Thérapie aux abords du quai
80 pages
Français

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Thérapie aux abords du quai , livre ebook

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Description

Un docker lutte avec un rêve qui ne le quitte plus. Perturbé, il consulte un médecin du travail dans l’incapacité de l’aider. Le docker est licencié suite à ce problème.
Une vendeuse d’arachides et de manioc bouilli devient la confidente du docker. Avec elle naît une complicité conduisant la trame narrative du récit.
Cette histoire se déroule dans un port : lieu des échanges et poumon économique d’un pays, lieu de l’indifférence où chacun fonctionne en nourrissant son propre enjeu, lieu dans lequel toute attention aux individus serait sensiblerie...

Thérapie aux abords du quai met en scène notre société en quête de profits et de bénéfices au mépris de la solidarité humaine.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 septembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332764034
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-76401-0

© Edilivre, 2015
Dédicace


A Louise et Adolphe Nganga
pour le coup de théâtre.
Personnages
Le docker
Le médecin
La vendeuse
Le docker sur scène
Les voix des dockers
Le directeur général
Les vigiles
Scène I
La scène s’ouvre sur un décor de quai d’un port. Bruitage d’un terminal à conteneurs en pleine activité. En avant-scène, une vendeuse d’arachides et de manioc bouilli. De l’autre côté, l’indication d’un poste médical pour dockers. Une voix off lit une lettre.
Papa Directeur,
J’ai beaucoup de respect pour vous et je compte beaucoup sur votre cœur humain, c’est pour cela que je vous écris cette lettre. J’espère que je ne vais pas vous fâcher, Papa Directeur. Je voudrais vous parler d’un de vos anciens travailleurs, monsieur Kissalou, qui a été licencié il y a quelques semaines. Vous allez peut-être vous demander pourquoi je vous parle de quelqu’un qui a travaillé chez vous et pourquoi moi.
Je me présente, je suis la dame qui vend tous les jours à manger aux dockers ; vous me voyez quand vous passez dans votre grosse et belle voiture. Je suis toujours assise au coin, à l’entrée. Monsieur Kissalou nous a rendu service, à moi et à mes enfants. Je voudrais aussi l’aider et j’ai pensé à vous lorsque j’ai appris que vous l’aviez renvoyé.
Papa Directeur général, je ne peux pas vous commander en vous obligeant à l’aider, car vous êtes un grand chef. Chez nous, on respecte les autorités. Je voudrais juste vous informer que la situation de votre ancien travailleur est difficile. J’ai pitié de lui, de ses enfants et de sa femme. Vous-même, si vous le voyez, vous aurez pitié de lui, Dieu m’entend parler.
Monsieur Kissalou est un bon monsieur. Je pense qu’il était aussi un bon travailleur, même s’il a eu quelques problèmes parce qu’il dormait au travail. Papa Mokonzi, vous pensez que quelqu’un peut faire ça juste pour blaguer ? Il est malade, il a besoin qu’on l’aide.
Mokonzi, Papa Directeur, pardon ! Si vous pouvez le pardonner, je vous prie de le convoquer pour qu’il vous explique ce qu’il a. Pitié ! C’est trop difficile pour lui et ses enfants, pour sa femme aussi. Le travail est papa et maman chez nous, redonnez-lui du travail, mon Papa. Pitié ! Dieu vous le rendra.
Je vous dis merci, mon Papa Directeur, merci pour tout ce que vous allez faire.
La nourricière des dockers,
la vendeuse du coin
Scène II
Un médecin discute avec un docker.
LE MÉDECIN
Tu dis que tu fais le même rêve depuis deux semaines, et chaque nuit !
LE DOCKER
Oui, Docteur, le même, chaque nuit et depuis deux semaines. Ça commence à me faire peur.
LE MÉDECIN
Ah ça, tu as intérêt à t’inquiéter, mon ami. Ce n’est pas bon ça…
LE DOCKER
Mais Doc, vous me faites encore plus peur !
LE MÉDECIN
Ouais ! Ouais ! C’est très embêtant tout ça. Bon, voyons, je vais te prescrire un médicament qui t’aidera à dormir.
LE DOCKER (Agacé, réponse catégorique et agressive.)
Non, Docteur, plus de somnifères ! Je ne prendrai plus le somnifarma parce que, maintenant, un comprimé ne me suffit plus, je dois en prendre deux ou trois pour pouvoir dormir. (Il boude, un temps…) En plus, mon problème n’est pas le manque de sommeil. Mon problème, c’est que le fait de dormir…
LE MÉDECIN
Oui, le fait de dormir ? Oui, continue…
LE DOCKER (Boudeur.)
Le fait de dormir me fait peur.
LE MÉDECIN
C’est vraiment intéressant tout ça ! Je risque de reprendre ma thèse, là.
LE DOCKER
Vous dites Docteur ?
LE MÉDECIN
Non continue, je réfléchis à haute voix. Comme dit ma femme, je marmonne.
LE DOCKER
C’est grave ce que j’ai, n’est-ce pas ?
LE MÉDECIN
Écoute mon ami, ici le malade, c’est toi et donc pour te soigner, je dois te poser des questions. (Il jette un coup d’œil dans le Vidal.) Donc, revenons à ce que tu disais… Dormir te fait peur ?
LE DOCKER
Oui, Docteur, j’ai peur de dormir.
LE MÉDECIN
C’est vraiment la première fois que j’entends ça de toute ma longue et riche carrière de médecin du travail. C’est vraiment incroyable ! Bon, continue et qu’on en finisse.
LE DOCKER
Docteur, n’est-ce pas que j’ai attrapé une maladie grave ?
LE MÉDECIN (Agacé.)
Mais non, tu dramatises trop, c’est pour cela que tu n’arrêtes pas de rêver.
LE DOCKER
Comment ça, je dramatise ?
LE MÉDECIN
Tu prends trop les choses au sérieux.
LE DOCKER
Je ne devrais pas ?
LE MÉDECIN
Tu as juste un petit mal qui va passer.
LE DOCKER (Sérieux.)
Un petit mal vous dites ?
LE MÉDECIN
Oui, dans quelques jours, tout ça ne sera plus qu’un mauvais rêve. D’ailleurs, ce médicament te permettra de tout oublier…
LE DOCKER (Un temps perplexe.)
Je ne rêve plus et je ne me souviens plus de rien ?
LE MÉDECIN
Oui.
LE DOCKER
Donc, c’est comme si j’attrapais une autre maladie ?
LE MÉDECIN
Comment ça ?
LE DOCKER
Celle qui fait tout oublier.
LE MÉDECIN (Agacé.)
Mais non ! Tu es terrible, toi ! Tu vois trop la vie en noir.
LE DOCKER
Je devrais la voir dans quelle couleur ?
LE MÉDECIN
Rose, par exemple.
LE DOCKER
Ah bon ! C’est une couleur qui convient aux femmes !
LE MÉDECIN
Bon soit. Le médicament que je vais te donner te soignera. Tu vas vite oublier cette histoire de rêve chronique. D’ailleurs, ça me revient. Cette maladie est appelée dislocation de l’os bénigne à l’étape banale. Elle devient une dislocation de l’os chronique lorsque la maladie devient grave. Là, tu rêves et le même rêve revient parfois plusieurs fois en une nuit.
LE DOCKER (Certain.)
Eh, mais c’est ce que j’ai. Je suis donc déjà à l’étape grave.
LE MÉDECIN (Banalisant.)
Mais non, tu ne peux pas avoir cette maladie à l’étape grave… (Un temps.) Tu penses que pour te guérir, il te suffira de ne plus dormir ? Tu souhaites donc que je te prescrive des comprimés pour ne...

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