Trophée des Plumes 2021-LA MARTINIQUE, CE DOUX RÊVE
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Trophée des Plumes 2021-LA MARTINIQUE, CE DOUX RÊVE , livre ebook

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Description

LA MARTINIQUE, CE DOUX RÊVE: « Pourquoilui avait-il fallu tant de temps pour se décider? »Annie installée se posait encore la question, tout en retirant son cache-nez dans l’avion. Elle caressait nonchalamment du bout des doigts le bras de son siège. La douceur du matériau, l’odeur de ce cuir mêlée à celle du gel hydro alcoolique mis dans ses paumes, avaient quelque chose d’apaisant. Trois mois qu’Hamed et Annie s’étaient retrouvés, et enfin ils pouvaient s’évader. Les baisers d’Hamed, depuis l’université, avaient toujours quelque chose d’intense, de sensuel, déréglant délicieusement le palpitant d’Annie. Les tourtereaux s’étaient rencontrés à l’université de Cocody. Ils s’étaient vus, s’étaient détestés, s’étaient ignorés, puis avaient désiré chacun le corps de l’autre, et enfin l’amour était né entre eux, dans cet ordre. Les années estudiantines étaient bercées par leur promesse de mariage faite sur les bancs des amphis, et poursuivie par les gémissements et rires étouffés dans les chambres du campus. Un jour, elle fit la rencontre de Mr BOUABRE, directeur dans une entreprise où elle postula. Il lui fit une cour assidue, mais face à ses incessants refus, changea son fusil d’épaule et c’est à coup de cadeaux, de dons d’argent, qu’il finit par s’allier la mère et les sœurs d’Annie. Elles le voyaient comme le sauveur qui les entretiendrait et les sortirait de la pauvreté. Et influençable à l’époque, Annie céda à sa famille.

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Date de parution 17 juin 2021
Nombre de lectures 5
Langue Français

Extrait

LA MARTINIQUE, CE DOUX RÊVE:
« Pourquoi lui avait-il fallu tant de temps pour se décider ? » Annie installée se posait encore la question, tout en retirant son cache-nez dans l’avion. Elle caressait nonchalamment du bout des doigts le bras de son siège. La douceur du matériau, l’odeur de ce cuir mêlée à celle du gel hydro alcoolique mis dans ses paumes, avaient quelque chose d’apaisant. Trois mois qu’Hamed et Annie s’étaient retrouvés, et enfin ils pouvaient s’évader. Les baisers d’Hamed, depuis l’université, avaient toujours quelque chose d’intense, de sensuel, déréglant délicieusement le palpitant d’Annie. Les tourtereaux s’étaient rencontrés à l’université de Cocody. Ils s’étaient vus, s’étaient détestés, s’étaient ignorés, puis avaient désiré chacun le corps de l’autre, et enfin l’amour était né entre eux, dans cet ordre. Les années estudiantines étaient bercées par leur promesse de mariage faite sur les bancs des amphis, et poursuivie par les gémissements et rires étouffés dans les chambres du campus.
Un jour, elle fit la rencontre de Mr BOUABRE, directeur dans une entreprise où elle postula. Il lui fit une cour assidue, mais face à ses incessants refus, changea son fusil d’épaule et c’est à coup de cadeaux, de dons d’argent, qu’il finit par s’allier la mère et les sœurs d’Annie. Elles
le voyaient comme le sauveur qui les entretiendrait et les sortirait de la pauvreté. Et influençable à l’époque, Annie céda à sa famille. Hamed diplômé au chômage, accusa le coup devant se résigner, à voir son amour partir avec un autre et lui, à refaire sa vie.
Mais quinze années après, la quarantaine passée, les deux amours de la fac s’étaient retrouvés et convolaient ensemble pour une noce qu’ils s’étaient promise depuis. La Martinique, cela avait toujours été le rêve d’Annie. Après avoir renoncé à tout espoir de la revoir, Hamed s’était marié, et avait promis à son épouse de l’y emmener pour se consoler lui
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même de ne jamais pouvoir y conduire la bonne personne. Ainsi il lui en donna le goût et à maintes reprises elle lui reprocha cette promesse jamais tenue. Mais depuis, Hamed était devenu multi millionnaire, après
avoir monté sa propre entreprise de livraison de produits pharmaceutiques. Et aujourd’hui qu’il était aux côtés de son premier amour, la seule femme à l’avoir jamais rendu heureux, Hamed de nouveau était prêt à vivre ce rêve. Dans cet avion, yeux clos il savourait encore intensément les lèvres de sa dulcinée, les pressant, respirant fort comme pour se rassurer lui-même de l’authenticité de ce moment.
Annie enlaça son amoureux passant tendrement une main sur son costume trois pièces. Puis, elle sentit quelque chose dans sa poche. « Qu’est-ce que c’est ? » Hamed en retira un jouet. « C’est la voiture en plastique de mon fils Ange, le petit dernier. Je suis passé le voir avant de venir. Il est malade, une grippe je crois mais ça ira ! Sa mère est à ses côtés. C’est sûrement lui qui l’a mis dans ma poche » « Ecoute, si tu veux on peut remettre ce voyage. Ton enfant est plus important que moi. » « Ne dis pas ça, on s’est enfin retrouvés. Je préférais renoncer à tout que te perdre à nouveau. » A ces mots l’avion amorça son décollage sur la piste de l’aéroport Félix Houphouët BOIGNY, les éloignant d’Abidjan. Puis, « Hamed écoute, tu ne peux pas m’imposer de vivre comme quelqu’un qui n’a pas de remords, pas de conscience. J’en souffre tu sais, et je sais que toi aussi, même si tu refuses de l’admettre. On fait souffrir des gens, ta femme, mon mari et nos enfants. On ne peut pas vire comme des monstres. » Hamed blessé s’emporta « Mais qu’est ce qu’il te faut Annie, bon sang ? Tu regrettes déjà d’être avec moi, qu’on se soit retrouvés ? Tu sais le mal que tu me fais quand tu me dis ça ? Tout le monde a eu droit à sa part de bonheur dans cette histoire, pourquoi pas nous, ne le méritons nous pas ? Ça ne t’a pas suffi de faire
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passer les autres avant nous il y a quinze ans ? Tu ne crois pas que c’est notre tour aujourd’hui d’en profiter ? Tu n’as pas envie de vivre ça avec moi ? » Plus que tout oui, voulut-elle lui répondre. Son être entier, son corps désirait cet homme, et jamais elle n’aurait voulu être ailleurs qu’à ses côtés.« Hamed, s’il te plait, maitrise-toi ! Je souffre autant que toi. Et ce n’est pas dans l’avion en plein vol que nous allons déballer nos problèmes conjugaux. L’endroit n’est pas idéal. » « J’en ai marre de cette vie que ‘JE ‘ t’impose. Je ne t’en voudrais pas si tu décidais de me quitter,ce ne serait pas la première fois après tout…»Puis, prenant un instant, il revint « …attends tu as dit conjugal ? Tu as bien dit nos problèmes conjugaux ? Mais je te rappelle que nous sommes mariés
chacun de notre côté » « Oui mon amour, j’ai bien dit conjugal, malgré la douleur que m’inflige cette situation, je ne regrette rien. Je suis prête à quitter mon mari pour toi. Il me faut juste un peu de temps, Hamed. Je me souviens encore de notre première nuit sur la table de ce marché à Yopougon Ananeraie, où nous nous sommes offert nos corps vierges, avec la lune pour seul témoin. Tu es le seul homme que j’ai toujours
voulu comme époux. C’est à tes côtés que je veux vivre le bonheur conjugal rêvé de toutes les femmes. Alors oui, j’ai bien dit conjugal, Hamed. » Hamed les yeux embués, saisit tendrement la joue d’Annie déjà humide de ses larmes, lorsqu’on entendit « Madame Kouyaté, veuillez vous assoir, l’avion a déjà décollé. ». Hamed étonné, essuya ses propres joues, puis jeta un œil vers l’hôtesse. Et se trouva face à une
femme cherchant du regard quelqu’un, puis elle le vit et retira son masque. C’était son épouse. « Salut chéri, j’ai voulu te faire la surprise. Ta secrétaire m’a dit que tu partais en voyage en Martinique. Je sais que c’était ton rêve qu’on y aille tous les deux, alors je suis venue pour qu’on le vive ensemble. »
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