Touche pas à mon rêve
312 pages
Français

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Touche pas à mon rêve , livre ebook

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Description

Tandis que dans les Pyrénées le fantôme de l’Africain sème le désarroi, en Bourgogne, Aladin, Marleine et leurs potes étudiants font la « révolution de mai », brisant les tabous qui gangrènent la société : Il est interdit d’interdire. Jouissons ici et maintenant.

Les échos de la révolte secouant la France entière arrivent déformés à Carbouès, où Jean-Marie Cloutou se dit qu’on s’amuse bien sur les barricades. Le retour du Petit dernier lui montrera que la contestation n’était pas ce qu’il croyait.

Vingt-sept ans après les événements, dans la cave du Marcel à Meursault, les acteurs s’interrogent...

Un récit iconoclaste où la générosité de la jeunesse donne à l’utopie une force renouvelée, et les énigmes policières conduisent à la célébration de la vie dans la plus pure des traditions épicuriennes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 avril 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332904461
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-90444-7

© Edilivre, 2015
Citation


Depuis l’éveil de la conscience à la liberté, il n’est pas d’œuvre d’art véritable qui ne révèle le contenu archétypal de la négation de l’aliénation.
Herbert Marcuse
Chapitre 1 Le revenant
À sept heures précises, comme tous les matins depuis bientôt quarante ans, ce samedi 4 mai, Jean-Marie Cloutou saute de son lit, ouvre en grand la fenêtre de la chambre à coucher côté Est, attache les volets pour laisser passer les premiers rayons du soleil et aspire longuement l’air pur du matin. Il scrute la campagne au lever du jour, tandis qu’Élise, son épouse, enfile par-dessus sa chemise de nuit son gilet en laine avant d’aller préparer le café.
Mauvais signe lâche Jean-Marie Cloutou à la vue du givre recouvrant le cerisier en fleur du jardin et la gelée blanche qui donne à la vallée du Lison un aspect hivernal.
Dans la nuit de la veille, le vent du Sud venu du Sahara avait soufflé fort et laissé sur le sol une fine couche de sable ocre, et aujourd’hui c’était le gel qui revenait. Pourvu que la vigne des Coustères, n’ait pas trop souffert, dit tout haut Jean-Marie Cloutou en s’éloignant de la fenêtre pour gagner la porte de sortie et aller, comme tous les matins dans un rituel vieux de plus de quarante ans, uriner au fond du jardin face au Pic du Midi de Bigorre.
À sept heures trente il allume la radio, posée sur le buffet de la cuisine salle à manger, pour écouter les informations du matin puis s’attable devant son bol de café noir servi par Élise.
La voix du journaliste est grave : Les universités parisiennes sont en effervescence, l’agitation bat son plein. Après les incidents de jeudi qui ont marqué la faculté des lettres de Nanterre, hier la police, appelée par le Recteur de l’Université de Paris, a fait évacuer la Sorbonne. Aussitôt une foule de manifestants a envahi le Quartier Latin aux cris de : À bas la répression policière ! Des heurts violents se sont produits avec les Forces de l’Ordre qui ont appréhendé plus de six cents personnes. Et il y a eu une centaine de blessés dont plusieurs gravement atteints.
Un grand meeting est prévu pour aujourd’hui à la Sorbonne. On craint que la situation ne dégénère et que des incidents beaucoup plus graves encore ne se produisent, car depuis plusieurs jours déjà des graffitis contestataires sont apparus sur les murs de l’université :  Laissez-nous vivre ! Policiers, rentrez chez vous et faites l’amour !
Il n’est pas exclu que la contestation fasse tache d’huile et s’étende à d’autres universités du pays. Sur les murs de plusieurs d’entre elles fleurissent également des graffitis révélateurs d’un profond malaise remettant en cause les valeurs traditionnelles de notre société :  Comment peut-on penser librement à l’ombre d’une chapelle ?
Les étudiants demandent une véritable démocratisation et rénovation de l’enseignement et de la culture : Mandarins, vous êtes vieux comme le monde ! Votre culture aussi ! Une prise en compte de la jeunesse et de ses idéaux :  Professeurs vous nous faites vieillir ! Ils expriment leur souhait d’en finir une fois pour toutes avec un passé révolu et d’entrer dans l’ère de la modernité :  Cours camarade, le vieux monde est derrière toi ! Le nouveau te tend les bras !
Les jeunes rebelles sont déterminés à faire entendre leur voix : Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend. Ils sont disposés à explorer des voies totalement inédites, y compris les plus périlleuses, à aller, selon la formule de Baudelaire, « au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau » :  Dans les chemins que nul n’a jamais foulés risque tes pas, dans les pensées que nul n’a jamais eues risque ta tête.
Les murs ont la parole. Jamais dans la tradition universitaire les graffitis n’ont exprimé avec autant de force et autant d’imagination le ras-le-bol et la colère des étudiants, leur état d’esprit à la fois iconoclaste, revendicatif et humoristique :  Déboutonnez votre cerveau aussi souvent que votre braguette.
On s’achemine sans doute vers de profonds bouleversements dans les mœurs et dans la société, dans la vie des gens et dans les relations sociales, aussi bien que dans les rapports entre l’homme et la nature.
Par la fenêtre d’où il peut continuer à observer le soleil monter à l’horizon Jean-Marie Cloutou voit passer sur la route d’en face les premiers animaux conduits aux pâturages. Il prend le bol de café noir et s’apprête à le porter à ses lèvres lorsqu’il aperçoit la petite silhouette de Furet, reconnaissable entre mille, entrant dans la cour de la maison, vêtu de son éternelle veste noire en popeline, de son pantalon en toile grise, et coiffé de son béret bigourdan légèrement de travers, la musette où il garde toujours quelques secrets en bandoulière. Jean-Marie Cloutou repose aussitôt le bol sur le coin de la table et regarde fixement la silhouette qui s’approche.
Toc, toc sur le carreau de la fenêtre. Passe par la porte et entre, répond Jean-Marie Cloutou. Il se dit que quelque chose de grave a dû arriver dans le village pour que Furet vienne le voir à une heure aussi matinale. Bien qu’il se lève tôt, il n’a pas pour habitude de rendre visite à ses voisins au saut du lit.
Furet apparaît à l’embrasement de la porte, ses brodequins qu’il ne quitte jamais, sauf pour laver ses pieds et aller au lit, couverts de boue. Ses mains et ses jambes tremblent comme des feuilles frappées par le vent. À peine prend-t-il le temps de dire bonjour, que, d’une drôle de voix que Cloutou ne lui connaissait pas, il annonce tout de go à son ami attablé devant son café noir : L’Africain est revenu. Quoi ! s’exclame Jean-Marie Cloutou. Oui, l’Africain est revenu, incroyable mais vrai, qu’il répète de sa voix étranglée !
De la fenêtre ouverte de ma chambre je l’ai aperçu au lever du jour sortir de chez lui. Aubépine l’a vu aussi. Comme tous les matins, elle s’est levée en même temps que moi, et était à mes côtés pour regarder le soleil pointer à l’horizon. Aussitôt elle s’est signée et a fermé les yeux.
La porte de la maison s’est ouverte, l’Africain est sorti et j’ai vu Flore refermer la porte. Tu es devenu fou que lui répond Cloutou sur un ton mi-sérieux mi-amusé. Ce devait être un amant sûrement ! Non réplique Furet sur un ton ferme, je te jure que c’était lui, le soleil était déjà levé et il faisait bien clair. Il était vêtu d’une longue cape noire, ressemblant à un capulet, et portait sur la tête le bonnet qui dans sa jeunesse lui servait à dissimuler une partie de visage quand il se rendait aux rendez-vous de ses amantes. Je n’en ai pas vu davantage car il a presque aussitôt disparu derrière la grange.
Affolé, je me suis précipité dehors mais tout semblait calme, et je suis venu t’en informer sur-le-champ. On se prépare de bien mauvais jours, Jean-Marie. On a beau se dire que ce n’est pas possible, que les revenants n’existent pas, malgré tout le doute s’installe dans les esprits et on finit par y croire malgré soi.
L’Africain vient régler ses comptes. Mauvais présage, ajoute Furet de sa voix habituelle à présent retrouvée, qui semble avoir repris tous ses esprits après le choc de la vision. Carbouès va être mis à nouveau sens dessus dessous. Tout va recommencer. Les femmes vont se terrer chez elles de peur d’être agressées par surprise. Et ne parlons pas des jeunes filles qui n’oseront même pas franchir le pas de la porte ! Les hommes vont sortir leur fusil et leur cartouchière et, au moindre bruit, ils tireront sur les ombres. Il faut se préparer au pire, Jean-Marie.
Les femmes et les filles, au moins, ne risquent plus grand chose vu que l’Africain a été enterré, souviens-toi, sans son testicule, rétorque Jean-Marie Cloutou sur le ton de la dérision feignant de prendre la nouvelle sans trop s’inquiéter.
Intriguée par la grosseur hors du commun de son unique testicule, la Justice l’avait envoyé pour examen à la Faculté de Médecine de Paris dans un bocal de formol. Qu’avait-elle à voir cette anomalie génétique avec l’infatigable activité sexuelle de l’Africain, avec l’incomparable plaisir qu’elle donnait à ses amantes et avec le traumatisme indélébile qu’elle provoquait chez ses victimes ? La question restait en suspens car la Faculté de Médecine avait renvoyé le bocal en l’état sans fournir de réponse définitive, se contentant de signaler que le lien était probable mais qu’il ne pouvait être formellement établi.
Le rapport précisait toutefois que cette anomalie testiculaire n’entachait en rien le pouvoir de fécondité du sujet. Les amantes de l’Africain avaient toujours pensé le contraire. Et c’est même pour cela qu’elles se donnaient à lui avec autant de fougue et de plaisir. Elles pensaient qu’avec lui au moins, elles n’avaient pas besoin de recourir aux traditionnels remèdes de sorcière pour éviter l’engrossement.
Seuls les cocus qui n’ont plus rien à perdre oseront se montrer, poursuit Furet. Je te le dis, Jean-Marie, les autres surveilleront leurs épouses et leurs filles comme le lait sur le feu. Tout le monde espionnera tout le monde. Tout le monde se méfiera de tout le monde. Tout le monde accusera tout le monde des pires saloperies. Crois-moi, Jean-Marie, tout le monde chiera dans son froc.
Mais personne n’osera véritablement défier le revenant ni l’affronter. Etait-il un corps matériel palpable, ou bien un pur esprit transparent comme l’air qui nous entoure et que l’on ne voit pas mais qui est pourtant bien réel et que l’on respire ?
Furet se rappelait qu’après l’assassinat de l’Africain abattu de deux décharges de chevrotines et retrouvé mort dans le fossé près de la grange de Marinette, son amante, seul Cantagoï avait eu le cran d’aller ch

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