Marguerite au pays du Haut-Parleur
96 pages
Français

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Marguerite au pays du Haut-Parleur , livre ebook

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Description

«?Le Haut-Parleur Idiot, triple imbécile, la liberté n'existe pas. Croyance, croyances de ces âmes naïves et soi-disant bonnes qui prêchent la justice, la bonté, la vérité.?Etc. Etc. La liberté ? La vérité ? Vous ne pouvez pas la supporter... Vous avez tous besoin de moi ! L'acteur Tu as prévu toutes les réponses mais peut-être pas notre insistance et notre résistance. Je crois que le voyageur est magique. Sa magie est plus forte que la tienne. C'est la première fois que je parle devant vous et pourtant je ne tremble pas...?» Le pays du Haut-Parleur : une contrée régie par cette voix qui manipule et assomme le peuple de discours haineux. Sa dernière nouveauté ? Il ordonne d'exécuter les chiens, « ces bêtes stupides et puantes, incapables d'initiatives » et de récolter les excréments humains, « un filon d'énergie inépuisable »... Dans cet univers désolé, Marguerite et la lune s'échangent des pics : une vieille ivrogne et une vieille folle. Mais bientôt, les mots laisseront place à l'action. Car Marguerite ne peut faire autrement qu'emprunter la voie de la rébellion... Décalé, absurde, moderne, poétique, l'univers de Rachel Daniel surprend et interpelle. Tantôt choqué, tantôt amusé, le lecteur/spectateur ne peut rester indifférent et se laisse déranger avec plaisir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 avril 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342050578
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0041€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Marguerite au pays du Haut-Parleur
Rachel Daniel
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Marguerite au pays du Haut-Parleur
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Acte I
 
 
 
Scène I
 
 
 
(Une place circulaire, la nuit, une vieille femme, miséra­blement vêtue.)
La vieille Marguerite
Lune, ma bonne Lune, accroupie au milieu du ciel, vieille endormie poussiéreuse, tu nous harcèles avec ta solitude, tes oraisons, tes pâmoisons lugubres, tes ruts sinistres, tes amours noires. Moi, je m’amuse, je m’éclate, même mes cauchemars me font mourir de rire. J’ai encore quelques désirs qui se trimballent dans ma vieille peau molle… Je suis une experte, je renifle toujours ce qui est bon… Je sais ce que je dis. N’écoutez pas les conseilleurs, les discoureurs, les bonimenteurs, les écouteurs, les suiveurs, les prêcheurs, les baratineurs, les tricheurs, les bluffeurs, les flatteurs, les menteurs… J’ai eu des rêves à la pelle qui m’ont dévorée jusqu’à la moelle… Je pouvais rester là, immobile, pendant des heures… Procrastination, inadaptation, dépression. Non, révolution ! Exiger le droit au rien, au vide… Sentir la vie, le temps sans qu’il avance tout le temps… Ils ont peur, ils remplissent, ils accumulent, ils s’activent, ils n’arrêtent pas… Ils évitent de me regarder, ça les met mal à l’aise. (Elle se gratte frénétiquement la tête.) C’est comme ça, qu’un jour, on se retrouve au bout, au bout du bout, tout au bout de la vie. Ces imbéciles… Toi, tu t’en fous, tu ne changes pas, t’es moche pour toujours…
Vieille cinglée, pleine d’illusions, cesse de chanter tes mélodies cosmiques qui rendent fous les pauvres gens… Arrête de me narguer en te vautrant dans la crème chantilly.
La Lune
Tu es pleine de dépit, vieille ivrogne, personne n’a voulu de toi, personne ne t’a vraiment aimée, maintenant tu te retrouves seule, vieille, pleine de hargne… T’as jamais eu la force d’être ce que tu voulais être.
Marguerite
Qu’est-ce que tu en sais, vieille folle ? Tu te contentes de répéter des paroles sans suite, que tu sors de tes vieilleries mécaniques à répétitions automatiques… Qu’est-ce que tu connais de la vie, dans ton âme de pierre ? De là-haut, c’est facile de donner des leçons ! Tu fais toujours le même parcours, tu prends aucun risque…
La Lune
Eh oui, c’est facile de me river mon clou. Tu sais bien que j’ai raison. Combien de fois tu m’as confié tes désespoirs, j’étais là à veiller et tu sanglotais… Cesse tes fanfaronnades. Je préfère lorsque tu as un peu plus d’humour. Chante-moi l’air de l’autrefois et divertissons-nous jusqu’au matin.
Marguerite
J’ai pas envie de faire le clown pour te distraire. Je veux rêver tranquillement. J’ai pas encore fouillé la poubelle ce soir. C’est comme la hotte du Père Noël. J’aime bien découvrir ce qu’ils ont jeté. Ça me fait réfléchir. (Elle se lève et se dirige vers la poubelle dans laquelle elle donne un coup de pied.) Sale chat, tu me fais peur avec tes yeux étonnés et phosphorescents, toujours l’air effrayé ou alors celui de tout comprendre…
(Elle se baisse et ramasse un à un les objets tombés de la poubelle.) Tiens, une paire de pantoufles, la semelle n’est presque pas usée, juste un petit trou sur le dessous. Encore une petite gâtée qui n’aime que le neuf, à qui il faut toujours des fringues de luxe, et un crétin qui lui paie tous ses caprices, sale pute ! Des épluchures… (elle les jette autour d’elle.) Encore ! (Elle les jette de nouveau.) Un peigne édenté, comme moi ! (Elle rit, fait mine de se coiffer et se le plante dans les cheveux.) Ça peut encore servir… Un ballon crevé… (Elle le jette en l’air, puis cela prend l’aspect d’un numéro d’illusionniste. Le rythme est de plus en plus rapide.) Des bouts de tissus… Des papiers, des vieux tickets, des magazines (à chaque fois, elle jette ce qu’elle trouve autour d’elle). Des cotons sales, ils se nettoient tous leurs orifices ! Des sacs plastiques, roses, bleus, orange, blancs, bleus, déchirés, tiens, je sens quelque chose de métallique (elle extirpe un objet). Un vieux miroir. (Un temps d’arrêt, elle se regarde dans le miroir.) Il a une forme bizarre, presque hexagonale. Il y a de drôles de motifs sur les bords, comme des visages qui sourient… J’avais oublié que j’étais aussi horrible. (Elle se regarde de nouveau.) C’est vraiment réussi. Difficile de faire pire… (Elle se regarde encore et marque un temps d’arrêt.) J’avais de beaux yeux (elle se nettoie avec sa salive). Il y a encore un peu de lumière dans ces yeux-là… (Elle se contemple plusieurs fois de suite dans le miroir.) C’est étrange, plus je me regarde et moins j’ai l’impression de me reconnaître. C’est quelqu’un d’autre qui est là… Mon visage est plus vivant. Il change à chaque fois dans le miroir. Je suis de moins en moins moche, oui… C’est comme si je rajeunissais ...

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