Rendez-vous chez MAD
124 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Rendez-vous chez MAD , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
124 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Harris – Toutes mes pensées se faufilent entre rêve et réalité, Aldo. Rien n'est véritablement vrai, ni totalement faux. Tout se complique quand on n'a pas d'autres bénéfices que le doute et le mensonge pour exister. Aldo – Tu me rassures. Harris – Mais autre chose, Aldo. J'ai comme un nœud dans la tête qui m'empêche de voir et de comprendre. Oui, peux-tu me dire pourquoi il y a quelque chose qui nous entoure et qui nous enchante ou nous démonte le moral plutôt que rien ? »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 juin 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342006872
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0041€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Rendez-vous chez MAD
Frédéric Sandras
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Rendez-vous chez MAD
 
 
 
À la mémoire de Pierre Clémenti.
 
 
 
« Tous les hommes voudraient cheminer sur la route de la connaissance. Cette route, les uns la cherchent, d’autres affirment qu’ils l’ont trouvée. Mais, un jour, une voix criera : “Il n’y a ni route ni sentier !” »
Omar Khayyam
 
 
 
Présentation
 
 
 
Hommes entre quarante-cinq et cinquante ans.
La pièce est construite sur un paradoxe qui va se dénouer et opposer deux anciens camarades de classe, Harris et Aldo, qui se retrouvent pour aller fêter la Nativité chez un certain Mad. Ce Mad n’apparaît pas sur scène : il résulte d’un trouble obsessionnel d’Aldo qui invente ce personnage à la suite de la mort de sa femme Hélène. Le Rendez-vous et la Nativité sont les deux arguments qui vont permettre à Aldo d’inviter Harris à se sortir de son ornière mentale sous la conduite d’un Mad inexistant, mais il n’en est rien.
Le Rendez-vous chez Mad se poursuit par un jeu verbal, plutôt que par un affrontement dérisoire, entre le langage de la raison (celui du maître, incarné par Aldo) et le langage du corps (celui de l’esclave, incarné par Harris). Une inversion des rôles va cependant s’opérer au deuxième acte par une intrigante et étonnante polysémie, et par bien d’autres maux qui accablent l’homme dans sa tourmente mémorielle : « Il ne faudrait pas avoir de mémoire mais un minimum de ressource pour un moindre encombrement » , quand l’un et l’autre, Harris et Aldo, se font les chantres de la liberté et de la révolution dans leur dérive : « La fraternité n’entend pas, elle est aussi impatiente que toi et moi, pour redorer le blason de la justice et des libertés » dira Harris. Et pour cela, «  il faut que la Révolution se fasse ! » Mot d’ordre inaltérable dans la poursuite de l’intrigue.
Cependant, en dépit de leur croyance et de leur culture, les chemins de cet enjeu théâtral ne les mènent nulle part. Le corps comme le langage restent figés dans une impasse existentielle et morale. Mad est mort – comme Dieu –, il ne peut raviver par sa « parole » une quelconque espérance, un retour « à la maison » pour une autre existence plus enviable, quand la névrose – tout comme la barbarie – s’acharne sur le monde comme une maladie honteuse. Et il serait en effet vain et absurde de croire que le théâtre est un remède efficient pour calmer les folles ardeurs des hommes. Le prisme de l’honneur et de la liberté est brisé, renvoyant Harris et Aldo dos à dos vers une fin inéluctable. La fraternité est consubstantielle à la mort plutôt qu’à la vie (autre paradoxe), comme la sottise l’est à la vanité et au mensonge.
 
 
 
Personnages
 
 
 
Premier personnage : Harris.
 
Deuxième personnage : Aldo.
 
 
 
Décors
 
 
 
Premier acte : c’est l’hiver. Fond de décor d’une forêt enneigée.
 
Deuxième acte : les deux personnages, Harris et Aldo, se retrouvent dans le désert, autour d’un arbre mort.
 
 
 
Introduction musicale
 
 
 
Au choix du metteur en scène. Soir de Nativité.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Acte I
 
 
 
Scène 1. Nuit de la Nativité.
 
 
 
Il fait noir. Le premier personnage (Harris) est projeté sur la scène, dans un grand bruit, contrôle mal son élan. Tombe à terre. Sa mise vestimentaire est négligée (manteau, chapeau, besace en bandoulière avec gourde.)
Le décor est une forêt sous la neige.
 
Harris
Pourquoi moi ? Je n’ai jamais fait de mal à personne.
Aldo , v oix off en coulisses. Toujours noir.
C’est vrai, tu n’as jamais rien fait de mal, je te l’accorde très volontiers, mais c’est sans doute là ton plus grand défaut !
 
Aldo se présente sur la scène, côté jardin (manteau, chapeau et canne). La scène s’éclaire progressivement à mesure qu’Aldo rejoint Harris.
Aldo
Pas vrai !
Harris toujours à terre.
Harris
Quoi te répondre ? Quoi faire ? Je n’ai pas été préparé pour ça…
Aldo
Il fait froid, et Mad nous attend.
Harris
Mad ! Mad ! Ne commence pas à me rebattre les oreilles avec ton Mad…
Aldo
Et toi, ne cherche pas à te donner en spectacle ! Le théâtre, c’est du son pour les ânes quand ils n’ont rien d’autre à se mettre sous la dent.
Harris , toujours à terre.
Tu me l’apprends !
Aldo
Oui, tu n’as rien à espérer, c’est toujours de la comédie qui tourne parfois au drame lorsque le rideau tombe.
Harris
Et alors !
Il se traîne. Cherche un point d’appui pour se relever.
Aldo
Et alors, et alors tu n’en tireras aucun profit, pauvre bougre. Et si bon que tu sois, tu en reviendras toujours aussi bredouille.
Harris cherche à se relever une fois, mais comme collé aux planches.
Je ne suis pas venu pour ça !
Aldo
Donne-toi plutôt la peine de te relever, tu as l’air d’un pauvre sire déchu en train de pleurer sur sa couronne. Nous avons rendez-vous chez Mad pour fêter la Nativité.
Harris
C’est une blague !
Aldo
Aurais-tu déjà oublié ?
Harris se relève péniblement.
Harris
Mais, pourquoi moi ? Il y a si longtemps qu’on ne s’est vu. C’est le temps qui veut ça… Je n’invente rien. Il n’y a pas davantage de lifting pour les morts !
Aldo , agacé.
Oh ! Le temps. Mets ton mouchoir par-dessus, oublie-le.
Harris, vers le public.
Un vrai rouleau compresseur !
Aldo
Ce n’est pas notre affaire, c’est celui des philosophes et des coureurs de fond… Pour la suite, laisse faire, je reste aux commandes.
Harris
Tu es bien bon ! Mais, que veux-tu dire ?
Aldo
Tiens-toi tout simplement sur tes gardes !
Harris
Si c’est pour une cause honorable…
Aldo
Ne nous laissons pas surprendre. ( Harris, impatient, manifeste du dégoût.) Oh ! Arrête donc de t’agiter comme un épouvantail à moineaux, un mal embouché va bien finir par nous tirer dessus.
Harris
C’est humain, non !
Aldo
N’attirons pas la foule sur nous, elle nous mettrait des bâtons dans les roues, et adieu Mad et les petits-fours !
Harris
Ça ne serait pas plus mal pour Mad et pour tout le monde.
Aldo
Pas de faux pas, Harris !
Harris
Il n’y a pas de quoi en faire tout un plat. On finit par oublier. La Nativité, quelle idée ! Mais d’abord, pourquoi moi ?
Aldo
Plus tard Harris, on pourrait nous épier et pas être compris.
Harris
Qui crains-tu ?
Aldo
Les murs ont des oreilles. Méfions-nous des mauvaises langues et de nos ennemis.
Harris
Comme à la guerre ! Pan… pan… pan !...
Aldo
Comme tu le voudras, c’est ça, comme à la guerre ! Tu l’auras deviné. Restons prudents. La vigilance est la science des forts, comme le silence est le régime des faibles. Mais, ne nous attardons pas sur des formules. N’entrons pas trop dans les détails.
Harris
Tu me donnes le tournis…
Aldo
Pas de bruit ! Cette nuit, nous rendons hommage à un dieu.
Harris
Tu as raison, beaucoup de bruit ne sert à rien. Mais c’est plus fort que moi, ça craque de tous les côtés… dans tous les sens de la vie, de la tête aux pieds, jusqu’aux jointures. Les entends-tu se briser ? Je me disloque…
Aldo
Non, mais je constate que tu ne peux toujours pas faire un pas sans que ça boite ou ça cloche !
Harris
C’est bon signe, mais reste que tu as une curieuse manière de faire avancer les choses.
Aldo
Il le faut bien, Mad pourrait se faire des cheveux. Pressons !
Harris
Ne commence pas déjà à semer la terreur.
Aldo
Allons donc !
Harris
Je ne tiens plus à te suivre. On n’en voit pas le bout…
Aldo
L’invitation de Mad vaut ce qu’elle vaut, ça suffit pour oublier nos soucis. Regarde, écoute ! Pas une ombre, pas la moindre brise dans les arbres, pas le moindre hululement. Que veux-tu de plus par une si belle nuit ! Nous n’avons plus ...

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents