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Description

« Non, je ne rentre pas à midi, ne m’attends pas (catégorique). Je dois examiner les CV. Pour engager une nouvelle secrétaire, la vieille Romani veut prendre sa retraite... Elle ne veut pas rester, qu’est-ce que tu veux... Bien sûr que je lui ai dit : “Mais madame Romani, comment vous allez vivre avec la retraite qu’on va vous laisser ?” Mais, elle ne veut rien savoir... Je sais qu’elle vit seule avec son chien et c’est que ça bouffe un teckel, mine de rien... Bon, faut que je te laisse là, j’ai du boulot... (il abrège la conversation.) Moi aussi, je t’embrasse... (il raccroche le téléphone.) »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 février 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782748399615
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Jérôme Athénol
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
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Personnages
 
 
 
Pierre Gambaldi : P-DG irritable.
Germaine Romani : secrétaire communisante sur le départ.
Ursula Loiseau : nouvelle secrétaire, ex-première dauphine de Miss Loir-et-Cher.
Polino : directeur du marketing.
Monsieur Roger : syndicaliste « jaune ».
Jaffrey : colonel de gendarmerie véreux.
Madame Rollin : belle-mère de Gambaldi, acariâtre et réactionnaire.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Acte 1
 
 
 
Scène 1
 
 
 
 
Le rideau s’ouvre sur un vaste bureau de P-DG. Côté cour, le bureau avec deux chaises pour les visiteurs. Côté jardin, un canapé et une table basse pour recevoir. Du même côté, une porte qui donne sur le bureau de la secrétaire. Au fond et au centre, une autre porte portant l’inscription PRIVÉ.
Madame Rollin entre d’un pas décidé dans le bureau qu’elle parcourt ; elle semble chercher quelque chose. Elle est suivie de près par madame Romani.
Madame Rollin d’un ton sec et déterminé.
Vous êtes toujours à la hauteur de vos fonctions, madame Romani, mais je préfère vérifier par moi-même.
Madame Romani
Eh bien, constatez… Monsieur le président-directeur général n’est pas dans son bureau.
Madame Rollin
Permettez. Pierre est tellement inexistant qu’il est peut-être là devant nous et nous ne le voyons pas.
Madame Romani
Puisque je vous dis que monsieur Gambaldi s’est rendu à Courbevoie visiter les Chinois de notre nouvel atelier !
Madame Rollin
C’est quoi ?
Madame Romani
Un Chinois ? C’est un petit bonhomme qui sourit tout le temps et qui travaille dur…
Madame Rollin
Je ne suis pas sotte, Romani. J’ai la télévision comme tout le monde ; je sais ce que c’est qu’un Chinois… (elle insiste.) C’est quoi cette histoire de nouvelle unité de production ?
Madame Romani
C’est un atelier tout ce qu’il y a de normal, avec des rouleaux de tissu, des machines à coudre et derrière… des Chinois. Monsieur Gambaldi ne vous a pas tenue au courant ?
Madame Rollin
Non. Quand bien même il m’en aurait avertie, je ne l’aurais pas cru. Mon gendre est incapable de développer l’entreprise de feu mon mari. Ni quoi que ce soit d’ailleurs. Si ma fille n’était pas si bête, elle serait en mesure de s’en rendre compte, je vous assure… Bon, trêve de bavardages, fouillons pour voir où il s’est caché.
Elle se dirige vers le bureau et se met à quatre pattes pour regarder en dessous.
Madame Romani
Cette situation est gênante, madame Rollin. Vous mettez ma parole en doute et…
Madame Rollin qui se redresse derrière le bureau.
Et je me mets à quatre pattes, je sais. Je vais vous dire, Romani, quand vous défendiez mon mari avec autant de zèle, j’ai accepté. Je me suis tue. Il n’a pas toujours été un mari exemplaire, vous le savez ; mais, il savait tenir une entreprise d’une main de fer.
Madame Romani, rêveuse.
Il me manque beaucoup… (elle se reprend.) comme à nous toutes.
Madame Rollin
C’est évident. Je m’étonne cependant que vous couvriez Pierre. Avez-vous perdu votre discernement ?
Madame Romani
Non… Monsieur Gambaldi reste tel que je l’ai toujours connu : arriviste, imbu de lui-même, pleutre…
Madame Rollin
Incompétent.
Madame Romani
Oh, je vous trouve dure ! Incompétent, non, pas tout à fait.
Madame Rollin
Incompétent ! N’oubliez pas qu’il ne doit sa situation à la tête de l’entreprise qu’à ma fille qui lui a confié ses parts à gérer.
Madame Romani
Et à la mort prématurée de monsieur Rollin ! Oh, pardon…
Madame Rollin
Ne vous excusez pas, Germaine. À notre âge, il faut accepter d’appeler un chat, un chat. Mon mari est mort trop tôt, ma fille est ce qu’elle est et elle a épousé Pierre…
Madame Romani
Il a tout de même fait des études…
Madame Rollin
Parlons-en ! Il a fait une école de commerce quelconque. Je vous passe le nom, il y en a tellement. Mais le commerce est désormais à la mode, alors…
Madame Romani
Et l’ESECS aussi (prononcer « le sexe ».)
Madame Rollin
Pardon ?
Madame Romani
Je dis l’ESECS aussi est à la mode. L’École supérieure d’études commerciales de Saintes. Celle que monsieur Gambaldi a fréquentée. Tout le monde en vient.
Madame Rollin
Possible. En tout cas, c’est le genre d’école où il suffit d’être régulier dans le paiement des frais de scolarité pour avoir son diplôme. Pierre l’a été. Enfin, ses parents… C’est là qu’il a connu Chantal.
Madame Romani
J’ignorais que madame Gambaldi avait fait des études.
Madame Rollin
Elle n’en a pas fait. Elle a obtenu son baccalauréat, Dieu sait comment. Comme elle était incapable de prendre son avenir en main, on l’a inscrite dans cette école qui l’a acceptée, moyennant beaucoup d’argent. On l’y avait placée afin qu’elle y trouve un mari…
Madame Romani
Et elle est tombée sur Pierre ? Enfin je veux dire, monsieur Gambaldi…
Madame Rollin
C’est cela, elle est tombée sur Pierre Gambaldi… ( Elle se dirige vers la porte au centre.) Pierre qui, s’il n’est pas sous le bureau, est allé se cacher ici… Pierre, sortez ou j’ouvre !
Madame Romani
Madame Rollin, s’il vous plaît, vous n’allez pas recommencer…
Madame Rollin qui se reprend.
Soit… Je n’ouvrirai pas.
Madame Romani
Merci.
Madame Rollin
Ne me remerciez pas ; remerciez plutôt monsieur Rollin. Vous avez servi mon mari avec un tel zèle, que nous avons des points communs vous et moi.
Madame Romani de manière entendue.
Il le méritait…
Madame Rollin
C’est en sa mémoire que je ne vous ferai pas l’affront de vous prendre en flagrant délit de mensonge (elle se dirige vers la sortie.) Bien, dites à Pierre que je désire lui parler de l’orientation que la Direction fait prendre à l’entreprise et qui me déplaît fortement.
Madame Romani
Vous ne pouvez pas préciser que je puisse clairement lui expliquer de quoi il retourne ?
Madame Rollin
Dites-lui qu’il est parfaitement à sa place là-dedans et que si jamais il en sort, il n’y aura pas assez d’espace pour nous deux dans cette entreprise.
Madame Romani
Je n’y manquerai pas. Je vous raccompagne.
Madame Rollin ouvrant la porte et sortant.
Inutile ; je suis ici chez moi.
 
 
 
Scène 2
 
 
 
Madame Romani, irritée, fonce vers la porte qu’elle ouvre sans regarder dedans : elle se dirige immédiatement vers la porte de son bureau. Gambaldi est assis sur une cuvette de W.-C.
 
Pierre Gambaldi, sortant du placard.
Elle est partie ?
Madame Romani, sèche.
Vous n’êtes pas sourd, vous avez entendu !
Pierre Gambaldi
Ça fait vingt ans que je l’entends ; de là à dire que je l’écoute… (il se dirige vers son bureau, chamboule des papiers à la recherche de quelque chose.) Qu’est-ce qu’elle me voulait ?
Madame Romani
Du mal, comme d’habitude.
Pierre Gambaldi
Rien de grave donc.
Madame Romani
Oui… Je tiens cependant à vous dire que c’est la dernière fois.
Pierre Gambaldi
Qu’elle cherche à m’emmerder ? Je ne crois pas…
Madame Romani
Non, c’est la dernière fois que je fais ça. Je n’aime pas mentir à madame Rollin et encore moins vous venir en aide.
Pierre Gambaldi
Il y a peu de risques que cela se reproduise : ma belle-mère s’excite une fois par an et vous, si je ne prends pas mes rêves pour des réalités, vous partez à la retraite à la fin de la semaine, c’est ça ?
Madame Romani
C’est ça. Et je m’en réjouis.
Pierre Gambaldi
Et moi, donc ! Vous voyez qu’en presque vingt ans de collaboration, nous arrivons enfin à regarder ensemble dans la même direction ! En parlant de cela, vous m’avez préparé les candidatures de celles qui rêvent de vous remplacer ?
Madame Romani
Bien évidemment.
Pierre Gambaldi, cherchant sur son bureau.
Et… Elles sont où ?
Madame Romani
Sur mon bureau.
Pierre Gambaldi
Madame Romani. J’ai la très nette impression qu’ils devraient être sur mon bureau… depuis deux heures au moins.
Madame Romani
Je vais les chercher.
Pierre Gambaldi
Je vous remercie.
Madame Romani, cassante.
Inutile. Je suis payée pour…
Elle sort.
Le téléphone sonne.
Pierre Gambaldi décroche et s’impatiente rapidement.
Allô… Ah, c’est toi, ma chérie ! Oui, c’est moi… D’après toi, t’appelles où ? Au travail, c’est ça… Je dois y être alors… Comme toujours, je suis débordé, tu verrais mon bureau, y a des papiers partout. Oui, c’est gentil… Il fallait que je t’aime pour reprendre le poste de ton père, tu sais… Il a eu une riche idée celui-là de mourir le jour de notre mariage. Oh, mais non, mais… Je plaisante,...

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