Trophée des plumes 2022 - (Apprivoiser l absence)
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Trophée des plumes 2022 - (Apprivoiser l'absence) , livre ebook

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Description

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Informations

Publié par
Date de parution 31 mai 2022
Nombre de lectures 621
Langue Français

Extrait

Apprivoiser l’absence...
Je quittais mon appartement pour la garde, le cœur lourd et plein deremords. Je jetai un dernier coupd’œil furtifsur ce petit bonhomme de 2 ans, brûlant de fièvre.
-Moi : Assures toi Irène, qu'il ait pris son paracétamol dans 2h. Et si la fièvre persiste, fais lui un enveloppement humide. Quant à son antibiotique c4h que tu devrais le lui donner.est dans Laisses surtout ton téléphone à côté. J’appellerai incessamment pour prendre des nouvelles.
-Irène : D'accord tantie.
Je m’éloignaide mon appartement à contre cœur, soucieuse et les pieds engourdis En m’engageant à devenir pédiatre,je n’avais jamais imaginétout ce que cela impliquait. Une très bonne partie de mes journées se résumait àoffrir de l’affection aux chérubins, leur accorder mon temps et mon attention, soulager leurs peines. Ce temps et cette affection par contre, mon propre fils en manquait cruellement. Sortir chaque matin, redonner sourire et espoir à une mère en désarroien lui posant une tape à l’épaule, quand au fond de soi même on a juste envie de hurler son désespoir et sa solitude, c’est aussi ça être Pédiatre. Sacerdoce! Pourrait-on dire!
La mère monoparentale que j’étais,essayais tout de même de trouver l’équilibre, le juste milieu entre le sacerdoce et la famille, sauf que,quand bien même Irène, mon aide ménagère m’était d’un soutien incommensurable, c’était tout de mêmedifficile.
Le père de Joris ! Cet amour de jeunesse. Je l’avais connu en 2010 juste après avoir réussi avec brio au Baccalauréat. Lui étant dans le secteur informel, il avait abandonné ses études très tôt après le Brevet.C’était plutôt un bel homme bien éduqué, ambitieux et audacieux dont les parents étaient d’un niveau socio-économique bas. Ambition et audace! Il n’en fallu pas plus à ce jeune trentenaire pour gravir très vite les marches de la réussite et se créer une place de choix dans la vente d’appareils éléctroniques. En 4 ans, il était devenu un entrepreneur très prospère et respecté. Et avec la propérité, sonmode de vie s’est également vu bouleversé. Déversé dans l’alcool, les joies de la nuit, entouré par des amis de circonstance, il a enchaîné les pires choix de sa vie. Au bout de 8 ans de relation,j’avais vuce talentueux garçon sous des angles que je ne lui reconnaissais plus. Et lorsqu’un an après la naissance de notre fils il a contracté un deuxième mariage sans m’en avoir avisé, le couple avaitalors volé en éclat. Et comme on le dit,l’argent change les gens aussi bien qu’il change de mains. Trois années plutard, son entreprise déclarait faillite. Ployant sous le fardeau des dettes l’homme a fini par être incarcéré avec plusieurs millions d’amende à payer. Et tel un feu de paille, ainsipris fin l’histoire d’un fils de pauvre qui s’était fait une place au soleil en milieu citadin. Depuis,j’élevais mon fils en solo, tentant tant bien que mal d’être pour lui un exemple de combativité malgréma profession qui du reste était très prenante. Il yaitdes soirs comme celui là où j’aurai voulu rester au chevet de Joris mon fils malade. Mais hélas le devoir appelle.
Je venais d’arriverà la garde que dejà les urgences affluaient de partout.
C’était toujours le même scénario chaque soir de garde.. Une urgence.. Puis après une autre.. Une ambulancearrivait… puis une autre la suivait. Et cette période d’endémie palustre empirait
la situation du fait des nombreux défis et besoin de transfusion sanguine. On avait pas toujours le temps de refléchir. Et quand venait à manquer de place à l’hôpital pour de nouvelles admissions,c’était alors trèscahotique.
-Docteur un arrêt‼! Me lanca un infirmier.
L’urgence des urgences. L’alerte lancée, toute l’équipe de garde s’était mobilisée en un clignement d’oeil au chevet dudit malade. Sauver ce petit cœur affaibli qui venait de s’arrêter, c’était l’objectif ultime pour tous à ce moment précis. Massage cardiaque, adrénaline , ventilation; une auscultation, puis une deuxième, rien y fait, le petit coeur restait silencieux et en inactivité. Après 10 min de réanimation, le petit nourrisson trouva la force au plus profond de lui comme pour nous recompenser. Son coeur battait à nouveau et sa respiration avait repris. Quelle belle frayeur! Nous les agents de santé, nous tenons très souvent le coup grâce à des moments comme celui ci, qui relève du miracle.
Il était 20h30 à ma montre.
J’avais juste le temps de m’éclipser 5 min pour passer un coup de file à la maisonet prendre des nouvelles de mon fils.
- Allo Irène, comment vas Joris
- Ça va mieux tantie. Je lui ai donné ses médicaments il s’est encoreendormi
- Son corps chauffe toujours ?
- C’était chaud mais j’ai mouillé un pagne pour l’envelopper et ça va mieux.
- D’accord prends soin de lui. Merci. Je te rappelle dans 1h.
Je m'engouffrai à nouveau dans les urgences pédiatriques, là où on ne voyait jamais le temps passer. Chaque minute était précieuse pour sauver des vies.
Il est 22h lorsque j’essaie de joindreIrèneen vain “ Erreur réseaux ‘’ aucune couverture de réseau en vue. Une première.. Puis une deuxième tentative..un 3e essai. Rien. J’essaierai encore dans quelques minutes lorsque le réseau serait plus fluide.
Je m’apprêtais à ranger ce téléphone, non moins inquiète lorsque je reçu un coup de filed’un numéro inconnu
--
Allô Dieu merci. Ça fait plus de 10 fois que jessaie de vous joindre en vain. Votre aide ménagère Irène nous a donné votre contact. Pouvez-vous nous rejoindre au Centre de Santé et de Promotion Sociale de votre quartier. Votre fils ne va pas bien.
Mon sang ne fit alorsqu’un tour.Je dusinformer mon supérieur de garde par téléphone qu’un cas de force majeure m’obligeait à quitter l’hôpital en pleine garde. Qu'est çe qui avait bien pu se passer ?
Affolée j’ai quitté l’hôpital en blouseavait, un des infirmiers de garde par mesure de prudence proposéde m’y conduire.
J’arpentais avec précipitation les couloirs du Centre de Santé et de Promotion Sociale . A ma vue, l’infirmièrede garde s’estempressée de me prendre dans ses bras en me demandant de me calmer. Comment rester calme?
Je veux voir mon fils! -Au lieu de m’amener dans la salle de soin, elle essaya plutôt de me conduire dans la salle de garde. Dans cet élan j’ai pu apercevoirIrène écroulée à terre, se lamentant.Je crois qu’à ce moment précis j’ai perdu la tête. Je m’arrachai de la main de l’infirmière, courus avec précipitation dans la salle de soin. Je découvris un petit corps gisant sur la table et recouvert d’unlinceul blanc.
Non, non, non. Je me refusai de croire en ce que je voyais. -Était-ce Joris ? Non. Je me refusai d’y croire.Le lit sur lequel il est couché n’était pas son berceau. Et ce linceul. Ce n’était pas son pyjama.. Dormait il ?Peut être.
Je decouvri le linceul et je fus frappée de stupeur. Mon Joris. Mon bébé.
-Pardonnemoi mon cœur. Tu n’as pas mérité une mère comme moi. Pardonne moi petit ange, je ne suis pas digne de toi.
La terre entière semblait se dérober sous mes pieds, je pleurais à m’en fendre l’âme. Acet instant précis,j’aurai souhaité une seule chose mouriret renaître au ciel avec Joris. Mon bébés’en était allé. Il était désormais un ange.
Apprivoiser l’absence!
Ils’agissait maintenant de parvenir à apprivoiser l’absence de mon fils, l’unique que la vie m’ait offerte. Les jours qui suivirent ont été difficiles.Lorsqu’on perd son conjointe/conjointon est appelé veuf/veuve, lorsqu’on perd ses parents, orphelin on le devient. Qu’en est il lorsqu’on a perdu le fruit de ses entrailles, lorsqu’on a enterré son propre fils ? Il n’ydoute pas encore de mot qui pourrait décrire cette douleur. Quanda sans venu le soir la culpabilité vous ronge et le sommeil vous fuit, des nuits blanches à ressasser le passé, à regretter ce soir où mal m’en a pris de quitter cet appartement pour la garde. Peut être que rien de tout cela ne serait arrivé si j’étaisrestée au chevet de mon fils.
Comment continuer d’exister? Comment trouver l’équilibreet aller de l’avant? Faire des progrès conséquents sur le chemin du deuil, je ne m’en sentais pas capable. Je m’étais emmurée dans le chagrin immense de ce drame qui m’avait projétée en dehors de ma vie. Pourtant, il fallait revivre, et le plus difficile était de continuer à prendre soin des enfants. Chaque regard innocent de ces bambins me rappelait celui que la providence m’avait arraché. Je me le repetais assez fort comme pour m’en convaincre : “Le temps finira par apaiser la douleur ”.
Deux années plus tard, ma peine s’estompaitdoucement. J’avaisefforts immensesconsenti des pour contenir ma détresse intérieure. En canalisant toutes mes énergies sur les soins apportés à mes petits patients, je me sentais revivre à nouveau. J’en aiperdu un, mais désormais je vivais pour mille autres enfants, tous aussi attachants les uns que les autres.
Puis,un soir alors que j’étais de garde, une ambulance s’est arretée à l’entrée des urgences. Il y’avait à son intérieur un petit garçondans un état critique entre la vie et la mort, il portait le même prénom que mon défunt fils Joris et était âgé de 8 ans.
En réussissant à sauver sa vie, je me suis sentie renaître de mes cendres.
 Ce soir là, je suis enfin parvenue à surmonter mon chagrin, à me pardonner.
Ce soir là, véritablement, j’ai retrouvé la paixintérieure.
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