
 
CHRISTIAN
(Il s’éloigne tout en s’essuyant le visage, revient) Pas besoin de nous faire crapahuter pour qu’on tombe comme des mouches dans ce pays !
 
JEAN
Moi j’aime bien ici, on se croirait à la plage.
 
CHRISTIAN
Tu la connais, toi, la plage ?
 
JEAN
Non. Avec le père et la mère y’avait jamais d’vacances. Dans la cambrousse, les vacances... Moi j’te dis qu’ici, ça m’plaît ! Pour moi c’est la plage !
 
CHRISTIAN
C’est ça, copain ! Même à Alger t’as pas eu l’temps d’la voir, la plage, pas vrai ?
 
JEAN
(Il regarde au loin) Ça fait comme des vagues, le sable. Et puis ça bouge, ça change. Tu as vu des fois comme ça change ? C’est comme un nouveau paysage. Tous les jours, lorsque le soleil se lève, là, à la limite du désert, là ... (Christian est mal à l’aise) c’est comme un corps nu.
 
CHRISTIAN
(À lui-même) Un corps nu, qu’est-ce qu’il peut s’y connaître en corps nus ce plouc ! Il n’a pas dû en voir beaucoup. (Temps) On en n’a pas vu beaucoup de corps nus, nous, à part…
 
JEAN
C’est comme une caresse qu’on n’aurait pas à faire, le sable. Faut surtout pas étendre la main. Faut même pas s’y risquer. On pourrait s’ramasser une baffe si on tend la main brusquement, sans précaution, là, un coup d’sable, un coup de main de sable. Pourtant

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