Total burn-out : Comment réussir son échec
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Total burn-out : Comment réussir son échec , livre ebook

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Description

« - Je sens beaucoup d’agacement et d’abattement en vous, je sens la colère et l’insatisfaction et j’en suis très attristée, j’aimerais tellement voir votre prince, Docteur, et je n’entends que votre crapaud...
- Comment ??? De quoi me parlez-vous ???
Simon est interpellé par la réflexion ironique de cette patiente un peu folle.
- Oui, oui, c’est vrai, il y a un prince si beau qui sommeille en vous, ne le savez- vous pas ? C’est pourquoi, même si je ne suis qu’une vieille femme ridée, j’aimerais le réveiller d’un doux baiser.
- Ah oui ?? Et la princesse, elle est où ??? Écoutez Madame, je ne comprends rien à ce que vous me dites et j’ai d’autres choses plus importantes à faire que d’écouter vos histoires de contes pour enfants ! [...] Ah bon...oui, oui, d’accord, j’ai bien entendu. C’est une belle vision des choses, mais elle est un peu simpliste et idéaliste, je ne suis pas un roi, je n’ai pas de château et la princesse se fait attendre.
Simon rigole tout seul, fier de ce qu’il vient de dire, les autres se détournent, gênés pour la pauvre femme. Pourtant Ernestine continue à sourire. Simon se dit que cette vieille femme n’a effectivement plus toute sa tête, lui parler comme cela à lui, le Docteur Simon, est assez surprenant et sans gêne, tout de même !
- Je crois que votre Prince m’a entendue Docteur, laissez lui la parole. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 septembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334201858
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-20183-4

© Edilivre, 2016
Dédicace
A mes enfants, Victor et Stève
Quand la machine dérape
Simon repose son téléphone, éteint. Il reste sans voix, sans réactions, juste sonné comme un boxeur qui vient de se prendre une terrible droite qu’il n’a pas vue venir. Son visage est blême, il a la sensation du souffle qui manque, le vide dans son ventre, ce désagréable sentiment de l’intérieur de soi qui part en vrille et se tord dans tous les sens, comme quand on veut respirer, mais que les poumons refusent de prendre l’air et se bloquent et se ferment.
Simon, la bouche entr’ouverte, il manque de souffle. L’air est devenu soudain mauvais, malsain, trop chaud, trop pas assez, sa cravate l’étrangle, il s’affale dans son fauteuil, la tête effondrée. À l’instant même aucune larme ne parvient à ses yeux. Et pourtant, il voudrait crier sa douleur, et rien ne vient à sa bouche, aucun son, pas même un râle. La chaleur l’envahit et l’étouffe, alors qu’il n’est que début mars, le printemps n’est pas encore arrivé. Il fait chaud dans sa tête et dans son corps, il brûle de l’intérieur, il a besoin d’air, il se précipite à la fenêtre, l’ouvre, se penche, juste à temps il s’arrête, il n’a pas le courage. Paul est mort ! Il s’est suicidé ce matin.
Paul Le Grand, le brillant, le magnifique, celui par qui tout est arrivé, tout est, tout existe, le confident, disparu, sans prévenir, sans s’excuser. Il l’a abandonné sans même l’avertir. Il avait été son meilleur ami. Employer l’imparfait, donne le vertige à Simon, la sensation vide s’amplifie, et sa tête tourne, tout se bouille dans son esprit il sent le malaise, il perd son esprit, ses pensées sont barbouillées en un fatras sans nom qui lui donne l’envie de vomir. Il a la nausée.
Hélène ne lui a donné aucun détail, elle était effondrée. Elle l’avait trouvé pendu dans le garage, ce matin. Simon est le seul qu’elle voulait voir à ce moment-là. Ses mots se perdaient dans les intempéries de sa voix. Paul, le grand médecin, celui qui avait tant réussi, tout réussi, celui qui avait tant apporté par ce qu’il était et par sa vision, disparaît brutalement, sans cérémonie, sans bruit, sans annonce. Il part comme un grand artiste qui tire sa révérence avant le spectacle de trop.
Paul avait tout changé dans les dogmes médicaux traditionnels, par son approche particulière du malade, le malade est une personne disait-il sans cesse. Il a inventé les “open clinics”, ouvertes à tout le monde, sans distinction de statut social, d’argent, ni de race. Des cliniques où les soins étaient donnés sans calcul préalable, simplement parce que c’était le besoin du malade, l’argent ne venait qu’après, et il n’en manquait pas.
Ce grand homme, celui-là même qui était là pour tous, tout le temps, n’avait trouvé personne au moment de son départ, il n’avait vu qu’une seule issue : le suicide. Simon ne trouve plus de cohérence à ses pensées. Simon n’a rien vu, ni l’état psychologique dans lequel se trouvait Paul, ni sa détresse, ni son désespoir. Et il n’a pas été là au moment où il eut fallu être présent. Il avait été comme aveuglé par la présence de Paul, par sa réussite et son aura. Simon ne comprend pas à quel point il a pu être insensible et aveuglé. Comme n’a-t-il rien vu, rien entendu ? Pourquoi ce refus de comprendre et d’entendre ?
Il avait toujours été à ses côtés, dans tous les événements de sa vie : sa thèse, son mariage, son premier cabinet, la création de sa clinique. Il était dans son ombre, mais bien présent, l’ombre n’existe que dans la lumière et Simon aimait la lumière de Paul. Aujourd’hui il ne lui reste plus que le sombre de l’ombre.
Simon, assis à son bureau est entouré de tout ce qui représentait le combat et la réussite de sa vie jusque-là : ses diplômes, son doctorat de médecine, son post-graduate de Californie et aussi ses photos au côté de personnalités de la médecine et de la politique, dans son voilier ou encore ses clubs de golf, son brevet de pilote. Une photo où il pose parmi les enfants du Congo, à Kinshasa, en blouse de missionnaire.
Les yeux de Simon vont et viennent, se posent sur tous ces trophées de sa réussite et il se sent vidé, loin de tout ça, brutalement fatigué, cramé, brûlé, comme un coup d’arrêt violent qui lui coupe le souffle dans cette course folle. Il se sent brusquement bloqué, immobilisé. Tout ça pour ça ? La mort de Paul le rappelle à la réalité de sa vie.
Il revoit le visage de Paul, souriant devant lui. Il l’imagine lui parlant avec son petit air narquois : « Tu vois où ça nous mène Simon ? ». Comme Paul, il a tout misé sur le paraître, comme lui, il avait besoin d’être reconnu, comme lui, il souffrait de ne pas se sentir aimé. Pour cela il n’a pas compté ses heures, à ses débuts il a passé des nuits à la clinique, pour remplacer les médecins absents et même les infirmières, tout ça pour être reconnu, peut-être tout simplement pour être aimé. Toute sa vie en dehors et sa famille n’existait plus tant il avait besoin d’être reconnu comme un grand médecin, un bon docteur. Il avait besoin d’être reconnu pour sa toute-puissance et son invincibilité. La reconnaissance était un élément indispensable à son équilibre, et aujourd’hui elle ne lui sert à rien. Cette démesure de son besoin est à l’origine de son sentiment de perte aujourd’hui.
En cet instant, Simon est loin de tout et de tous, il se sent coupé de ses valeurs du début qui l’avaient guidé à choisir de devenir médecin comme son père, Georges. Il aimait les valeurs que représentait son père, même si son éducation l’avait conduit à une quête incessante de perfection. L’admiration qu’il avait toujours portée à son père l’avait guidé jusqu’à ce jour et obtenir sa reconnaissance était le moteur de son évolution. Ses valeurs de tout ce temps de sa vie lui semblent dépassées aujourd’hui et vides de sens.
Petit, il recherchait toujours à être le meilleur, au-devant. Le sommet était le seul endroit où il se sentait à sa place. Les accessits ne comptaient que pour les faibles et les assujettis selon lui.
Il fallait toujours être au top, faire de son mieux n’était pas suffisant, il fallait réussir, avoir du succès, l’excellence sinon rien. Aujourd’hui, à ce moment précis, il se sent bien loin de l’excellence, il ne brille plus. Il se voit médiocre et responsable de tout le mal qu’il n’a pas su éviter autour de lui.
Soudain l’idéal qui l’avait guidé dans ses études s’éloigne de lui : aider les malades et soulager le mal, être présent au service des autres, partager avec tous et s’en enrichir. Il se sent très seul et loin de tous, et il est seul. L’abandon de Paul exacerbe cette solitude. Pourtant avec Marie, sa femme, Jules et Édouard ses deux enfants, ils forment une belle famille, famille du paraître beau et parfait modèle.
Pour autant, il se sent abandonné de lui-même, une solitude personnelle qui le pousse à l’isolement. Il n’a plus envie de rien et ce rien ne signifie plus grand-chose.
Paul l’avait appelé hier soir encore, plein de projets, d’entrain, du moins Simon le croyait-il. Ils devaient se voir ce WE pour fêter les 15 ans de sa clinique. Pourtant une phrase de Paul, qu’il avait exprimé hier soir, lui revient à la mémoire :
« On a commencé ensemble, tu ne vas pas me lâcher Simon, hein, je compte sur toi quoiqu’il arrive ! »
Aujourd’hui, comme une page tournée, la vie s’est transformée en un moment, le texte n’est plus le même, la cadence s’est interrompue.
Simon assis dans son fauteuil, est immobile il ne peut plus bouger. Il est assis au bord de sa vie, il n’est plus sur le chemin. Dehors, il n’y a plus personne. Martine, sa secrétaire, est partie après lui avoir passé la communication d’Hélène. Son cabinet, habituellement tellement animé et bruissant est complètement silencieux. Il est 22 heures une nouvelle journée sans fin se termine. Il ressent un silence pesant en cet instant.
Simon ne sait pas ce qu’il serait juste de faire maintenant. Appeler Marie pour la prévenir de la mort de Paul ? Pleurer ? Hurler ? Crier ? Sortir ? Il n’a aucune idée de son envie et aucune envie de ses idées. Le temps s’est arrêté, son souffle est court et ses soupirs rythment ses émotions.
Sans bruit, sans prévenir, des larmes coulent maintenant le long de ses joues, leur chaleur et la lenteur de leur progression lui font du bien. Il découvre le bienfait de ses émotions qui s’expriment, ses larmes qui s’écoulent entraînant sa mélancolie et sa détresse hors de lui. Le trop-plein se vide. Il ne veut pas penser, il ne veut pas réfléchir à sa propre vie, il ne veut pas voir ce qui est pourtant présent devant lui, bien visible : le vide. En cet instant, il a peur de voir ce qu’il ressent, il a peur de ce vide. Il ne veut pas ressentir ses émotions il préfère les éloigner de lui. Ce vide que représente l’abandon de Paul, sans lui, rien, aucun sens, aucune envie. Sa colère contre Paul le détourne de ces affres.
Il tente de se raisonner, il ne peut pas se laisser aller, craquer. Il y a Marie et les enfants. Il doit assurer. Il doit tenir son rôle et être celui qui sait, celui qui avance, celui qui décide. Il aimerait pourtant s’arrêter, regarder les gens qui marchent avec lui sur son chemin et se voir avancer avec eux. Il aimerait s’observer comme un spectateur de sa vie pour en comprendre le sens, pour mieux en voir la couleur et le rythme. Mais il ne peut pas, pas lui. Personne ne comprendrait. Il est prisonnier de sa propre vie, il est l’otage de sa vie.
La vie de Simon ressemblait à un fleuve plutôt tranquille qui s’écoulait, sans trop de vagues depuis sa naissance. Un fleuve bien canalisé, bien dompté, bien régularisé pour éviter les débords, et où

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