« Trophée des Plumes 2021 » Le dernier voyage
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« Trophée des Plumes 2021 » Le dernier voyage , livre ebook

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Date de parution 17 juin 2021
Nombre de lectures 3
Langue Français

Extrait

L es membres de l’équipage finirent de débarrasser l es plateaux de la collation. A prè s avoir remonté sa tablette, L ise se prépara à somnoler jusqu’à l’arrivée. L e départ matinal depuis l’hôtel l’avait épuisée. – L ise, il faut qu’on parle. E lle se redressa immédiatement, sur le qui-vive. Que son mari l’appelle par son prénom n’était jamais bon signe. Il avait beau le savoir, cette habitude prenait le dessus dè s qu’il était contrariéou préoccupé. E lle sentait depuis qu’ils avaient passé les comptoirs de l’immigration qu’il n’était pas dans son assiette. E lle avait pourtant espéré que ces quelques jours passés dans un cadre idyllique apaiseraient durablement les tensions et petits conflits qui étaient devenus leur lot quotidien ces derniers mois. – Ç a ne peut pas attendre qu’on soit à la maison ? – L ise, s’il te plait, arrê te de jouer les autruches. On ne peut plus continuer comme ça. Il avait hausséle ton. Patrice,silteplaît,maîtrise-toi!Jesouffreautantquetoi.Etcenestpasdanslavionen plein vol que nous allons déballer nos problè mes conjugaux. L ’endroit n’est pas idéal. E lle avait raison, bien sûr. Ce n’était ni l’endroit ni le lieu pour étaler leur intimité, d’autant que pratiquement tous les passagers étaient encore parfaitement réveillés. Une petite dispute de couple en direct et en grandeur nature v alait toujours mieux qu’un film sur les quelques centimè tres carrés de l’écran de bord. Il savait combien elle avait horreur d’attirer l’attention et il était en train de se donner en spectacle. Sa discrè te, chè re et douce épouse… E lle avait tant enduré ces derniers temps, par sa faute à lui. Il ne supportait plus de la voir s’épuiser à la tâche tous les jours, serrer les dents et continuer, et surtout, le regarder avec une sorte de compassion mê lée. – J ’en ai marre de cette vie que je t’impose. J e ne t’en voudrais pas si tu décidais de me quitter. Sincéritéet désespoir transparaissaient dans sa voix. – Patrice, nous venons de passer un séjour fantasti que, dans un endroit de rê ve. Pourquoituvienstoutgâcher?– J ustement. Nous avons passé un séjour formidable, mais ce n’était pas la vraie vie, L ise. Dans la vie réelle, tu sais comme moi que ça ne va plus. D’ailleurs, j’étais contre ce voyage, contre cette dépense superflue. Mais tu as i nsisté. E lle se fit suppliante. – Chéri, nous nous connaissons depuis l’enfance, sommes mariés depuis vingt ans, avonsdeuxbeauxenfants.Nousavonsconstruitunevieentièreensemble!Quenouslevoulions ou non, nos histoires et nos futurs sont li és. – Mais tu es malheureuse, et moi aussi. J e ne suis qu’un boulet pour toi. Par ma faute, tous nos projets sont à l’eau. – J e ne serais pas malheureuse, si seulement tu voul ais bien te montrer positif. E t mê me si je souffre maintenant, je ne veux pas te perdre. Pourlemeilleuretpourlepire,tutesouviens?Notremariagenestpasunobjetdeconsommation de la société moderne qu’on jette quand il se casse ou a l’air moins attrayant que d’habitude. – L ise, c’est pour éviter de le casser qu’il faut prendre du recul maintenant. Si on s’obstine à tirer sur la corde, il se pourrait qu’on perde encore plus. E lle exhala un profond soupir et se tut, si longtemps qu’il crut qu’elle s’était endormie. Quand elle se retourna vers lui, elle semblait triste, mais déterminée. – E n fait, c’est toi qui veux me quitter, conclut-elle sur un ton calme et posé. T u n’avais simplement pas le courage de le faire et tu as essayé de m’y pousser pour que j’en porte la
responsabilité. Comme ça, tu aurais pu faire ce que tu voulais faire sans le poids de la culpabilité. T u as étéde mauvaise foi et lâche, Patrice. Il ne la contredit pas, mais eut la délicatesse de baisser les yeux. – T rè s bien, reprit-elle, je vais te faciliter la tâche. Suis ton chemin, Patrice, puisque tu ne m’inclus donc plus dans le scénario. Il ne sut que répondre. Sa femme avait toujours été d’une intelligence, d’une bonté d’âme, et d’une élégance rares. Une vraie lady. C’était d’ailleurs l’un des traits de caractè re qui lui plaisaient le plus chez elle. – Pardonne-moi. J ’ai besoin de me retrouver seul et de me reprendre. De remettre ma vie sur les rails. Ce ne sera pas facile, mais je dois le faire parce que je n’arrive plus à me regarderetencoremoinsàteregarder,toi.Tucomprends?Non, elle ne comprenait pas. Mais elle sentait qu’el le n’était plus en mesure d’inverser lavapeur,désormais.Cétaittroptard.Commentenétaient-ilsarrivéslà?Deuxheuresplustôt, ils s’apprê taient à rentrer, retrouver leur foy er. E t à cette minute, ils s’apprê taient à se quitter. – T u me dirais s’il y avait quelqu’un d’autre. Il prit sa main, la regarda droit dans les yeux. Il voulait qu’elle le croie. Il le fallait. – Non, je te jure que non. J e ne te laisserais jamai s pour une autre. Si je pars, c’est pour moi, et uniquement pour moi. Etquedirons-nousauxenfants?– Nous leur expliquerons. J e leur expliquerai. Ils sont adultes, j’espè re qu’ils comprendront et qu’ils ne m’en voudront pas trop. C e n’est pas comme si je les abandonnais. – Seulement moi, lâcha-t-elle tout bas, mais il l’entendit. – Ils seront là pour veiller sur toi, tenta-t-il. E t je ne serai pas si loin, tu sais. E lle ne releva pas, il n’insista pas. Ils avaient réussi à éviter l’escalade. Quand les roues de l’avion touchè rent le tarmac, il s surent que tout était dit. L ’abcè s était crevé. E n moins de trois heures de vol, toutes les questions, toutes les rancœ urs tues et ruminées de part et d’autre pendant plus d’un an étaient enfin sorties. À l’extinction du signal lumineux, alors que les autres passagers se ruaient sur les compartiments à bagages, ils restè rent assis. Ils n’avaient aucune urgence, personne qui les attendait avec impatience. L ’avion se vidait lentement. Il était temps d’y all er. T oujours prévenant, il prit sa petite valise à elle en premier et la lui tendit avant de s’emparer de son propre sac puis ils s’avancè rent dans le couloir. – J ’espè re que vous avez passé un agréable vol en notre compagnie, leur sourit lhôtesse.Etàbientôt!– Merci, à bientôt, répondirent-ils machinalement, en sachant pertinemment qu’ils mentaient. L eur avenir ne leur avait jamais paru plus incertai n. Bientôt, leur séparation serait peut-ê tre officielle. Bientôt, leurs vies prendraient des routes distinctes. Mais en tous cas, non, ils ne remonteraient pas bientôt à deux dans un avion de cette compagnie pour une escapade en amoureux. Ils patientè rent devant le carrousel dans le silence assourdissant de leurs pensées cachées. Tuveuxbienprendrelesdeuxvalisesavectoi?Jevaistrouveruntaxi.Jepasseraiprendre quelques affaires un autre jour. Tusaisdéjàoùtuvas?– Reném’attend... Cet aveu déchira le cœ ur de L ise. Il avait tout prévu, il en avait parlé à d’autres avant elle puisque son frè re allait l’accueillir. Il ne v oulait mê me plus parcourir les quelques
kilomè tres qui séparaient l’aéroport et le centre-v ille avec elle. Comme si passer quelques minutes de plus à ses côtés était soudain au-dessus de ses forces. – J e t’aime, souffla-t-il en s’éloignant. C’était sa façon de lui dire au revoir sans prononcer les mots fatidiques. – Si tu le pensais vraiment, tu rentrerais avec moi, murmura-t-elle, amè re. Mais cette fois, il ne l’entendit pas. Son sac sur l e dos, il s’éloignait déjà dans la direction opposée. Laséparationserait-ellelasolution?Nilunnilautrenelesavaitvraiment,mêmelui.Mais pour l’instant, c’était la seule voie. Fermer une porte pour en ouvrir une autre, ou à défaut, ouvrir une fenê tre. L a vie continue…
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